Il fallut attendre trente-trois ans pour éclairer cette merveilleuse histoire, avec la publication, en 1926, des Souvenirs de police du commissaire Reynaud. Selon un témoin entendu par le commissaire juste après l’attentat, toute cette affaire avait été montée par la police. Auguste Vaillant, honnête et révolté, avait été manœuvré. On avait fait sortir de prison un de ses anciens camarades, qui l’avait retrouvé et lui avait procuré un explosif fourni par le laboratoire de la Préfecture de police. Ce « camarade » avait été à nouveau emprisonné, peu avant l’attentat, pour le mettre à l’abri des recherches. Au cours de son bref procès, l’accusé avait certes « avoué » qu’un « mécène » lui avait procuré de l’argent pour louer une chambre à Paris et pour confectionner sa bombe, dont il lui avait fourni les principaux éléments. Mais la police ne déploya aucun effort pour retrouver ce mécène et le tribunal ne tint pas compte de son aveu.