Bruno DRWESKI, mercredi 14 décembre 2022 09:25 :
Ce qui décide du caractère impérialiste ou non d’un pays, si l’on se base sur la littérature scientifique et léniniste sur le sujet, est le fait d’être un Etat où ses entreprises capitalistes sont en situation de pouvoir exporter des capitaux pour créer à l’étranger des entreprises (placer de l’argent dans des "paradis fiscaux" ne suffit pas, au contraire, cela témoigne du caractère colonial ou semi-colonial de l’économie en question) au point où ces entreprises jouent un rôle majeur dans la vie économique et politique du pays concerné, en l’occurence la Russie. Ce n’est pas du tout le cas de la Russie qui, même si sa classe dirigeante le voulait, n’est pas arrivée à ce stade. Ce n’est pas non plus le cas de la Chine où la direction politique n’est pas aux mains des entreprises exportatrices de capitaux, ce que les décisions du XXe congrès du PCC on clairement confirmé.
En Russie comme en Chine, en Iran et dans quelques autres pays contre-hégémoniques il n’y a donc pas de bourgeoisie impérialiste en état de pouvoir, il y a par contre une bourgeoisie nationale en compétition avec une bourgeoisie compradore, à côté des classes de travailleurs salariés.
Mohamed Bouhamidi, mercredi 14 décembre 2022 11:49 :
La note de Bruno Drewski est importante. On ne décide pas du caractère de l’impérialisme en excluant un ou plusieurs des cinq critères du caractère impérialiste d’une économie. Stade suprême du capitalisme, l’impérialisme est le stade suprême d’un mode de production et la forme de l’Etat correspond à ce stade.
De quel point de vue on peut décréter l’économie russe de stade impérialiste ? d’aucun point de vue. Le capitalisme post soviétique n’est pas né d’une longue série de mutations du capitalisme (naturellement occidental puisque c’est dans cet espace européen et ses extension coloniales qu’il s’est développé).
Il s’est agi d’un passage d’une économie de type socialiste à une économie privatisée d’oligarques à partir du pouvoir d’Etat d’Eltsine qui a ETE un pouvoir d’une néo-colonie US, sous contrôle de conseillers US et souvent sur injonctions US. La résilience d’une grande partie de l’industrie et de l’agriculture russe tient à sa taille et à sa complexité.
Peut-on comparer la richesse spoliée d’un quelconque des oligarques russes au capital d’United Fruit ? d’ITT ? des 5 grandes compagnies pétrolières ? Où le processus historique de formation et de concentration du capital ? ou est le passage de la concurrence (caractère fondamental du marché ) au monopole ?
un processus historique se réalise en quelques mois ou années ?
Que nous le voulions ou non, la Russie est passé du statut d’Etat à réalité ou direction ou vocation socialiste au statut de néo colonie dirigé par un groupe et un homme sous influence impérialiste US.
Il est significatif que Poutine ait formulé dernièrement cette idée que la Russie était une néo-colonie.
C’est pour ces raisons que l’affrontement actuel, militaire, économique, idéologique, culturel est une question de libération nationale dans des formes nouvelles. En soi cette lutte de libération nationale ou de recouvrement de la souveraineté nationale porte une dynamique sur la résolution de la question sociale dans ses termes les plus révolutionnaires en mettant au coeur de la lutte la contradiction antagoniste entre le modèle oligarque et néocolonial, c’est à dire le POUVOIR d’ETAT et la capacité souveraine de résoudre les problèmes de chacun de nos peuples. Et c’est vrai aujourd’hui pour tous les peuples de l’Ukrainien au Français. Qui a le pouvoir de résoudre les problèmes de survie, chauffage, nourriture, soins de santé dans chacun des pays européens ou d’autres parties d’un monde sans une opposition à l’Impérialisme réel ?