Bonjour à toutes et à tous,
Je ne connais pas ce Kamel Daoud ; mais ce doit être un collabo de l’impérialisme, autrement dit un harki. Oui, bien sûr, tel est effectivement le cas. C’est bien clair même en oubliant le fond de son cri de haine et en se contentant de regarder sa façon de s’exprimer. Par exemple, quand il dit « L’effet Bachar est là, aussi : l’Occident ne dira rien », il est sûr que c’est dans l’impérialisme occidental qu’il place tous ses espoirs. Et il parle de Bachar exactement comme l’impérialisme américano-franco-sioniste veut qu’on en parle.
Je me souviens très bien qu’en 2011, à C’est Dans l’air, à la télé française, Yves Calvi avait dit qu’il ne pouvait pas y avoir de révolte contre Bachar el-Assad en Syrie (comme il y en avait eu contre Ben Ali en Tunisie) puisque Bachar était aimé des Syriens. Et, avait-il précisé, il y a bien eu un ou deux appels sur Facebook pour des manifs de contestation anti-Bachar, mais personne ne s’y était rendu. Qu’Yves Calvi ait dit ça à la télé française est la preuve absolue que la révolte anti-Bachar qui a suivi quelques mois plus tard était totalement artificielle. Chose que j’avais dénoncée ici en expliquant le comment et le pourquoi :
http://mai68.org/spip/spip.php?article2532
En plus, les Américains eux-mêmes reconnaissaient en 2013 que la popularité de Bachar el-Assad était de 70%. Voici la preuve :
http://mai68.org/spip/spip.php?article5314
Peut-être me faut-il rajouter que la Syrie d’Hafez el-assad, le père de Bachar, était alliée de l’URSS et que ma nature me pousse à préférer les alliés de l’URSS aux alliés de l’impérialisme américano-sioniste.
Il est essentiel de bien comprendre que le régime syrien n’est pas le régime de Bachar el-Assad. Le régime syrien est un régime antisioniste. Et Bachar el-Assad n’est que son plus haut représentant.
Si le régime antisioniste de Syrie s’effondrait, alors le Hezbollah libanais s’effondrerait en même temps, et Israël serait totalement le maître du jeu au Moyen-Orient. Bref, il n’y aurait plus aucune résistance antisioniste efficace, car le Hezbollah est la seule armée à avoir franchement vaincu Tsahal (petit nom charmant de l’armée d’Israël) !
Bien à vous,
do
1er janvier 2016
http://mai68.org
Bachar, ma vie, son oeuvre
L’impunité dont bénéficie le dictateur syrien désole l’écrivain.
Le Point 29 Dec 2016 CHRONIQUE PAR KAMEL DAOUD
Bachar le dictateur syrien n’a rien gagné. Ou peut-être seulement les ruines de son pays. Mais, en face, moi, j’ai perdu, et beaucoup. L’effet Bachar est désormais dévastateur sur la demande de démocratie, les vies, les libertés, au sud comme au nord. En Algérie, on vient de chasser, par rafles, 1 500 Subsahariens, la veille exactement d’une messe guindée, le Forum africain de l’investissement. Les rafles ont ravivé les racismes, décomplexé les discours de haine (le président de l’instance officielle des droits de l’homme parlera de MST, sida et mendicité) sans que cela gêne personne. Il y a cinq ans, cela aurait été difficile de le faire. Aujourd’hui, avec l’effet Bachar, personne ne trouvera rien à redire, au nord comme au sud. Chez nous comme en Occident. La terreur des flux migratoires, les boat people post-printemps arabe et la peur des attentats absolvent les consciences et permettent de fermer les yeux et les portes. A Alger encore, le journaliste Mohamed Tamalt, connu pour ses outrances, a été condamné à une peine de prison pour insulte à un président ; il va mourir de sa grève de la faim. Cela va indigner, légèrement, on va protester, mais cela ne va rien changer. Si Bouazizi était une flamme, ce journaliste algérien, Tamalt, est une petite allumette. Il sera traité comme un mégot. L’effet Bachar est là, aussi : l’Occident ne dira rien, les élites locales ne diront rien, le peuple ne dira rien. Tous ont peur de l’effet Syrie, de l’effet Bachar, de l’effet Alep. Désormais les dictatures qui ont survécu aux printemps arabes se portent mieux, rajeunissent, se perpétuent. On ne leur trouvera pas de vices dans les élections, ni dans les habitudes sales des mandats à vie ou les goulags. Chez nous comme au nord, l’effet Bachar est là : on préfère le dictateur à Daech, la sécurité à la démocratie, le cantonnement au soulèvement.
C’est que le boucher de Damas a bien joué sur la fameuse équation : c’est moi ou la fin du monde. Alors on révise partout à la baisse les ambitions de son humanisme et de notre demande de démocratie. On rentre chez soi, on se convertit au pragmatisme discret. Hypocrite attitude ? Que non ! C’est juste que l’équation n’a pas de solution à l’échelle d’une vie. On ira même le bénir et l’applaudir, le Boucher. En Occident parce qu’il fait le tueur à gages contre les hordes de Daech, et au sud parce qu’il assouvit ce ressentiment envers l’Occident colonial : il a tué les siens, mais il donne l’impression d’avoir vaincu l’Occident. D’ailleurs, quand les Russes bombardent, chez nous on appelle cela soutien, mais quand les Américains envahissent, on appelle cela impérialisme. Le gauchisme ancestral des élites, au sud, permet cet aveuglement volontaire.
L’effet Bachar sur l’avenir ? Donner l’illusion d’avoir résolu l’équation en enterrant les Syriens. On va être tenté d’y croire, par peur, par angoisse et faute de courage. C’est la tabula rasa en rasant Alep. Mais la réalité est tout autre : le Boucher d’Alep ne fera qu’accentuer la tragédie, pousser au pire et au départ, réinventer le goulag et donc la guerre. Sa solution est finale sans être définitive. Il donne du sursis au déni, et aux dictatures chez nous ; il fait gagner du temps seulement. Les dictatures chez nous vont se renforcer par sa grâce ; puis renforcer leurs appétits, obtenir des rallonges et des soutiens, se permettre des abus et des insolences, mais cela ne changera en rien à la vérité : la véritable équation n’est pas celle de « c’est moi ou la fin du monde », mais celle de « la fin du monde, c’est à cause de moi et de ma dictature ». D’ailleurs, Bachar a très bien joué sur ça : à force de dénoncer le terrorisme, il a fini par l’inventer.
Et après ? L’effet Bachar me rend triste ; me décourage un moment, me « cerne » dans l’angle de mes hésitations. Je le ressens dans ma vie de tous les jours comme si j’avais érigé ma maison dans une impasse. Mais je sais aussi que cela n’est qu’illusion. Bachar n’est ni un libérateur ni un barrage, c’est un preneur d’otages avec des boucliers humains. Il n’a pas vaincu le djihadisme, il l’a réinventé sur notre dos. Il a provoqué un syndrome de Stockholm, mais c’est une illusion. Depuis des jours, je suis triste et découragé. Je sais que je veux être libre, je ne sais pas à quel prix. Je sais que j’ai raison, même si les apparences sont contre moi
L’effet Bachar est là : on préfère le dictateur à Daech, la sécurité à la démocratie, le cantonnement au soulèvement.