Ariel Sharon est un général et homme d’État israélien, Premier ministre d’Israël de 2001 à 2006.
« À propos du doux et du délicat ». Interview d’Ariel Sharon par Amos Oz, 1982.
L’ANTISÉMITISME EST LE MEILLEUR ALLIÉ DU SIONISME !
Note de do : Comme à l’époque les sionistes ont tout fait pour que l’on croie que cette interview était un faux, je vais prouver qu’elle est vraie. La preuve sera dans un cadre de la même couleur que celui-ci en dessous de l’article.
Ariel Sharon en 1982 : « Même aujourd’hui je me porte volontaire pour faire ce sale travail pour Israël, de tuer autant d’Arabes qu’il est nécessaire, de les déporter, de les expulser, de les brûler, de faire que le monde entier nous haïsse, de tirer le tapis de dessous les pieds des Juifs de la diaspora, ce qui les forcera à courir vers nous en pleurant. Même s’il faut faire sauter une ou deux synagogues par-ci par-là, cela m’est égal. Et cela m’est égal aussi si une fois le travail fait, vous me mettez devant un tribunal de Nuremberg puis me jetez en prison à vie. Pendez-moi même, si vous voulez, comme criminel de guerre. » … « Ainsi je suis un anti-sémite ? Parfait ! » … « je ferai tout ce que je pourrai pour accroître l’antisémitisme »
A propos du doux et du délicat
Traduction d’une interview d’Ariel Sharon par Amos Oz, en 1982
Davar, le 17 décembre 1982
A propos du doux et du délicat
Interview de Ariel Sharon par Amos Oz, 1982
Ariel Sharon - « Vous pouvez m’appeler comme vous voulez. Appelez-moi un monstre ou un meurtrier. Notez cependant que je ne hais pas les Arabes. Au contraire. Personnellement je me sens bien mieux à l’aise avec eux, et tout spécialement avec les Bédouins, qu’avec des juifs. Les Arabes que nous n’avons pas pourris sont un peuple fier, ils sont irrationnels, cruels et généreux. Ce sont les Youpins [Yids, argot américain] qui sont tous tordus. Pour les remettre droit, vous devez d’abord les plier à angle droit dans l’autre sens. Voilà en quelques mots toute mon idéologie.
« Donnez à l’Etat d’Israël tous les noms que vous voulez, appelez-le Etat judéo-nazi comme Leibowitz. Pourquoi pas ?
« Il vaut mieux être un judéo-nazi vivant qu’un saint mort. Cela m’est égal d’être comme Kaddafi. Je ne cherche pas à être admiré par les goys. Je n’ai pas besoin de leur amour. Je n’ai pas non plus besoin d’être aimé par des juifs comme vous non plus. Je dois vivre et j’ai l’intention de faire en sorte que mes enfants vivent comme moi. Avec ou sans la bénédiction du pape et d’autres dirigeants religieux du New York Times. Je détruirai tous ceux qui lèvent la main contre mes enfants, je le détruirai lui et ses enfants, avec ou sans notre fameuse pureté des armes. Et peu m’importe qu’il soit chrétien, musulman, juif ou païen.
« L’histoire nous enseigne que celui qui ne tue pas sera tué par les autres. C’est une loi de fer.
« Même si vous me prouvez mathématiquement que la présente guerre au Liban est une guerre immorale et sale, peu m’importe. Si en outre vous voulez prouver que nous n’avons pas atteint et n’atteindrons aucun de nos objectifs au Liban, que nous n’arriverons jamais à installer un régime ami au Liban, ni détruire les Syriens, ni même l’OLP [d’Arafat], cela m’est égal. Cela valait tout de même le coup. Même si de nouvelles Katiouchka sont tirées sur la Galilée dans l’année qui vient, cela m’est complètement égal. Nous recommencerons une autre guerre, tuerons et casserons de plus en plus, jusqu’à ce qu’ils en aient assez. Et savez-vous pourquoi tout cela vaut le coup ? Parce qu’il semble que cette guerre nous a rendus plus impopulaires dans le soi-disant monde civilisé.
« Nous n’allons plus encore des stupidités du genre de l’exceptionnelle moralité juive, des leçons morales de la shoa ou des juifs dont on dit qu’ils sortirent purs et vertueux des chambres à gaz. Plus de ça. La destruction d’Eyn Hilve (et c’est bien dommage que nous n’ayons pas complètement effacé de la terre ce nid de frelons), le sain bombardement de Beirouth et ce minuscule massacre dans leurs camps (peut-on parler d’un massace à propos de 500 Arabes ?) que nous aurions dû commettre avec nos propres mains délicates plutôt que de laisser les Phalangistes faire le travail, tous ces bons actes ont clos le bec à ce discours de merde [bullshit talks] concernant un peuple exceptionnel qui serait une lumière pour les nations. Plus d’unicité, plus de douceur et plus de lumière. Bon débarras.
« Personnellement je ne veux pas être meilleur que Khomeini ou Brechnev ou Kaddafi ou Assad ou Mme Thatcher, ou même que Harry Truman qui avec deux belles bombes tua un demi million de Japonais. Je veux simplement être plus intelligent qu’eux, plus rapide et plus efficace, mais pas meilleur ou plus beau qu’eux. Dites-moi, est-ce que les méchants se portent mal en ce monde ? [have the baddies of this world a bad time ?]. Si quelqu’un essaie de me toucher, le méchant homme lui coupe les mains et les jambes. Ils chassent et attrapent ce qu’ils veulent comme ils mangent. Ils n’ont pas d’indigestion et ne sont pas punis par le Ciel. Je veux qu’Israël entre dans ce club-là. Peut-être que de cette manière le monde finira par me craindre plutôt que de se faire du soucis pour moi. Peut-être qu’ils commenceront à trembler, de craindre ma folie au lieu d’admirer ma noblesse. Remercions Dieu pour cela. Qu’ils tremblent, qu’ils nous appellent un Etat fou. Faisons leur comprendre que nous sommes un pays sauvage, dangereux pour ceux qui nous entourent, anormaux, que nous sommes capables de devenir fous si l’un de nos enfants est assassiné - seulement un ! Que nous allons devenir féroces et brûler tous les puits de pétrole du Proche-Orient ! Si quelque chose arrivait à votre enfant, je touche du bois, vous parleriez comme moi. Qu’ils sachent à Washington, à Moscou, à Damas ou en Chine que si l’un de nos ambassadeurs est tué, ou même un consul ou un attaché d’ambassade du grade le moins élevé, nous commencerons la troisième guerre mondiale, juste comme ça ! »
**** Nous devisons ainsi sur le balcon d’une belle maison de campagne appartenant à S., dans un moshav prospère. A l’Ouest le soleil brûlant se couche et il y a des effluves d’arbres fruitiers dans l’air. On nous sert du café glacé dans de grands verres. S. est âgé d’environ cinquante ans. Ses actions militaires l’ont rendu célèbre. Il a un corps fort et lourd, vêtu d’un short mais sans chemise. Son corps est bronzé, la couleur d’un homme blond vivant dans le soleil. Il pose ses jambes poilues sur la table et ses mains sur la chaise. Il porte une cicatrice dans le cou. Ses yeux survolent ses plantations. Il expose son idéologie de la voix enrouée de quelqu’un qui fume de trop :
« Je vais vous dire ce qui est le plus important, le fruit le plus doux de la guerre au Liban est que maintenant, ils ne détestent pas seulement l’Etat d’Israël. Grâce à nous, maintenant ils détestent aussi des juifs gourmets [Feinschmecker, terme utilisé en hébreu et conservé dans la version anglaise] à Paris, Londres, New York ou Montréal, partout dans leurs trous. Finalement ils détestent tous ces gentils youpins qui se prétendent différents de nous, disant qu’ils ne sont pas de ces coupe-gorges israéliens [thugs], qu’ils sont des juifs autres, propres et bien élevés. Tout comme les juifs assimilés de Vienne et de Berlin suppliaient les anti-sémites de ne pas les confondre avec les juifs de l’Est [Ostjude, terme conservé en hébreu et en anglais] braillants et puants, qui avaient quitté les sales ghettos d’Ukraine et de Pologne et s’étaient infiltrés dans ce monde cultivé. Cela ne les aidera pas du tout, ces youpins bien propres, comme cela ne les a pas aidés à Vienne ou à Berlin. Laissons-les clamer qu’ils condamnent Israël, qu’eux sont dans leur bon droit, qu’ils ne feront pas de mal à une mouche, qu’ils préféreront toujours passer à l’abattoir plutôt que de se battre, qu’ils ont entrepris d’éduquer les goys d’être de bons chrétiens toujours prêts à présenter l’autre joue. Cela ne les aidera pas. Maintenant, grâce à nous, ils comprennent et c’est, je vous l’assure, un plaisir de voir cela.
« Ce sont les mêmes youpins qui avaient convaincu les goys de capituler devant des bâtards au Vietnam, de céder à Khomeini, à Brechnev, de plaindre le cheik Yamani à cause de son enfance malheureuse, de faire l’amour au lieu de faire la guerre. Tout cela est fini pour nous. Les youpins ont été rejetés non seulement parce qu’ils ont crucifié Jésus, mais aussi parce qu’ils ont crucifié Arafat à Sabra et Chatila. Ils sont tous identifiés à nous et c’est une bonne chose ! Leurs cimetières sont profanés, leurs synagogues brûlées, tous leurs vieux surnoms réapparaissent, ils sont jetés hors des meilleurs clubs, des gens tirent dans leurs restaurants ethniques tuant de petits enfants, les obligeant à supprimer tous les signes extérieurs montrant qu’ils sont juifs, les obligeant à déménager et à changer de profession.
« Bientôt leurs palais seront souillés d’inscriptions disant "youpins, en Palestine !". Et vous savez quoi ? Ils iront en Palestine parce qu’ils ne sauront pas où aller ailleurs ! Tout cela est un bienfait que nous devons à la guerre au Liban. Alors, dites-moi, cela ne valait pas le coup ?
« Bientôt nous tomberons sur des temps meilleurs. Les juifs commenceront à arriver, les Israéliens s’arrêteront de partir, et ceux qui sont partis vont revenir. Ceux qui avaient choisi l’assimilation comprendront en fin de compte que cela ne les aidera pas de vouloir être la conscience de l’humanité. La "conscience de l’humanité" comprendra par le cul [arse] ce qui ne lui était pas entré dans la tête. Les goys ont toujours été rendus malades par les youpins et leur conscience, mais maintenant les youpins n’auront plus qu’une seule option : de rentrer chez eux, tous, et vite, d’installer d’épaisses portes métalliques, de construire de fortes barrières, d’avoir des mitrailleuses à chaque coin de leur clôture, et de se batte comme le diable contre tous ceux qui dans cette région élèvent la voix. Et si quelqu’un ose seulement lever la main sur nous, nous lui prendrons la moitié de sa terre et brûleront l’autre moitié, pétrole compris. Nous pourrons utiliser des armes nucléaires. Et continuer jusqu’à ce qu’il change d’avis.
« Vous aimeriez probablement me demander si je ne suis pas effrayé par la masse des youpins arrivant ici pour échapper à l’antisémitisme et qui nous souillerons à l’huile d’olive pour nous rendre aussi tendres qu’eux. Voyez, l’histoire est amusante à ce propos, il y a là une dialectique, l’ironie. Qui était-ce qui avait élargi les frontières de l’Etat d’Israël presqu’à la dimension du royaum du roi David ? Qui a agrandi l’Etat, le faisant couvrir une surface allant du mont Hermon jusqu’à Raz Mohamed ? Levi Eshkol. De tous, ce fut ce disciple de Gordon, cette tendronne, cette vieille femme. Qui par contre va nous parquer de nouveau derrière les murs du ghetto ? Qui a cédé tout le Sinaï pour que nous gardions une image de peuple civilisé ? Le gouverneur du Bétar en Pologne, ce fier Menahem Begin. Ainsi, on ne peut jamais rien prédire. Je ne suis sûr que d’une chose : aussi longtemps que vous vous battez pour votre existence, tout est permis, même de bouter tous les Arabes hors de la Cisjordanie. Tout.
« Leibowitz a raison, nous sommes des judéo-nazis, et pourquoi pas ? Ecoutez, un peuple qui s’abandonne jusqu’à être exterminé, un peuple qui permet de transformer ses enfants en savon et des abat-jours avec la peau de ses femmes est plus criminel que ses assassins. Pire que les nazis. Si vos gentils parents, si civilisés, étaient venus ici à temps au lieu d’écrire des livres sur l’amour de l’humanité et de chanter "Ecoute ô Israël" en entrant dans les chambres à gaz, maintenant ne soyez pas choqués, si au lieu de cela ils avaient tués six millions d’Arabes, ou un million, que serait-il arrivé ? Il est vrai que deux ou trois méchantes pages auraient figuré dans les livres d’histoire, on nous aurait donné toutes sortes de noms, mais nous pourrions être ici un peuple de 25 millions d’habitants !
« Même aujourd’hui je me porte volontaire pour faire ce sale travail pour Israël, de tuer autant d’Arabes qu’il est nécessaire, de les déporter, de les expulser, de les brûler, de faire que le monde entier nous haïsse, de tirer le tapis de dessous les pieds des juifs de la diaspora, ce qui les forcera à courir vers nous en pleurant. Même s’il faut faire sauter une ou deux synagogues par-ci par-là, cela m’est égal. Et cela m’est égal aussi si une fois le travail fait, vous me mettez devant un tribunal de Nuremberg puis me jetez en prison à vie. Pendez-moi même, si vous voulez, comme criminel de guerre.
« Après cela vous pourrez vous vanter de votre conscience juive et entrer dans le club respectable des nations civilisées, nations grandes et bien portantes. Ce qu’un grand nombre ne comprend pas est que le sale travail du sionisme n’est pas encore terminé, de loin pas. Certes, il aurait pu être terminé en 1948, mais vous avez interféré, vous l’avez empêché. Et tout cela à cause de la judaïté dans vos âmes, de votre mentalité de diaspora. Les juifs en effet ne compennent pas vite. Si vous ouvrez vos yeux et regardez autour de vous, vous verrez que la nuit tombe de nouveau. Et nous savons ce qui arrive à un juif qui reste dehors dans la nuit. Cela fait que je suis heureux que cette petite guerre au Liban ait fait peur aux youpins. Qu’ils aient peur et qu’ils souffrent. Ils devraient courir à la maison avant qu’il ne fasse réellement nuit. Ainsi je suis un anti-sémite ? Parfait. Alors ne me citez pas, citez Lilienblum plutôt [un des premiers sionistes russes]. Ce n’est pas la peine de citer un anti-sémite. Citez Lilienblum, il n’est vraiment pas un anti-sémite, il y a même une rue à Tel Aviv qui porte son nom (S. puise ses citations dans un petit carnet posé sur sa table quand je suis arrivé). Est-ce que tout ce qui arrive ne signifie pas clairement que nos ancêtres et nous-mêmes voulaient et veulent toujours être couverts d’infamie ? Que nous jouissons de vivre comme des gitans ? Tout cela vient de Lilienblum. Pas de moi. J’ai parcouru la littérature sioniste, je peux prouver ce que je dis.
« Et vous pouvez écrire que si l’humanité me couvre d’infamie, cela ne me gêne pas, bien au contraire. Faisons un pari : je ferai tout ce que je pourrai pour expulser les Arabes de là, je ferai tout ce que je pourrai pour accroître l’antisémitisme, et vous allez écrire des poèmes et des essais sur la misère des Arabes et vous accueillerez les youpins que je forcerai de fuir vers ici et leur apprendrez à être la lumière des nations. Qu’en dites-vous ? »
C’est là que j’arrêtai le monologue de S. pendant un instant, exprimant une pensée qui me traversait l’esprit, m’adressant peut-être plus à moi-même qu’à mon hôte. Etait-il possible que Hitler avait non seulement fait du mal aux juifs, mais avait en plus empoisonné leurs âmes ? Ce poison avait-il pénétré à l’intérieur et était-il toujours actif ? Mais même cette idée-là ne provoqua de protestation de S et ne le fit pas élever sa voix. Après tout, même pendant les périodes de tension il n’avait élevé la voix, même pas pendant les opérations auxquelles son nom est associé
Propos recueillis par Amoz Oz,
traduit en français à partir d’une traduction anglaise par M.-C. Stricker
* dans l’article dans Davar, Amos Oz feignit de parler à un S. Dans son livre, "The Land of Israel", le S. est remplacé par un Z.
** Amos Oz, l’un des auteurs israéliens les plus connus ; ses livres ont été traduits en seize langues
Original initialement trouvé ici : http://www.local.attac.org/93sud/do…