En réponse à ce message du camarade « A_suivre », membre de l’UPR :
Bonsoir Luniterre,
J’ai pensé à toi, et à tes réflexions sur le capital, en lisant les confessions de Bert de Vries qui était un haut dirigeant politique, démocrate-chrétien de centre droit Néerlandais. Dommage qu’il commence à penser que lorsqu’il est à la retraite !
https://www.upr.fr/actualite/lecon-…
« Dans son livre “Le capitalisme a déraillé“, Bert de Vries écrit que “l’euro continue d’accroître les inégalités entre les États membres de l’UE, nous devons retourner en partie au florin.“ »
Bien à toi
A suivre
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Réponse TML :
Bonjour, camarade « A_suivre » !
Je pense à te lire que tu as peut-être mal compris mes propos !
Je ne pense pas du tout, contrairement à Bert de Vries, que le capitalisme ait « déraillé » !
Tout au contraire, même, je pense qu’il suit inexorablement l’évolution des forces productives, et surtout, leur modernisation !
Avec les progrès et l’extension de la robotisation, les forces productives les plus modernes sont entrées dans une phase où elles produisent de plus en plus de valeurs d’usage qui peuvent répondre aux besoins de l’humanité, mais ces valeurs d’usage, du fait de la robotisation, sont de moins en moins transformables en valeur d’échange.
Or c’est la valeur d’échange qui fait circuler le capital de façon à permettre la réalisation de la plus-value, et qui permet donc l’élargissement du capital.
Faute d’une circulation suffisante de valeur d’échange, le système a donc absolument besoin d’injections de liquidités renouvelées régulièrement par les Banques Centrales, pour permettre la circulation de la valeur d’usage, comme substitut nécessaire. Cela permet de faire du « chiffre d’affaire », mais le profit extorqué sur cette base est de même nature que le capital fictif, et n’augmente en rien les capacités d’élargissement du capital total. Il se greffe tout au plus en parasite sur la plus-value au sens classique du terme.
C’est le cas, par exemple, des chiffres d’affaire astronomiques réalisés par les GAFA qui sont en partie de la plus-value dévoyée du secteur productif via les publicités.
Un secteur productif où la part du travail vivant et de la plus-value « classique » est déjà en voie de réduction drastique !
Et donc même s’il y a là une synergie commerciale, elle participe grandement à l’accroissement du capital fictif, et en fin de compte au besoin de liquidités et à la dépendance à l’égard des Banques Centrales.
Cette dissociation entre valeur d’échange et valeur d’usage était évidemment prévue par Marx, comme conséquence inéluctable de l’automatisation de la production.
C’est ce qu’il explique notamment dans les Grundrisse. Il y étudie ce phénomène aussi bien du point de vue du prolétariat, pour qui cela devrait correspondre à une libération et à une amélioration des conditions de vie, dans une société socialiste, que du point de vue du capital, qui se trouve contraint d’occuper le temps libre des prolétaires, et on voit comment tous les jours, et doit néanmoins tenter de maintenir le temps de travail assez élevé pour en extraire encore de la plus-value…
A terme, la fraction, la plus « consciente » de ses propres problèmes, de la bourgeoisie, cherche donc d’autres solutions…
Chômage partiel, RSA, RU à bas prix, etc…
Et tout cela « financé » par la dette et donc par les Banques Centrales, en dernier ressort, même si indirectement.
Et à défaut d’une guerre mondiale, qui sera également désastreuse pour elle, de nombreux « conflits locaux », de basse ou moyenne intensité, avec quelques « pics » genre Irak, Syrie, etc… Des « chantiers de reconstruction » en perspective… Plutôt récupérés par la Chine, ces temps-ci !
Autre solution, une série de « pandémies » pour réguler le surplus de population…
En tous cas, même si le Covid-19 était réellement « naturel », c’était donc, à tout le moins, une opportunité pour cette fraction bourgeoise « moderniste » d’avancer dans la réalisation concrète de ses projets, notamment en rendant les économie occidentales définitivement dépendantes des « injections de liquidités » des banques centrales.
Le capitalisme « classique » ne reviendra plus, tout simplement parce qu’il ne correspond plus à l’évolution des forces productives modernes.
Une évidence que non seulement une bonne partie de la bourgeoisie, dont l’UPR, semble-t-il, refuse de voir, mais aussi quasiment l’ensemble de la « gauche » même « extrême » et pseudo- « marxiste », qui tient des discours de propagande archaïques, à peine dignes du siècle passé, et encore… !
Et ce n’est donc pas la sortie de l’UE ou de l’Euro qui peut y faire quelque chose, mais simplement la reprise en main de la maîtrise du crédit, qui est actuellement le moyen de maîtrise et de contrôle des forces productives, quelle que soit la politique envisagée. C’est donc un premier cap indispensable, également, dans une transition révolutionnaire socialiste. Et peu importe la monnaie dans lequel il est libellé : il y a même dès lors tout à fait avantage à ce que ce soit une monnaie circulant déjà internationalement.
A court terme, cet objectif de nationalisation du crédit peut néanmoins être un moyen de se réapproprier la vie politique d’un point de vue prolétarien, en faisant avancer des revendications immédiates concrètes et en montrant la nécessité de faire correspondre enfin les forces productives et les besoins sociaux.
En espérant ainsi avoir éclairci ces quelques malentendus,
Bien à toi,
Amicalement,
Luniterre
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/24/critiques-du-concept-de-coup-d-etat-mondial-des-banques-centrales-une-reponse-en-7-points/
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/28/quel-avenir-dans-le-monde-post-covid-pour-lupr-et-les-autres-micros-partis-sociaux-chauvins-prcf-etc/
POST SCRIPTUM, en réponse à….
« Socialisme dans un seul pays… : voir les tristes réalités à Cuba ou au Venezuela qui subissent la pression du marché mondial et des USA… »
RÉPONSE TML :
Si Cuba et le Venezuela sont votre définition du socialisme, effectivement, que ce soit dans un seul pays ou plusieurs, ou même partout, c’est bien une pauvre définition, que la vôtre, et même également fausse, d’un point de vue marxiste.
[Re]lire la Critique du Programme de Gotha :
…Si jamais vous l’avez lue, ce qui semble improbable, dans votre cas !!!
NB : demandez néanmoins aux cubains s’ils veulent revenir au régime de Batista ou être traités comme le sont actuellement des pays comme l’Iran et le Venezuela…
Demandez aux Venezueliens eux-même pourquoi ils ne cèdent pas aux sirènes « luxuriantes » de l’impérialisme US.
Demandez aux Iraniens pourquoi ils s’en trouve pour combattre pour le régime de Bachar en Syrie, et aux Syriens eux-même pourquoi ils refusent d’être dépecés par l’impérialisme US, français, etc…
Demandez même aux Russes pourquoi ils préfèrent la Russie de Poutine à celle de Eltsine, et pourquoi ils poussent le vice jusqu’à plébisciter le souvenir de l’URSS et surtout à glorifier l’« horrible » Staline, etc…
L’URSS et Cuba sont deux tentatives de passage au socialisme qui ont échoué, mais qui ont laissé en héritage quelques restes aux bourgeoisies nationales qui les ont récupérées, et les gens de ces pays sont donc « bêtement » attachés à ces restes…
Allez donc savoir pourquoi, « Mon brave Monsieur ! », ou « Ma brave Dame ! »(?), vu que, l’égalité des sexes étant ce qu’elle est, il y a logiquement autant de connes que de cons, ce qui en fait de toutes façons un sacré paquet, comme on le voit tous les jours !
La devise de l’IHU-Marseille c’est : « Nous avons le droit d’être intelligents » ! Ce n’est pas expressément une citation du Pr. Raoult, mais on la sent bien comme ça !
NB : il aurait du ajouter : « Mais ce n’est pas une obligation » !
Et manifestement, vu sous cet angle, la France reste une terre de « liberté » vraiment exceptionnelle, et quoi que vous pensiez vous même de cet « angle de vue », on dirait bien que vous vous acharnez à l’illustrer.
Depuis quelques années déjà, la rédaction de mes articles n’a plus pour but essentiel de convaincre réellement une foule hypothétique de lecteurs, mais simplement de faire avancer ma propre réflexion, même si ce n’est que dans le but de ne pas mourir idiot.
Dans ce processus, le besoin de répondre à mes contradicteurs les plus virulents est un puissant moteur, et qui m’aide donc à avancer concrètement dans ma propre réflexion, et il s’en trouve même parfois quelques uns qui apprécient l’échange pour des motivations de réflexion assez semblable de leur côté, et c’est en quelque sorte le cas avec le camarade UPRiste « A_suivre », semble-t-il.
Dans votre cas, c’est moins évident, mais si c’est au moins une occasion de bien rigoler, c’est toujours ça de pris et je dois donc vous en remercier.
Bien à vous,
Amicalement, donc, malgré tout,
Luniterre