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Libye - C’est un espion français qui a assassiné Kadhafi !

mercredi 25 octobre 2017, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 25 octobre 2017).

L’assassinat de Mouammar Kadhafi et la recolonisation militaire de l’Afrique

http://www.france-irak-actualite.co…

Publié par Gilles Munier sur 25 Octobre 2017, 15:17pm

Ce serait un agent français qui a tiré la balle mortelle

Par Dan Glazebrook (revue de presse : Rt.com - extraits – 20/10/17) :

https://www.rt.com/op-edge/407332-g…

Traduction et Synthèse : Xavière Jardez

Il y a exactement six ans, le 20 octobre 2011, Mouammar Kadhafi était assassiné, rejoignant ainsi une longue liste de révolutionnaires africains martyrisés par l’Occident pour avoir osé rêver de l’indépendance du continent.

Un peu plus tôt, ce 20 octobre, la ville natale de Kadhafi, Syrte, avait été occupée par les milices enrégimentées par l’Occident, après un mois de combat au cours duquel l’OTAN et ses alliés « rebelles » avaient pilonné les hôpitaux de la ville, et les habitations, coupé l’eau et l’électricité, avoué publiquement leur désir d’ « affamer (la ville) pour la soumettre ». Les derniers défenseurs de la ville, dont Kadhafi, l’avaient quitté ce matin-là mais leur convoi avait été repéré et mitraillé par l’aviation de l’OTAN, tuant 95 personnes. …(…)…

Nous savons maintenant, si nous devons en croire le témoignage de l’allié principal de l’OTAN, Mahmoud Jibril, que c’est un agent étranger, un Français, qui a tiré la balle mortelle qui a tué le président libyen. Sa mort fut la culmination, non seulement de sept mois d’agression de l’OTAN, mais d’une campagne contre lui et son mouvement que le monde occidental avait engagée depuis plus de trois décennies.

Et, ce fut la salve d’ouverture d’une nouvelle guerre, une guerre pour la recolonisation militaire de l’Afrique [italiques par AFI].

La domination économique de l’Afrique par l’Occident en péril

2009, deux ans avant l’assassinat du dirigeant libyen, fut une année charnière pour les relations entre les Etats-Unis et l’Afrique. Tout d’abord, parce que la Chine avait dépassé les Etats-Unis en tant que partenaire commercial primordial du continent et ensuite parce que Kadhafi venait d’être élu président de l’Union Africaine.

La signification de ces deux éléments pour expliquer le déclin des Etats-Unis sur le continent ne pouvait être plus évidente. Tandis que Kadhafi multipliait les tentatives pour parvenir à l’unité politique de l’Afrique, engageant de gros montants de la richesse pétrolière pour faire de ce rêve une réalité, la Chine écrasait, tranquillement, le monopole occidental des marchés de l’exportation et des investissements financiers. L’Afrique n’avait plus à mendier - chapeau à la main - auprès du FMI des prêts, en acceptant des conditions humiliantes, mais pouvait, dorénavant, se tourner vers la Chine - ou la Libye -. Et si les Etats-Unis avaient menacé de l’exclure de leurs marchés, la Chine aurait volontiers acheté ce qui était offert. La domination économique de l’Afrique par l’Occident était en péril comme jamais auparavant.

La réponse de l’Occident fut, bien entendu, une réponse militaire. Cette dépendance économique - rapidement réduite à néant par la Chine et la Libye - serait remplacée par une nouvelle dépendance militaire. Si les pays africains ne voulaient plus venir mendier des prêts, des investissements financiers, alors il fallait les placer dans une situation où ils viendraient mendier une aide militaire occidentale. A cette fin, - le nouveau Commandement Africain de l’armée US - l’AFRICOM, avait eté mis sur pied l’année précédente, mais humiliation de plus pour G.W. Bush, aucun pays africain n’accepta d’héberger son quartier général. Il fut obligé d’ouvrir boutique à Stuttgart, en Allemagne. Kadhafi avait conduit la bataille de l’opposition africaine à l’AFRICOM, comme les mémos exaspérés des ambassadeurs US le révélèrent plus tard par l’intermédiaire de WikiLeaks. Les appels US auprès des dirigeants africains pour rejoindre l’AFRICOM dans « le combat contre le terrorisme » ne furent pas entendus.

Après tout, comme Moutassim Kadhafi, chef de la sécurité libyenne, l’avait expliqué à Hilary Clinton, en 2009, l’Afrique du nord avait déjà un système de sécurité en fonction, au travers des « forces de réserve » de l’Union Africaine, d’un côté, et de l’autre, par le CEN-SAD (Communauté des Etats sahélo-sahariens). Le CEN-SAD était une organisation régionale de sécurité du Sahel et des Etats sahariens, fonctionnant parfaitement, avec Kadhafi comme pilier. La structure contre-terroriste très sophistiquée, aux mains des Libyens, n’avait nullement besoin de la présence militaire américaine. Le travail des planificateurs occidentaux fut d’en créer un.

Racket de protection

La destruction de la Libye par l’OTAN a atteint trois objectifs stratégiques inscrits dans ses plans pour une expansion militaire en Afrique. Le plus criant fut d’éliminer le plus grand obstacle et opposant à cette expansion, Kadhafi lui-même. Une fois éliminé, et remplacé par un gouvernement fantoche soumis à l’OTAN en charge de la Libye, il n’y avait aucune chance que cette dernière devienne une force contre le militarisme occidental. Au contraire, le nouveau gouvernement dépendait lourdement de ce militarisme et le savait.

Deuxièmement, l’agression de l’OTAN a servi à mettre à bas le système de sécurité délicat mais efficace de l’Afrique du nord. Enfin l’OTAN, en anéantissant l’Etat libyen, a mis le pays entre les mains des escadrons de la mort et des groupes terroristes qui ont pu, ainsi, piller les arsenaux militaires du pays et ériger à loisir des camps d’entraînement pour exporter leurs opérations au-delà des frontières.

Ce n’est pas par hasard que les dernières attaques terroristes en Afrique du nord – sans oublier Manchester- ont été préparées soit en Libye soit par des combattants formés en Libye. Boko Haram, al-Qaïda au Maghreb islamique, l’EI, Ansar al-Din au Mali, et des douzaines d’autres, ont grandement profité de la destruction de la Libye.

En assurant la propagation de la terreur à travers la région, les puissances occidentales ont assuré, par un coup de baguette magique, la demande d’une assistance militaire qui n’existait pas auparavant. Elles ont littéralement créé un racket de protection pour l’Afrique. Dans une étude excellente publiée l’an dernier, Nick Turse a montré comment l’augmentation des interventions de l’AFRICOM sur le continent correspond précisément à l’augmentation des menaces terroristes. Sa croissance, dit-il, a été accompagnée par « un nombre croissant d’attaques mortelles sur le continent, dont celles au Burkina Fasso, Burundi, Cameroun, Afrique Centrale, Tchad, Côte d’Ivoire, RDC, Ethiopie, Kenya, Mali, Niger, Nigéria, Somalie, Soudan du sud et Tunisie ».

En fait, les données en provenance du National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism de l’Université du Maryland montrent que les attaques se sont envolées au cours de la dernière décennie, coïncidant en gros à l’établissement de l’AFRICOM. En 2007, un peu avant que cette institution ne devienne un commandement indépendant, il y avait moins de 400 attaques par an dans l’Afrique subsaharienne. L’an dernier, leur nombre a atteint presque 2000 opérations. Selon les normes officielles de l’Africom, c’est un échec évident. Mais vu du racket de protection, c’est un succès éclatant, la puissance militaire US reproduisant doucement les conditions de sa propre expansion.

Telle est la politique africaine dont Trump a hérité. Mais, parce que cette politique du racket de protection a, très rarement, été comprise pour ce qu’elle est en réalité, les commentateurs, comme pour les autres politiques de Trump, ont fait l’erreur de croire qu’il « ignorait » ou qu’il « renversait » l’approche de ses prédécesseurs. En réalité, loin de l’abandonner, il l’escalade avec plaisir.

Ce que l’administration Trump exécute, comme dans d’autres domaines politiques, est de dépouiller l’ancienne politique des finesses du « soft power » ou diplomatie douce pour étendre et révéler le main de fer qui, de toute manière, en a toujours été le fer de lance. Trump qui méprise l’Afrique ouvertement a, effectivement coupé l’aide au développement US, par un tiers et a transféré la responsabilité du solde non plus à l’Agence Internationale pour le Développement mais au Pentagone tout en liant cette aide à l’avancement des « objectifs de sécurité nationale américains » …(…)…

A cette fin, Trump a multiplié les attaques de drones, réduit les restrictions (limitées) en place au cours de l’ère Obama. Le résultat a été une avalanche de victimes civiles, et en conséquence, le ressentiment et la haine qui alimentent le recrutement des militants. Il y a peu de chances, par exemple, que l’attentat à la bombe du véhicule des Shabab qui, en Somalie, a fait plus de 300 morts à Mogadiscio, récemment, n’ait pas été commis par un homme venant d’une ville qui a, en août, souffert d’une attaque majeure de drones sur des civils, dont des femmes et des enfants.

Une étude détaillée et récente des Nations unies conclut que dans la « majorité des cas, les actions des Etats sont la cause première qui pousse les individus dans un extrémisme violent en Afrique » Sur plus de 500 anciens membres d’organisations militantes interviewés à cette occasion, 71% mentionnaient « les actions gouvernementales » dont « l’assassinat (ou l’arrestation) d’un membre d’une famille ou ami » qui les ont poussé à rejoindre un groupe. Et ainsi donc le cycle continue : l’attaque de drones nourrit le recrutement, qui produit plus d’attentats terroristes, ce qui laisse les Etats plus dépendants du soutien militaire US. C’est ainsi que l’Occident attise la demande pour « ses propres produits ».

Cependant, il existe une autre voie comme Alexander Cockburn l’explique dans son livre « Kill Chain », à savoir la politique du meurtre ciblé, une autre politique d’Obama, accentuée par Trump. Cockburn, rapportant des entretiens avec des soldats américains sur l’efficacité des meurtres ciblés écrit que, quand « la conversation en vint à évaluer l’efficacité de l’élimination des bombes artisanales, tous furent d’accord. » …(…)… L’un d’eux, Rivolo, se souvient « quand on nous demandait d’attraper un individu de haute valeur et quel effet cela avait, ils dirent tous « eh oui, nous avons tué ce gars le mois dernier et nous avons eu plus d’engins explosifs artisanaux que jamais. Et tout de go, ils ajoutèrent « une fois que vous les avez éliminés, le lendemain, vous avez un gars plus intelligent, plus jeune, plus agressif et vibrant de vengeance ».

Alex de Waal a écrit que cela est certainement vrai en Somalie où, dit-il, « chaque dirigeant mort est suivi par un associé plus radical. Après un échec, en janvier 2007, les Américains tuèrent le commandant d’Al Shabab, Aden Hashi Farah Ayro, en mai 2008 dans un raid aérien. Le successeur d’Ayro, Ahmed Abdi Godane (alias Mouktar Abou Zoubair) était pire, et s’affilia avec al-Qaïda. Les Américains le tuèrent en septembre 2014. Ahmed Omar (Abou Oubaidah) lui succéda et il est vraisemblable que c’est lui qui a ordonné le dernier attentat à Mogadiscio, le pire de toute l’histoire récente du pays. Si les attentats ciblés demeurent la stratégie centrale de la Guerre contre la Terreur, alors « elle n’est pas prête de finir » ajoute de Waal.

Mais une guerre sans fin est le but. Car non seulement, elle force les pays africains, qui avaient pu se défaire de la dépendance du FMI, dans une dépendance de l’AFRICOM mais elle accroît les relations de la Chine avec le continent…(…)…


Dan Glazebrook est un journaliste indépendant. Il collabore à RT et à de nombreux medias, notamment Counterpunch, Z Magazine, the Morning Star, the Guardian, the New Statesman, the Independent and the Middle East Eye.

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