L’Histoire avance, et comme disait Lénine, décidément, ce n’est pas la « Perspective Nevsky », qui, du reste, présente un léger coude en son milieu, ou presque…
Dans sa toute récente intervention télé dans la soirée, Vladimir Poutine a de fait révélé ce qui est l’essentiel de l’accord, présenté comme sa propre initiative, même s’il remercie aussi Alexandre Loukachenko pour son intervention de médiateur.
Un « triple » choix était donc offert aux combattants de Wagner : réintégrer l’armée sous contrat, abandonner complètement le combat (retourner au civil, donc), ou partir au Bélarus.
Dans l’après-midi, des rumeurs circulaient sur Telegram, qui se sont donc finalement confirmées, de l’arrivée au Bélarus d’une première partie des troupes de Wagner, avec tout leur équipement, véhicules et armes.
Un enregistrement audio nouveau de Prigogine lui-même est apparu sur ses chaînes Telegram, désertées, autrement, depuis plus de 24H. Mais pas abandonnées des abonnés… Restés en attente, plus de 1,2 millions, sur la principale.
D’autres rumeurs, concernant la présence de Prigogine dans un hôtel de Minsk ne sont pas confirmées, mais sa présence au Bélarus semble donc d’autant plus probable que son affaire judiciaire en Russie semble se compliquer.
Maintenant, compte tenu de l’évolution de la situation il peut aussi s’agir d’une procédure juridique formelle, histoire de sauver la face de la légalité, mais possiblement sans conséquences pratiques, du moins tant que Prigogine se tiendra à distance, vu qu’il ne semble pas renoncer à ses critiques, selon son message audio… !
Dans cette issue de l’histoire, il me semble donc qu’il reste à établir une sorte de modus vivendi à trois, entre Poutine, Loukachenko, et l’enfant terrible Prigogine, qui conserve, en réalité, la sympathie d’une grande partie de la population, dans les deux pays, et sans doute au-delà…
L’Histoire, décidemment, ne s’arrête pas, ce qui, finalement, est plutôt rassurant…
Et tant que tout est encore possible, autant continuer le combat !
Il n’y a pas une foule énorme, mais cette vidéo a été prise à une heure déjà avancée de la nuit.
Elle s’ajoute à d’autres, plus tôt, sur différentes chaînes Telegram.
De plus, il faut donc tenir compte, précisément, qu’à ce moment, montrer une sympathie pour Wagner s’est manifester du côté des "perdants", ce qui n’est pas évident, dans aucun pays, dans une telle situation.
Dans d’autres vidéos, Tass réinterprète en disant que les gens "manifestent leur soulagement de voir partir les Wagner"…
Bien évidemment, il n’y a pas le son…!
Personnellement je trouve donc plutôt rassurant qu’il y ait des gens d’honneur pour manifester leurs remerciements aux troupes de Wagner pour leurs combats héroïques.
Ces gens expriment tout à fait clairement leur volonté d’unité et de solidarité patriotique, et ils espèrent encore en un compromis équitable.
Prigogine voulait donc sauver sa milice, et une majorité de ses troupes est restée solidaire, semble-t-il. Le proche avenir nous dira donc la proportion de ceux qui choisissent, avec lui, la solution de s’installer au Bélarus, ce qui peut évidemment ne pas être évident pour tous, y compris simplement pour des raisons familiales.
Et reste à savoir quel sera le prochain job de ses troupes !
Prigogine est un personnage romanesque tout à fait dans la tradition russe, et son histoire, de Solédar au Bélarus, en passant par l’héroïque bataille de Bakhmout, a tout d’une épopée qui restera longtemps dans les mémoires, voire même, dans la légende, fût-elle un peu noire…!
Luniterre
*********************
EN RÉPONSE AU POST DU CAMARADE DO >>>
http://mai68.org/spip2/spip.php?article15641#forum12786
La guerre durait déjà depuis huit ans, et personnellement ce que je comprends mal, c’est pourquoi avoir attendu si longtemps pour intervenir, alors que le non respect des accords de Minsk était déjà flagrant depuis 2017, au moins ! Il y a donc là aussi tout un ensemble de raisons complexes qui nous échappent, et sur lesquelles on ne peut que conjecturer.
Wagner était engagé sur différents fronts dans le monde et il reste également à comprendre le pourquoi de son engagement, pas nécessairement enthousiaste, au départ, en Ukraine.
Là la raison principale est malheureusement évidente : c’est la faiblesse numérique des effectifs de l’armée régulière, en regard des objectifs fixés, et malheureusement, surtout, leur impréparation à une telle aventure, pour la plupart.
L’avantage de l’armée russe, au tout début, résidait dans l’effet de surprise, relatif au demeurant, et en fait essentiellement, dans une relative supériorité en armement.
Pourtant, de grosses erreurs d’évaluation et de stratégie ont mené à des situations difficile, puis carrément à des échecs, du côté de Kharkov, surtout.
Ce sont donc les tchétchènes kadyrovistes et les wagnériens qui ont fait les batailles les plus dures et sauvé les situations difficiles. A partir de l’hiver 22-23, ce ne sont plus que les troupes de Wagner qui ont mené des opérations offensives, tandis que le reste du front était « gelé » suite aux replis russes de l’automne et aux besoins de consolidation des défenses.
Ce sont les percées de Wagner, de Solédar à Bakmout, et avec toutes les localités intermédiaires, qui ont permis de rétablir un rapport de forces. Favorable à la défense, mais qui eut également rendu possible d’autres percées, avec davantage de forces au niveau de combativité de Wagner.
Les Wagnériens sont donc vus comme des héros pour avoir pu continuer d’avancer quand les autres se repliaient et se retranchaient, après avoir reculé, et pas vraiment en « repli stratégique » du côté de Karkhov.
Les Wagnériens ont donc ma sympathie pour leurs qualités de courage, d’organisation et d’efficacité. Toutes qualités qui devraient être celles d’une organisation de résistance, et à fortiori, celles d’une organisation révolutionnaire.
Prigogine fait peut-être une erreur d’analyse concernant les conditions du début de la guerre, mais n’étant pas sur place, difficile d’en juger avec certitude.
Les échecs des premiers mois de la guerre questionnent donc sur les raisons qui ont poussé à lancer une armée aussi mal préparée dans une guerre d’une telle envergure, et avec de telles conséquences.
Prigogine pointe donc la responsabilité des échecs, et il peut se le permettre au vu des résultats obtenus par sa milice.
Ecarter les responsables de ces échecs aurait pu permettre de continuer une cohabitation encore plus efficace, sur le terrain.
Mais ce n’est pas la solution choisie, et donc Prigogine a pris l’initiative pour tenter de redresser cette situation, et sauver sa milice au passage. De fait, il semble avoir en grande partie réussi ce sauvetage, mais cela reste donc une perte pour la Russie, à l’évidence.
Pour l’instant, un nouveau bain de sang vient d’être évité, et c’est déjà beaucoup. De toutes façons il ne souhaitait pas renverser Poutine, mais simplement remettre de l’ordre parmi les responsables des échecs des premiers mois de l’Opération Spéciale.
Un compromis était donc possible sur la base de l’éviction de quelques responsables, et c’était probablement le vœu de la majorité des patriotes en Russie. On ne peut donc que regretter que cela n’ait pas eu lieu.
Maintenant on ne peut que constater que les torts, suite à cette tentative hasardeuse, sont effectivement « partagés » !
Luniterre
PS : accessoirement, la "traduction" du tweet est partielle et c’est le cas typique d’une "citation" approximative et hors de son contexte, soit une vidéo d’une demi-heure, en réalité : https://t.me/Prigozhin_hat/3790
************************
EN NOUVELLE RÉPONSE AU NOUVEAU POST DU CAMARADE DO >>>
http://mai68.org/spip2/spip.php?article15641#forum12791
Franchement, camarade, je ne pense pas qu’il soit utile de passer du temps à examiner les ragots courtisans des uns et des autres, même s’ils sont, précisément en tant que tels, une source d’info parfois utile, mais donc à traiter et à considérer pour ce qu’elle est réellement. Cela peut faire partie du recoupement de sources « contradictoires » !
Néanmoins, pour l’instant, l’Histoire s’écrit au présent, et plus particulièrement, au Bélarus, ce qui n’est donc pas pour me déplaire, et même, bien au contraire, s’il en reste une sorte de « lot de consolation » qui peut donc néanmoins avoir du sens, et voire même, beaucoup, tant qu’à faire, dans le contexte actuel.
Je me consacre donc à suivre ce nouveau fil d’actu et de réalité, avec mes modestes capacités dans la langue russe, et donc, éventuellement, je republierai également sur VLR le résultat de mes recherches sur la suite de cette histoire palpitante, épique, et tout à fait digne des sagas de l’histoire russe en général, avec tous leurs aspects dramatiques.
Les ennemis de la Russie et du monde slave en général sont très dépités car il en ressort une nouvelle configuration des forces que personne n’avait réellement anticipée, et, une fois aplanis les froissements des égos entre combattants, l’ennemi n’aura donc eu que l’illusion d’une brèche, et même s’il a tenté quelques pas en avant à l’occasion, il risque plutôt d’en avoir d’autres à faire en arrière, dans cette nouvelle configuration, et c’est bien là l’essentiel !
**************************
PS : mon nouvel article sur l’économie :
Cinq différences essentielles entre l’époque de Marx et la nôtre
http://cieldefrance.eklablog.com/cinq-differences-essentielles-entre-l-epoque-de-marx-et-la-notre-a214412243
…est en quelque sorte né sous le choc déprimant de cet événement, la nature ayant, c’est bien connu, horreur du vide ! Il sera certainement sur Agoravox et VLR, à l’avenir, mais pour l’instant il vaut mieux attendre que la poussière des colonnes de Wagner soit retombée sur les routes de Russie et d’ailleurs, et que l’on ait tiré le bilan final, en termes de résultats concrets, sur le terrain, de ce bouleversement !
Bien à toi,
Amicalement,
Luniterre