Non, ça ne se passe pas en Russie, mais dans le pays qui clame haut et fort son attachement indéfectible à la liberté d’expression bafouée dans les régimes autoritaires. Non, chez nous, en démocratie, on n’attaque pas les journalistes, on ne les emprisonne pas pour de longues années sans jugement à la simple demande de l’empereur, on ne remet pas en cause leur travail et leurs opinions… Petit pas après petit pas, la fascisation de nos appareils d’état du monde libre se fait de plus en plus évidente. C’est qu’ils ont chaud aux fesses et qu’il ne leur faut pas risquer que l’opinion leur demande des comptes, ou leur fasse défaut quand il s’agira d’envoyer nos armées au front. Surtout pas de remise en cause du consensus sur les valeurs libérales de nos démocrassies ! (note et traduction de Jean-Luc Picker)
Kit Klarenberg, journaliste indépendant, arrêté à cause de ses opinions politiques
https://histoireetsociete.com/2023/…
Publié sur le site de Danielle Bleitrach le 3 juin 2023
Source : The Cradle , 31 mai 2023
Le journaliste, qui contribue régulièrement au média d’information The Cradle, a été interrogé pendant 5 heures par la police anti-terroriste au sujet de son travail journalistique et de ses opinions politiques. Il a été arrêté par la police anti-terroriste à sa descente d’avion en provenance de Belgrade le 17 mai, alors qu’il retournait dans son pays, et soumis à un interrogatoire intensif sur ses ‘opinions politiques’ et ses reportages.
Klarenberg a publié dans The Cradle de nombreux articles faisant la lumière sur plus d’une opération secrète menée par Londres an Asie occidentale.
Selon The Grayzone, 6 policiers en civil l’attendaient à la sortie de l’avion et l’ont rapidement entraîné vers une pièce reculée après l’avoir informé de son arrestation au titre de l’article 3, paragraphe 4, de la loi sur le contre-terrorisme et les frontières passée en 2019. Il a ensuite été interrogé pendant plus de 5 heures sur son travail. Au cours de l’interrogatoire on lui a aussi demandé « ses opinions personnelles sur des sujets allant du gouvernement actuel au Royaume Uni à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ». La police anti-terroriste a saisi ses appareils électroniques et ses cartes mémoires, a pris ses empreintes digitales, fait des prélèvements pour fichage ADN et l’a photographié sous tous les angles. Il a été menacé de détention s’il se refusait à coopérer.
L’article le plus récent de Klarenberg pour The Cradle révélait comment le gouvernement du Royaume Uni avait utilisé des sous-traitants pour former les forces de sécurité de l’Autorité Palestinienne grâce à des fonds états-uniens. Au cours des derniers mois, ses articles montrant comment Londres utilise des ONG yéménites pour déstabiliser le gouvernement d’Ansarallah à Sanaa, ou comment il fournit au gouvernement jordanien des techniques de renseignement britanniques centrées sur l’« exploitation des médias numériques pour monitorer, manipuler et contenir la dissidence à l’intérieur du royaume » ont créé des remous.
Klarenberg a aussi irrité Londres par ses reportages publiés par The Grayzone mettant à jour « des intrigues d’une importance capitale menées par les services de renseignements britanniques et états-uniens », dont cet article montrant comment deux des auteurs des attaques du 11 septembre à New York avaient été recrutés dans le cadre d’une opération de renseignement mise en place par la CIA et les services saoudiens.
Une autre des ses découvertes a été la mise en évidence du rôle joué par le journaliste Paul Mason, un collaborateur des services de sécurité de l’état, pour discréditer les médias alternatifs, les universitaires et les militants de la paix qui critiquaient le rôle de l’OTAN dans la guerre en Ukraine.
L’an dernier, Radwan Mortada, le directeur de l’édition en arabe de The Cradle, a été condamné hors juridiction par une cour martiale libanaise à un an et un mois d’emprisonnement pour « le délit d’insulte à l’établissement militaire ». Ceyda Karan, de nationalité belge, qui a fournit de nombreux reportages sur les Kurdes en Irak, en Iran et en Syrie, a disparu depuis plusieurs mois, et nous sommes très inquiets pour sa sécurité.
La détention de Klarenberg est un dangereux précédent pour la liberté d’expression au Royaume Uni, un pays qui garde depuis 2019 le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, enfermé dans une prison de haute sécurité dans l’attente de son extradition aux Etats-Unis pour avoir publié sur les activités secrètes et les crimes de guerre des gouvernements occidentaux. Les responsables états-uniens ont même été jusqu’à encourager publiquement son assassinat.
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