L’abstention est un avertissement de futures luttes puissants ou une expression de démoralisation. Nous verrons par la suite mais l’inflation qui pointe son nez à l’horizon du capitalisme et l’expérience accumulée des autres crises capitalistes peuvent être les premises d’une révolte dont les conditions psychologiques sont déjà présentes.
Plus de 65 pour cent des électeurs se sont abstenus hier au second tour des élections régionales en France, lors d’un scrutin qui a vu tous les présidents de région sortants réélus. Les candidats du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen comme de La République en Marche (LRM) d’Emmanuel Macron n’ont remporté aucune des 12 régions.
Sur fond de désillusion populaire, l’élite dirigeante compte utiliser l’élection, la dernière avant les présidentielles d’avril-mai 2022, pour décider quels candidats présidentiels avancer. Macron est impopulaire, comme son opposante au second tour en 2022, la néofasciste Marine Le Pen, dont le taux d’approbation en avril n’était que de 34 pour cent. Selon un sondage en février, 80 pour cent des Français s’opposeraient à un nouveau duel Macron-Le Pen en 2022, mais c’est également ce qui se produirait si les élections se déroulaient aujourd’hui.
Il est très probable que l’élection présidentielle place Macron en troisième ou quatrième position, comme a été le score de sa formation LREM.
Certaines sections de la bourgeoisie veulent manifestement trouver un factotum plus acceptable pour mettre en œuvre les politiques réactionnaires qu’avancent Macron et l’extrême-droite.
Et donc, deux minutes à peine après l’annonce des premiers résultats hier soir, le candidat LR Xavier Bertrand a prononcé une allocation pour se poser en troisième candidat en 2022.
Bertrand, qui a été ministre de la Santé puis du Travail sous les présidents de droite Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, est un candidat de l’aristocratie financière. Mais son allocution hétéroclite s’est adressé à « vous, les silencieux, les invisibles, les ouvriers » et a juré de veiller à ce que « le travail vive à nouveau, qu’on puisse en vivre dignement. Mes priorités sont les classes moyennes et les catégories populaires ».
En même temps, se faisant l’écho des arguments de Macron pour justifier la répression des « gilets jaunes » et les attaques contre les droits démocratiques des musulmans, Bertrand a promis le « rétablissement de l’ordre et du respect » et de lutter contre « la haine de la France ».
Marine Le Pen a relevé « une crise profonde de la démocratie locale » et a voulu « remercier les électeurs qui se sont déplacés alors que tout les poussait à s’abstenir ». C’est quand même un échec cuissant pour elle et son parti.
Mélenchon a pointé « une abstention abyssale qui sépare la masse des Français des institutions qui sont censées les représenter » et surtout celle parmi « les jeunes et les ouvriers qui, plus que les autres, tournent le dos sur ce qu’ils considèrent être une comédie ».
Il a applaudi un effort politique extrêmement douloureux de la part de ses électeurs qui face au choix empoisonné de deux candidats ultra-réactionnaires, « ont néanmoins donné leur voix pour que le Rassemblement national soit battu ».
Il n’y a rien de plus superficiel que les remarques des politiciens et têtes parlantes capitalistes sur la crise de la démocratie, suivies par des appels à du bricolage législatif et à des votes du moindre mal, qui ont installé Macron au pouvoir.
Les analyses officielles des élections gardent un silence assourdissant sur les racines politiques de l’abstention et du désillusionnement politique de masse.
L’abstention découle non pas de conditions nationales que peut changer une ou autre réforme légale à l’intérieur, mais d’une crise internationale du capitalisme.
Objectivement, ceci révèle un gouffre de classe qui sépare les travailleurs de l’aristocratie financière et de son appareil d’État.
L’élection d’hier est un avertissement et une expression de plus que l’establishment politique est insensible aux appels du peuple à une réforme. Les élections ne résoudront aucune des questions brûlantes pour les travailleurs. La lutte contre la pandémie, la guerre, les inégalités et pour les droits démocratiques ne peut prendre que la forme d’une mobilisation indépendante des travailleurs dans une lutte pour le pouvoir et pour le socialisme.
AQ
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