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Des centaines de réfugiés éthiopiens tués par des gardes frontières saoudiens dans le désert

mardi 22 août 2023, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 22 août 2023).

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22 août 2023

Assawra

Dans un rapport publié lundi 21 août 2023, l’ONG Human Rights Watch accuse l’Arabie Saoudite d’avoir tué des centaines de réfugiés éthiopiens, à la frontière avec le Yémen. / Olivier Jobard/ MYOP

Human Rights Watch révèle des tueries systématiques commises par le pays du golfe Persique à sa frontière avec le Yémen à l’encontre de milliers d’Éthiopiens en quête de travail. Dans son rapport publié lundi, l’ONG indique que Riyad se rend coupable de «  crimes contre l’humanité ».

Le massacre s’inscrit désormais au registre des actes épouvantables dans l’histoire des migrations. Nadia Hardman, spécialiste des migrations à Human Rights Watch (HRW), résume d’une phrase glaçante le sort réservé aux réfugiés éthiopiens qui tentent d’entrer en Arabie saoudite. «  Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée (la route qui relie la Corne de l’Afrique au Golfe – NDLR), à l’abri du regard du reste du monde  », décrit-elle dans un rapport de l’ONG, publié lundi 21 août.

Les faits révélés ont eu lieu entre mars 2022 et juin 2023. Ces meurtres, qui se poursuivent, précise HWR, dans le cadre d’une politique anti-migrants, pourraient constituer un «  crime contre l’humanité  ».

Des milliers d’Éthiopiens se rendent régulièrement dans cette monarchie obscurantiste du Golfe gorgée de pétrodollars en quête de jobs de survie. Quelque 750 000 personnes sont parvenues à y vivre et à y travailler. Ils ont fui les violations des droits humains et les guerres internes qui déchirent leurs pays en passant par le Yémen, pays pauvre au territoire embrasé depuis plus de huit ans par une guerre oubliée.

HRW recueille les preuves de ces assassinats de migrants à la frontière depuis 2014. L’organisation parle aujourd’hui «  d’escalade délibérée tant dans la quantité que dans la manière dont ces meurtres ciblés sont perpétrés  ».

Des attaques «  généralisées et systématiques  »

Dans cette enquête de 73 pages intitulée «  “Ils ont fait pleuvoir les tirs sur nous”  : les massacres de migrants éthiopiens par l’Arabie saoudite à sa frontière avec le Yémen  », l’ONG décrit le caractère planifié de ces agressions. Les tueurs saoudiens ont mené des attaques «  généralisées et systématiques  », faisant usage d’armes explosives et ont abattu des hommes, des femmes et des enfants à bout portant.

Mais le rapport va plus loin dans l’horreur en révélant que les gardes frontières ont également contraint leurs victimes à désigner les personnes à abattre et se sont cruellement amusés avec ces tirages au sort avant d’achever des réfugiés impuissants entre leurs mains.

Ces récits ont été obtenus par les témoignages de 42 personnes, dont 38 migrants et demandeurs d’asile ainsi que quatre membres de la famille ou amis de ceux qui ont tenté de traverser ce chemin de la mort entre mars 2022 et juin 2023.

L’ONG a également exploité plus de 350 vidéos et photographies publiées sur les réseaux sociaux, vérifiées et géolocalisées, ainsi que plusieurs centaines de kilomètres carrés d’images satellites. Elle a pu repérer des groupes d’environ 200 personnes constitués par beaucoup de femmes et d’enfants non accompagnés repoussés par les Saoudiens.

Elle a aussi identifié «  ce qui paraît être un véhicule MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) positionné du 10 octobre 2021 au 31 décembre 2022 à l’un des postes saoudiens  », et qui «  semble être équipé d’une mitrailleuse lourde montée dans une tourelle sur son toit  ». Un engin de guerre  !

Citant les conclusions de membres du groupe d’experts indépendants du Conseil international de réhabilitation pour les victimes de la torture, une organisation d’experts médico-légaux, HRW confirme que certaines blessures résultent de l’explosion de munitions diffusant chaleur et fragmentations, et de tirs par balles.

Un partenaire privilégié des pays occidentaux

Les réfugiés interrogés décrivent des scènes d’horreur  : des corps de femmes, d’hommes et d’enfants sur les chemins de montagne, gravement blessés, déjà morts ou démembrés. «  Au début, je mangeais avec des gens, et ensuite, ils étaient en train de mourir  », raconte un migrant cité par HWR. «  Il y a des gens qu’on ne peut pas identifier parce que leurs corps sont dispersés de partout. Certaines personnes ont été déchirées en deux.  » Autre scénario monstrueux  : un jeune homme de 17 ans affirme avoir été forcé, lui et d’autres, à violer deux survivantes.

«  Dépenser des milliards pour acheter des clubs de golf professionnels, des clubs de football et organiser de grands évènements de divertissement de renommée mondiale pour améliorer l’image de l’Arabie saoudite ne devrait pas détourner l’attention de ces crimes  » , met en garde la chercheuse Nadia Hardman.

L’Arabie saoudite, grande amie de la France et partenaire économique privilégiée des pays occidentaux, commet ainsi des crimes particulièrement abominables en coulisses. La monarchie déploie d’innombrables dispositifs dans tous les secteurs, allant de la diplomatie au sport en passant par l’événementiel prestigieux pour masquer ces atteintes aux droits humains.

Le rapport de l’ONG ouvre une brèche dans l’image de façade redorée à coups de milliards de dollars. HRW en appelle aux Nations unies pour l’ouverture d’une enquête. En attendant, nul doute que les gardes frontières saoudiens continuent à tuer impunément…

Nadjib Touaibia
L’Humanité du 21 août 2023


L’Ethiopie annonce une enquête conjointe avec l’Arabie Saoudite après des accusations d’exécutions de migrants

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22 août 2023

Assawra

Le gouvernement éthiopien a annoncé qu’il allait mener une enquête conjointe avec l’Arabie saoudite, après la publication d’un rapport de Human Rights Watch accusant des gardes-frontières saoudiens d’avoir tué des « centaines » de migrants éthiopiens entre mars 2022 et juin 2023.

« Le gouvernement éthiopien enquêtera rapidement sur l’incident en collaboration avec les autorités saoudiennes », a annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur le réseau social X (ex-Twitter).

« À ce stade critique, il est fortement recommandé de faire preuve de la plus grande retenue et de ne pas faire de déclarations inutiles jusqu’à ce que l’enquête soit terminée », ajoute le ministère, assurant que « les deux pays, malgré cette malheureuse tragédie, entretiennent d’excellentes relations de longue date ».

Dans un rapport publié lundi, Human Rights Watch (HRW) affirme que les gardes-frontières saoudiens ont tué des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe via la frontière avec le Yémen, entre mars 2022 et juin 2023.

Les autorités saoudiennes contestent les faits rapportés par l’ONG. Une source gouvernementale affirme à l’AFP qu’elles sont « infondées et ne reposent pas sur des sources fiables ».

Les États-Unis, partenaires de longue date de la monarchie du Golfe, ont appelé à une enquête.

Ce rapport est « très inquiétant » et porte des accusations « très graves », a déclaré un porte-parole de l’ONU, relevant toutefois qu’il est difficile de « confirmer » ces allégations.

Dans son rapport de 73 pages, HRW s’appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens ayant tenté de pénétrer en Arabie saoudite depuis le Yémen, des images satellites, des vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ».

Les personnes interrogées ont évoqué des « armes explosives » et des tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Éthiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ».

Des centaines de milliers d’Éthiopiens travaillent en Arabie saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans.

Agence France-Presse du 22 août 2023

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