Le courant dominant de la vie politique en Europe et en Amérique du Nord se voit de plus en plus divisé en deux camps opposés : d’un côté les conservateurs et réactionnaires glorifiant l’impérialisme et souhaitant le ressusciter, et de l’autre ceux qui se prétendent progressistes, libéraux et socialistes, exprimant à des degrés divers une honte à l’égard du passé mais nient que l’impérialisme soit toujours un élément significatif pouvant servir à définir les relations entre pays riches et pauvres. Même le débat au sujet des réparations des crimes de l’esclavage et de la colonisation est défini en termes de corrections d’erreurs passées, excluant toute idée que le pillage impérialiste de la nature et du travail vivant puisse se poursuivre allègrement au sein du monde moderne « postcolonial ».