Les antimondialistes et les Gilets Jaunes, 20 ans séparent ces deux révoltes qui ont fait trembler le pouvoir.
Les antimondialistes
Les antimondialistes ont commencé à faire parler d’eux à Seattle lors de la réunion mondialiste de l’OMC. De gigantesques émeutes avaient gagné le centre-ville, avec une alliance entre la petite-bourgeoisie d’extrême gauche et la banlieue. Alliance facilitée par le fait que la banlieue de Seattle était située en centre-ville. C’est à cette occasion qu’on a entendu parler en France pour la première fois du Black Bloc :
http://mai68.org/spip/spip.php?article6807
http://mai68.org/spip/spip.php?article1821
http://mai68.org/spip/spip.php?article1823
Ensuite, les antimondialistes et les Blacks Blocs se donnaient rendez-vous à toutes les réunions mondialistes qui ont suivi, G8, Davos, etc. Ils allèrent ainsi semer le trouble et l’émeute dans de nombreuses villes dont Göteborg.
Ce mouvement de contestation culmina à Gênes les 20 et 21 juillet 2001. Lors de ces événements qui ont tellement fait peur au pouvoir qu’il s’est cru obligé de commanditer le terrorisme massif du 11 septembre pour les faire oublier, la gigantesque manif anti-G8, marquée par l’assassinat de Carlo Giuliani par le flic Mario Placanica, est en grande partie devenue émeute. 70 000 émeutiers, c’est pas si mal. Succès total du Black Bloc.
Voici mes réflexions sur Gênes publiées pour la première fois le 5 aout 2001 :
http://mai68.org/spip/spip.php?article6804
NEW YORK A EFFACÉ GÊNES !
À qui profite le spectacle du terrorisme islamiste
http://mai68.org/journal/N59/15septembre2001.htm
15 septembre 2001, extraits :
La mondialisation, c’est la mondialisation de l’impérialisme américain.
Le récent et parfaitement horrible terrorisme massif aux USA [le 11 septembre] a été commandité par l’impérialisme américain. J’ai dit le mobile du crime : justifier un gigantesque coup d’État mondial qui donnera, si nous n’y prenons garde, le pouvoir absolu sur l’ensemble de la planète à l’impérialisme américain.
Comme beaucoup l’ont dit, mais sans jamais, ou presque, accuser les services secrets américains de ce crime, si nous ne faisons rien, les conséquences de ce terrorisme vont être terribles : le racisme anti-arabe et anti-musulman a déjà très nettement augmenté ; des mesures policières extrêmement sévères vont être acceptées par les populations de tous les pays occidentaux ; les gens vont maintenant assimiler les "antimondialistes" à des terroristes, puisqu’ils sont des "anti-américains" [« les Blacks Blocs ne pourront pas faire mieux ou pire que Ben Laden dans la destruction » se diront certains qui oublieront facilement que les Blacks Blocs ne s’attaquent jamais à la population en général.].
Il y a un mois et demi les gens disaient : « Il y a un avant Gênes et un après Gênes. », maintenant les gens disent : « Il y a un avant New York et un après New York » [Un avant 11 septembre et un après 11 septembre]. C’est clair : New York a effacé Gênes ; Gênes était " anti-américain " mais New York est pro-américain. Sur ce coup, s’ils ne font rien, on peut dire que les " antimondialistes " auront perdu au moins une bataille, sinon la guerre !
La défaite des "antimondialistes" s’est marquée par un changement de nom : ils sont devenus "altermondialistes".
Les Gilets jaunes
(Félicitation et merci à Aude Lancelin de QG pour son livre La fièvre qui est vraiment excellent. Ce sera LE livre sur le mouvement des Gilets Jaunes.)
Une révolte venue du fin fond de la France profonde, avec une grande partie des plus pauvres de tous bords, secoua le pouvoir au point qu’un certain samedi, le président de la république avait tellement peur qu’un hélicoptère était prévu pour qu’il puisse s’enfuir.
Le samedi 1er décembre 2018, les Gilets Jaunes furent assez forts pour faire s’enfuir la police et prendre l’Arc de triomphe. Le pouvoir prit des mesures pour le samedi suivant. Il était prévu que les manifestants entreraient dans une gigantesque nasse encerclée par la police et fouillés avant d’y entrer. Mais ils refusèrent la fouille et attaquèrent la police depuis l’extérieur de la nasse. Nouvelle défaite de l’État.
Mais… le mouvement des Gilets Jaunes faisait des manifs tous les samedis, avec quelques actions entre temps. Cela rappelait la lutte des Palestiniens qui se manifestent tous les vendredis depuis des années, avec aussi quelques actions épisodiques. De même que l’État israélien s’est accommodé d’avoir contre lui des manifs tous les vendredis, l’État français s’est accommodé, d’avoir des manifs contre lui tous les samedis. Entre chaque samedi, le pouvoir avait le temps de se régénérer tandis que le mouvement s’épuisait.
C’est alors que le pouvoir mit en scène le spectacle du coronavirus avec la complicité de Mélenchon pour provoquer la grande peur. Ce fut la trahison de la gauche face au spectacle du coronavirus :
http://mai68.org/spip2/spip.php?article6682
Le coronavirus, c’est magique !
Le coronavirus, c’est cool pour le pouvoir : sous prétexte de coronavirus, il peut interdire les manifestations de Gilets jaunes, les manifs contre sa réforme des retraites, etc.
Manifs interdites.. contestation interdite… occupation des esprits… peur… le pouvoir n’a plus aucune raison de se priver. De toute façon les gens ont tellement peur qu’ils ne se réunissent plus pour contester et ne vont plus en manif des fois qu’ils attraperaient le coronavirus.
Les gilets jaunes ainsi que toute contestation sérieuse sont oubliés. De même que New York avait effacé Gênes, le coronavirus a effacé le souvenir des Gilets jaunes et des yeux crevés.
L’intoxication mentale au coronavirus sert à prouver que l’État est indispensable. C’est bien plus efficace que la manipulation du terrorisme par le pouvoir, dont on commence à être un peu trop habitué. Nous avons développé des anticorps contre le terrorisme d’état sous faux drapeau, pas encore contre les intoxications mentales du style coronavirus.
Quand il a peur, le "citoyen lambda" se dit : « Mieux vaut un État qui nous exploite à fond et nous fait subir les pires saloperies, mais nous protège contre le terrorisme ou le coronavirus, que pas d’État du tout ! »
« Encore une révolte ?
Non, sire, c’est la révolution ! »
Cette citation est la meilleur phrase pour différencier une révolte d’une révolution. Une révolution, c’est une révolte qui réussit à renverser le pouvoir.
Après une révolte, le pouvoir peut rebondir, se rattraper, mettre en scène un grand spectacle pour reprendre la main. Pour vaincre les "antimondialistes", les néoconservateurs américains, c’est-à-dire les mondialistes du PNAC, ont mis en scène le 11 septembre 2001. Pour contrer les Gilets Jaunes, les mondialistes ont mis en scène la grande peur du coronavirus.
La différence entre les deux, c’est que si le 11 septembre a été monté de toutes pièces par la CIA ; par contre, le coronavirus existe bel et bien, mais est infiniment moins dangereux que ce que prétend le pouvoir.