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La présidente et l’ottomane

jeudi 8 avril 2021, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 8 avril 2021).

Note de do : Quel con ce mec ! C’est vraiment un connard quoi ! Moi, j’aurais été la nana, je me serais assise à côté d’eux par terre en tailleur. Histoire de voir…


La présidente et l’ottomane

https://www.letemps.ch/opinions/pre…

Publié mercredi 7 avril 2021 à 22:07
Modifié jeudi 8 avril 2021 à 09:01

Marc Allgöwer

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, reste incrédule en constatant qu’aucun fauteuil ne lui est destiné lors de sa rencontre mardi avec Recep Tayyip Erdogan en compagnie de Charles Michel, le 7 avril 2021. — AFP PHOTO/TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE

L’image d’Ursula von der Leyen restée debout face à Charles Michel et Recep Tayyip Erdogan scandalise car elle constitue un acte de discrimination contre lequel les Européens n’ont pas su faire front commun

« Euh… » Le son émis par la présidente de la Commission européenne mardi témoigne de son incrédulité. Quelques minutes plus tôt, elle pénètre dans le bureau du chef de l’Etat turc en compagnie de Charles Michel. Elle représente la Commission, lui le Conseil. Le duo incarne, à parts égales, l’Union européenne. Mais face aux trois protagonistes ne se trouvent que deux fauteuils. Les hommes les occupent prestement, laissant la femme debout. Une fraction de seconde plus tard, la voici sur un canapé latéral. A Ankara, Ursula von der Leyen n’a pu s’asseoir que sur une ottomane.

Le « sofagate » scandalise d’abord à cause de la violence symbolique que recèle cette discrimination ostentatoire. Ensuite, il se produit dans un pays qui vient de se retirer de la – mal nommée – Convention d’Istanbul contre la violence à l’égard des femmes. Contempler Ursula von der Leyen ainsi rabaissée est d’autant plus embarrassant que cela se produit dans un bureau où trône encore le portrait de Mustafa Kemal Atatürk qui, en 1934, avait accordé le droit de vote aux Turques.

Tout cela ne serait que mauvais esprit, rétorquent ceux qui veulent éteindre l’incendie. Le rang protocolaire de la présidente de la Commission serait inférieur à celui du président du Conseil. L’argument ne se vérifie pas en pratique, comme en attestent les images d’archives où Recep Tayyip Erdogan, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker ont tous trois de quoi siéger dignement. Les services de la présidence turque ne pouvaient l’ignorer.

« Le protocole, c’est de la politique », rappelle l’ancien diplomate allemand Wolfgang Ischinger à propos de la scène survenue mardi. Les gestes que l’on fait ou non lors de visites officielles trahissent les intentions. Tel Vladimir Poutine amenant jadis son chien vers Angela Merkel, qu’il savait pourtant terrifiée par ces animaux. Tel le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, humilié à Moscou en février lorsque la Russie annonçait l’expulsion de trois diplomates européens alors qu’il tenait une conférence de presse avec Sergueï Lavrov.

Après des années d’acrimonies, ces mêmes Européens savaient que la rencontre avec le président turc serait délicate. Ils ont choisi de se rendre sur son terrain. En jouant avec ses règles et en oubliant une fois de plus de faire front commun, ils ont perdu cette manche.

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