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Sainte-Soline - Les gendarmes ont retardé volontairement de plusieurs heures l’arrivée du SAMU (vidéo 3’46)

vendredi 31 mars 2023, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 26 mars 2023).

Sécuriser quoi ? Il se foutent de notre gueule !

Enregistré sur France 2 le 26 mars 2023 à 20h

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Les gendarmes ont refusé de laisser passer le SAMU qui venait sauver un manifestant sous prétexte de sécurité. Comme si les émeutiers allaient attaquer l’ambulance qui venait sauver un manifestant ! "On" se moque de nous !

Par contre, pour l’hélicoptère venu au secours d’un gendarme, il n’y a eu aucun retard.

En réalité, de la part de la gendarmerie, c’était un chantage NAZI :

« on ne laissera passer l’ambulance qui vient sauver votre copain que si vous nous laissez le contrôle total du terrain. »


Mariane Maximi

Extrait du France 3 le 27 mars 2023

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Enregistré sur France 3 le 27 mars 2023 à 19h30

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Enregistré sur France 2 le 27 mars 2023 à 20 heures

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https://youtu.be/9zlh2MoS1Vs

Sainte-Soline : un enregistrement inédit du Samu dévoilé

franceinfo - 29 mars 2023

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Dans un enregistrement, un opérateur du Samu dit avoir reçu "l’ordre de ne pas envoyer" de secours.

"On n’enverra pas d’hélicoptère ou de moyen SMUR sur place parce qu’on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l’ordre", explique un opérateur du Samu à un médecin dans un enregistrement de la Ligue des Droits de l’Homme que franceinfo a consulté.


COMMUNIQUE des parents de SERGE

https://oclibertaire.lautre.net/spi…

Mercredi 29 mars 2023

Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un "pronostic vital engagé", suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.

Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police, et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité.

Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que :

  • Oui, Serge est fiché "S" — comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui.
  • Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires — comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi.
  • Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes — comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.

Nous considérons qu’il ne s’agit là nullement d’actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.

Les parents de Serge
Le Mercredi 29 mars 2023


Mégabassines : la famille d’un manifestant blessé porte plainte pour "tentative de meurtre"

France 24 - 29 mars 2023

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Enregistrement de la voix

La famille d’un homme grièvement blessé lors des violentes manifestations de samedi contre un projet de retenue d’eau dans les Deux-Sèvres a porté plainte contre X pour "tentative de meurtre et entrave volontaire à l’arrivée des secours".


Blessés à Sainte-Soline : Serge, entre la vie et la mort, « sali » par les médias

https://reporterre.net/Blesses-a-Sa…

Publié le 30 mars 2023 à 09h22
Modifié le 30 mars 2023 à 13h41

Gaspard d’Allens, Hortense Chauvin

La manifestation de Sainte-Soline a fait 200 blessés. Deux manifestants sont aujourd’hui entre la vie et la mort. - Twitter/Les Soulèvements de la Terre

La famille et les amis de Serge, le blessé grave de Sainte-Soline entre la vie et la mort, s’indignent du traitement médiatique réservé à leur proche.

La chasse au scoop se fait parfois aux dépens des faits (et de la décence). Moins d’une semaine après la mobilisation contre les mégabassines de Sainte-Soline, qui a fait, selon les organisateurs, plus de 200 blessés (dont 40 graves parmi les participants), plusieurs médias ont tenté d’établir le « profil » de Serge, l’un des manifestants aujourd’hui dans le coma. Avec un seul angle : la « fiche S » (pour « sûreté de l’État ») qui lui aurait été attribuée en 2010 par les services de renseignement pour son appartenance à l’ultragauche radicale, et son inculpation dans une affaire de « saccage » des locaux de la protection judiciaire de la jeunesse de Labège (Haute-Garonne) en 2011. Une présentation partielle et fallacieuse, dénoncent les proches du jeune homme à Reporterre.

Une large partie des articles consacrés par Le Parisien, BFMTV, et Europe 1 à Serge se focalisent sur sa mise en cause dans « l’affaire de Labège », il y a douze ans.

Rembobinons. Le 5 juillet 2011, une dizaine de personnes non identifiées ont pénétré dans les locaux de la direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse de Labège, dans la banlieue de Toulouse, afin de dénoncer la politique d’incarcération des mineurs. Le petit groupe a renversé du lisier sur du mobilier de bureau et tagué des slogans sur les murs avant de s’enfuir. Au cours de l’action, une employée a été aspergée de gaz lacrymogène.

Non coupable

Dans les mois qui ont suivi cette action, un arsenal important a été déployé par les gendarmes pour retrouver les activistes. Sept lieux de vie ont été perquisitionnés, une quinzaine de personnes interpellées, et quatre placées en détention provisoire à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses. Un collectif a rapidement été créé en soutien aux inculpés, contre lesquels les preuves étaient « minces », relevait la Dépêche du Midi à l’époque du procès.

Le Parisien, BFM-TV et Europe 1 indiquent tous que Serge faisait partie des personnes placées en détention provisoire… En omettant de mentionner qu’il a été relaxé, précise sa famille à Reporterre. À l’issue du procès, trois inculpés — dont Serge — avaient été jugés non coupables, un autre avait été condamné à trois mois de prison ferme (déjà effectués pendant sa détention provisoire), et un dernier avait écopé de trois mois de sursis, assortis d’une mise à l’épreuve de 18 mois, selon un communiqué Reporterre par des proches de Serge qui le connaissaient déjà à l’époque de cette affaire.

L’évocation récurrente, par les médias cités plus haut, de la « fiche S » du jeune homme — mentionnée jusque dans la titraille — peut également interroger. Ce fichage, brandi par la presse « comme s’il s’agissait d’un casier judiciaire », commente Muriel Ruef, avocate au barreau de Lille, ne dit en effet « rien » de la dangerosité d’une personne. « Il y a très peu de contrôle extérieur. On ne sait pas qui décide de les attribuer, dans quelles conditions et sous quels critères. C’est très nébuleux », souligne-t-elle.

2 000 militants écologistes fichés S

Ces fiches sont accolées hors de tout cadre juridique aux personnes qui menacent, selon les supputations des services de renseignement, la « sûreté de l’État ». « Elles amalgament tout le monde : des militants d’extrême droite radicale, des musulmans un peu trop religieux aux yeux d’une société profondément raciste, et des membres de la gauche radicale qui ne chantent pas la Marseillaise et ne se prosternent pas devant le drapeau », dénonce l’un des animateurs du collectif contre les violences d’État Désarmons-les, Ian B, qui a lui-même découvert en 2015 qu’il était fiché S. « Il y a un gros soupçon de fichage d’opposants politiques, indique Muriel Ruef. À partir du moment où vous êtes un peu à gauche, si vous allez à trois réunions anticarcérales, vous risquez d’avoir une fiche S. »

3 500 gendarmes avaient été mobilisés pour la manifestation de Sainte-Soline. Twitter/Les Soulèvements de la Terre

2 000 écologistes considérés comme « radicaux » par les services de renseignement seraient fichés S à travers le pays. Ce fichage n’est par ailleurs pas censé être rendu public. « Ce qui paraît dingue, c’est qu’on divulgue [dans les articles sur Serge] une information que le principal intéressé ignore, sans que l’on sache d’où ça fuite, dénonce Muriel Ruef. C’est attentatoire à la vie privée. » Sa divulgation pourrait être délictueuse, selon l’avocate, et constituer un recel d’informations. Les parents de Serge ont d’ailleurs porté plainte pour violation du secret professionnel dans le cadre de l’enquête et détournement de l’objet de la consultation des fichiers pour un objectif autre.

Ian B voit, dans la focalisation de certains médias sur la fiche S de ce militant très gravement blessé, une tentative de « criminalisation » de sa personne. « Ça correspond à une logique immuable des chiens de garde et de ceux qui cherchent toujours à chercher une responsabilité aux violences de l’État, estime le spécialiste des violences policières. Une fois qu’on a mutilé des civils avec des armes de guerre et qu’on ne sait plus le justifier, il faut trouver un moyen de dire qu’il s’agissait de civils un peu particuliers. Le simple fait de dire qu’une personne est fichée S sous-entend qu’elle est dangereuse, qu’elle a quelque part mérité sa blessure. C’est sidérant. »

« La stratégie est de décrédibiliser »

L’affaire rappelle à Claire Dujardin, avocate de la famille de Rémi Fraisse (mortellement blessé par une grenade lors d’une mobilisation alors qu’il manifestait contre le barrage de Sivens en 2014), le traitement que lui et ses proches avaient subi. « C’était pareil, pendant plusieurs jours, ils ont fouillé dans ses affaires, ils ont fait des recherches sur sa sœur, ils ont voulu absolument faire croire qu’il était dangereux et qu’il était venu pour en découdre. La stratégie est de décrédibiliser et de dire qu’il n’avait qu’à pas être là, que c’était interdit, et que finalement c’est tant pis pour lui, il a une part de responsabilité. C’est délirant. »

Rémi Fraisse, 21 ans, après une mobilisation contre le barrage de Sivens en 2014. Jeanne Menjoulet / CC BY 2.0 / Flickr

Dans un communiqué publié le 29 mars, les parents du jeune homme ont décrié des articles « inexacts et mensongers » : « Oui, Serge est fiché S — comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui. Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires — comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi. Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes — comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop […]. Nous considérons qu’il ne s’agit là nullement d’actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur », écrivent-ils.

Contacté par Reporterre, l’un des proches de Serge se dit lui aussi révolté par le traitement médiatique qui lui est réservé. « Les médias font les charognards et le salissent. Il faudrait au contraire raconter politiquement sa vie, son combat pour la justice sociale, son idéal révolutionnaire, et comment on en arrive à risquer de mourir sous les armes de la police. C’est ce cheminement-là qu’il faudrait retracer pour remettre les choses à leur place. »

Nous apprenions mercredi 29 mars, via un communiqué du Syndicat des accompagnateurs de montagne que Serge était guide de montagne. « Nous tenons à vous témoigner, nous acteurs professionnels de la montagne, de l’amour que Serge porte à sa terre et à son métier, mais aussi de notre admiration pour son humanisme et son humilité », écrivent-ils. Serge est apprécié par ses pairs, « reconnu comme un professionnel passionné et passionnant, brave et humble, engagé pour le respect de la nature et de l’être humain, profondément altruiste, impliqué dans le partage de cet amour de nos montagnes et de nos terres avec chacun. Nous sommes avec lui, ensemble, pour la vérité et le respect des droits de l’homme. »


Mégabassines : « Être prêt à tuer pour protéger un tas de terre en dit long »

https://reporterre.net/Megabassines…

Publié le 30 mars 2023 à 09h23
Modifié le 30 mars 2023 à 09h42

Christophe Bonneuil, directeur de recherche au CNRS présent à la manifestation à Sainte-Soline

La manifestation de Sainte-Soline a fait 200 blessés. Deux manifestants sont entre la vie et la mort. - Caroline Delboy / Reporterre

Avec l’usage disproportionné de la force à Sainte-Soline, l’État affiche sa fermeté dans un contexte social tendu et défend l’agro-industrie, accroc à l’irrigation, juge l’historien Christophe Bonneuil dans cette tribune.

Christophe Bonneuil est historien et directeur de recherche au CNRS. Il dirige la collection Anthropocène aux éditions du Seuil. Le 25 mars 2023, il était présent à la manifestation de Sainte-Soline.

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Les événements dramatiques de Sainte-Soline posent une question : comment est-il possible d’en être arrivé à plus de 200 blessés (des deux côtés) et deux personnes entre la vie et la mort (côté manifestants) pour « sécuriser » un monticule de terre et de granulat entourant un simple trou ?

Par le passé, dans les campagnes françaises, ce furent des chantiers de centrales nucléaires que l’État défendit de la sorte, becs et ongles, au prix du sang. La comparaison est d’ailleurs éclairante. Comme à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) le 25 mars, la circulation était interdite sur une zone de 5 kilomètres autour du chantier de Creys-Malville (Isère) le 31 juillet 1977 pour défendre le chantier de Superphénix. Et comme à Sainte-Soline, plusieurs milliers de policiers et militaires étaient en position, préalablement désinhibés par les déclarations et consignes guerrières de leur préfet et leur ministre. Avec le résultat que l’on sait : une centaine de blessés, dont deux mutilés, et la mort d’un jeune manifestant, Vital Michalon.

Par-delà les similitudes, le contraste est frappant, à un demi-siècle d’intervalle, entre la nature des deux infrastructures défendues à feu nourri par l’État. Tuer pour le rayonnement nucléaire français et pour une centrale high-tech de 1 200 mégawatts (croyait-on alors avant le fiasco technologique de la « surgénération »), on en saisit la (sinistre) raison d’État. À Sainte-Soline, par contre, il n’y avait dans ce monumental talus entourant un vaste trou nul fleuron technologique et rien à saboter qui puisse ralentir le chantier. Pas même une bâche en plastique à lacérer. C’est à quelques centaines de mètres plus loin que des pompes et tuyauteries ont été sabotées sans difficultés, sans d’ailleurs que les autorités ne se soient souciées de les protéger.

Des similitudes avec les Gilets jaunes

Pourquoi donc 3 200 « forces de l’ordre » pour défendre un simple cratère de terre et de granulat contre la visite en fanfare de quelques milliers de personnes un samedi de printemps ? Pourquoi cette disproportion absolue entre le bien protégé et ce feu guerrier de 4 000 grenades en deux heures, une toute les deux secondes, une pour deux manifestants si l’on suit les chiffres du ministère de l’Intérieur ?

Les militants s’opposent à la création de plusieurs mégabassines dans les Deux-Sèvres.

Bref, comment expliquer que le gouvernement ait été, par un dispositif aussi guerrier et par des obstructions avérées à la prise en charge hospitalière de blessés graves, prêt à tuer pour un tas de terre ? Une première réponse tient au contexte du bras de fer en cours sur la réforme des retraites. Comme le suggèrent les déclarations du ministre de l’Intérieur lui-même avant le 25 mars, la « fermeté » à Sainte-Soline devait donner un avertissement aux colères populaires montées d’un cran depuis le 49.3.

Dans cette logique de mitraille des espoirs de justice sociale, la mise entre vie et mort de S. et de M. fait série avec la mutilation à la tête de 353 Gilets jaunes. Ce qui a été « sécurisé » au prix de centaines de blessés le 25 mars, c’est aussi la réforme des retraites, qui vole de deux ans de vie et qui pénalise particulièrement les plus pauvres qui ne vivront pas jusqu’à 64 ans, les femmes et les classes moyennes inférieures qui devront travailler plus.

« Une course vers le mur d’une agriculture productiviste »

Une seconde explication tient aux choix agricoles du pouvoir. Depuis 2015, les gouvernements Macron 1 et Macron 2 ont autorisé le glyphosate et les néonicotinoïdes réduisant à néant l’ambition il y a quinze ans (plan écophyto) de réduire de moitié l’usage des pesticides, supprimé les aides au maintien à l’agriculture biologique, investi des milliards (Plan France 2030) dans une agriculture high-tech numérisée et robotisée qui pourrait dramatiquement accélérer la concentration foncière et accroître les impacts environnementaux. Dans cette logique, il s’agissait à Sainte-Soline de défendre, contre toute critique, la course vers le mur d’une agriculture productiviste, surcapitalisée qui désertifie les campagnes.

Ce qui a été défendu au prix du sang, ce sont des infrastructures qui ne bénéficient qu’à 6 % des agriculteurs du département et étendent un type d’agriculture que notre milieu ne peut plus supporter, qui assèche les nappes et dépossède les autres usagers du commun qu’est l’eau. Comme à Sivens, où Rémi Fraisse perdit la vie en 2014 , ce que la défense armée d’un monticule de terre « sécurise », ce sont les prises de terre des nouveaux seigneurs des campagnes : ceux qui s’accaparent la terre et l’eau, les intérêts agro-industriels qui dominent les marchés agroalimentaires, contrôlent la FNSEA et dirigent la politique du ministère de l’Agriculture.

Lors de la manifestation, 4 000 grenades sont tombées en deux heures, une toutes les deux secondes. Twitter/Les Soulèvements de la Terre

La disposition étatique à tuer ou mutiler pour un tas de terre prend enfin sens à la lumière de notre nouvelle époque géologique. Les scientifiques qui étudient l’altération en cours des conditions d’habitabilité de notre planète ont proposé le terme d’Anthropocène. Celui-ci nomme le fait que l’action humaine (plus exactement celle de minorités privilégiées de l’humanité) est devenue force tellurique, impactant le devenir géologique de la Terre. Or, à côté des bouleversements du climat ou de la biodiversité, le fait que les opérations humaines (grands barrages, mines, travaux de terrassement et d’aménagement, transports de matières premières…) déplacent plus de terre, de sédiments, de roches que toutes les forces naturelles des vents et des eaux réunies, est un des marqueurs de cette nouvelle époque qui nous a fait sortir de l’Holocène et donne à la crise écologique l’ampleur d’un déraillement géologique.

« Le pouvoir du capital férocement défendu »

De récentes recherches ont calculé que la masse des techno-objets de notre civilisation industrielle globalisée — des téléphones portables au béton — dépasse la masse des êtres vivants du globe, ou encore que la masse de terre déplacée en France en divers terrassements depuis 1945 s’élève à 10 gigas m3 au minimum, soit plus de 4 200 pyramides de Kheops. Remuer et déplacer massivement la terre se révèle comme une signature de notre époque. Dès lors, ce qui a été défendu violemment par les « forces de l’ordre » à Sainte-Soline sous la figure d’un monticule de terre, c’est le pouvoir du capital, devenu force géologique, de continuer à remuer ciel et terre, et ce malgré la certitude désormais unanimement partagée du désastre planétaire qui en résultera.

Ainsi, le choix d’être prêt à tuer pour un monticule de terre à Sainte-Soline nous en dit long sur ce pour quoi militent ceux qui nous gouvernent aujourd’hui : un ordre social injuste, l’accaparement des terres et de notre subsistance par une agriculture toujours plus capitalisée et industrielle, un pouvoir géologique de dérégler la planète. On mesure dès lors l’urgence à cultiver les gestes capables d’interrompre le cours de ce désordre planétaire et de prendre soin des collectifs vivants.


Témoignage de Jacques Texier, présent à Sainte-Soline

https://www.legrandsoir.info/temoig…

27 mars 2023

Un samedi à Sainte-Soline !

Je tiens à vous faire partager ma journée du 25 mars 2023 à Sainte-Soline, car le matraquage effectué par les chaînes d’info en continu n’est que tissus de mensonges, relais du ministre de l’Intérieur Darmanin ?

Départ de Limoges le samedi 25 à 5h30.

Arrivée au point de ralliement à Vanzay à 7h45, sans aucun contrôle par le groupe de gendarmes posté à la sortie de Chanzay. Seraient-ils en grève pour les retraites ?

A 10h départ des milliers de manifestants pour la bassine de Sainte-Soline, située à quelques kilomètres. Arrivés en vue de la bassine, on a pu assister à la plantation de 300m de haie en bordure du champ et du chemin par des manifestants(es) et des membres de la Confédération Paysanne dont Nicolas Girot, le secrétaire national. Notre énorme cortège progresse vers la bassine et on distingue maintenant nettement un cordon continu de fourgons de gendarmerie stationnés à touche-touche autour de cette gigantesque bassine de 16ha d’emprise au sol (vous pourrez comparer sur les images diffusées par les médias la hauteur d’un fourgon et la hauteur de la digue située à l’arrière. Impressionnant !). Ces véhicules sont accompagnés de véhicules militaires et d’un gros véhicule équipé d’un canon à eau. On voit aussi arriver les quads de la BRAV-M, qui attaquent les manifestants.

Pour mémoire : cette unité spécialisée dans des opérations spéciales est la suite, avec un nouveau nom, des "Voltigeurs motorisés" créés en 1969 par le ministre Raymond Marcellin, un pétainiste décoré de l’ordre de la Francisque. Sous le ministère de Charles Pasqua et son ministre délégué Robert Pandraud, c’est à cette unité spéciale, que l’on doit la mort de Malik Oussekine le 6 décembre 1986 (président : Miterrand, 1er ministre : Chirac).

On voit alors le canon à eau entrer en action. Les manifestants s’approchent de la bassine se tenant par la main, en ligne. Derrière les grilles de clôture se tiennent les gendarmes mobiles, devant leur véhicule, face aux manifestants. Ils distribuent à tout-va des grenades lacrymogènes. Je suis content d’avoir prévu lunettes de piscine, masque FFP2 et sérum physiologique. Une fumée noire et épaisse s’élève alors. D’où nous sommes, nous ne pouvons en distinguer la cause, et nous verrons après plusieurs véhicules de gendarmerie en feu. Les grenades lacrymogènes tombent sans discontinuer. Il faut alors se précipiter pour les couvrir de terre dans ce champ labouré et en éviter la diffusion du gaz. Un véhicule blindé arrive en appui aux gendarmes. Un autre type de grenade est ensuite utilisé, qui explose en l’air en dispersant plusieurs sous-grenades lacrymogènes. Enfin, cerise sur le gâteau, arrive le temps des grenades de désencerclement. J’apprécie alors les bouchons d’oreille dont je me suis muni.

Pour info, ce type de grenade a mutilé un cheminot à Paris (éborgné) et une femme à Rouen (pouce arraché)

Après 2 à 3 heures d’affrontements, les manifestants se replient dans le champ qui fait face à la bassine. Pour rejoindre ce lieu de rassemblement, je dois traverser une route sur laquelle gît un blessé auquel le "médic" fait un bandage serré sur la cuisse. Il ne peut plus marcher mais semble transportable, il est donc évacué vers le lieu de regroupement sur une civière. A quelques mètres de là, un attroupement est stationné sur la même route. Il y a un blessé gravement atteint à la tête semble-t-il. Le SAMU est appelé ; il tarde. Nous nous regroupons sur un grand champ face à la bassine ; les "gardiens de bassine" sont à un centaine de mètres. Le calme règne, beaucoup d’entre nous en profitent pour manger un casse-croûte ; la foule est compacte et paisible. C’est alors que les grenades de désencerclement pleuvent en quantité au milieu de la foule, dans un vacarme assourdissant. J’apprécie les bouchons d’oreille dont je me suis muni. Le danger est énorme : si une grenade tombe dans la capuche d’un manifestant, c’est le carnage. Si c’est à proximité d’un enfant, il perd à jamais l’audition. Les explosions font des blessés en nombre conséquent. L’ambulance n’est toujours pas là ; elle arrivera longtemps après, des ordres ayant été donnés de l’empêcher de rejoindre la zone pour prendre en charge le blessé qui gît toujours sur la route.

Nous rejoignons alors notre point de départ ; je rencontre un élu muni de son écharpe tricolore qui m’indique que les élus(es) présents(es) ont fait une chaîne humaine pour protéger les blessés dont un certain nombre sont allongés à terre et qu’ils ont à ce moment été attaqués par les forces du maintien de l’Ordre (ou plutôt du désordre) à coups de grenades lacrymogènes qui les ont contraints à reculer.

Voilà ce que j’ai vu et ce qui est confirmé, et complété par le communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme que vous trouverez avec ce lien :

https://www.ldh-france.org/premiere…

Communiqué de l’interobservatoires, dont la LDH est membre, publié à titre de première synthèse.

Vous noterez aussi que la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée a refusé la protection aux délégués de la LDH, les considérant comme de simples manifestants, "leur déniant la protection que leur reconnaît le droit international et en contradiction avec la jurisprudence du Conseil d’État. Le matériel d’observation d’une équipe a été confisqué." (extrait du rapport de la LDH).

Enfin, au retour, à l’entrée de Chanzay, donc à 6km du rassemblement, un barrage d’une trentaine de gendarmes contrôlait les véhicules, scannant les papiers d’identité. Pas de contrôle à l’arrivée, contrôle systématique avec prise des coordonnées au retour, dans quel but ? Á chacun d’y réfléchir.

Il est essentiel de faire connaître le communiqué de la LDH, pour combattre l’intox du ministre Gérald Darmanin sur les chaînes des milliardaires, en particulier CNEWS, celle qui a enfanté le candidat Eric Zemmour, et qui distille à l’envi son fiel sur La France Insoumise et les autres groupes de la NUPES.

Cette journée a été pour moi décisive. Nous avons basculé dans un autre type de régime. Lorsque les forces de l’Ordre utilisent du matériel de guerre, lorsqu’elles gazent les représentants du peuple présents avec leur écharpe, lorsqu’on empêche de porter secours aux blessés graves, lorsqu’on confisque aux organisation des Droits de l’Homme leur matériel d’observation, on ne peut pas se prévaloir de la République et on ne peut donc pas demander aux citoyens de respecter le pacte républicain. Dans son allocution du 22 mars, Macron a dit à la minute 11 : "ni les factieux ni les factions dans la République" Répondons lui : " Ni le fascisme ni les fascistes dans la République"

Ma participation à cette manifestation a été salutaire. Je suis plus déterminé que jamais Hasta la victoria siempre !

Jacques TEXIER

PS : Les journalistes de bureau, ceux qui se bornent à faire du commentaire d’images diffusées en boucle, n’arrêtent pas de demander aux élus ou responsables NUPES, la gauche que Renaud Muselier qualifie de "sale et débraillée", de condamner les violences des manifestants. J’espère bien qu’aucun ni aucune d’entre eux ne s’abaissera à y répondre positivement.

Remarque : A voir la manière dont sont rapportés ces faits dans la plupart des médias, il convient de s’interroger sur l’impartialité des informations concernant la guerre en Ukraine.


Sainte-Soline : empêcher l’accès à la mégabassine, quel qu’en soit le coût humain

https://www.ldh-france.org/premiere…

26 mars 2023

Première synthèse – Observations des 24-26 mars 2023 à Sainte-Soline

Communiqué de l’interobservatoires, dont la LDH est membre

Ce document est publié à titre de première synthèse des faits les plus saillants relevés par les équipes d’observation. Le rapport d’observation complet fera l’objet d’une publication ultérieure.

Si vous souhaitez témoigner ou communiquer des informations dans le cadre de cette mobilisation qui pourrait être utile aux observateurs, merci d’écrire à OPCLP@proton.me

Du vendredi 24 mars au dimanche 26 mars, 22 membres des observatoires des libertés publiques et des pratiques policières du 93, de Gironde, de Paris, du Poitou-Charentes et de Toulouse étaient présent-e-s pour observer le maintien de l’ordre sur la zone de Sainte-Soline dans le cadre des mobilisations contre les « mégabassines ».

Dès nos premières observations le vendredi, nous avons constaté le bouclage ultra-sécuritaire de la zone avec des barrages routiers assortis de contrôles d’identité et de fouilles de véhicules généralisés, ainsi que la présence d’un camion doté d’un dispositif de renseignement. Ces opérations se sont poursuivies jusqu’au dimanche.

Six équipes d’observateur-ices étaient présentes sur le terrain de la manifestation le samedi 25 mars.

Dès le départ des cortèges depuis Vanzay jusqu’à leur retour, ceux-ci ont été surveillés de manière constante par un à deux hélicoptères.

Avant l’arrivée des manifestant-e-s sur le site de la bassine de Sainte-Soline, des binômes de gendarmes armés et coiffés de casque de moto, montés sur 20 quads, sont venus à leur contact. Les cortèges ont dès lors fait l’objet de tirs massifs et indiscriminés au gaz lacrymogène, créant une mise en tension importante.

Dès l‘arrivée des cortèges sur le site de la bassine, les gendarmes leur ont tiré dessus avec des armes relevant des matériels de guerre : tirs de grenades lacrymogènes, grenades assourdissantes, grenades explosives de type GM2L et GENL, y compris des tirs de LBD 40. Nous avons observé des tirs au LBD 40 depuis les quads en mouvement.

Des grenades ont été envoyées très loin et de manière indiscriminée dans les cortèges, à l’aide de lanceurs et de dispositifs de propulsion à retard. Les détonations très rapprochées de grenades explosives étaient régulièrement suivies de cris d’appel au secours pour assistance médicale. Certaines grenades lancées n’ayant pas explosé, le terrain était miné, donnant lieu à des explosions différées.

A été également observé l’usage de deux canons à eau. Par ailleurs, nous avons observé la présence de fusils (FAMAS) ainsi qu’au moins un fusil à type produit marquant codé EMEK EMF 100, PMC.

Le dispositif a mis gravement en danger l’ensemble des personnes présentes sur place, occasionnant de très nombreuses blessures souvent graves allant même jusqu’à plusieurs urgences absolues.

Lorsque les élu-e-s ont fait une chaîne humaine autour des blessé-e-s pour les protéger et permettre leur évacuation, des tirs de grenades lacrymogènes ont été observés dans leur direction, les contraignant à reculer. À ce moment, en contradiction avec ce que prétend la préfète des Deux-Sèvres, rien ne justifiait l’utilisation de la force à l’encontre de ces personnes. En particulier, nous n’avons observé aucun tir d’engin incendiaire au niveau de cette zone.

Nous avons constaté plusieurs cas d’entraves par les forces de l’ordre à l’intervention des secours, tant Samu que pompiers. Le Samu a indiqué ne pouvoir intervenir pour secourir un blessé en état d’urgence vitale dès lors que le commandement avait donné l’ordre de ne pas le faire, dans une conversation téléphonique à laquelle ont assisté trois avocats de la LDH (Ligue des droits de l’Homme). Or, nous avons observé que la zone où se trouvait ce blessé était totalement calme depuis plusieurs dizaines de minutes, lorsque cette indication a été donnée. Cette zone se situait à 200 mètres au nord-ouest du dispositif de gendarmerie entourant la bassine et à 500 mètres de l’ensemble des manifestants.

Comme souvent, les forces de l’ordre étaient difficilement identifiables. Nous avons constaté la dissimulation de visages par des cagoules, combinée à l’absence de RIO visibles.

En amont des observations, le 22 mars 2023, la préfète des Deux-Sèvres avait notifié à la LDH que les observateurs et observatrices présentes sur les lieux seraient assimilées à des personnes manifestantes et devraient se conformer aux ordres de dispersion, leur déniant la protection que leur reconnaît le droit international et en contradiction avec la jurisprudence du Conseil d’État. Le matériel d’observation d’une équipe a été confisqué.

De manière générale, nous avons constaté un usage immodéré et indiscriminé de la force sur l’ensemble des personnes présentes sur les lieux, avec un objectif clair : empêcher l’accès à la bassine, quel qu’en soit le coût humain.

Au regard de la gravité de la situation et compte tenu des observations menées ces derniers jours, un rapport d’analyse complet et détaillé sera produit ultérieurement.

Le 26 mars 2023

Télécharger le communiqué “Première synthèse – Observations des 24-26 mars 2023 à Sainte-Soline” en pdf :

https://www.ldh-france.org/wp-conte…

Sauvegarde : http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/Prem…

2 Messages de forum

  • On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs il en est de même, depuis toujours, des révolutions qui doivent théoriquement permettre de rebattre les cartes pour repartir sur de nouvelles bases. Encore faut-il qu’elles ne soient pas le fait de quelques agitateurs minoritaires qui ne peuvent faire le poids face aux moyens de répressions dont dispose le pouvoir en place tout en censurant-déformant l’information pour manipuler l’opinion.

    Pour réussir une entreprise de cette nature, il faut bien sur un fer de lance qui s’appuie sur un rassemblement de masse et un soutien encore plus large et par conséquents des mots d’ordres de nature à mobiliser, et avoir à sa disposition un potentiel de forces supérieur à celui de l’adversaire, d’abord pour impressionner les attentistes, et un armement identique sinon on va au casse pipe.

    1000 casseurs, c’est ainsi qu’on les dénomme,alors qu’en réalité ce sont les gouvernements successifs qui ont détruit notre appareil productif, un peu plus , un peu moins, réduits à l’improvisation pèsent peu face à des forces de répression organisées, avec en réserve une armée de métier dont on ne sait quel sera son comportement "au feu" dont ne sait pas si ses membres mettront crosse en l’air comme à Albi,ou tireront sur la masse.

    J’ajoute que que les dégradations montées en épingles par les médias,des dits casseurs parisiens effraient le "pékin" les personnes âgées ou handicapées, c’est mon cas, lors de mes dernières "manif" je me suis retrouve plusieurs fois les quatre fers en l’air à la suite des charges de polices, par contre je soutien sans réserve, financièrement, verbalement , en signant les pétitions, le mouvement contre la réforme des retraites que rien ne peut justifier.

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  • Magnifique déclaration des parents.

    Mohamed Bouhamidi

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