Lettre ouverte à Hugues Jallon, Président des Editions du Seuil, à propos de Cesare Battisti :
Cher Hugues,tu me permettras de continuer à te tutoyer, malgré tes hautes fonctions actuelles, puisque c’est ainsi que nous nous parlions quand nous nous sommes rencontrés pour des raisons professionnelles et aussi parce que j’ai eu plusieurs fois le plaisir de lire ta signature au bas de pétitions dont je partageais le propos, que ce soit pour défendre des émeutiers de Villiers le Bel, ou, au moment de l’affaire de Tarnac, pour « la liberté d’expression, aujourd’hui gravement menacée en France par les représentants de son État, au nom d’une conception dévoyée de la lutte contre le terrorisme ».
Je t’écris donc pour te faire part de la stupéfaction que j’ai éprouvée en lisant sur le site de France Inter que les Editions du Seuil reportaient « la publication d’un roman de Cesare Battisti suite à ses aveux ». Gwenaëlle Desnoyers, responsable de la collection Cadre Noir, où le livre devait être publié raconte pourtant avoir eu « un énorme coup de cœur » pour ce qu’elle décrit comme “un pur roman noir, … extrêmement élégant, avec des pages brillantes”.
La raison du report sine die de publication du livre serait, selon l’éditrice que « l’heure pour Cesare Battisti n’est pas à la littérature. Pour le moment, on a surtout envie qu’il s’explique. Un roman de lui maintenant, ce serait indécent ».