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3 octobre 2025
Assawra
Le Hamas est sommé d’accepter sous peine de voir le feu israélien reprendre jusqu’à extermination totale. En revanche, aucune condition n’est fixée à Israël. / REUTERS/Ebrahim Hajja
Sous prétexte du « plan de paix », toute pression ou mesures coercitives contre Tel-Aviv devraient être abandonnées. La marine israélienne en a profité pour intercepter la flottille en route vers Gaza sans que les gouvernements européens ne protestent. L’UEFA, qui devait exclure Israël des compétitions, a suspendu son vote.
L’attaque des bateaux de la flottille Sumud en route pour Gaza par la marine israélienne ne s’est pas produite à n’importe quel moment. Tel-Aviv ne faisant aucun cas des règlements en vigueur s’agissant des règles dans les eaux internationales, l’abordage aurait pu se passer beaucoup plus tôt. En réalité, Israël attendait l’annonce du fameux plan de paix par Donald Trump, le 29 septembre.
Vingt points amenés à mettre fin à une guerre génocidaire, à permettre le retour des captifs israéliens puis la libération de prisonniers palestiniens. Avec une condition majeure : le désarmement du Hamas et sa non-implication dans les affaires publiques, alors même que l’armée israélienne continuerait à camper dans une zone tampon, en terres palestiniennes et en encerclant totalement ce territoire. Pour faire bonne mesure, un conseil de la paix présidé par Trump et épaulé par Tony Blair élevé au rang de proconsul.
Faire du Hamas le seul responsable
Plus important peut-être, le Hamas – qui n’a pas été consulté, pas plus que l’OLP ou l’Autorité palestinienne – est sommé d’accepter sous peine de voir le feu israélien reprendre jusqu’à extermination totale. En revanche, aucune condition n’est fixée à Israël. Benyamin Netanyahou pourra ainsi librement décréter que les Palestiniens ne respectent pas leurs engagements et donner ordre à ses troupes de repartir à l’assaut.
Aux côtés du président états-unien, le Premier ministre israélien a de toute façon redit qu’il entendait remplir ses objectifs initiaux. Un tel déséquilibre est de mauvais augure pour l’avenir. Les peuples du monde entier manifestent avec de plus en plus de force.
Et tant pis pour les dirigeants occidentaux qui ne veulent pas prononcer le mot de génocide. Les gouvernements européens, mais aussi arabes ont été ébranlés par cette levée en masse. Ils s’abritent maintenant derrière ce plan de paix pour tenter de desserrer l’étau autour d’Israël et faire du Hamas le seul responsable si sa mise en œuvre est impossible.
Une idée qui peut paraître machiavélique, mais qui se matérialise avec force. Ainsi, l’abordage des bateaux de la flottille par Israël, en toute illégalité, n’est pas condamné par la France. Le communiqué du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, représente le summum du cynisme.
Sans un mot de condamnation pour Israël, il rappelle qu’il avait été « formellement déconseillé à tout ressortissant français de se rendre dans la zone » et que « la priorité immédiate » de la France demeure le cessez-le-feu, la libération des otages israéliens (mais pas un mot pour les prisonniers palestiniens) et l’entrée de l’aide humanitaire.
Quel aveu de l’inanité de ce plan de paix élaboré dans le seul but d’exaucer les vœux d’Israël et de la famille Trump, soit une bande de Gaza débarrassée de ses habitants où les dollars pourront fructifier.
À les entendre, depuis le 29 septembre, il ne faudrait plus exercer la moindre pression sur les autorités israéliennes. La preuve par l’UEFA. Au lendemain des déclarations de Donald Trump, l’instance européenne du football, a décidé de suspendre son vote sur l’exclusion d’Israël de ses compétitions, alors qu’une majorité se dessinait en ce sens. Dans la bande de Gaza, en revanche, Israël poursuit ses bombardements aveugles. Sans doute pour laisser une chance à la paix.
Pierre Barbancey
L’Humanité du 02 octobre 25
