Finalement, on ne remerciera jamais assez Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère de l’Economie et des Finances, d’avoir signalé au parquet de Paris les retraits en liquide opérés par le patron de l’UIMM sur les comptes bancaires détenus par l’organisation. Des retraits qui s’élèveraient désormais à près de 20 millions d’euros au cours des sept dernières années.
Denis Gautier-Sauvagnac, entendu par les enquêteurs de la brigade financière, a expliqué que l’argent retiré servait à « fluidifier les relations sociales » . On ne prendra pas la peine de traduire pour nos lecteurs ces formules en français ordinaire. Chacun aura ici compris ce que « fluidifier » (de « liquide ») veut dire.
En juin 1936, Alfred Lambert-Ribot, délégué général de l’UIMM, avait pris contact avec Léon Blum, son ancien collègue au Conseil d’Etat, pour lui demander d’organiser une rencontre entre les représentants du patronat et ceux des ouvriers en grève. De ces accords Matignon de 1936 jusqu’à ceux de Grenelle en 1968 s’imposa un « modèle » où l’Etat, le patronat de la grande entreprise industrielle et le syndicalisme alors ouvrier s’entendirent pour « fluidifier » au mieux le dialogue social tout en jouant, pour la galerie, le spectacle de l’accord arraché.