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7 mars 2024
Assawra
L’analyse des photos satellites disponibles montre que plus de la moitié du bâti de l’enclave palestinienne a été endommagé ou détruit depuis le début de l’offensive israélienne.
Grâce au travail mené par deux chercheurs installés aux Etats-Unis, Corey Scher, doctorant en sciences de la terre, spécialiste des catastrophes naturelles et des conflits politiques au Graduate Center de l’université de New York (CUNY), et Jamon Van Den Hoek, professeur de géographie à l’université d’Etat de l’Oregon, Le Monde a pu cartographier l’ampleur inédite des dommages subis par l’enclave palestinienne. Selon l’estimation la plus basse, à la date du 5 mars, 54,6 % du bâti (villes, villages) a été dégradé ou détruit, à la mesure du bilan humain très lourd : plus de 30 000 morts, selon le ministère de la santé de l’enclave.
Récemment, la plus forte augmentation des dommages a été enregistrée dans les gouvernorats de Khan Younès (dont 52,8 % du bâti était endommagé à la date du 5 mars) et de Rafah (29,3 %). La situation dans la ville de Gaza (73,6 % du bâti endommagé au total) et dans le reste du nord de l’enclave (69,7 %), bombardés dès le 7 octobre, reste relativement stable. Ces chiffres ne tiennent pas compte des variations qualifiées de « dégâts éphémères », liées « aux changements saisonniers de la végétation ou encore à la présence ponctuelle de tentes de personnes déplacées ».
Les chercheurs ont réalisé ces cartes grâce à l’analyse de données collectées, depuis le 5 octobre 2023, par les satellites Copernicus Sentinel-1, une initiative conjointe de la Commission et de l’Agence spatiale européennes. Les radars SAR (Synthetic-Aperture Radar) présentent en effet l’avantage de rassembler des informations de jour comme de nuit, quelles que soient les conditions météorologiques (couverture nuageuse, manque d’éclairage, etc.). D’une résolution de 10 mètres par pixel, ces images ont ensuite été comparées aux cartes générées par le centre satellitaire des Nations unies (Unosat) à partir de satellites commerciaux produisant des images à très haute résolution (30 centimètres par pixel). Si ce type d’analyse peut contenir des erreurs – identification erronée de dommages probables (« faux positifs ») ou, au contraire, omission de dommages réels (« faux négatifs ») –, les chercheurs s’efforcent de les supprimer de leurs cartes.
L’étude des dégâts subis par les régions agricoles et rurales doit faire l’objet d’une analyse spécifique ultérieure. Une analyse préliminaire publiée par l’Unosat, au début de février, constatait la baisse de plus d’un tiers de la densité des cultures dans la bande de Gaza, en janvier, par rapport à la moyenne observée lors des années précédentes. Selon la même source, 21 % des terres arables ont été endommagées.
Par Francesca Fattori et Service infographie
Le Monde du 06 mars 2024
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