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Comaguer 406 - 21 Juin 2020 - JUSTICE INTERNATIONALE TRIBUNAL DE KHABAROVSK (DOC etPDF

vendredi 26 juin 2020, par SUN TZU (Date de rédaction antérieure : 26 juin 2020).

Comaguer n° 406 - 21 juin 2020

http://comaguer.over-blog.com

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JUSTICE INTERNATIONALE

KHABAROVSK, LE TRIBUNAL OUBLIE

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Version DOC : http://mai68.org/spip2/IMG/doc/Comaguer406.doc

Version PDF : http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/Comaguer406.pdf

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A l’issue de la deuxième guerre mondiale se mettent en place des tribunaux spéciaux chargés de juger les dirigeants des pays dont les agressions ont déclenché la guerre.

Le plus connu est le tribunal de Nuremberg devant lequel comparaissent les dirigeants allemands ayant ouvert les hostilités le 01 Septembre jour où l’armée du III° Reich envahit la Pologne le second, déjà moins connu, est le Tribunal de Tokyo chargé de juger les dirigeants japonais responsables de l’attaque des Etats-Unis à Pearl Harbor le 7 décembre 1941.

Il a souvent été écrit que ces tribunaux mettaient en œuvre la justice des vainqueurs. Cette vérité n’est qu’apparente puisque les pays accusés dont les dirigeants seront condamnés sont effectivement les vaincus mais ils ont avant d’être vaincus d’abord été les agresseurs et les déclencheurs de la guerre : en Europe l’Allemagne, en Asie le Japon. Ils avaient d’ailleurs lié leur destin en signant en 1936 le pacte « Anti-Kominterm » c’est-à-dire anti soviétique.

Mais un troisième tribunal du même type a existé qui est presque totalement méconnu : le Tribunal de Khabarovsk.

Celui-ci va siéger du 25 au 31 Décembre 1949 dans la principale ville de l’Extrême-Orient soviétique : Khabarovsk. Pourquoi cette juridiction tardive et pourquoi ce procès où les accusés sont tous des militaires japonais alors que le Tribunal de Tokyo a rendu ses jugements un an plus tôt ?

Tout simplement parce ce que le tribunal de Tokyo a, sur la demande expresse des Etats-Unis exprimée dès la capitulation du Japon en septembre 1945, écarté un des principaux criminels de guerre japonais le général Shiro Ishii, commandant de l’unité de guerre bactériologique dite UNITE 731.

Cette unité a sévi en Chine à partir de l’invasion japonaise de 1937.

A son « palmarès » deux catégories de crimes majeurs :

  • des actions de guerre bactériologique sous forme des parachutages sur des villes chinoises de puces porteuses de la peste et des disséminations de divers germes : anthrax, variole, typhus typhoïde qui auraient fait entre 300 000 et 400 000 morts civils principalement. L’attaque biologique la plus connue est celle de la ville chinoise de Changde dans la province du Hunan. Elle a eu lieu pendant une bataille ayant opposé pendant les mois de novembre et décembre 1943 les armées de la Chine et du Japon impérial. Dans cette bataille L’armée japonaise a également utilisé des gaz de combat. Des recherches récentes menées par des chercheurs chinois ont montré que des petits groupes de l’UNITE 731 avaient également sévi en différents lieux pendant la guerre du Pacifique comme les Philippines. Le bilan complet des crimes de l’UNITE 731 reste donc encore à faire.
  • des expériences à une échelle industrielle sur des prisonniers vivants chinois, russes, étasuniens tout ceci effectué dans un vaste camp installé dans la colonie japonaise du Mandchoukouo à Pingfan à proximité de la ville chinoise d’Harbin. Ce camp d’où aucun prisonnier n’est sorti vivant est du même niveau de barbarie qu’Auschwitz.

Les accusés au procès de Khabarovsk sont, à défaut de Shiro Ishii et de nombreux cadres de l’unité des militaires japonais capturés par l’armée soviétique au moment de son attaque - entamée le 8 Aout 1945 - de la Mandchourie japonaise. Les documents récupérés par l’armée soviétique dans les installations de l’UNITE 731 sont accablants et tous les inculpés qui reconnaissent les faits sont condamnés à des peines s’étageant entre 6 et 25 ans. En pratique ils seront, à l’instar de tous les prisonniers de guerre japonais détenus en URSS, tous libérés en 1956. Shiro Ishii qui a été protégé et a échappé au procès des criminels de guerre de Tokyo bien que le procureur ait demandé aux Etats-Unis des documents sur l’UNITE 731 qui ne lui ont jamais été fournis. Il vit tranquillement au Japon. Il ne sera pas inquiété par le tribunal de Khabarovsk puisqu’il n’est pas aux mains de l’URSS qui a compris qu’il ne lui serait pas livré et doit se contenter de condamner ceux de ses collaborateurs qu’elle a pu faire prisonniers.

Shiro Ishii a donc été aussi bien traité par les Etats-Unis que l’empereur du Japon lui-même. Mais pour des raisons différentes : les documents sur les travaux de l’UNITE 731 saisis au Japon même par l’armée étasunienne ont en effet été remis au laboratoire d’étude et de fabrication des armes bactériologiques ouvert par les Etats Unis en 1941 à Fort Detrick ( Maryland) et qui n’a jamais cessé son activité. Curieusement il a fait l’objet d’une fermeture administrative au mois d’Aout 2019 en raison de « fuites » sur lesquelles aucune explication publique n’a été fournie. Il faut bien comprendre qu’une « fuite » dans un laboratoire de très haute sécurité de ce type qui manipule des produits très dangereux n’est pas une fuite d’eau. Son activité a repris après le début de la pandémie COVID 19.

Les jugements du procès de Khabarovsk étaient très solidement fondés et ne pouvaient être contestés. En cette période de lancement de la guerre froide la seule solution pour l’Occident était d’étouffer l’affaire et quand elle était, très rarement, évoquée, de riposter sur le mode anti communiste en usage à l’époque : « En URSS tous les procès sont truqués » et le débat était clos. Il l’est resté longtemps.

L’ensemble de la documentation sur ces crimes de guerre a fini par être rassemblé par l’administration étasunienne à partir de la fin des années 90 (https://ahrp.org/conspiracy-of-deni…). Des chercheurs japonais soutenus par un mouvement d’opinion réclamant l’expiation officielle de ces crimes avaient ouvert la voie. Dans son gros livre consacré à la bataille de Nomahan (ou Khalkin Gol) « Nomahan –Japan against Russia 1939 » (Stanford University Press 2015) Alvin D. Coox -– ne reconnait pas l’usage d’armes biologiques et bactériologiques par l’armée japonaise mais concède dans note 38 page 1167 que des chercheurs japonais « de gauche » en font état.

Bien que l’historiographie occidentale évite de classer l’empire japonais parmi les régimes fascistes, cet épisode montre bien qu’il y avait toute sa place car les « buches », voir le texte qui suit, ont toute leur place dans la catégorie des « UNTERMENSCHEN » (sous hommes) chère aux nazis mais que plus encore que dans le cas de l’Allemagne nazie les Etats—Unis ont décidé de limiter « l’épuration » au strict minimum. Encore aujourd’hui sous occupation militaire étasunienne le Japon s’est rapidement reconstruit, est rentré dés 1964 dans l’OCDE, a été admis dans la commission Trilatérale en 1974. Il est partenaire de l’OTAN depuis les années 90 et ses forces armées très modernes participent régulièrement aux manœuvres navales de l’OTAN.

Pour le capitalisme occidental le fascisme n’est qu’un désordre passager dans la famille même si le rappel à l’ordre est brutal. Le seul adversaire c’est le communisme.

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