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La mascarade électorale américaine, édition 2020

samedi 17 octobre 2020, par Robert Bibeau

Dans tout mode de production, le pouvoir fondamental réside dans l’instance économique. La classe sociale qui possède et contrôle les moyens de production, de commercialisation et de communication possède et contrôle le pouvoir économique, mais aussi le pouvoir politique, médiatique, juridique, diplomatique, militaire, moral et idéologique. C’est pour avoir oublié, ou nié, cette vérité que les organisations de gauche comme de droite qui se sont prétendue ouvrière et prolétarienne ont périclité, ont dégénéré, se sont intégrées à l’appareil d’État bourgeois ou sont disparues.

Ainsi, sous le mode de production capitaliste la classe capitaliste est propriétaire des moyens de production, de commercialisation et de communication, sauf de la force de travail qui appartient à chaque salarié qui n’a d’autre choix cependant que de vendre son bien, son temps d’usage-travail aux capitalistes. De ce postulat découle que la classe capitaliste possède et contrôle le pouvoir social dans les instances économique, politique, médiatique et idéologique, sauf, cette parcelle de pouvoir économique, et donc politique, médiatique et idéologique attachée à la propriété de la force de travail. Le salarié peut en disposer et refuser de l’aliéner, dans les limites de la dictature imposée par la classe hégémonique sur l’ensemble des activités de la société, même quand cette dictature prend le nom de « démocratie électorale et parlementaire ». À celui qui refuse les règles de cette dictature du capital sur l’ensemble de la vie sociale et sur le travail, il ne reste que la marginalité, la clandestinité ou le monde interlope. Ainsi, depuis des décades, les médias à la solde dissimulent les déshérités dans les milieux urbains ; présentent les milieux mafieux comme un épiphénomène d’altérité ; ne rendent plus compte des grèves ouvrières et la bureaucratie syndicale, la cinquième colonne des riches dans le mouvement ouvrier, fait tout ce qu’elle peut pour saboter les luttes ouvrières.

Enfin, quand tout cela ne suffit pas, le législateur, le juge et la police sont appelés en renfort et le plein poids de la loi bourgeoise s’abat sur le prolétariat en lutte et la grève se voit réglementée, encadrée, contingentée, euthanasiée, interdite. Ce faisant, le prolétariat perd le seul pouvoir social qu’il possède – refuser de travailler, refuser de produire du surtravail et de la plus-value –. En lieu et place, la classe bourgeoise et ses affidés politiques, l’industrie des ONG stipendiées et l’oligarchie syndicale proposent aux prolétaires d’exprimer leur colère dans des manifestations qui n’entravent pas la production (ce qui fut fait avec les Gilets Jaunes), https://les7duquebec.net/archives/253109 de signer des pétitions « bonbons », et de voter à intervalle régulier pour l’un ou l’autre des fantoches que la machine « démocratique » des riches leur offre via les mascarades électorales. Plus la crise est profonde, plus la panoplie des larbins politiciens est sans fin.

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Les conditions de vie et de travail des prolétaires s’aggravant, les organisations politiques traditionnelles, ceux de l’alternance droite-gauche, qui depuis longtemps ne constituent plus une alternative, sont déconsidérées au point d’avoir à céder la place à une force que les oligarques en place qualifient de « populistes » et « d’extrémistes » comme hier ils les qualifiaient de « fascistes ». Ce phénomène largement répandu (Trump aux États-Unis, Le Pen en France, etc.) est la manifestation d’une modification de la domination qu’exerce le grand capital mondial (2400 milliardaires environ) dans son alliance de classe traditionnelle avec la bourgeoisie et la petite bourgeoisie pléthorique sous le capitalisme industriel. Alliance de classe qui structure le système de gouvernance dit démocratique puisqu’elle est une condition de son existence sous cette forme qui a l’avantage de faire croire que l’État des riches est l’exécuteur de la volonté populaire.1

Le premier geste d’insoumission et de protestation que la classe prolétarienne dominée doit poser c’est de refuser d’accréditer ce fétichisme démocratique-électoraliste étatique, et de refuser de participer à la gouvernance des pouvoirs politique et idéologique, et au formatage médiatique de la pensée contrôlée, imposée par la classe hégémonique à l’ensemble de la société.

C’est pour cette raison que les premières organisations ouvrières diffusaient leurs propres journaux, organisaient leurs propres activités culturelles, possédaient leur propre maison d’édition et refusaient de participer aux mascarades électorales organisées par la bourgeoisie pour subjuguer l’embryonnaire pouvoir politique et idéologique de la classe ouvrière. Incidemment, la crise économique s’atténuant, quand le mouvement ouvrier s’étiola sous les balles de sucre du grand capital, c’est via les médias du prolétariat, que les petits bourgeois infiltrèrent et noyautèrent, que le mouvement ouvrier fut miné. C’est aussi via les nouveaux médias émancipé que l’idéologie révolutionnaire du prolétariat renaîtra.

Les prolétaires révolutionnaires croient que la bonne façon d’user de leur pouvoir politique et idéologique, à l’intérieur de la société capitaliste sous dictature « démocratique » bourgeoise, c’est de refuser de cautionner et de refuser de participer aux mascarades électorales bancales, ces parodies de « démocratie populaire », sauf pour les dénoncer et en démontrer l’inanité. Par ces activités de dénonciation et de décryptage de ces parades électorales, la classe prolétarienne consolide sa détermination et refuse toute collaboration de classe avec quelque section que ce soit de la classe bourgeoise (y compris la petite bourgeoisie, aujourd’hui qualifiée de classe moyenne), et elle exprime ainsi son mépris du pouvoir et des institutions capitalistes et appel à leur abolition. De toute façon, que la gauche bourgeoise le veuille ou non, spontanément la classe prolétarienne exprime déjà son refus de collaborer à son aliénation et s’abstient de plus en plus de voter. Aux États-Unis, au cours de la campagne électorale de 2016, 46 % de la population habilitée à voter ne s’est pas présenter au bureau de scrutin, au grand dam de la gauche sectaire, de ce nombre une majorité de prolétaires. Il en sera de même au cours de l’élection de 2020.

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Dans cet article, nous décrirons les forces en présence dans ce conflit interne à la bourgeoisie que constitue une élection « démocratique » bourgeoise. En effet, dans toute élection les enjeux sont ceux qui confrontent la classe dominante, l’un de ces enjeux pouvant être de remettre en question la façon qu’une section de la classe capitaliste entend se servir de l’appareil d’État pour tenter de solutionner ses difficultés ; l’affrontement entre monétaristes (banquiers et boursicoteurs) et fiscalistes (bureaucrates keynésiens) est récurrent en Amérique. L’enjeu peut aussi concerner la façon d’embrigader la classe prolétarienne pour la maintenir dans le giron de la bourgeoisie nationaliste chauvine à la défense de la patrie en danger (America First). Au cours de l’élection américaine de 2016, un enjeu portait sur le programme d’assurance santé pour les ouvriers instauré par le Parti Démocrate et que le Parti Républicain promettait d’abolir afin de se gagner les faveurs des ouvriers. À l’élection de 2020 il n’est jamais proposé un programme complet et gratuit de services de santé et de sécurité au travail, revendication évidente pour la classe prolétarienne. Et quand bien même un groupuscule de la gauche gauchiste, opportuniste ou réformiste (Bernie Sanders) présentait cette revendication, qui le saura, qui le croira ? Pire, le prolétariat lui-même se moquerait de ces prétentieux gauchistes qui ne savent pas qu’un tel programme social est impossible sous le mode de production capitaliste en faillite. Les ouvriers le savent alors que « L’avant-garde » ne le sait pas. Dans les quelques pays occidentaux où de tels programmes ont été implantés au cours des trente années de prospérité (1950-1980), ces soi-disant « acquis » sociaux sont minés et liquidés.

Évidemment, la gauche vous dira que de toute manière la classe ouvrière n’existe plus et quand elle subsiste elle est embourgeoisée et corrompue et que seule « l’avant-garde » petite-bourgeoise agitée est révolutionnaire. Autant le mode de production capitaliste, dans sa phase d’expansion impérialiste, a produit une large couche de petits bourgeois à sa solde, un foisonnement d’intellectuels et d’artistes obséquieux, quantité d’aristocrates syndicaux bien payés, moult employés d’ONG stipendiés, une multitude d’engagés au service (répressif notamment) de la classe capitaliste et du grand capital mondial ; autant le système capitaliste doit aujourd’hui se débarrasser de ces affidés (non producteur de plus-value), les paupériser et les renvoyer parmi les prolétaires de la misère pendant cette phase de déclin qui s’est accentué au cours de la récession de 2008 et s’est accéléré avec la pandémie de 2020. La classe ouvrière et prolétarienne n’a pas disparue des États-Unis même si ses effectifs ont diminué ou ont été recomposés par l’apport de petits bourgeois déclassifiés. On dénombre 1,5 milliard de prolétaires sur Terre et leur nombre est croissant en Chine, en Inde et en Afrique. Malgré ce nombre gigantesque, le prolétariat international ne devrait pas vendre son âme sur l’autel des mascarades électorales.

Quels sont les motifs d’une élection et sur quels principes se basent la démocratie absolutiste bourgeoise dans la plus grande puissance économique et militaire du XXe siècle, mais qui ne l’est déjà plus au XXIe siècle…ce qui explique la pugnacité du combat électoral entre les camps Républicain et Démocrate.

Nous analysons le projet stratégique et le programme tactique des différentes classes dans ce contexte électoraliste ubuesque. Nous démontrons la mystification à l’œuvre dans une telle mascarade électorale et le rôle des médias à la solde. Nous présentons les enjeux pour les différentes classes sociales et pour les factions dominantes et concurrentes, maîtresses du jeu électoral dans lequel la classe prolétarienne n’a qu’un rôle d’observateur et de faire valoir, et pour lequel elle éprouve de moins en moins d’intérêt.

Incidemment, pour les prolétaires révolutionnaires ça n’existe pas l’économie, la politique, la culture, la morale et l’idéologie de « l’Amérique ». Ce qui existe c’est l’économie capitaliste développée et dirigée par et pour le grand capital international (phalange américaine) à l’encontre de la classe prolétarienne (section américaine) qui est subjuguée et aliénée d’abord par le capital national américain, et ensuite par le grand capital mondial, tout comme le capital américain exploite et spolie les autres sections nationales du prolétariat international. Sous le mode de production capitaliste, à son stade impérialiste, le capital est mondial et le prolétariat est international. Les reliquats d’allégeance nationale sont l’apanage des petits bourgeois paupérisés et bientôt prolétarisés et de la moyenne bourgeoisie déqualifiée en cours d’élimination accélérée sous le confinement meurtrier. 2

La suite, la semaine prochaine ou encore ici :

En français sur le site web de l’Harmattan (13 euro en PDF) HARMATTAN : http://www.editions-harmattan.fr/in… AMAZON : https://www.amazon.ca/démocratie-a…

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