Pour ne pas voir que depuis 2007, au moins, le Groupe Renault ne fait, pour l’essentiel, que la reproduction du capital fixe, il faut vraiment avoir de la merde dans les yeux !
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Bien entendu, c’est la baisse "tendancielle" du taux de profit qui est la cause structurelle de ce phénomène, mais la baisse du taux de profit n’est "tendancielle", selon Marx et selon l’évidence, que tant que le capitalisme est encore en pleine expansion et "compense" cette baisse par l’extension du développement économique capitaliste, l’extension des marchés, et donc l’extension du prolétariat industriel productif de plus-value.
Or au stade actuel, avec le développement des forces productives modernes, automatisées et robotisées, même ce qui reste du prolétariat industriel n’est que minoritairement productif de plus-value, car dans la plupart des cas, son travail, de surveillance et de contrôle de l’appareil productif, n’est plus directement objectivé dans la production.
Il s’apparente essentiellement à l’entretien et au maintien en état de fonctionnement du capital fixe, et il fait donc partie de la valeur d’usage du capital fixe et du cycle de son renouvellement.
La part du personnel productif (Agents de production) était déjà tombée, en effectifs, à 27,8% en 2016, selon les données Renault (Bilan Social), sur les usines françaises. Elle ne doit guère être au dessus de 20% aujourd’hui, et encore bien moins, en masse salariale, sur l’ensemble du Groupe, à l’échelle mondiale, vu qu’en nombre la majorité des personnels n’est plus en France, mais dans des pays où les salaires sont encore plus bas.
A l’échelle du groupe, la masse salariale productive doit donc actuellement tourner autour de 15% de la masse salariale globale, qui, elle même, ne représente qu’autour de 12% du chiffre d’affaire, ces dernières années.
Autrement dit, la masse salariale génératrice de plus-value au véritable sens du terme, celle qui permet l’élargissement du capital, ne représente plus que 2% du Chiffre d’affaire, ce qui explique la constance d’une marge opérationnelle très basse.
Autrement dit, encore, le stade des "compensations" de la baisse du taux de profit par le développement, ce qui amenait Marx à parler de baisse "tendancielle", ce stade, donc, est déjà largement dépassé et n’explique plus la survie du système.
De plus, au delà de cette période de "compensations" par le développement, Marx définissait clairement une limite au capitalisme.
A partir du moment où le système de domination de classe a franchi, et depuis 2007-2008, au moins, cette limite, il ne peut plus être défini et caractérisé comme capitaliste, même si toutes les formes et modes de fonctionnement du capitalisme n’ont pas encore disparu de la planète.
Comme il repose sur le renouvellement quasi-illimité de la dette mondiale, rendu possible par la politique monétaire appropriée des Banques Centrales, qui, elles, ont à leur service des économistes relativement compétents, et sont capables de faire avancer leur agenda de restructuration mondialiste, j’ai donc appelé banco-centralisme ce nouveau système de domination de classe.
En plein Moyen-Âge, les rapports sociaux féodaux ne sont réellement devenus hégémoniques, en Occident, qu’à partir du début du XIe siècle, même si l’on estime, généralement, que la bascule, pour l’essentiel, d’un mode de production à l’autre (esclavagisme >>>féodalité), s’est opérée deux siècles plus tôt.
Evidemment, le temps de l’histoire, à cette époque et à la notre, n’est pas le même, en termes de conscience sociale, mais le fait est que la plupart des gens qui se réclament encore de Marx raisonnent avec des préjugés idéologiques du siècle dernier et cultivent essentiellement le déni de réalité, préférant leur "confort" intellectuel à un véritable travail de recherche et d’analyse. C’est pourquoi je les ai appelés pseudos-"marxistes", et finalement renoncé de tenter de les convaincre d’évoluer, après plusieurs années de tentatives diverses.
Le paradoxe de notre époque est que la gauche, y compris pseudo-"marxiste" est donc quasi-totalement passée du côté du système, consciemment ou non, alors que les mouvements dits "complotistes" et souvent, effectivement, animés par des éléments de droite et d’extrême-droite représentent un embryon de résistance à ce nouveau système, même si de manière confuse et irrationnelle.
Les pseudos-"marxistes", en refusant de faire une analyse rationnelle de la réalité actuelle, sont donc parmi les artisans efficaces de cette situation consternante, et, possiblement, tragique, à terme, d’une manière ou d’une autre, soit par le triomphe du banco-centralisme, soit par un retour à l’obscurantisme, et plus probablement les deux à la fois, malheureusement pas incompatibles.
Luniterre