Quelques notes à chaud.
D’abord le texte est beaucoup plus facile à lire qu’avant, bravo !
Sur Dieu, son essence parfaite nous renvoie à notre propre imperfection. C’est pour cela qu’il est dieu et que selon les religions, nous ne pouvons que lui être soumis. D’où le nom de nos religions, bien qu’elles refusent de l’admettre, des religions de domination.
Il y a aussi une connexion directe entre notre concept de dieu et nos religions d’un côté, et notre rapport avec la nature. Ainsi les religions chamaniques où chaque chose/être a son esprit et notre société à dieu unique et querelleur n’ont pas du tout le même rapport avec la nature.
Ce qui montre que le concept de base est celui de notre rapport avec la nature. Les peuples chamaniques ne font qu’un avec la nature, l’homme est à sa vrai place comme partie intégrante des choses et du cosmos, il contribue à la biodiversité. Au contraire notre société a rompu avec la nature et elle l’exploite et la détruit. L’exploitation de la nature rend possible l’exploitation de l’humain, laquelle renforce l’exploitation de la nature. Aujourd’hui avec l’industrialisation cela nous conduit au suicide de l’espèce humaine et au meurtre de la vie supérieure sur cette planète.
"Je pense donc je suis"
Ne pas oublier que la pensée précède l’action. Je pense donc je suis reste dans la contemplation…
Sur la nature, Il est dangereux de dire qu’au néolithique la nature dominait l’homme car il n’est pas possible de se placer de notre point de vue ontologique pour en juger un autre. Il y a 4 familles d’ontologies selon comment l’être humain considère l’intériorité et la physiqualité des choses et des êtres par rapport aux siennes.
- L’animisme dans lequel les non-humains ont les mêmes attributs d’intériorité que les humains, mais se distinguent par leurs caractères physiques, est typiquement l’ontologie du néolithique et encore aujourd’hui des peuples chamaniques des forêts humides. Pour donner un exemple, une araignée à un esprit similaire à celui d’un humain mais son monde diffère car elle ne voit pas la même chose que nous.
- Le totémisme où il y a des continuités morales et physiques entre des humains et des non-humains, ainsi qu’une discontinuité massive avec un autre groupe d’humains et de non-humains qui présentaient, entre eux, des continuités. C’est l’ontologie des aborigènes d’Australie.
- L’analogisme où il n’y a que des discontinuités entre les qualités physiques et morales des objets du monde apparaît avec l’antiquité. Encore aujourd’hui c’est l’ontologie des chinois. Les religions de cette époque consacrent la séparation de l’homme et de la nature, de la culture et de la nature, de l’esprit et de la chair, ce qui n’était pas le cas avant.
- Le naturalisme où les non-humains ont les mêmes attributs de physicalité que les humains, mais se distinguent par leurs caractères moraux. Il apparaît à la renaissance avec le capitalisme.
Ceci implique des visions du monde complètement différentes, et donc différentes significations de ce qu’est un concept et un Concept. La sédentarisation nous ramène à la découverte de l’agriculture, ce qui relève des peuples animistes et totémiques. Ce qui fait que je situerait plutôt le début de l’asservissement au concept avec l’apparition des religions de domination, de l’analogisme et du naturalisme. Avant l’homme fait partie intégrante de la nature, il est le concept et il ne peut donc pas être dominé par le Concept.
Ceci fait aussi que plutôt que dire que l’homme aurait inventé la culture, je préfère dire qu’il l’a séparée de la nature, ce qui l’a séparé de ses racines et des raisons de son succès. Chaque époque a eu ses rapports avec la nature, sa vision du monde et ses moyens pour exprimer les choses. Ainsi pour nous le paradis est au ciel et l’enfer dans les profondeurs de la terre. Pour des indiens d’Amazonie, Il y a 3 mondes, le monde physique de tous les jours, un monde spirituel sous la terre qui est le refuge où nos morceaux d’âme perdus (suite à des traumatismes) vont se réfugier, et un deuxième monde spirituel où, après avoir été dans le premier récupérer nos morceaux d’âme, nous pouvons connaître notre destinée.
Le temps pour eux n’est donc pas linéaire mais zigzague entre ces trois mondes.
De même, si l’enfer est donc un concept qui n’existe pas pour ces indiens de la forêt, ils ont a la place un concept très précis d’un refuge spirituel sous-terrain. Il faut aussi voir que le chamane, en plus de faire voyager les gens dans ces mondes spirituels pour les soigner ou les guider, en plus d’être le médecin qui connaît le mieux les plantes et leurs usages, est aussi le gardien des traditions, le premier conteur de l’histoire. Par contre il n’a pas de pouvoir politique particulier.
De même, s’il est très juste de dire que l’homme, en se séparant de la nature, s’est placé dans la Culture, c’est parce qu’il a séparé nature et culture. Mais pendant toute son histoire, l’homme a certainement toujours disposé des outils linguistiques adaptés à sa représentation du monde. Je ne placerais donc pas la langue comme un élément déclencheur, mais bien plutôt et comme en toute chose notre rapport avec la nature. C’est ce rapport qui détermine notre vision de monde, et la langue ne fait que les représenter.
"Nature et Culture se livrent un combat sans merci ; chacune voulant nous attirer dans son monde." C’est une vision du monde ethnocentrique qui correspond à celle de notre société. Les peuples animistes ne connaissent pas cette lutte, et de même ils ne luttent pas contre la nature, ils travaillent avec elle. Le résultat est que leur mode de vie contribue à la biodiversité.
Sur le post-capitalisme. Pour que l’espèce humaine ait un futur, elle a besoin d’un changement d’ontologie. Autrement dit nous devons changer notre rapport avec la nature. Qui dit changement d’ontologie dit que la seule chose que nous pouvons dire de l’après capitalisme est qu’il sera ce que tous ensemble nous en ferons. Et c’est bien là le problème, ce tous ensemble n’existe pas dans notre société à l’individualisme exacerbé. La question est donc comment le créer, et là à part le réponse de Marx qui nous dit de ne compter que sur nous même, et celle de Reich qui nous dit de ne croire qu’en nous, je ne vois pas. Ces réponses impliquent de développer une structure de pouvoir qui vienne d’en bas.
Sur la lutte des classes, je ne pense pas comme Marx qu’elle soit le moteur de l’histoire, mais qu’elle est le moteur de l’histoire qui correspond à notre ontologie. La base de notre ontologie est que nous concevons notre rapport avec la nature comme une lutte, il est dés lors normal que le moteur de l’histoire soit une lutte (des classes). Les sociétés des indiens de la forêt amazonienne ont un rapport avec la nature basé sur le sentiment de faire partie de la nature, sur l’unicité avec la nature. Il s’ensuit que la seule lutte des classes que connaissent ces sociétés est dans leurs rapports conflictuels avec le capitalisme, lequel ne voit la forêt et leurs terres que comme des marchandises.
Nous devons être clair que le capitalisme est aussi la société du génocide. La seule nouveauté d’Hitler est d’avoir fait à des blancs européens ce que ces blancs européens réservaient aux peuples du reste du monde. Une partie du spectacle des guerres capitalistes est de masquer ce coté génocidaire. Aujourd’hui, le capitalisme est confronté, depuis 2008, à la finitude des ressources naturelles de la planète. Cela implique que le capitalisme n’a plus le choix : il ne peut que décroître. Les maîtres du monde l’ont très bien compris et ils ont également compris que plus les ressources disponibles seront rares, plus les tensions sociales seront élevées. Ils voient dans la guerre le moyen simple pour faire d’une pierre deux coups : s’assurer le contrôle des ressources restantes et exterminer la concurrence, exterminer les peuples du monde.
Le corollaire de cette situation est que le productivisme que nous vendent aussi bien les capitalistes que les communistes est incompatible avec une forme de société technologique durable. Cela pouvait aller quand l’humanité était moins nombreuse, quand elle avait une technologie rudimentaire et la machine était l’humain, mais avec l’industrialisation, les dégâts causés à la nature ont augmenté de façon exponentielle et continuent d’augmenter.
Dans l’histoire, je suis d’accord avec Engels quand il dit que l’évolution de la société a précédé l’évolution de la religion, ce qui revient à dire que l’évolution du concept a précédé l’évolution du Concept. Mais uniquement en l’absence du phénomène colonial. Le colonialisme impose le Concept. Cela se vérifie lors de l’Antiquité, lorsque des peuples de guerriers venus d’Asie sont arrivés en Europe par la Méditerranée et ont imposé leur type de société. Cela s’est vérifié lors des colonisations qui ont vu la globalisation du capitalisme à toute la planète. Aujourd’hui, la destruction de l’environnement ainsi que la disparition des ressources naturelles non renouvelables font que nous n’avons pas le temps d’attendre que le capitalisme se casse la gueule, surtout que cette cassée de gueule nous entraîne au suicide.
Tout ceci implique que nous devons donc développer un Concept de société et les moyens de l’imposer. Pour cela, il faut attaquer la structure du pouvoir, réclamer un pouvoir qui vienne de la base de la société où ce sont les gens concernés par les conséquences des décisions politiques qui prennent ces décisions, et pas un gouvernement mondial ou un parti mondial. Au Venezuela, le gouvernement Maduro commence a communaliser l’état, c’est un pas important dans la bonne direction et la droite de ce pays qui devient de plus en plus fasciste et hystérique l’a très bien compris.