VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Botul - BHL s’est sacrément planté une fois de plus

Botul - BHL s’est sacrément planté une fois de plus

lundi 31 janvier 2022 (Date de rédaction antérieure : 10 février 2010).

Bernard-Henri Lévy en flagrant délire

par Aude Lancelin

http://socio13.wordpress.com/2010/0…

NOUVELOBS.COM | 09.02.2010 | 11:54

Ce devait être le grand retour philosophique de BHL. Patatras ! L’opération semble compromise par une énorme bourde contenue dans « De la guerre en philosophie », à paraître le 10 février 2010. Une boulette atomique qui soulève pas mal de questions sur les méthodes de travail béhachéliennes.

Ce devait être le grand retour philosophique de Bernard-Henri Lévy. Patatras ! L’opération semble compromise par une énorme bourde contenue dans « De la guerre en philosophie », livre à paraître le 10 février. Une boulette atomique qui soulève pas mal de questions sur les méthodes de travail béhachéliennes

Nul ne peut plus l’ignorer, Bernard-Henri Lévy, « ennemi public » ainsi qu’il se présentait à l’automne 2008 dans sa correspondance avec Michel Houellebecq, est de retour dans les magazines. Tous les magazines. Lorsque nous l’avions invité à débattre au « Nouvel Observateur », le 13 janvier dernier, avec le philosophe Slavoj Zizek, un de ses adversaires, nous étions encore loin de deviner l’ampleur de la tornade à venir. Grand entretien dans « l’Express », portrait d’ouverture dans « Paris Match », couverture de « Transfuge », panégyrique dans « le Point » signé Christine Angot, interview de six pages dans « Marianne ». On en oublierait presque une chose. La cause occasionnelle, le détail à l’origine d’une telle profusion : la parution de deux livres, le 10 février prochain chez Grasset. Un épais « Pièces d’identité », recueil de textes et d’entretiens déjà parus sur toutes sortes de supports, et « De la guerre en philosophie », version remaniée d’une conférence prononcée en 2009 à l’ENS de la rue d’Ulm.

Plaidoyer pro domo en faveur d’une œuvre injustement décriée, la sienne, ce second opus d’environ 130 pages, « De la guerre en philosophie », se présente comme le « livre-programme » de la pensée béhachélienne. Un « manuel pour âges obscurs, où l’auteur « abat son jeu » et dispose, chemin faisant, les pierres d’angle d’une métaphysique à venir » – rien de moins, trompette l’éditeur au dos de la couverture. On l’aura compris, ce livre devait signer le grand retour de BHL sur la scène conceptuelle dite sérieuse. Son ultime plaidoirie face à une caste philosophique qui l’a depuis toujours tourné en dérision, de Deleuze à Bourdieu, en passant par Castoriadis. Une lecture attentive dudit opuscule révèle cependant que l’affaire est assez mal engagée.

« La vraie question pour une philosophie, c’est de savoir où sont vos adversaires, et non où sont vos alliés. » Ainsi l’auteur se lance-t-il, chemise au vent et sans crampons, à l’assaut de quelques contemporains gauchistes renommés, mais aussi de Hegel ou de Marx, « cet autre penseur inutile, cette autre source d’aveuglement », notamment reconnu coupable de ne pas donner les moyens de penser le nazisme. A la décharge, l’idéalisme et le matérialisme allemands, toutes ces conneries superflues ! Bernard-Henri Lévy ne s’est jamais laissé intimider par les auteurs mineurs.

Il s’en prend tout aussi fougueusement à Kant, « ce fou furieux de la pensée, cet enragé du concept ». Un peu audacieux de la part d’un penseur qui ne peut, somme toute, revendiquer à son actif qu’un brelan de concepts pour news magazines comme le « fascislamisme » ? Même pas peur. BHL a des billes. Le vieux puceau de Königsberg n’a qu’à bien se tenir. A la page 122, il dégaine l’arme fatale. Les recherches sur Kant d’un certain Jean-Baptiste Botul, qui aurait définitivement démontré « au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans sa série de conférences aux néokantiens du Paraguay, que leur héros était un faux abstrait, un pur esprit de pure apparence ». Et BHL de poursuivre son implacable diatribe contre l’auteur de « La Critique de la raison pure », « le philosophe sans corps et sans vie par excellence ».

Il en sait des choses, Bernard-Henri Lévy. Le néo-kantisme d’après-guerre. La vie culturelle paraguayenne. Seul problème, Jean-Baptiste Botul n’a jamais existé. Pas plus que ses conférences dans la pampa, auxquelles BHL se réfère avec l’autorité du cuistre. Ce penseur méconnu est même un canular fameux. Le fruit de l’imagination fertile de Frédéric Pagès, agrégé de philo et plume du « Canard enchaîné », où il rédige notamment chaque semaine « Le journal de Carla B. ». Un traquenard au demeurant déjà bien éventé depuis la parution de « La vie sexuelle d’Emmanuel Kant », pochade aussi érudite qu’hilarante publiée en 1999 (et rééditée en 2004) aux éditions Mille et une nuits sous le pseudonyme de Botul. Une simple vérification sur Google aurait d’ailleurs pu alerter le malheureux BHL. Le même Botul y est en effet aussi répertorié pour avoir commis une œuvre au titre prometteur : « Landru, précurseur du féminisme ».

Renseignement pris, personne ne s’était encore jamais pris sans airbag cet énorme platane. C’est désormais chose faite. Toutes proportions gardées, c’est un peu comme si Michel Foucault s’était appuyé sur les travaux de Fernand Raynaud pour sa leçon inaugurale au « Collège de France ». Mais alors, qu’a-t-il bien pu se passer dans le cerveau infaillible de notre vedette philosophique nationale ? Une fiche mal digérée ? Un coup de sirocco à Marrakech ? « C’est sans le moindre état d’âme que j’ai, depuis 30 ans et plus, choisi le rôle du renégat, endossé l’habit du disciple indocile, et déserté ce mouroir de toute pensée qu’est devenue l’Université », écrit Bernard-Henri Lévy. Un peu trop, sans doute. Ainsi se sera-t-il toujours trouvé un importun, un pédagogue indiscret et pointilleux, pour venir s’interposer entre sa personne et la gloire philosophique. Il y a trente ans, c’était l’historien Pierre Vidal-Naquet, qui avait recensé dans un texte mémorable publié par « le Nouvel Observateur » les nombreuses perles d’écolier contenues dans son essai, « Le Testament de Dieu ». Cette fois-ci, c’est un philosophe burlesque qui n’existe même pas.

Aude Lancelin

Source : Bibliobs.com, et sur Twitter xpw bibliobs

4 Messages de forum

  • BHL s’est sacrément planté une fois de plus 10 février 2010 17:42, par Visiteur

    Il est quand même incroyable, ce BHL !

  • BHL s’est sacrément planté une fois de plus 14 février 2010 06:31, par Visiteur
    Salut à toutes et à tous,

        Qui possède cette ancienne page du Canard Enchaîné, puisque BHL parla de son comportement lors de la guerre de Bosnie quand il passa chez Laurent Ruquier ?

        On avait publié dans la presse française de cette époque une photo de BHL prenant de gros risques à Sarajevo, ville qui était alors la proie de tireurs d’élites embusqués (on utilisait malheureusement déjà le terme anglo-saxon de "sniper"). Cette photo nous montrait un BHL acroupi contre un mur qui le protégeait d’un tel tireur. BHL passait pour un héro.

        Le canard enchaîné publia alors la même photo, mais complète, c’est-à-dire non truquée : on voyait alors ce qu’il y avait au-dessus du mur, et les passants passaient tranquillement sans avoir peur de rien : il n’y avait nul tireur embusqué de l’autre côté du mur, et BHL n’avait couru aucun risque contrairement à ce qu’il avait voulu faire croire. Ce n’était qu’une mise en scène.

        BHL n’est pas un héro, c’est un faussaire.

    Bien à vous,
    do
    http://mai68.org
    • BHL s’est sacrément planté une fois de plus 31 mars 2014 04:10, par Franck B.

      Bonjour, Je m’avance peut-être mais je pense que les archives du Canard se feront un plaisir de vous fournir tout ça, non ? Ils ont en estime autant que vous ce Trissotin bobo qui est à la philo ce que Richard Clayderman est à la musique classique…

  • Nombre d’écrits de blogs n’ont pas cette justesse, ça se modifie plaisamment !

    Jeannette

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0