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Pour l’indépendance nationale, faut-il en revenir à l’étalon or ?

jeudi 16 janvier 2025, par Luniterre

Quelques précisions nécessaires à la suite de :

Pourquoi de Gaulle voulait-il revenir à l’étalon-or ?

https://mai68.org/spip3/spip.php?article2587

Dans une économie primitive, il y a éventuellement équivalence directe entre la valeur de la monnaie métallique et les marchandises et biens échangés.

Mais cette équivalence directe est déjà remplacée par les systèmes presque aussi primitifs de lettres de changes et d’effets de commerce, ainsi que par les pratiques bancaires spéculatives qui vont avec, dès le moyen-âge.

Même si l’apparition du billet de banque proprement dit, en tant que monnaie fiduciaire, est bien plus tardive, on peut donc déjà parler de passage à la monnaie scripturale dès cette époque.

Le passage de la monnaie métallique comme « équivalent direct » à la monnaie fiduciaire « moderne » repose donc sur la confiance économique réciproque des intervenants sur le marché. Tant que l’économie bancaire spéculative reste corrélée à la vie économique réelle, les crises ne se produisent pas tant que la masse monétaire en circulation, fiduciaire et scripturale, reste cohérente avec la masse des marchandises et des biens couramment négociés.

Dans les conditions d’un équilibre relatif du commerce international la question de l’équivalence « métallique » de la monnaie ne se trouve donc quasiment jamais posée.

Les réserves d’or des uns et des autres conservent une fonction de référence, mais qui n’est pas destinée à se traduire par une circulation massive de stocks d’or.

Ce que De Gaulle remettait donc en question dans les années 60 c’est bien essentiellement l’hégémonie monétaire des USA sur le reste du monde : une hégémonie dont on n’est toujours pas sortis, malgré les efforts des BRICS.

Pensait-il encore sérieusement possible de revenir à l’étalon or stricto sensu ou bien poussait-il simplement le bouchon pour « cornériser » l’influence politico-économique des USA ? C’est une question qui restera posée pour l’Histoire, mais toujours est-il que si le problème majeur de l’hégémonie US reste à résoudre, il est aujourd’hui évident que ce ne peut être par le truchement d’un hypothétique « retour à l’étalon or » :

L’or, c’est de l’argent qui dort… Mais pas toujours paisiblement !

https://cieldefrance.eklablog.com/l-or-c-est-de-l-argent-qui-dort-mais-pas-toujours-paisiblement-a215724875

Dans une économie moderne, où le secteur tertiaire est inévitablement de plus en plus dominant par rapport aux secteurs productifs proprement dits, dans un rapport autour de 4 pour 1, il y a nécessairement une part de dette globale incompressible, nécessaire au cycle de renouvellement du capital fixe(*), base de la production moderne, et c’est donc ce cycle qu’il est essentiel de maîtriser, pour l’indépendance économique et politique de la nation.

Ce qui ne peut se faire que par le contrôle du crédit, c’est-à-dire donc également de la création monétaire, en fonction des besoins économiques et sociaux essentiels, et cela tout à fait indépendamment du signe monétaire dans lequel ce crédit est libellé, même s’il est évidemment prudent d’éviter autant que faire se peut l’utilisation du dollar… !

Prendre le contrôle du crédit circulant actuellement en France en Euros, ce qui est tout à fait possible constitutionnellement, notamment par voie référendaire, c’est donc une stratégie bien plus efficace que de tenter de réinstaurer tout de suite et directement, façon « frexit », un « nouveau franc » qui nous coûterait bien plus cher en termes de « transmutation », et aboutirait à un isolement économique bien trop brutal et rapide de notre pays, le plaçant en position de proie potentielle pour ses ex-« alliés traditionnels ».

Luniterre

(* Voir également sur AgoraVox :

Existe-t-il de « l’argent magique », et si oui, au profit de qui ?

2416 visites - 13 jan. 2025 | 26 réactions | Luniterre

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/existe-t-il-de-l-argent-magique-et-258618

2 Messages de forum

  • Monnaie-marchandise ? 17 janvier 13:55, par Igor Smeshari

    Cher Luniterre,
    En appelez-vous aux opinions : "Oui", "Non", "Peut-être" ?
    Quoique escrocs, mais sérieux plaisantins, les inventeurs du Bitcoin, etc., eux, en appelaient à l’imagination.
    Marx, lui, à quoi en appelait-il ? À la suppression de la[!] monnaie ?
    Pourtant, jamais les bolsheviks ne surent s’en délivrer.
    Leur Guide ne s’était-il pas fait comprendre ?
    Ou ne s’était-il pas compris lui-même ?

    Vous, familier du "Capital" et de bien d’autres choses, savez-vous pourquoi la[!] monnaie (actuelle ou à venir) doit être elle-même une marchandise ?

    Répondre à ce message

    • Monnaie-marchandise ? 18 janvier 00:04, par Luniterre

      "Oui", "Non", "Peut-être" ?

      Effectivement, le titre est en forme de question, mais la réponse implicite et objective se trouve dans cet article mentionné en lien :

      L’or, c’est de l’argent qui dort… Mais pas toujours paisiblement !

      https://cieldefrance.eklablog.com/l-or-c-est-de-l-argent-qui-dort-mais-pas-toujours-paisiblement-a215724875

      "Maintenant, à l’échelle économique mondiale, il faut simplement être réaliste : la totalité de l’or extrait de la planète Terre, à l’heure actuelle, est estimée à 197 300 tonnes, évaluée à environ 11 048 800 000 000 €, soit 11 822 216 000 000 $, soit à peine plus d’1/3 de la seule dette publique US !!!

      Dette publique US évaluée, elle, à 125% du PIB, tandis que la dette privée atteint 217% (Dette totale US = 342% du PIB) !!!

      https://www.bullionbypost.fr/index/…

      https://www.lepoint.fr/economie/pou…

      https://fr.tradingeconomics.com/uni…

      A noter, contrairement à une idée reçue, que les USA restent néanmoins "leader" en matière de réserves d’or, ce qui en situe aussi les "limites", comme on va le voir :

      https://www.bullionbypost.fr/index/…

      La dette mondiale aujourd’hui : 315 000 000 000 000$

      https://aktionnaire.com/2024/02/22/…

      Le PIB mondial : 100 000 000 000 000$

      Soit une dette mondiale de 315% du PIB !!!

      Facile à calculer… et d’où il ressort également, aussi simplement, que tout l’or du monde ne représente donc que 11,82% du PIB mondial : absolument pas de quoi "adosser" la monnaie mondiale, même sans aucune dette !

      ("Accessoirement", seulement 3,75% de la dette !!!)

      En revenir à l’étalon or, stricto sensu, c’est donc, "au mieux", diviser l’activité économique mondiale quasiment par 10, c’est à dire la ruiner carrément !

      S’il ne faut pas "sous-estimer" le rôle de l’or dans l’économie, il faut donc, à tout le moins, le relativiser."

      En ce qui concerne la disparition éventuelle de l’argent, Marx n’en faisait pas une question dogmatique gauchisante, mais considérait les conditions concrètes de la transition socialiste telle que possible au stade du capitalisme de son époque :

      "Ce à quoi nous avons affaire ici, c’est à une société communiste non pas telle qu’elle s’est développée sur les bases qui lui sont propres, mais au contraire, telle qu’elle vient de sortir de la société capitaliste ; une société par conséquent, qui, sous tous les rapports, économique, moral, intellectuel, porte encore les stigmates de l’ancienne société des flancs de laquelle elle est issue. Le producteur reçoit donc individuellement – les défalcations une fois faites – l’équivalent exact de ce qu’il a donné à la société. Ce qu’il lui a donné, c’est son quantum individuel de travail. Par exemple, la journée sociale de travail représente la somme des heures de travail individuel ; le temps de travail individuel de chaque producteur est la portion qu’il a fournie de la journée sociale de travail, la part qu’il y a prise. Il reçoit de la société un bon constatant qu’il a fourni tant de travail (défalcation faite du travail effectué pour les fonds collectifs) et, avec ce bon, il retire des stocks sociaux d’objets de consommation autant que coûte une quantité égale de son travail. Le même quantum de travail qu’il a fourni à la société sous une forme, il le reçoit d’elle, en retour, sous une autre forme.

      C’est manifestement ici le même principe que celui qui règle l’échange des marchandises pour autant qu’il est échange de valeurs égales. Le fond et la forme diffèrent parce que, les conditions étant différentes, nul ne peut rien fournir d’autre que son travail et que, par ailleurs, rien ne peut entrer dans la propriété de l’individu que des objets de consommation individuelle. Mais pour ce qui est du partage de ces objets entre producteurs pris individuellement, le principe directeur est le même que pour l’échange de marchandises équivalentes : une même quantité de travail sous une forme s’échange contre une même quantité de travail sous une autre forme.

      Le droit égal est donc toujours ici dans son principe… le droit bourgeois, bien que principe et pratique ne s’y prennent plus aux cheveux, tandis qu’aujourd’hui l’échange d’équivalents n’existe pour les marchandises qu’en moyenne et non dans le cas individuel.

      En dépit de ce progrès, le droit égal reste toujours grevé d’une limite bourgeoise. Le droit du producteur est proportionnel au travail qu’il a fourni ; l’égalité consiste ici dans l’emploi DU TRAVAIL comme unité de mesure commune."

      https://tribunemlreypa.wordpress.com/marx-marxisme-critique-du-programme-de-gotha-glose-marginale-1-les-fondamentaux-economiques-de-la-transition-socialiste-proletarienne/

      Autrement dit, à l’époque de Marx c’est la notion de quantum de travail social intégré ("cristallisé") dans la marchandise fabriquée qui sert de référence, sous la forme d’un "bon de travail", basé sur le temps de travail, pour régler les échanges socialistes entre producteurs.

      Pendant la période du "communisme de guerre", pendant la faussement dite "guerre civile" fomentée par les impérialistes, les bolchéviques avaient mis en place un système de rationnement assez proche de ce principe, avant de revenir à un système monétaire plus classique, sous la NEP, où il subsistait donc un secteur économique capitaliste encore assez important.

      Le débat économique sur la fonction de l’argent a continué en URSS, dans les années 30 et n’a trouvé qu’une solution très provisoire, cohérente avec le principe marxiste, avec le 19e et dernier Congrès du Parti Bolchévique, définitivement remplacé, à partir du 20e, par le parti révisionniste khrouchtchévien, consacrant le retour définitif à une économie de type capitaliste bureaucratique, jusqu’à sa mutation libérale gorbatchévienne et eltsinienne.

      Actuellement il est évident, avec la domination définitive du capital fixe automatisé et robotisé, qu’une solution basée strictement en "quantum de travail" n’a plus de sens concret, vu la disproprtion entre les différents secteurs d’activité, ainsi que l’émergence de biens et services "immatériels", autre aspect important de la domination actuelle du capital fixe.

      C’est pourquoi le contrôle démocratique du crédit, notamment affecté au développement et au renouvellement du capital fixe, est actuellement la seule voie possible d’une transformation sociale équitable de la société.

      Ce n’est qu’en ce sens que la monnaie peut retrouver une fonction sociale de simple instrument de comptabilité, sinon, dans une certaine mesure, cesser d’être une marchandise, ce qui n’est du reste pas un problème en soi, tant qu’elle perd sa fonction de domination sociale, en tant que capital, ou même simplement, et même surtout, désormais, en tant qu’instrument de contrôle banco-centraliste mondialisé.

      Luniterre

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