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Égypte - 5 février 2011 - Démission de la direction du parti au pouvoir

dimanche 6 février 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 6 février 2011).

Démission de la direction du parti au pouvoir en Egypte

http://www.aloufok.net/spip.php?art…

samedi 5 février 2011, par Al Oufok

"C’est un truc du régime. Cela ne satisfait pas nos demandes. C’est une diversion."

La direction du Parti national démocrate (PND) au pouvoir en Egypte, dont le fils du président Hosni Moubarak, a démissionné samedi, rapporte la télévision nationale. La chaîne de télévision Al Arabia a déclaré par la suite que le président Hosni Moubarak avait quitté son poste de président du PND, mais elle s’est ensuite rétractée. Selon la télévision nationale, le nouveau secrétaire général du PND est Hossam Badraoui, considéré comme un membre de l’aile libérale du parti.

"Cette démission a beaucoup d’importance sur le plan politique car ce parti exploitait l’Etat pour son propre intérêt, ce qui était très critiqué", a estimé l’analyste Diaa Rachouane.

"C’est important aussi parce que les gens ayant recours à la violence étaient mobilisés par le parti (…). Ils ne bénéficieront plus de cette protection désormais", a-t-il ajouté. Parmi les dirigeants démissionnaires figure Gamal Moubarak, le fils du chef de l’Etat dont des milliers de manifestants d’opposition réclament depuis douze jours la démission, ainsi que Safouat El Cherif qui occupait le poste de secrétaire général.

El Cherif, âgé de 77 ans, est un pilier du régime depuis les années 1960. Il est également président de la chambre haute du parlement. Sans poste de responsabilité au sein du PND, Gamal Moubarak ne pourra plus briguer la présidence au nom du parti aux termes de l’actuelle constitution.

Les autres membres du bureau exécutif démissionnaire sont Zakaria Azmi, le secrétaire général de la présidence, le porte-parole du PND Ali el Dine Hilal, et le magnat de la sidérurgie Ahmed Ezz.

Un manifestant d’opposition a jugé que cette annonce ne constituait pas une victoire pour le mouvement de contestation. "C’est un truc du régime. Cela ne satisfait pas nos demandes. C’est une diversion."

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La rue reste mobilisée en Egypte, des discussions en cours

L’opposition égyptienne est restée mobilisée samedi au douzième jour du soulèvement populaire contre le président Hosni Moubarak, alors que les discussions se poursuivent en coulisses pour trouver un moyen de sortir de l’impasse.

Le chef de l’Etat, qui a remanié son gouvernement, annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat en septembre mais reste ferme sur son refus de quitter le pouvoir immédiatement, s’est entretenu avec son Premier ministre Ahmed Chafik et plusieurs autres membres de son cabinet.

Le vice-président Omar Souleimane devait parallèlement recevoir des personnalités indépendantes qui proposent un règlement de la crise aux termes duquel l’ancien chef des renseignements assumerait les pouvoirs présidentiels au cours d’une période de transition, selon l’un des participants.

Les Etats-Unis, alliés essentiels de l’Egypte, estiment qu’une transition ordonnée doit débuter immédiatement, une position à laquelle les principaux pays européens se sont ralliés.

"Le statu quo est tout simplement intenable", a martelé la secrétaire d’Etat Hillary Clinton devant la conférence annuelle de Munich sur la sécurité.

"Les principes sont très clairs, les modalités sont très difficiles à définir", a toutefois souligné la chef de la diplomatie américaine en estimant que tous les secteurs de la société égyptienne devaient se montrer patients et contribuer à cette transition.

Ayant évoqué la situation avec Hillary Clinton, le Premier ministre britannique David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel, tout en plaidant pour un changement, ont mis en garde contre l’organisation hâtive d’élections.

L’opposition égyptienne a réussi vendredi sa deuxième grande journée de mobilisation en quatre jours, réunissant des centaines de milliers de personnes à travers le pays, mais le chef de l’Etat n’a rien cédé au terme de ce "jour du départ".

La précédente manifestation, mardi, avait abouti à des concessions de la part de Moubarak qui avait annoncé son intention de ne pas briguer un sixième mandat lors de l’élection présidentielle prévue en septembre.

Cette fois, le raïs est resté sur la position affichée jeudi lors d’un entretien avec la chaîne américaine ABC, admettant qu’à 82 ans, qu’il en avait assez après trois décennies à la tête de l’Egypte, mais affirmant qu’un départ anticipé plongerait son pays dans le chaos et risquerait de livrer le pouvoir aux islamistes.

De nombreux manifestants se sont à nouveau rassemblés samedi matin sur la place Tahrir, point de ralliement des anti-Moubarak dans le centre du Caire.

"Nous ne quitterons pas la place tant qu’on ne répondra pas à nos exigences", a lancé un opposant dans un porte-voix après une nuit relativement calme en dépit de tirs sporadiques.

Les tensions subsistent cependant entre opposants et partisans d’Hosni Moubarak, ces derniers se plaignant du blocage du pays et de son économie. Des échauffourées ont été signalées entre les deux camps vendredi à Mansoura, dans le delta du Nil.

Après sa réunion avec Moubarak, le ministre du Commerce Samiha Faouzi a déclaré que les exportations égyptiennes avaient baissé de 6% en janvier en raison de la révolte et du couvre-feu, qui a été en partie allégé vendredi.

La banque centrale a annoncé la réouverture des banques dimanche matin après une semaine de fermeture.

Des saboteurs ont par ailleurs fait sauter samedi près de la ville d’El Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, un gazoduc qui relie l’Egypte à la Jordanie.

La solution prônée par le "Conseil des sages" qui doit rencontrer Souleimane consisterait à maintenir Moubarak dans ses fonctions officielles tout en lui retirant ses pouvoirs pour les confier au vice-président.

Mais le Premier ministre Ahmed Chafik a jugé improbable que le chef de l’Etat accepte une telle dérogation, a rapporté vendredi la chaîne Al Arabia.

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Hillary Clinton sur les pays arabes : "Le statu quo n’est tout simplement pas viable"

Les dirigeants des pays arabes sont confrontés à une "tempête" qu’ils ne pourront pas contenir longtemps, a estimé samedi la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, les prévenant que s’ils résistaient à cette vague de fond, ils ne feraient que nourrir l’extrémisme, l’insécurité et l’instabilité.

"La région est balayée par une tempête de courants puissants", a déclaré la cheffe de la diplomatie américaine, après le renversement du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali et tandis que la contestation se poursuit en Egypte et au Yémen.

"Les dirigeants de la région peuvent peut-être contenir la vague un moment, mais pas longtemps", a poursuivi Hillary Clinton.

Pour elle, un changement rendra les pays arabes plus forts, plus prospères et moins fragiles face aux idéologies intégristes. Faute d’évolution, ils seront davantage menacés par l’insécurité.

"Ce n’est pas une simple question d’idéalisme ; c’est une nécessité stratégique", a plaidé la secrétaire d’Etat américaine. "Sans une avancée authentique vers des systèmes politiques ouverts et responsables, le fossé entre les peuples et leurs gouvernements se creusera et l’instabilité ne fera que s’aggraver".

"Le statu quo n’est tout simplement pas viable", a-t-elle jugé, en évoquant les soulèvements populaires à Tunis et au Caire.

"Certains dirigeants peuvent croire que leur pays est une exception, que leur peuple ne demandera pas de plus grandes opportunités politiques et économiques ou qu’il peut être apaisé par des demi-mesures", a-t-elle analysé, tandis que le président Hosni Moubarak refusait de quitter le pouvoir. "A court terme, c’est peut-être vrai ; mais sur le long terme, c’est intenable".

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Moubarak tient une réunion sur l’économie

Le président égyptien Hosni Moubarak a réuni samedi matin ses ministres des Finances et du Pétrole, le gouverneur de la Banque centrale et d’autres hauts responsables économiques, tandis que des milliers de manifestants anti-gouvernementaux continuaient de camper sur le place de la Libération (Tahrir).

La réunion a eu lieu au palais présidentiel d’Héliopolis, dans la banlieue du Caire, à plusieurs kilomètres des troubles du centre-ville, précise l’agence d’Etat MENA.

Depuis le début du soulèvement le 25 janvier, avec les violences qui ont suivi, l’économie égyptienne a perdu quelque 3,1 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros). Le pays, considéré jusqu’alors comme stable, a frôlé le chaos.

Samedi à la mi-journée, l’ambiance sur la place Tahrir était calme, marquant un fort contraste avec les violents affrontements qui ont opposé cette semaine les opposants aux sympathisants de Moubarak.

Postés en périphérie de la place, des soldats égyptiens contrôlaient les pièces d’identité des personnes se rendant sur ce site, épicentre des protestations. Les forces de l’ordre tentaient aussi de retirer des barricades qui avaient été dressées sur les routes d’accès à la place de la Libération.

L’opposition promet de maintenir la pression sur Hosni Moubarak jusqu’à son départ. Elle annonce des rassemblements place Tahrir chaque mardi et chaque vendredi.

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Egypte : les manifestants veulent garder les chars de l’armée

Les manifestants anti-Moubarak de la place Tahrir au Caire veulent empêcher les chars de l’armée de partir, redoutant de nouvelles attaques meurtrières des partisans du président Hosni Moubarak.

Au petit matin, samedi, quand ils ont entendu rugir les moteurs des chars et des blindés, des dizaines de manifestants se sont précipités pour s’asseoir autour des engins en suppliant les militaires de rester sur place, a constaté un journaliste de l’AFP.

Pour eux, la présence de l’armée est une protection contre les partisans du raïs égyptien qui ont à plusieurs reprises tenté de submerger leurs barricades, jetant des pierres et parfois tirant des coups de feu.

Ils craignent surtout le démantèlement par les militaires des voitures de police et des camions calcinés qui bloquent le boulevard.

"Nous restons là pour empêcher l’armée de détruire nos barricades. Ils disent vouloir ouvrir les accès de la place et des bâtiments officiels à partir de demain. Mais en fait, ce qu’ils veulent c’est ouvrir le passage aux bandits de Moubarak pour nous attaquer", estime Mohamad Gamal, 24 ans, étudiant en informatique.

Non loin de là, devant les grilles fortement gardées du Musée égyptien, quelques officiers observent la scène.

Un général s’empare d’un mégaphone et leur lance : "Je vous jure sur Dieu que nous n’allons pas enlever les barricades ! S’il vous plaît, reculez !" Sur un ordre, les moteurs des blindés sont arrêtés. Pour l’instant, ils restent sur place.

Satisfaits, les manifestants crient de joie, lancent le slogan "Le peuple ! L’armée ! Unis comme la main !".

Déterminés à ne pas lever le siège, ils nettoient les abords, évacuent les poubelles, balaient la place. On range les tentes, plie les couvertures, distribue du thé ou de la nourriture. Ils étaient des milliers à avoir passé la nuit sur place, sous la tente, sur les pelouses ou dans les entrées d’immeubles.

Comme tous les matins depuis douze jours, des dizaines de personnes faisaient la queue samedi matin aux points de contrôle de l’armée pour rejoindre la place, devenue l’épicentre de la révolte populaire qui réclame le départ du président Hosni Moubarak.

Des coups de feu nourris ont été entendus dans la nuit dans le quartier, semant pendant quelques minutes la panique, selon un correspondant de l’AFP. Mais il s’agissait de coups de semonce de l’armée qui n’ont pas fait de blessé.

Sur une banderole géante, les manifestants ont affiché leurs revendications : départ du président Moubarak, dissolution du Parlement et mise en place d’un gouvernement de transition, entre autres.

Certains chantaient, d’autres scandaient "Va-t’en, va-t’en" à l’adresse de M. Moubarak.

Le Premier ministre Ahmad Chafic a assuré vendredi que les manifestants ne seraient pas délogés par la force.

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Paris demande à des chercheurs français en Egypte de ne pas s’exprimer

Le ministère français des Affaires étrangères a demandé à des chercheurs français en Egypte de ne plus s’exprimer dans les médias sur ce pays, au nom de l’obligation de réserve des fonctionnaires et pour des raisons de sécurité, a indiqué samedi son porte-parole.

Interrogé par l’AFP sur cette information révélée par le site Mediapart, le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero, a précisé que cette recommandation concernait des chercheurs français fonctionnaires, qui sont astreints à "une obligation de réserve".

Il a ajouté que cette règle s’appliquait au fonctionnaire "surtout lorsqu’il s’agit de parler de ce qui se passe dans le pays où il a reçu une autorisation de séjour et de travail". "La deuxième raison, c’est que compte tenu du contexte en Egypte, pour des raisons de sécurité, il y a eu une recommandation de l’ambassade de dire n’en faisons pas trop, n’apparaissez pas trop publiquement. Si vous rentrez en France, vous pouvez vous exprimer, mais là, il faut faire attention", a-t-il expliqué.

Selon le site d’informations Mediapart, l’ambassade a ainsi demandé à Marc Lavergne, directeur du Centre d’études et de documentation économique, juridique et sociale (unité de recherche sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères, basée au Caire, NDLR), de ne plus intervenir dans les médias.

Ces derniers jours en Egypte, des membres d’organisations non-gouvernementales et de nombreux journalistes égyptiens et étrangers ont été interpellés, pris à partie, ou agressés alors qu’ils travaillaient sur le soulèvement populaire sans précédent contre le régime du président Hosni Moubarak.

Paris a suspendu les ventes d’armes et de matériel de maintien de l’ordre à destination de l’Égypte

La France a suspendu il y a une dizaine de jours, au début du mouvement de contestation anti-Moubarak en Égypte, les ventes d’armes et de matériel de maintien de l’ordre à destination de ce pays, a indiqué samedi Matignon. Sur le matériel de guerre, la décision, qui dépend de Matignon, "a été prise lors d’une réunion ad hoc le 27 janvier et signifiée le 28 aux services concernés", a expliqué l’entourage du Premier ministre François Fillon, confirmant une information du Monde.

Concernant les matériels de maintien de l’ordre, "les autorisations d’exportation de produits explosifs, dont les grenades lacrymogènes, sont de la responsabilité des douanes. Celles-ci les ont suspendues le 25 janvier", a précisé cette même source.

L’Égypte connaît depuis le 25 janvier un mouvement de contestation sans précédent contre le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans. Cette révolte, qui a donné lieu à de violents affrontements entre pro et anti-Moubarak, a fait au moins 300 morts, selon un bilan de l’Organisation des Nations unies non confirmé par d’autres sources. Le ministère de la Santé a fait état de 5 000 blessés depuis le 28 janvier.

Le gouvernement français a récemment été interpellé par l’opposition socialiste sur la poursuite d’exportation de produits explosifs en Tunisie après le début de la "révolution du Jasmin" dans ce pays, fin 2010-début 2011. Répondant à un courrier du chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre François Fillon avait reconnu que la France avait bien autorisé l’exportation de produits explosifs en Tunisie en novembre 2010 et janvier 2011, juste avant le départ du président Ben Ali sous la pression de la rue, mais que ces exportations n’avaient pas eu lieu.

En décembre 2010 et janvier, il n’y a eu "aucune livraison de matériel de guerre" aux autorités tunisiennes, avait noté François Fillon, rappelant que l’exportation de tels matériels était soumise au feu vert d’une commission sous l’autorité de Matignon. Concernant les exportations de produits explosifs, "deux autorisations" ont été délivrées le 8 novembre 2010 et "deux autres" le 12 janvier 2011" après avis des ministères concernés (Intérieur, Défense, Affaires étrangères), avait enchaîné le Premier ministre. "Mais aucune de ces autorisations n’a donné lieu à une exportation", avait-il relevé. Il avait confirmé que les douanes avaient bloqué l’exportation vers la Tunisie de grenades lacrymogènes" à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle le 14 janvier, soit le jour même de la fuite du président tunisien.

(Samedi, 05 février 2011 - Avec les agences de presse)

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