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Patrice LUMUMBA - un héros congolais et africain, assassiné par le colonialisme (vidéo 52’)

jeudi 12 décembre 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 12 janvier 2011).

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

Patrice Emery Lumumba

1925-1961

Héros national Né le 2 juillet 1925, à Katako-Kombé dans le nord du Kasaï Oriental, Patrice Lumumba est baptisé catholique et fréquente l’école des Pères. Il travaille si bien qu’il abandonne les missionnaires catholiques pour passer dans une école protestante, tenue par des Suédois. Il commence, très tôt, à s’intéresser à la politique. Après avoir suivi avec beaucoup d’attentions la décolonisation de l’Inde, en 1948, le vent des indépendances qui secoue l’Afrique au début des années 50 (Lybie en 1951, Maroc, Soudan et Tunisie en 1956, Ghana en 1957 et Guinée en 1958) ne laisse pas le syndicaliste Lumumba indifférent. Il participe, En 1956, à la conférence du mouvement des Non - Alignés de Bandoeng en qualité d’observateur. En octobre 1958, Lumumba fonde le Mouvement national congolais (unique parti à caractère national à l’époque), avec Stanleyville (Kisangani) comme fief. Lumumba participe la même année à la conférence d’ Accra et prend contact avec les personnalités les plus influentes du monde africain, comme Kwamé N’ Krumah et Nasser. Dès lors, l’ indépendance du Congo belge devient inévitable. A la suite des émeute du 4 janvier 1959, sur la place de la Victoire, à Kinshasa, le Roi Baudouin 1er promet, dans une allocution radiodiffusée, le 13 janvier 1959, "de conduire, sans atermoiements funestes mais sans précipitation inconsidérée les populations congolaises à l’indépendance, dans la prospérité et la paix".

En janvier 1960, Lumumba, en prison au Congo (accusé d’être l’instigateurs des émeutes du 4 janvier 1959), est appelé à Bruxelles lors de la conférence de la Table Ronde, les délégués de MNC refusant de participer aux travaux en l’absence de leur leader. En mai 1960, les élections législatives sont remportées par le MNC (Mouvement National Congolais), présidé par Lumumba, qui devient ainsi le tout premier Premier ministre et chef du gouvernement, tandis que Kasa-Vubu est désigné Président de la République par le Sénat du jeune Etat dont l’indépendance est proclamé le 30 juin 1960. Le premier ministre Lumumba préconise la préparation de l’élite à assurer les affaires publiques afin de gagner l’indépendance économique, à continuer le processus de démocratisation, à implanter la déclaration des droits de l’homme et à sortir du néocolonialisme par la non-violence. Le 11 juillet 1960, aidé par les parachutistes belges, Moïse Tshombe, proclame la sécession du Katanga. Le 9 août 1960, Kalonji Mulopwe (l’ami personnel de Tshombe) annonce la sécession du Sud-Kasaï. Lumumba et Kasa-Vubu en appellent aux Nations unies qui envoient des casques bleus pour assurer la paix. Lumumba rompt les relations diplomatiques avec la Belgique.

Après son voyage aux États-Unis et au Canada, pour la troisième résolution du conseil de sécurité sur le Congo, Lumumba somme les Nations unies à réduire la sécession katangaise. En septembre 1960, Kasa-Vubu révoque Lumumba. Ce dernier juge illégal et nul le geste du président de République, avant de le révoquer à son tour. Le colonel Mobutu, alors chef d’Etat-Major général des Forces armées (nommé à ce poste par Lumumba), fera son tout premier coup d’Etat militaire en déclassant Kasa-Vubu et Lumumba pour installer un gouvernement des Secrétaires généraux. En décembre il fait arrêter Lumumba qui est transféré au camp militaire de Thysville (Mbanza Ngungu). Le 17 janvier 1961, Lumumba est placé dans un avion et envoyé à Bakwanga, escorté par Mukamba et Kandolo, pour son élimination physique par son ennemi Kalonji. Ce dernier ayant refusé à l’avion d’atterrir, Lumumba est transféré au Katanga où il sera exécuté le soir même. Le lendemain, une opération sera menée pour faire disparaître les restes de la victime. Le 14 février 1961, Tshombe déclara que Lumumba venait d’être abattu, ce jour-là, à la suite d’une tentative d’évasion de la prison d’Elizabethville, lui et ses compagnons. Les jours suivants, plusieurs lumumbistes, ou des gens pris pour tels, seront exécutés, un peu partout à travers le pays.

Lumumba était détesté de son vivant aussi bien par les puissances occidentales, qui l’accusaient d’être communiste, que par leurs pantins, leaders politiques congolais. Mais, il fut unanimement regretté après sa mort. Un symbole anticolonialiste venait de mourir. Cela fit un tel scandale au pays et dans le monde que Mobutu, celui-là même qui l’a livré, le proclama, en 1966, héros national.

Lumumba fut le symbole de la lutte anti-coloniale. Il désirait instaurer pour le futur Congo indépendant :

  • L’unité nationale congolaise
  • Le pluralisme politique
  • partisan du panafricanisme et du non alignement

30 juin 1960 : l’ Indépendance du Congo : le discours de Patrice Lumumba : et les raisons pour lesquelles le colonialisme belge l’a fait lâchement assassiner …

30 juin 1960. Le Congo déclare son indépendance. À la tribune le premier Premier ministre congolais, Patrice Lumumba, entame un discours d’indépendance que la Belgique ne pardonnera jamais.

Tony Busselen

Le 29 juin 1960, à la veille de l’indépendance, Lumumba prend connaissance des discours paternalistes de Baudouin et de Kasavubu. Alors, il décide de préparer un discours qu’il prononcera, lui aussi, sans tenir compte du protocole : les Belges ont failli en tomber de leur chaise. (Photo archives)

Le 30 juin 1960 est la date de la déclaration d’indépendance du Congo. Après une révolte populaire en janvier 1959, les autorités coloniales avaient, par la bouche du roi Baudouin, promis une indépendance rapide. En tenant des élections dès mai 1960, Bruxelles pensait pouvoir faire élire des politiciens congolais loyaux au colonisateur. Or l’alliance des partis nationalistes autour de Patrice Eméry Lumumba obtient malgré tous les efforts des autorités coloniales la majorité à la Chambre (71 sièges sur les 137). Au Sénat, par contre, l’alliance lumumbiste manque la majorité de 2 sièges. En effet, 23 des 84 sièges sont, selon la loi électorale fabriquée par les Belges, destinés aux chefs coutumiers, dont la majorité collabore depuis toujours avec le colonisateur. Lumumba est donc obligé d’accepter un gouvernement de coalition. Son rival Kasavubu, sous influence des Belges, devient Président. Lumumba devient Premier ministre. À l’occasion de la cérémonie solennelle d’indépendance étaient prévu un discours du roi Baudouin et un discours du président Kasavubu. Or Lumumba, qui a gagné les élections, prend connaissance de ces discours le soir du 29 juin et découvre le ton paternaliste du roi Baudouin et le rôle de laquais que Kasavubu choisit de jouer. Alors il prépare lui aussi un discours qu’il prononcera sans tenir compte du protocole.

Jamais l’affrontement entre l’oppresseur et l’opprimé n’a été exprimé avec une telle force. Jamais un Africain n’a résumé en si peu de mots 80 années de terreur, d’exploitation et d’humiliation.

Pour Baudouin, le roi des Belges, « L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II. (…) L’Afrique et l’Europe se complètent mutuellement. Je souhaite que le peuple congolais conserve et développe le patrimoine des valeurs spirituelles, morales et religieuses qui nous est commun. »

Pour Lumumba, la réalité est toute autre. Lisez ci-contre son discours.

Lumumba : « Fiers de cette lutte de sang, de larmes et de feu. »

« Congolais et Congolaises, Combattants de la liberté aujourd’hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais.

À vous tous, nos amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants.

Cette indépendance du Congo, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle, nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.

Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable, pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force.

Ce fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste ; nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire, car nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.

Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des "nègres".

Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort même.

Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les Blancs et des paillottes croulantes pour les Noirs,

Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’injustice, d’oppression et d’exploitation.

Nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut : tout cela est désormais fini.

La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants.

Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.

Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail.

Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir lorsqu’il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière.

Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants.

Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.

Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit.

Ainsi, le Congo nouveau que mon gouvernement va créer sera un pays riche, libre et prospère.

Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger.

Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise.

L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.

Notre gouvernement fort – national – populaire, sera le salut de ce pays.

J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants de se mettre résolument au travail, en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.

Hommage aux combattants de la liberté nationale !

Vive l’Indépendance et l’Unité africaine !

Vive le Congo indépendant et souverain ! »

Patrice Lumumba, 30 juin 1960

D’après Congo mai-juin 1960, Ganshof Van der Meersch, pp. 235-244

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