C’est un gros mensonge qui est orchestré à l’échelle mondiale depuis quelques jours. Ceux qui l’ont monté veulent camoufler les pratiques spéculatives des grandes firmes capitalistes qui tiennent le commerce des produits alimentaires de base.
L’Europe évite de dénoncer les pratiques spéculatives de ses sociétés exportatrices de blé. Le blé qui est échangé aujourd’hui sur les marchés mondiaux est un blé produit entre septembre 2020 et juillet 2021, c’est-à-dire un blé qui n’avait pas été touché par la hausse des cours de l’énergie, des machines ou des engrais intervenue bien après. C’est un blé produit en Europe à un prix coûtant variant entre 160 et 190 dollars la tonne et qui est vendu à près de 440 dollars la tonne aujourd’hui. Ce blé, faut-il le rappeler, ne valait sur les marchés mondiaux en août 2021 aux pays importateurs que 250-270 dollars la tonne. En d’autres termes, le blé qui est vendu aujourd’hui – et qui a été produit il y a presque un an- intègre sans raison toutes les hausses intervenues après le 24 février 2022.
Nulle part, il n’est question des conséquences des sanctions infligées à la Russie, notamment sur la navigation de ses navires marchands et sur les circuits de paiement internationaux. Et pourtant, ce pays dispose de stocks de céréales plus importants que l’Ukraine ; il est même le principal fournisseur des pays pauvres ou en difficulté, de l’Egypte, en passant par l’Erythrée, le Bénin, le Liban, le Niger, le Yémen ou la Somalie.
Dernier fait qui rappelle que le capitalisme n’a que faire de la lutte contre la faim dans le monde. Le Président américain Joe Biden a rappelé, à ceux qui l’invitait à convertir en terres à blé, celles que son pays consacre au maïs ou au soja dans le but de produire des biocarburants, que la sécurité énergétique est une priorité absolue pour les Etats-Unis : celle-ci passe bien entendu devant la sécurité alimentaire mondiale.