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Coup d’État au Soudan : le premier ministre détenu par des forces armées

lundi 25 octobre 2021, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 25 octobre 2021).

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Lundi 25 octobre 2021

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Des manifestants à Khartoum le 21 octobre. MOHAMED NURELDIN ABDALLAH / REUTERS

Des hommes armés non identifiés ont arrêté, tôt ce lundi 25 octobre 2021 au matin, plusieurs dirigeants soudanais à leur domicile après des semaines de tensions entre les autorités militaires et civiles de transition dans ce pays d’Afrique de l’Est. La plupart des ministres – dont le Premier ministre – et les membres civils du Conseil de souveraineté, qui chapeaute la transition au Soudan, ont été arrêtés, a confirmé le ministère de l’Information.

L’arrestation de la plupart des ministres et des membres civils du Conseil de transition, à moins d’un mois de la date prévue de transmission du pouvoir des militaires aux civils, met le feu aux poudres dans ce pays de l’Afrique de l’Est. Des forces armées détiennent dans un lieu non identifié le Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, qui a été arrêté après avoir refusé de soutenir un « coup d’État », a rapporté le ministère de l’Information dans un communiqué.

Ce même ministère a ensuite indiqué que des soldats ont pris d’assaut le siège de la radiotélévision d’État soudanaise à Omdourman, ville jumelle de Khartoum uniquement séparée par un pont sur le Nil. « Des employés sont retenus », ajoute le ministère alors que la télévision d’État diffuse actuellement un long concert de musique traditionnelle. Le général Abdel Fattah al-Burhan, à la tête de la transition soudanaise, allait prendre la parole sous peu alors qu’un « coup d’État » est en cours.

Rues envahies

Depuis l’annonce des arrestations, des manifestants se sont spontanément installés dans les rues de Khartoum pour protester, ils ont brûlé des pneus, coupé des routes et des ponts alors que la ville connaît un déploiement militaire renforcé et que l’internet a été coupé. « Nous n’accepterons pas de régime militaire et nous sommes prêts à sacrifier nos vies pour la transition démocratique », a juré un des manifestants à l’AFP.

Il semble bien que ce soit un coup d’État des militaires contre la période de transition et contre le partenariat avec les civils au pouvoir comme l’a stipulé la déclaration constitutionnelle de 2019 suivant la chute d’Omar el-Béchir. Les civils avaient d’ailleurs multiplié les mises en garde depuis plusieurs semaines « contre un coup d’État » fomenté par les militaires.

Ces derniers jours, la tension était montée entre les camps des civils et des militaires. Le 16 octobre, indique l’AFP, des pro-armée ont planté leurs tentes devant le palais présidentiel où siègent les autorités de transition, partagées entre civils et militaires, selon la transition qui devait s’achever en 2023. En réponse, le 21 octobre, des pro-civils sont descendus par dizaines de milliers dans les rues des différentes villes du pays, dans un joyeux festival pour, disaient-ils, « sauver » leur « révolution ». Depuis, le sit-in des pro-armée a débordé ailleurs dans Khartoum.

Le bloc civil, les Forces pour la liberté et le changement, qui a conduit les manifestations contre el-Béchir, s’est désormais scindé en deux factions qui s’opposent. L’armée et les forces sécuritaires, dirigées par d’anciens bras droits d’el-Béchir, ont multiplié les déclarations pour dire qu’ils ne peuvent pas remettre le pouvoir à des civils divisés entre eux. Jusqu’à présent, ce sont les militaires qui dirigeaient le Conseil souverain dont la présidence devait passer aux civils le 17 novembre.

Appel à la désobéissance civile

L’Association des professionnels, l’un des fers de lance de la révolte qui a mis fin en 2019 à la dictature du président Omar el-Béchir, accompagné des syndicats des médecins et des banques, a appelé ce lundi les Soudanais à la « désobéissance ».

De leur côté, les États-Unis tout comme la Ligue arabe se disent « inquiets » à la suite d’annonces de prise de pouvoir par des militaires. L’émissaire Jeffrey Feltman prévient que « tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l’aide américaine ». Le secrétaire général de l’organisation panarabe Ahmed Aboul Gheit a fait part dans un communiqué de sa « profonde préoccupation face aux développements » au Soudan et appelé « toutes les parties à respecter » l’accord de partage du pouvoir de transition établi en 2019.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a fait part sur Twitter de la grande préoccupation de l’Union européenne concernant l’évolution de la situation au Soudan. Les arrestations des dirigeants civils au Soudan sont « inacceptables », a estimé lundi l’émissaire de l’ONU au Soudan Volker Perthes, se disant « très inquiet des informations sur un coup d’État ».

Le Soudan connaît une transition précaire entachée de divisions politiques et de luttes de pouvoir depuis que l’armée a poussé au départ l’ancien président Omar el-Béchir en avril 2019, après trois décennies de pouvoir, sous la pression d’une énorme mobilisation populaire. Depuis août de la même année, le pays est dirigé par un Conseil de souveraineté composé pour moitié de civils et pour moitié de militaires.

Soudan - 25 octobre 2021

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Maryam Sadeq al-Mahdi : « Nous allons participer à tout acte de résistance pacifique » au Soudan

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La ministre des Affaires étrangères du gouvernement de transition dissous Maryam al-Sadeq al-Mahdi est aussi vice-présidente du parti Oumma. RYAD KRAMDI/AFP

Ce coup d’État au Soudan signe un coup d’arrêt à la gestion conjointe par des civils et des militaires de la transition depuis 2019. Maryam Sadeq al-Mahdi, la ministre des Affaires étrangères du gouvernement de transition dissous par le général al-Buran, a été jointe dans la matinée à Khartoum par Houda Ibrahim de Rfi.

Maryam Sadeq al-Mahdi, ce matin vous souhaitez intervenir, non pas en tant que ministre des Affaires étrangères au Soudan, mais en tant que responsable du parti Oumma. Quelle est alors votre position face à ces développements ?

Nous, en tant que parti Oumma, nous refusons toute tentative de coup d’État, quel que soit son auteur et quel que soit son prétexte. Nous annonçons que nous allons participer à tout acte de résistance utilisant les méthodes pacifiques que nous avons en notre possession. Nous nous opposons à tout coup d’État contre la déclaration constitutionnelle intervenue suite à la révolution du peuple soudanais, révolution qui a été bénie par le sang de jeunes qui nous étaient chers.

Les tensions politiques qui ont dominé la période compliquée de transition peuvent être résolues si on s’attaque une fois pour toutes aux racines du problème et si on mène un dialogue sérieux. Notre parti Oumma a fait récemment une initiative pour un nouveau pacte social, une initiative qui a été reprise par l’initiative dite « le chemin vers l’avenir » du premier ministre Hamdok.

Vous appelez au dialogue comme seule solution ?

Cette tentative d’une partie d’imposer sa vision à l’autre par la force militaire, c’est un combat perdu d’avance. C’est une perte de temps qui ne nous mènera nulle part. Elle ne sert qu’à dilapider les capacités du pays et contrarier son intention d’aller vers la paix et la sécurité. Aucun parti ne peut réaliser des gains politiques sans l’accord de l’autre partie, sans l’accord de partenaires tel qu’il est indiqué dans la déclaration constitutionnelle. Nous mettons en garde contre toute goutte de sang du peuple qui pourrait tomber et nous promettons aux responsables qu’ils seront poursuivis en justice, de façon à ce qu’ils portent ce fardeau pour toujours.

Dans un communiqué du parti Oumma, vous considérez que ce coup d’État ne mènera à rien ?

Nous considérons que la porte est toujours ouverte à une solution pacifique à travers le dialogue et une vraie volonté nationale. Nous appelons à éviter un bain de sang au Soudan, et à préserver les capacités du pays en respectant les valeurs de la révolution soudanaise, nous appelons à revenir à la démocratie au sein de la transition, à une paix juste et globale, à un renforcement du pouvoir civil, aux réformes économique et à la justice transitionnelle. Pour tout cela, il faut délaisser une approche d’exclusion et d’entêtement. Il faut commencer à appliquer les propositions qui ont émergé des initiatives nationales pour aboutir à une solution dans un délai défini. C’est la position du parti Oumma.

Quelles sont vos informations sur la réalité des arrestations au rang des ministres et des hauts responsables ?

Nous n’avons pas d’informations en tant que responsables gouvernementaux : nos informations, viennent des médias ou des proches des responsables arrêtés. J’ai appris, à 4h du matin par mon neveu qui habite à côté de chez moi, que son père avait été arrêté. Après cela, j’ai appris par les médias l’arrestation des ministres Khaled Omar Youssef, Hachem Moussa et Hamza Baloul, ainsi que les conseillers médiatique et politique du Premier ministre Faysal Mohamed Saleh et Yasser Armane, tout comme un membre du conseil souverain Mohamed al-Faki.

J’ai rencontré le chef du bureau du Premier ministre qui m’a informé que la maison de Hamdok était encerclée. Il est allé chez lui et il m’a affirmé que Hamdok avait été conduit vers un lieu inconnu. Voilà ce que j’ai comme information, mais comme nous avons dit nous sommes contre toute partie qui veut imposer sa position par la force aux autres.

Croyez-vous que les militaires pourront reculer et revenir vraiment au dialogue ?

Il faut que les militaires renoncent à ce qu’ils ont fait ce matin, en ce qui concerne au coup de force de ce matin. Je fais appel à eux pour qu’il ne gâche pas cette position honorable prise lorsqu’ils ont pris part pour le peuple soudanais et sa révolution glorieuse le 11 avril 2019. Je fais appel à ce qu’il maintienne leur position pour un partenariat politique avec les civils, un partenariat qu’on a convenu de renforcer.

Tout rejet de leur part de cet accord fera face à une réaction du peuple soudanais dans toutes les régions. Ce peuple est déjà dans les rues pour refuser les arrestations et ses mesures. Je vois autour de moi les colonnes de fumée de tous les côtés, depuis tôt ce matin, mes enfants sont tous dans la rue, à côtés de leurs frères et sœurs. En conséquence, personne ne peut revenir sur la position intransigeante du peuple. Une position déclamée haut et fort jeudi dernier lors des manifestations où des centaines des milliers ont manifesté à Khartoum et dans les autres villes en soutien à la transition politique et au pouvoir civil.

Craignez-vous que le sang coule une nouvelle fois au Soudan ?

Bien sûr, parce que nous craignons fortement que des profiteurs de plusieurs côtés saisissent l’occasion pour semer la discorde, durant ce chaos que des responsables au pouvoir de transition ont participé à installer. Il est fort probable que des snipers pourraient par exemple, tirer sur les manifestants et s’il y a du sang, il sera difficile de dépasser cela. Le sang tombé durant la révolution a créé des obstacles devant le changement, nous voulons en finir avec les scénarios de lutte entre les ambitions et des craintes pour arriver à défendre les vrais intérêts du Soudan et du peuple soudanais.

Propos recueillis par Houda Ibrahim
Rfi du 25 octobre 2021

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