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Au Mali, la contestation grandit contre l’emprise des militaires sur la transition

vendredi 13 novembre 2020, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 13 novembre 2020).

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Jeudi 12 novembre 2020 à 16:08

AFP

Le vice-président du Mali, le colonel Assimi Goïta, continue à passer pour l’homme fort de la transition. — © Francis Kokoroko/REUTERS

Les militaires à la tête du pays depuis le mois d’août ont mis en place un organe législatif, le Conseil national de transition, dont la répartition des sièges suscite la grogne au sein du Mouvement du 5 Juin, une coalition de partis et d’organisations de la société civile

Les autorités de transition maliennes installées après le putsch du 18 août font face à une contestation grandissante, un acteur majeur de la crise politique se braquant à son tour contre la dernière manifestation de l’emprise des militaires. Le Mouvement dit du 5 Juin a en effet dénoncé dans un communiqué l’ascendant des militaires sur la transition sous un « habillage civil ». Il a appelé à entrer en « résistance ». D’autres organisations ont, comme lui, exprimé leur refus de participer à la mise en place d’un organe législatif de transition.

Le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) est une coalition de partis et d’organisations de la société civile qui a mené la mobilisation contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, canalisant l’exaspération des Maliens face aux violences jihadistes et intercommunautaires, au marasme économique ou encore la déliquescence et la corruption de l’Etat.

Ce sont finalement des colonels qui ont renversé le président Keïta le 18 août. Les militaires se sont engagés à rendre le pouvoir à des civils élus au bout de 18 mois, et ont installé entre fin septembre et début octobre un président et un gouvernement de transition. Ils viennent de s’attaquer à la mise en place du dernier organe, législatif, de cette transition.

Le colonel Goïta, homme fort de la transition

C’est cet organe, appelé Conseil national de transition (CNT), qui suscite la grogne du M5-RFP et d’autres contre les militaires, dont le coup de force d’août avait été accueilli favorablement par de nombreux Maliens. Le M5 a perdu de sa force d’action dans la transition. Revendiquant la part prise à la chute de l’ancien président, il réclamait un rôle égal à celui des militaires, exigence largement ignorée par ces derniers. Mais sa voix compte toujours. Le parti du chef de l’opposition sous le régime déchu, Soumaïla Cissé, fait partie de la coalition.

Les décrets publiés cette semaine et fixant les modalités de création du conseil octroient 8 sièges au M5 sur 121. Les forces de défense et de sécurité disposent d’un cinquième des sièges, avec 22 représentants. Les autres places se répartissent entre partis, anciens groupes armés, société civile, cultes religieux ou syndicats.

Le vice-président, le colonel Assimi Goïta, validera la liste des membres. Bien que discret, le colonel Goïta, chef de la junte au pouvoir dans l’immédiat après-putsch, continue à passer pour l’homme fort de la transition. Son droit de regard, ainsi que la prépondérance des militaires dans le CNT font grincer des dents.

Lettre ouverte

Les décrets « sont purement et simplement inacceptables », dit le M5, qui refuse de participer. Les conditions de création du CNT « ont fait tomber les masques et dévoilé la nature purement militaire de la transition avec un habillage civil qui ne trompe plus personne », déclare la coalition dans son communiqué. Le M5 s’indigne du délai de 48 heures, expirant ce jeudi, imparti pour présenter des candidats. Il note que les postulants dans des zones instables seront incapables de produire l’extrait de casier judiciaire réclamé. Il y voit une manoeuvre des militaires pour coopter les membres du CNT.

Les militaires sont de plus en plus accusés de chercher à caser les leurs. Plus d’un mois après la formation du gouvernement de transition, leurs détracteurs imputent le temps mis à instaurer le CNT à leur volonté de nommer à sa tête le colonel Malick Diaw, numéro deux de la junte. Et le M5 n’est pas seul à grogner. Les partis de l’ancienne majorité « se sont réunis hier, ils ont décidé de ne pas participer au CNT », a dit Yacouba Doumbia, un responsable du parti de l’ex-président, Ibrahim Boubacar Keïta. Espérance Nouvelle, qui dit regrouper de nombreux partis et associations, a aussi rejeté sa participation.

Un groupe de personnalités de la société civile et du milieu des affaires a signé récemment une lettre ouverte pour s’inquiéter de la lenteur de la transition et de la prééminence des militaires. Après l’état de grâce initial, de « premiers clignotants s’allument et alimentent de légitimes inquiétudes », prévenait-il, eu égard aux manifestations de grogne sociale et surtout à la persistance des violences.

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