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« Tertiarisation » : de l’évidence d’une nouvelle stratification sociale au XXIe siècle

dimanche 30 avril 2023, par Luniterre

Suite à la republication des courbes "scandaleuses" des économistes banco-centralistes et des polémiques qui ont suivi :

La classe ouvrière « disparaît » elle à l’époque de la mutation banco-centraliste du système de domination de classe ?

https://mai68.org/spip2/spip.php?article15059

http://cieldefrance.eklablog.com/la-classe-ouvriere-disparait-elle-a-l-epoque-de-la-mutation-banco-cent-a214108191

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Pour info : « tertiarisation » ou « tertiairisation », les deux orthographes sont considérées comme correctes par le dictionnaire académique, même si « tertiarisation » semble être la plus couramment employée…

Dans les deux cas il s’agit évidemment du même phénomène, désormais bien connu et assez évident pour toute personne sensée et capable de comprendre ce qui se passe autour d’elle dans les sociétés modernes. (Mais ce n’est donc pas le cas de la plupart des « penseurs » pseudos-« marxistes », gaucho-mélencho-trotskystes et autres…)

Il s’agit donc bien de l’émergence du secteur dit précisément « tertiaire » de l’économie, et donc des strates sociales correspondantes :

« Le secteur tertiaire produit des services, il fait partie du domaine de l’économie. C’est le troisième secteur défini dans la loi des trois secteurs. Il est parmi les trois secteurs économiques définis dans la comptabilité nationale et est de fait défini par complémentarité avec les activités agricoles et industrielles (secteurs primaire et secondaire respectivement).

Le secteur tertiaire est composé du :

• tertiaire principalement marchand (commerce, transports, activités financières, services rendus aux entreprises, services rendus aux particuliers, hébergement-restauration, immobilier, information-communication) ;

• tertiaire principalement non marchand (administration publique, enseignement, santé humaine, action sociale).

Dans les pays développés, c’est de loin le secteur le plus important en nombre d’actifs occupés. En 2012, le secteur tertiaire représentait près de 60 % de l’économie mondiale. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Secteur_tertiaire

Plus loin, cette fiche Wikipédia cite le chiffre de 79% pour le secteur tertiaire en France, sans source précise, mais le site gouvernemental français précise même :

« En 2020, la France compte 28,5 millions d’emplois au sens du Bureau international du travail. La grande majorité travaille dans le tertiaire (79,6% du total), le secteur secondaire représente 18,2%, et le secteur primaire 2,1%. »

https://www.vie-publique.fr/fiches/269995-les-grands-secteurs-de-production-primaire-secondaire-et-tertiaire

Ici « secteur secondaire » regroupe donc l’industrie et la construction. Selon le dernier chiffre INSEE disponible (2022-T4), l’industrie seule représente 3235,8 / 26952 x 100 = 12% de l’emploi en France.

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2496914#tableau-figure1

Et comme on a pu le voir à propos de l’étude détaillée concernant l’Ile de France (*), mais c’est aussi tout simplement une question de bon sens commun (…sauf pour nos « penseurs » pseudos-« marxistes », etc… !), « emploi industriel » ne signifie donc pas en totalité « emploi productif » au sens, précisément marxiste, de la force de travail directement intégrée à la production et productive de plus-value. Par contre c’est logiquement le cas d’une partie importante du secteur de la construction, qui totalise 5,9% de l’emploi, et d’une partie des services désormais marchandisés, notamment dans le nettoyage et l’entretien.

Donc, même en cumulant les diverses fractions de catégories sociales qui rentrent dans le critère de la productivité, en termes de plus-value, on reste évidemment très loin d’une productivité suffisante par rapport aux enjeux d’investissements en capital fixe.

Quant à prétendre que la situation évoluerait ailleurs qu’en France carrément dans un sens « exactement contraire », comme le prétend M. Viriato, voyons simplement déjà ce qui se passe en Chine :

__ Question emploi industriel :

http://ekladata.com/-JEtFh1dXz84GsjgjS1UhoMXH1Q.png

__ Question emploi tertiaire :

http://ekladata.com/A0Rm20n7CUgg0onAywBfgw1nLkQ.png

Ces chiffres, qui datent déjà de 2019, ont le mérite, malgré tout, d’être cohérents avec ceux que donnent les chinois eux-mêmes, pour la même année 2019 :

« Le nombre de personnes employées en Chine s’élevait à 770 millions à la fin de 2019, la proportion de l’industrie tertiaire atteignant 47,4%. Sur ce chiffre, ont montré les données publiées par le ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, la population d’employés urbains a atteint 440 millions.

Les industries primaire, secondaire et tertiaire représentaient respectivement 25,1%, 27,5% et 47,4% du total des personnes employées. Selon le ministère, le nombre de personnes employées dans le secteur tertiaire a connu une croissance pour la cinquième année consécutive, en hausse de cinq points de pourcentage par rapport à 2015.

Par ailleurs, l’année dernière, le nombre de travailleurs migrants ruraux (NDTML >>> les « mingongs », victimes d’un statut administratif particulièrement injuste et inégalitaire ! Un autre sujet… !) s’est élevé à 290 millions, dont 120 millions étaient des travailleurs locaux, en hausse de 0,7% ou 820 000 par rapport à l’année précédente, et 170 millions sont partis vers l’extérieur, en hausse de 0,9% ou 1,59 million par rapport à l’année précédente. »

http://french.peopledaily.com.cn/Economie/n3/2020/0605/c31355-9697953.html

Mais la situation en Chine n’est pas différente, dans ses grandes tendances, de celles du reste du monde. La progression du tertiaire prédomine, tandis que l’emploi industriel, après un rebond marqué dans les deux premières décennies du siècle, amorce nettement le début d’une nouvelle pente.

__ Emploi tertiaire mondial :

http://ekladata.com/BJv3k5iYO4iLdadzYAk1nVc-dl4.png

__ Emploi industriel mondial :

http://ekladata.com/mLMEwgN-Yqc_ahCFL9EAaC9BUy4.png

Pour ce qui concerne la France, (dont les graphes équivalents ne semblent pas fonctionner), il y a eu, semble-t-il, d’après les divers chiffres accessibles, une sorte de palier dans la chute, pour la même période, avec même un léger rebond en fin de deuxième décennie, et donc suivi également d’une reprise de la pente descendante.

Le fait qu’il soit absurde de parler d’une sorte d’extension quasi exponentielle, selon certains, dont M. Viriato, (« par des centaines de millions » !), du prolétariat industriel, ne signifie pas pour autant qu’il y a « disparition », ni de la « classe ouvrière », au sens large du terme, incluant donc, en pratique, une partie du secteur tertiaire, ni du « prolétariat » en général, et même, bien au contraire, il y a donc prolétarisation de plus en plus grande, au stade actuel de la transition banco-centraliste, d’une partie importante, précisément, du secteur tertiaire.

La réalité étant simplement que la « restructuration » actuelle des classes sociales populaires et prolétariennes ne nous ramène nullement dans une situation comparable avec le passé, que ce soit celui des années 50-60 ou, encore moins, celui de la période 1916-17 !!!

Luniterre

(* Banco-centralisme : Le sens retrouvé du combat social en France

http://cieldefrance.eklablog.com/le-sens-retrouve-du-combat-social-en-france-a213299195 )

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