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La cause palestinienne poignardée

mercredi 16 septembre 2020, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 16 septembre 2020).

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Publié mardi 15 septembre 2020 à 20:21
Modifié mardi 15 septembre 2020 à 21:32

Aline Jaccottet, Tel Aviv

Manifestations dans la ville de Nablus, après la signature des accords conclus par Israël avec les Emirats arabes unis et le Bahreïn. — Alaa Badarneh/EPA

Le refus arabe de condamner l’accord est un revers historique pour les Palestiniens, et un désaveu cinglant à l’encontre du leadership de Ramallah

Pas moins de 72 ans d’une position arabe relativement unie sur la Palestine ont été enterrés officiellement hier à Washington. Un « jour noir dans un triste calendrier », un « coup de couteau de nos frères arabes » : le leadership palestinien n’a pas eu de mots assez forts pour condamner la signature des accords normalisant les relations d’Israël avec les Emirats arabes unis et Bahreïn.

La trahison est double. D’abord, Abu Dhabi et Manama font la paix avec Israël sans exiger la fin de l’occupation des territoires palestiniens et l’établissement d’un Etat. L’axiome de base de la position arabe dès 1948, avant qu’elle soit affaiblie dans les années 1970 par les traités de paix entre Israël et la Jordanie, puis l’Egypte. Ensuite, la Ligue arabe a refusé de soutenir la résolution palestinienne condamnant ces accords. Désormais, il est question que Ramallah quitte cette institution.

Si les pays arabes « lâchent » ainsi les Palestiniens, c’est en partie sous l’influence américaine. « Sur leur instruction, tous les pays arabes, excepté l’Algérie, ont arrêté de nous soutenir », affirmait un officiel de Ramallah au quotidien israélien Haaretz. Mais cela fait longtemps que la cause palestinienne a du plomb dans l’aile auprès des dirigeants. Le « Printemps arabe » a rebattu les cartes des alliances et des intérêts. Par ailleurs, la montée du Hamas, soutenu par l’Iran, a contribué à identifier la cause palestinienne avec l’islamisme radical.

« Les pieds au mur »

« Il est de notre devoir en tant que Palestiniens de sortir unis de cette crise », affirmait lundi le premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh. Difficile d’être soudés derrière un leadership qui n’a pas été renouvelé depuis quatorze ans : les dernières élections palestiniennes, c’était en 2006. « Mon peuple doit pouvoir décider qui mérite de diriger la cause palestinienne, et pour aller où », s’insurgeait dans un éditorial l’analyste Mohammed Shahada. Un déficit de démocratie auquel s’ajoute « l’échec de la stratégie visant à faire pression sur Israël par les organisations internationales ou les Nations unies », relève une source diplomatique.

« Les politiciens palestiniens mettent les pieds au mur face à tout ce qui vient d’Israël ou des Etats-Unis, manquant ainsi des opportunités intéressantes », affirme cet observateur. Analyste pour le think tank palestinien Al-Shabaka, Yara Hawari fait un constat plus dur encore. « Les accords auraient été signés quoi que fassent les dirigeants palestiniens, devenus quasi insignifiants dans la géopolitique arabe. Ce qu’il faut, c’est une révolution du leadership. »

A Bethléem, Marwan, un guide au chômage à cause du coronavirus, est en colère. Ce soir, cet homme qui a grandi dans un camp de réfugiés se joindra aux manifestations organisées contre ces accords. « C’est ici que les dirigeants israéliens doivent faire la paix avec les Arabes, pas à Abu Dhabi ou Manama ! Le peuple palestinien existe. Il continuera à résister, avec ou sans le soutien du monde arabe. »

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