Note : Si la Fédération suisse de gymnastique sportive exagère très nettement dans son antisexisme *, il n’empêche que cet article est en fait encore bien plus antisexe. Il me rappelle ces plages naturistes où il est à la fois interdit de ne pas être à poil et où il est en même temps interdit de bander. Pourquoi ne pourrait-on pas de temps en temps admirer la performance sans penser à la sexualiser, et de temps en temps y penser en la sexualisant, ce serait un péché ?
(*) Antisexisme signifiant bien sûr être contre le sexe. L’antisexisme est la défaite du féminisme.
Les photos des gymnastes les jambes écartées interdites en Suisse. Est-on encore capable de regarder les corps de femmes sans les sexualiser ?
https://www.breizh-info.com/2023/07…
15 juillet 2023
Audrey D’Aguanno
Dans sa nouvelle charte, la Fédération suisse de gymnastique sportive a publié un manuel sur les photos à destination des journalistes et photographes. Il s’agit d’interdire les photos des athlètes les jambes écartées, pour empêcher que les images de filles ou de femmes en plein effort de souplesse soient sexualisées et diffusées en ligne.
“Afin de protéger les gymnastes, la FSG s’efforce de ne pas publier et de ne pas transmettre de photos suggestives ou autrement délicates sur le plan éthique, notamment des photos où l’entrejambe des gymnastes est visible.”
Cela soulève plusieurs questions. La première : est-on encore capable de regarder le corps d’une femme sans penser au sexe ? Les filles spartiates qui s’entrainaient nues avec leurs compatriotes masculins, les mosaïques romaines représentants les athlètes femmes en petite tenue mais aussi les milliers de statues de corps féminins du monde antique nous disent que nous sommes les héritiers et les héritières d’une civilisation qui n’a pas peur du corps de la femme. Mais l’a toujours représenté, sublimé, et certaines fois sexualisé aussi, parce que l’éros aussi fait partie de la vie. Or, il y a des situations dans lesquelles cette sexualisation n’a pas lieu d’être. La nouvelle mode du burkini enflamme les débats et vient nous rappeler que toutes les civilisations ne partagent pas notre liberté et notre nonchalance en la matière.
Mais certes, statues et mosaïques, c’était avant. Avant l’ère d’internet et l’explosion de tous les vices, nourris, arrosés, alimentés, démultipliés par le rassemblement de pervers qui chassent et se fomentent sur la toile. Et cela amène donc à la deuxième question : doit-on modifier notre comportement parce que les pervers existent ? Un comportement sain, authentique, presque naïf, celui du regard que nous portons sur les athlètes en plein effort, doit-il se soumettre à leur dépravation ? Interdire des photos saines, authentiques, naïves – et souvent superbes ! – ne viendrait-il pas à justifier la sexualisation que l’on entend dénoncer ?
Cette photo devrait tout au plus évoquer effort, passion, sueur et liberté.
Oscar Wild avait écrit que “la beauté est dans les yeux de celui qui regarde“. La laideur et les pensées déplacées, mauvaises, dépravées aussi. Doit-on s’y soumettre pour préserver nos filles ? Force est de constater que notre époque nous met devant des défis difficilement surmontables.
Doit-on se priver d’une telle perfection ?