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Bulletin Comaguer 539
14 décembre 2023
Deux Documents en complément de l’émission COMAGUER du 13.12.2023 sur
« L’Impérialisme, la guerre et le Droit» (prochainement disponible sur
le podcast de la radio)
1-Sur le nazisme
Dans le « Que sais-je » consacré au Procès de Nuremberg
( 1945/1946) publié en 1996 et écrit par le juriste français François de
Fontette, mention est faite des interventions des procureurs représentant les 4
puissances organisatrices du Procès Etats-Unis France Grande Bretagne et
URSS. Pourles Etats-Unis le procureur général Jackson prononce quelques
phrases qui résonnent très fortement dans nos consciences
d’aujourd’hui.
« Ce qui constitue l’importance de ce
procès , c’est que ces prisonniers représentent des influences sinistres qui se
dissimuleront de par le monde bien longtemps après qu’eux-mêmes seront
retournées en poussière […]La civilisation ne peut pas admettre de compromis
avec les tendances sociales qui verraient leur force se renouveler si nous
traitions d’une manière équivoque ou indécise ces hommes en qui ces forces
survivent encore temporairement »
Jackson était-il sincère ou inaugurait-il
avec brio la politique du double langage que l’empire atenu sans discontinuer
depuis 1946 ? Il est permis de
se le demander puisque on sait que de nombreux autres dignitaires nazis ayant
échappé aux poursuites furentdès ce moment-là recyclés par les Etats-Unis et
reprirent même du service en Allemagne de l’Ouest et que leurs descendants,
ukrainiens par exemple, nourris au
lait de la « démocratie » étasunienne exercent encore sous nos
yeux ces« influences sinistres » .
2- Sur les rapports des Etats-Unis avec la
CPI
Clinton a consacré beaucoup d’énergie pendant sa présidence à
faire adopter et signer le statut de Rome fondateur de la Cour Pénale
Internationale. Quelques jours avant la fin de son second mandat il appose
lui-même la signature des Etats-Unis. L’équipe néo conservatrice de GW Bush va
retirer la signature des Etats-Unis. Donald Rumsfeld, Ministre de la Défense, en
donne la raison.
Communiqué
du Pentagone, 6 mai 2002 : Déclaration du Secrétaire Rumsfeld sur le Traité de
la CPI
Dimanche
12 mai 2002
Plus
tôt dans la journée, l’administration a annoncé la décision du président de
notifier officiellement aux Nations Unies que les États-Unis ne deviendront pas
partie au traité de la Cour pénale internationale. La déclaration des
États-Unis, qui a été remise au secrétaire général ce matin, annule
effectivement la décision antérieure du gouvernement américain de devenir
signataire.
L'entrée
en vigueur de la CPI le 1er juillet signifie que nos hommes et nos femmes en
uniforme, ainsi que les responsables américains actuels et futurs, risquent
d'être poursuivis par la CPI. Nous tenons à préciser que les États-Unis
rejettent les prétendues revendications juridictionnelles de la CPI – et les
États-Unis considéreront comme illégitime toute tentative de la Cour, ou des
États parties au traité, d’affirmer la compétence de la CPI sur les citoyens
américains.
Les
États-Unis ont un certain nombre d'objections sérieuses à la CPI, parmi
lesquelles l'absence de freins et contrepoids adéquats sur les pouvoirs du
procureur et des juges de la CPI, la dilution de l'autorité du Conseil de
sécurité de l'ONU sur les poursuites pénales internationales et l'absence de
tout mécanisme efficace pour empêcher les poursuites politisées contre les
militaires et les responsables américains.
Ces
failles seraient préoccupantes à tout moment, mais elles sont particulièrement
troublantes au milieu d'une guerre difficile et dangereuse contre le terrorisme.
Il y a un risque que la CPI tente d’affirmer sa juridiction sur les militaires
américains, ainsi que sur les civils, impliqués dans des opérations
antiterroristes et d’autres opérations militaires, ce que nous ne pouvons pas
permettre.
» Nonobstant ces objections au traité, les États-Unis
respectent la décision des nations qui ont choisi d'adhérer à la CPI. Mais ils
devront, à leur tour, respecter notre décision de ne pas adhérer à la CPI ou de
placer nos citoyens sous la juridiction de la Cour.
Malheureusement,
la CPI ne respectera pas la décision des États-Unis de rester en dehors du
traité. Au contraire, les dispositions de la CPI revendiquent le pouvoir de
détenir et de juger des citoyens américains, des soldats, des marins, des
aviateurs et des Marines, ainsi que les responsables actuels et futurs, même si
les États-Unis n’ont pas donné leur consentement pour être liés par le traité.
Lorsque le traité de la CPI entrera en vigueur cet été, les citoyens américains
seront exposés au risque d’être poursuivis par un tribunal qui n’a pas de
comptes à rendre au peuple américain et qui n’a aucune obligation de respecter
les droits constitutionnels de nos citoyens. Les États-Unis trouvent cela
troublant et inacceptable, à juste titre.
Il est clair que l'existence d'une Cour
pénale internationale, qui tente de revendiquer la juridiction sur nos hommes et
nos femmes en uniforme stationnés dans le monde entier, compliquera
nécessairement la coopération militaire des États-Unis avec les pays qui sont
parties au traité de la CPI – parce que ces pays peuvent maintenant encourir
l'obligation conventionnelle de remettre des ressortissants américains à la
Cour, même en dépit des objections des États-Unis. Les États-Unis
considéreraient qu’une telle action est illégitime.
Nous avons évidemment l'intention d'éviter de telles actions.
Heureusement, il y a peut-être des mécanismes dans le traité qui nous permettent
de travailler bilatéralement avec nos amis et alliés, dans la mesure où ils le
souhaitent, afin d'empêcher la juridiction du traité et d'éviter ainsi des
complications dans notre coopération militaire (1).
De
toute évidence, les pays qui n'ont pas ratifié le traité ne seraient pas tenus
de coopérer avec la Cour. Enexposant les hommes et les femmes américains
en uniforme au risque de poursuites politisées, la CPI pourrait bien créer un
puissant effet dissuasif sur l'engagement militaire des États-Unis dans le
monde. Si c'est le cas, cela pourrait être une recette pour l'isolationnisme -
ce qui serait malheureux pour le monde, étant donné que notre pays s'est engagé
à s'engager dans le monde et à contribuer à un monde plus pacifique et plus
stable.
» Pour une dissuasion forte, il est essentiel que les
États-Unis se projettent vers l'avant, et pas vers l'arrière. Nous devons être
prêts à défendre notre peuple, nos intérêts et notre mode de vie. Nous avons
l'obligation de protéger nos hommes et nos femmes en uniforme de ce tribunal et
de préserver la capacité de l'Amérique à rester engagée dans le monde. Et c'est
ce que nous avons l'intention de faire. »
Cette déclaration prend tout son sens alors que la guerre contre
le terrorisme est lancée depuis le 11 Septembre 2001 et que Rumsfeld prépare
l’invasion de l’Irak qui détiendrait des armes de destruction massive comme l’a
affirmé ensuite Colin Powell en agitant un tube à essai sous les yeux des
membres de Conseil de Sécurité. Un grand moment de mensonge impérialiste (et …
un million de morts)
(1)Note Comaguer
Rumsfeld voyait loin et savait que les Etats Unis pourraient
toujours compter sur la Grande-Bretagne, partie au traité, pour utiliser la CPI
dans leur intérêt. La preuve en a été offerte cette année par le mandat d‘arrêt
lancé par le nouveau procureur britannique de la CPI Karim Khan contre le
Président russe .
Rappelons que lorsque Fatou Bensouda qui a précédé Karim Khan à ce poste a eu des velléités d’inculper des militaires étasuniens pour des crimes de guerre commis en Afghanistan elle a été sèchement remise à sa place et interdite de séjour aux Etats-Unis.