Quelques précisions nécessaires à la suite de :
Pourquoi de Gaulle voulait-il revenir à l’étalon-or ?
https://mai68.org/spip3/spip.php?article2587
Dans une économie primitive, il y a éventuellement équivalence directe entre la valeur de la monnaie métallique et les marchandises et biens échangés.
Mais cette équivalence directe est déjà remplacée par les systèmes presque aussi primitifs de lettres de changes et d’effets de commerce, ainsi que par les pratiques bancaires spéculatives qui vont avec, dès le moyen-âge.
Même si l’apparition du billet de banque proprement dit, en tant que monnaie fiduciaire, est bien plus tardive, on peut donc déjà parler de passage à la monnaie scripturale dès cette époque.
Le passage de la monnaie métallique comme « équivalent direct » à la monnaie fiduciaire « moderne » repose donc sur la confiance économique réciproque des intervenants sur le marché. Tant que l’économie bancaire spéculative reste corrélée à la vie économique réelle, les crises ne se produisent pas tant que la masse monétaire en circulation, fiduciaire et scripturale, reste cohérente avec la masse des marchandises et des biens couramment négociés.
Dans les conditions d’un équilibre relatif du commerce international la question de l’équivalence « métallique » de la monnaie ne se trouve donc quasiment jamais posée.
Les réserves d’or des uns et des autres conservent une fonction de référence, mais qui n’est pas destinée à se traduire par une circulation massive de stocks d’or.
Ce que De Gaulle remettait donc en question dans les années 60 c’est bien essentiellement l’hégémonie monétaire des USA sur le reste du monde : une hégémonie dont on n’est toujours pas sortis, malgré les efforts des BRICS.
Pensait-il encore sérieusement possible de revenir à l’étalon or stricto sensu ou bien poussait-il simplement le bouchon pour « cornériser » l’influence politico-économique des USA ? C’est une question qui restera posée pour l’Histoire, mais toujours est-il que si le problème majeur de l’hégémonie US reste à résoudre, il est aujourd’hui évident que ce ne peut être par le truchement d’un hypothétique « retour à l’étalon or » :
L’or, c’est de l’argent qui dort… Mais pas toujours paisiblement !
Dans une économie moderne, où le secteur tertiaire est inévitablement de plus en plus dominant par rapport aux secteurs productifs proprement dits, dans un rapport autour de 4 pour 1, il y a nécessairement une part de dette globale incompressible, nécessaire au cycle de renouvellement du capital fixe(*), base de la production moderne, et c’est donc ce cycle qu’il est essentiel de maîtriser, pour l’indépendance économique et politique de la nation.
Ce qui ne peut se faire que par le contrôle du crédit, c’est-à-dire donc également de la création monétaire, en fonction des besoins économiques et sociaux essentiels, et cela tout à fait indépendamment du signe monétaire dans lequel ce crédit est libellé, même s’il est évidemment prudent d’éviter autant que faire se peut l’utilisation du dollar… !
Prendre le contrôle du crédit circulant actuellement en France en Euros, ce qui est tout à fait possible constitutionnellement, notamment par voie référendaire, c’est donc une stratégie bien plus efficace que de tenter de réinstaurer tout de suite et directement, façon « frexit », un « nouveau franc » qui nous coûterait bien plus cher en termes de « transmutation », et aboutirait à un isolement économique bien trop brutal et rapide de notre pays, le plaçant en position de proie potentielle pour ses ex-« alliés traditionnels ».
Luniterre
(* Voir également sur AgoraVox :
Existe-t-il de « l’argent magique », et si oui, au profit de qui ?
2416 visites - 13 jan. 2025 | 26 réactions | Luniterre
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/existe-t-il-de-l-argent-magique-et-258618