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Émeutes - Étude des violences dites "urbaines" (vidéo 1h08)

samedi 8 juillet 2023, par Jean-Pierre Garnier (Date de rédaction antérieure : 7 juillet 2023).

https://www.canal-u.tv/chaines/ens-…

Violence, consensus, sécurité

Jean-Pierre Garnier le 14 novembre 2001

Réalisation : 14 novembre 2001

Mise en ligne : 14 novembre 2001

Garnier Jean-Pierre
Chercheur et enseignant en sociologie urbaine

Thème Discipline : Services et problèmes sociaux

Cliquer ici pour télécharger la vidéo

Urbaniser pour dépolitiser : la rhétorique du spatialisme et du localisme

Les discours du politique : Ecole thématique
Violence, consensus, sécurité

Jean-Pierre Garnier s’intéresse ici aux violences urbaines, s’interroge sur leur définition et sur leurs origines. Il précise ainsi qu’il s’agit des violences "qui troublent l’espace public urbain". Il montre ensuite que le fait de qualifier un problème d’urbain est une façon de neutraliser le conflit et de nier la division, en un mot de dépolitiser le problème.

Il s’intéresse ensuite au traitement de ces violences par le recours à deux idéologies : l’idéologie du spatialisme et celle du localisme. Le spatialisme consiste à transfigurer les problèmes sociaux en problèmes dus à un certain type d’espace. C’est une idéologie en vertu de laquelle le cadre de vie détermine très largement le mode de vie : la configuration du bâti conditionne les comportements. Le localisme est une démarche qui consiste à formuler, étudier et traiter les problèmes là où ils se posent : au lieu de remonter aux processus globaux générateurs des violences, on se borne à traiter les conséquences locales.

Equipe technique

Directeur de la production : Christophe Porlier,
Responsable des moyens techniques : Francis Ouedraogo,
Réalisation : Service commun audiovisuel et multimédia
Captation vidéo : Sebastien Boudin, Julien Lopez, Mathias Chassagneux,
Son : Samuel Bazin, Montage-Encodage-Diffusion Web : Jean-Claude Troncard

1 Message

  • Bonjour do,

    L’exposé à l’École normale Supérieure de Lyon que je t’ai envoyé, m’avait valu des ennemis supplémentaires parmi mes ex-confrères et ex—consœurs, allergiques, il est vrai, à toute analyse marxienne des « violences urbaines ». À mes côtés sur l’estrade se trouvait l’historienne Annie Fourcaut, experte ès « jeunes de cités » qui a conseillé durant des décennies un paquet de responsables de la « politique de la ville ». Elle avait planché juste avant moi en développant une analyse des plus conformes sur ce thème que je me suis amusé à contredire. On peut la voir, excédée, quitter l’estrade avant la fin de mon exposé.

    Comme il fallait s’y attendre, les émeutes récentes ont donné l’occasion à une foule de spécialistes en sciences dites sociales (sociologues, anthropologues, géographes, politologues…) qui font carrière en analysant la « crise des banlieues » de dresser un parallèle avec celles qui s’étaient déroulées une vingtaine d’années auparavant. Pour prouver leur sagacité, ils se sont attachés à montrer que les unes et les autres n’étaient pas en tout points comparables. En prenant soin de laisser dans l’ombre ce qui les rapprochait : le fait qu’elles étaient les unes et les autres le produit dérivé d’un capitalisme redevenu « sauvage » faute d’une opposition révolutionnaire digne de ce nom.

    Annie Fourcaut, par exemple, devenue professeurs émérite à l’Université Panthéon-Sorbonne mais toujours sur le front « urbain », découvre, pour Public sénat, que « la carte des émeutes ne correspond pas du tout à celle de 2005 où les émeutes avaient clairement lieu dans les quartiers les plus pauvres », Pour elle, « les émeutes d’il y a près de vingt ans exprimaient un sentiment de danger face aux forces de l’ordre doublé d’un sentiment d’abandon. » Comme si ces sentiments avaient disparu ! Mais pour cette intello « degôche » néo-petite bourgeoise, comme pour les bourgeois dont elle est chargée d’éclairer la lanterne, un fait nouveau et inquiétant doit retenir l’attention : « À l’époque, le centre de Paris avait été épargné. Ce qui n’a pas été le cas ces derniers jours. » Comme les Gilets jaunes, les « racailleux de banlieue » ont en effet osé foutre le bordel dans les « beaux quartiers ». Et notre experte de préciser : « De manière générale, les événements ne sont plus circonscrits aux quartiers pauvres : beaucoup d’incendies ont eu lieu dans des endroits qui d’habitude sont très calmes. »

    Thomas Sauvadet, un sociologue — ou plutôt un flicologue tant ses recherches sont imprégnées d’idéologie sécuritaire — « spécialiste des bandes de jeunes » [sic], dont j’avais eu la naïveté de faciliter l’intégration dans le comité de rédaction de la revue universitaire « Espaces et Sociétés », se fend, sur la chaîne-poubelle BFMTV. Com d’un diagnostic qui ne peut qu’enchanter ses commanditaires : les derniers événements témoigneraient de « la radicalisation de l’hostilité des émeutiers. » « On a par exemple, poursuit-il, assisté beaucoup plus rapidement à des scènes de pillage. Les jeunes d’aujourd’hui ont grandi dans un environnement beaucoup plus toxique et beaucoup plus radical que les émeutiers de 2005 ».

    Environnement qui n’aurait rien à voir avec le pourrissement continu d’une société capitaliste en voie de décomposition déjà avancée. Ne cherchons surtout pas, en effet, des excuses, comme s’entêtent à le faire des chercheurs encore viciés par le gauchisme, à ces « pirates du bitume — c’est le titre de l’un des bouquins de Sauvadet, très prisé, entre autres, par les militants du syndicat policier néo-fasciste Alliance – mus par « une volonté de puissance » que seraient, selon ce socio-flic zélé, les jeunes délinquants des quartiers paupérisés. En première ligne des récentes émeutes, leur violence n’aurait rien de politique, croit-il observer : « Ils viennent plutôt des bandes de jeunes, de la rue, voire du trafic et sont habitués au conflit, déjà dans une forme de socialisation violente. » Donc, feu vert pour la répression ! La socialisation, dans « nos démocraties », n’est-elle pas d’ordinaire, comme chacun devrait le savoir, synonyme d’apprentissage de la citoyenneté ?

    Amicalement
    Jean-Pierre

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