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Coronavirus - Vaccin - Le souci de rendre incontournable la troisième dose est présent depuis des mois

jeudi 12 août 2021, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 12 août 2021).

Thomas Lemahieu, L’Humanité du 11 août 2021 :

Pfizer a opportunément livré une série de statistiques, hors de tout cadre scientifique établi, sans publication dans une revue, ni évaluation par des pairs, qui pourraient gonfler encore son carnet de commandes.

Dans une réaction plutôt inhabituelle, les agences sanitaires américaines, la Food and Drug Administration (FDA) et le Center for Disease Control and Prevention, ont dans des termes assez vigoureux renvoyé Pfizer dans les cordes. Rappelant que ce n’est pas aux entreprises de déterminer si un rappel vaccinal doit être administré et que la décision sera prise à partir de toutes les données collectées dans un cadre scientifique commun.

Le problème, c’est que, alors que les essais cliniques ne devaient pas être achevés avant octobre 2022 pour Moderna, et même mai 2023 pour Pfizer, ces données, arrêtées en mars, sont sans doute les dernières que livrera l’étude clinique sur la durée de la protection offerte par les vaccins. En cause, l’attitude des groupes pharmaceutiques, qui, au nom de l’impératif «  éthique  » de permettre aux participants recevant le placebo d’opter pour le vaccin afin d’être protégés dans la pandémie, les ont poussés depuis janvier à quitter l’étude clinique. Sur les 44 000 participants au départ, une écrasante majorité a choisi de demander à connaître son propre statut vaccinal. Les résultats publiés fin juillet sur la couverture six mois après la vaccination ne concernent plus que 7 % des volontaires initiaux. Le pourcentage de participants toujours impliqués dans l’essai initial avec le placebo est désormais proche de zéro.

Vaccins. La priorité aux troisièmes doses met le monde en danger

https://assawra.blogspot.com/2021/0…

Jeudi 12 août 2021

Assawra - الثورة (La Révolution)

Site du Mouvement Démocratique Arabe

موقع الحركة العربية الديمقراطية

Écrit par Thomas Lemahieu - L’Humanité du 11 août 2021

Le 28 juillet 2021, Pfizer a opportunément livré une série de statistiques, hors de tout cadre scientifique, qui pourraient gonfler encore son carnet de commandes. Albert Facelly/Divergence

En sabotant les recherches sur la durée de l’immunité, les grands groupes pharmaceutiques encouragent les pays les plus riches à relancer la course aux stocks disponibles. Au risque de repousser tout accès universel aux vaccins.

Big Pharma conserve son coup d’avance pour imposer aux États les plus riches une stratégie vaccinale qui sert ses profits avant l’intérêt général. Tandis que dans les pays du Sud, faute d’accès universel aux vaccins, la couverture demeure très faible, ce coup, réservé aux grandes puissances du Nord, porte un nom  : «  troisième dose  » ou «  rappel  ». Le 28 juillet, en marge de la présentation de prévisions financières toujours plus mirifiques – pour 2021, la multinationale compte désormais tirer 28,6 milliards d’euros des ventes de son vaccin (contre 22,2 milliards précédemment) –, Pfizer a opportunément livré une série de statistiques, hors de tout cadre scientifique établi, sans publication dans une revue, ni évaluation par des pairs, qui pourraient gonfler encore son carnet de commandes.

Ce n’est pas aux entreprises d’inciter à un rappel vaccinal

À partir de ces éléments, construits notamment sur des tests réalisés auprès de 23 individus, Mikael Dolsten, président du département recherche et développement (R&D) du groupe pharmaceutique, affirme que le niveau d’anticorps susceptibles d’attaquer le nouveau coronavirus croîtrait «  cinq fois  » pour les personnes de 18 à 55 ans lorsqu’elles reçoivent une troisième dose de vaccin. Pour celles qui ont entre 65 et 85 ans, cette nouvelle injection après les deux premières multiplierait par «  plus de onze  » le niveau d’anticorps. «  Ces données préliminaires sont très encourageantes, alors que Delta continue de se propager  », avance le dirigeant de Pfizer.

Dans une réaction plutôt inhabituelle, les agences sanitaires américaines, la Food and Drug Administration (FDA) et le Center for Disease Control and Prevention, ont dans des termes assez vigoureux renvoyé Pfizer dans les cordes. Rappelant que ce n’est pas aux entreprises de déterminer si un rappel vaccinal doit être administré et que la décision sera prise à partir de toutes les données collectées dans un cadre scientifique commun. Vivek Murthy, le médecin-chef au sein de l’administration Biden, écarte, pour l’heure, l’hypothèse  : «  Les gens ne doivent pas partir en quête d’une troisième dose.  » Mais, malgré cette absence d’éléments établis, le refrain continue de s’imposer. Lundi, c’est Ugur Sahin, le patron de BioNTech, la start-up allemande partenaire de Pfizer pour le vaccin, qui en remettait une couche  : «  Il est possible que, dans les six à douze mois prochains, un variant émerge et requière l’adaptation du vaccin, mais ce n’est pas encore le cas. La meilleure approche pour gérer cette situation est de continuer avec une dose de rappel.  »

En réalité, du côté des multinationales, le souci de rendre incontournable la troisième dose est présent depuis des mois. Ainsi, au printemps, au cours d’un séminaire organisé par la banque d’affaires Barclays, Frank D’Amelio, directeur financier et vice-président de Pfizer, promettait monts et merveilles à ses actionnaires grâce à la perspective des rappels vaccinaux : «  Les facteurs comme l’efficacité, la capacité de doper l’immunité deviendront encore plus déterminants, et nous voyons ça comme une grosse opportunité pour la demande de notre vaccin et pour son prix. Donc, en clair, beaucoup est à venir.  » Mais derrière cette forme de cynisme échevelé à l’attention des marchés financiers, les grandes entreprises pharmaceutiques profitent surtout aujourd’hui, pour accréditer leur thèse, des limites qu’elles ont elles-mêmes fixées à la principale étude clinique mondiale.

Cet essai-là, lancé en juillet 2020 avec 44 000 volontaires, a été organisé dans les plus rigoureuses règles de l’art (tirage au sort, représentation de tous les âges, sexes et conditions de santé…). Il doit, outre le recensement des éventuels effets secondaires indétectés jusque-là, servir à établir la durée d’immunité offerte par la vaccination. Dans une «  prépublication  » – donc sans contrôle extérieur à ce stade – mise en ligne fin juillet, en parallèle des données propres de la multinationale, les chercheurs avancent que, six mois après la deuxième injection, l’efficacité contre le Covid-19 du vaccin Pfizer passerait de 96 % à 84 %. Une baisse générale, certes sensible, mais qui demeure très loin du seuil des 50 %, en dessous duquel le produit n’est plus considéré comme efficace. Quoi qu’il en soit, sur les 22 000 participants ayant reçu les deux doses de vaccin, un seul a eu des symptômes sévères provoqués par une contamination. Un résultat jugé «  très rassurant  » par les experts indépendants américains, qui inclinent toujours à penser que la troisième dose n’est «  pas nécessaire  » à ce stade.

Le problème, c’est que, alors que les essais cliniques ne devaient pas être achevés avant octobre 2022 pour Moderna, et même mai 2023 pour Pfizer, ces données, arrêtées en mars, sont sans doute les dernières que livrera l’étude clinique sur la durée de la protection offerte par les vaccins. En cause, l’attitude des groupes pharmaceutiques, qui, au nom de l’impératif «  éthique  » de permettre aux participants recevant le placebo d’opter pour le vaccin afin d’être protégés dans la pandémie, les ont poussés depuis janvier à quitter l’étude clinique. Sur les 44 000 participants au départ, une écrasante majorité a choisi de demander à connaître son propre statut vaccinal. Les résultats publiés fin juillet sur la couverture six mois après la vaccination ne concernent plus que 7 % des volontaires initiaux. Le pourcentage de participants toujours impliqués dans l’essai initial avec le placebo est désormais proche de zéro.

Compétition pour accaparer les stocks disponibles

Tandis que les experts de l’Organisation mondiale de la santé et des organismes régulateurs, comme la FDA états-unienne, recommandaient la poursuite de l’étude avec les standards randomisés en «  double aveugle  » (ni les chercheurs ni les participants ne savent si ces derniers reçoivent le placebo ou le vaccin), Pfizer et Moderna ont refusé un système imaginé par le clinicien américain Steven Goodman permettant de continuer l’étude clinique tout en protégeant les participants, le jugeant «  impraticable  » ou même «  trop onéreux  »… Ce qui, faute de données établies scientifiquement dans un cadre transparent et partagé, ne peut qu’encourager à s’en remettre plus encore aux injonctions des grandes entreprises pharmaceutiques. Alors même que – nouvel aveu de ses priorités largement dictées par ses propres intérêts commerciaux – Pfizer a, dès le 30 mars, rectifié l’objet de l’étude clinique afin d’y ajouter l’examen des troisièmes doses et des rappels vaccinaux.

Dernière carte dans la manche de Big Pharma, le «  monde réel  ». Selon Pfizer, le déclin de l’immunité au fil des mois, observé en particulier en Israël, imposerait le recours à des troisièmes doses, comme le gouver­nement de Naftali Bennett en a décidé en lançant une campagne pour les plus de 60 ans. Quand les grandes puissances capitalistes relancent la compétition entre elles pour accaparer les stocks disponibles – les États-Unis ont commandé 400 millions de doses à Pfizer et Moderna, pendant que les Britanniques en réservaient 90 millions et les Européens 900 –, l’argument n’est peut-être pas dépourvu de bon sens, même si le consensus est loin d’être atteint sur la question.

En revanche, dans ce «  monde réel  » où les ­variants ont été rebaptisés par des lettres de l’alphabet grec, perdant au passage la référence à la localisation de leur émergence – le Brésil, l’Afrique du Sud ou l’Inde, largement privés d’accès aux vaccins –, un consensus, bien plus solide, existe. Trois doses, ou plus, dans les pays les plus riches et zéro dans le reste du monde  : ce régime promet de faire perdurer la pandémie très longtemps encore et de laisser les variants plus dangereux les uns que les autres se multiplier.

Thomas Lemahieu
L’Humanité du 11 août 2021

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