Un documentaire sur un camp de réfugiés palestinien interdit en Israël par la justice
https://assawra.blogspot.com/2021/0…
12 janvier 2021
Assawra
Cliché pris à Jénine (Cisjordanie) le 10 avril 2002 (image d’illustration).
Le documentaire Jénine Jénine, sur les affrontement d’avril 2002 dans un camp de réfugiés en Cisjordanie, a été interdit par la justice de l’Etat hébreu au motif qu’il ne serait pas fidèle à la réalité. Une décision contestée par son réalisateur.
Un tribunal israélien a interdit la diffusion en Israël le documentaire Jénine Jénine sur des affrontements dans un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie en avril 2002. Son réalisateur, l’arabe israélien Mohammed Bakri, a estimé le 12 janvier 2021 qu’il s’agissait d’une décision « injuste ».
Mohammed Bakri a provoqué un scandale en Israël dès la sortie en 2002 de son film, qui retrace des affrontements au cours desquels 52 Palestiniens et 23 soldats israéliens ont été tués à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Le film a été interdit en Israël en décembre 2002 après quelques projections en raison d’une vision « biaisée » des événements mais la Cour suprême a jugé cette interdiction illégale en 2003.
Le tribunal de Lod a décidé le 11 janvier d’interdire « la diffusion et la projection du film en Israël » et exigé la confiscation des copies, après la plainte pour diffamation déposée par un colonel de réserve de l’armée israélienne ayant participé à l’opération. Dans Jénine Jénine, l’officier Nissim Meghnagi est accusé d’avoir volé de l’argent à un vieux Palestinien. Ce qu’il a nié.
« Ce film, qui se veut être un documentaire, a dénoncé des actions qui ne se sont pas déroulées dans la réalité », a estimé le tribunal. « Un homme envoyé pour défendre son pays se retrouve accusé d’un crime qu’il n’a pas commis », relève le jugement, dont l’AFP a consulté une copie. Mohammed Bakri a été condamné à verser 175 000 shekels (environ 43 000 euros) au plaignant à titre de compensation. Le film ne sera pas retiré de la plateforme de vidéos YouTube, d’après cette décision.
Le réalisateur a qualifié ce jugement « d’injuste », précisant à l’AFP qu’il allait faire appel. Selon lui, le verdict « dénature le message du film ». Pour Hussein Abou Hussein, son avocat, « il s’agit d’une décision politique » ayant pour intention de « faire taire toute voix qui diffère du narratif israélien ».
Le chef d’état-major de l’armée Aviv Kochavi a salué « un message clair et net de soutien aux combattants de l’armée ». Des réservistes avaient porté plainte en 2008 pour diffamation mais elle avait été rejetée par la justice.
Celle-ci avait toutefois considéré que le réalisateur était de « mauvaise foi » – ce qu’il a rejeté –, lui reprochant notamment de ne pas avoir présenté la version de l’armée pour contrebalancer les témoignages des habitants du camp. Les Palestiniens ont qualifié de « massacre » cette opération au cours de laquelle le camp de réfugiés a été dévasté.