VIVE LA RÉVOLUTION

Et la révolution ?

mercredi 3 janvier 2024, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 3 janvier 2024).

Bonsoir,

Plusieurs camarades et amis, qui se reconnaîtront, m’ont fait parvenir des textes qui, pour être différents, tournent tous autour des élections. Voici ce que —fraternellement— ils me suggèrent.

La formation économique et sociale capitaliste française serait-elle restée la même depuis 1/2 siècle, pour que certains veuillent nous faire rejouer aux campagnes électorales du passé ?

Pourtant, la France s’est désindustrialisée, sa population a augmenté sans tenir compte des emplois qui disparaissaient, et l’utilisation de sa langue maternelle a reculé comme son quotient intellectuel. Pourtant, l’expérience du général de Gaulle, affirmant que la politique de la France ne se décidait pas à la corbeille, mais qui se voyait imposer un premier ministre issu de la banque, aurait dû faire réfléchir. Pourtant, le peuple de France, constatant que son vote non en 2005 avait été transformé en oui, las d’être manipulé par les politiciens, refuse ma-jo-ri-tai-re-ment de jouer au jeu des élections, et cherche une solution ailleurs que dans les urnes…

N’est-il pas remarquablement triste que des "révolutionnaires" n’aient pas d’autre perspective que les urnes ? Et la révolution, camarades ?

La révolution ? Oui, la révolution. Ce n’est pas la prise du pouvoir et son exercice par une fraction du peuple, fût-elle la "classe ouvrière", mais le pouvoir populaire exercé par le peuple. Ceux qui ont participé aux Gilets jaunes savent ce qu’ils ont appris de cette expérience de lutte, et ont réfléchi aux moyens à mettre en œuvre pour sortir de l’ornière de la pseudo-démocratie actuelle.

Si la première condition de la révolution c’est un peuple soudé (sur les revendications des Gilets jaunes, par exemple), la seconde, c’est que la révolution ne peut-être victorieuse que si l’Armée le permet. Où en est l’Armée française (notre Armée ?) aujourd’hui ? En se rappelant que, le 16 novembre 2018, l’Armée française a refusé que Paris soit une répétition du 23 février 2014 à Kiev, il suffit d’écouter le concert des politiciens et des médias du capital pour comprendre qu’elle n’est pas vraiment de leur côté.

Ceux qui ont connu les années Mitterrand devraient se rappeler de sa formule grâce à laquelle les gouvernements français ont pu liquider les acquis de la classe ouvrière, du Front populaire, et du Conseil national de la Résistance : "avec l’extrême-droite, nous sommes imbattables". N’est-ce pas ce qui a permis l’élection de Macron par une minorité de notre peuple (18 %) ? N’est-ce pas ce qui se prépare à resservir avec la participation de "révolutionnaires" ?

Faire la révolution suppose aussi dessiller les Français sur les manipulations dont ils sont l’objet, à commencer par les opérations sous faux drapeau. Quand une enquête judiciaire sur l’origine des armes de terroristes est bloquée par le "secret défense", l’information délivrée à tous est de taille, mais les médias (sous l’impulsion du groupe qui les dirige) n’en parlent pas. C’est ainsi que de Merah à Coulibaly en passant par Anzorov, des terroristes trouvent la mort : il est essentiel qu’ils ne parlent pas.

Penser révolution, c’est aussi s’interroger sur une pandémie qui ne fait pas notablement plus de morts que les épidémies habituelles, les atteintes aux libertés et le coût économique qu’elle a permis, la vaccination avec des vaccins qui n’en sont pas et en dehors des garanties légales, le tout permettant une prise en main des peuples et des profits faramineux pour quelques-uns.

C’est que depuis les années de plomb de l’Italie et l’assassinat d’Aldo Moro (partisan de l’alliance entre les démocrates-chrétiens et les communistes), en passant par l’effondrement de 3 tours à Manhattan avec seulement 2 avions, et le flacon d’anthrax de Colin Powell à l’Onu, ce ne sont pas les manipulations qui ont manqué : va-t-on enfin découvrir les armes de destruction massive de Saddam Hussein ?

Derrière tous ces mensonges, et leur cortège de morts, de mutilés, de déplacés, de pays détruits, il y a le capital financier. Les luttes de ceux qui nous ont précédés prouvent que le capital financier ne peut-être battu dans les urnes que lorsque le peuple s’est déjà rassemblé, et qu’il a dépassé les manœuvres des politiciens qui veulent les faire voter pour que le système continue.

Malgré tous les "progrès", une barricade n’a toujours que 2 côtés. Avec le peuple, ou avec le capital financier ? La révolution, ou la poursuite de l’écrasement du peuple ? Il faut choisir, camarades…

Jean-François Autier


Bonsoir,

Merci, Alain, de me donner l’occasion de continuer à m’expliquer sur notre Armée, en rappelant que je ne suis mandaté par personne pour le faire, et qu’actif, j’étais cheminot, ajusteur mécanicien. J’extrais de ton texte sa phrase contestataire : “Considérant que les militaires Français sont intervenus à la Réunion contre les Gilets Jaunes, tu me permettras d’avoir des doutes sur cet important sujet.”

En France, le Chef des Armées est le Président de la République, et partage son pouvoir avec le Premier Ministre et le gouvernement. Comment faut-il comprendre que le Chef d’État-Major, choisi par Macron, ait pu (ou ait osé) refuser la demande de Macron de faire intervenir l’Armée contre les Gilets jaunes ? Nul ne peut contester que c’est là l’expression d’un désaccord politique fondamental, qui n’a pas été rendu public immédiatement.

Pour autant, ce refus a été contourné à La Réunion, comme tu l’écris, mais aussi —et cela aurait pu faire basculer la France au fascisme dès le 16/11/2018— à Paris. Ce jour-là, pendant que l’affrontement était en cours à l’Arc de triomphe, une vidéo est apparue sur Spoutnik ou RT (je zappais entre les 2), qui avait disparu quelques heures plus tard, quand j’ai voulu l’enregistrer. Sans parole ni son, la caméra montrait l’Arc de triomphe et les affrontements ; elle faisait découvrir qu’elle enregistrait depuis un toit ; puis elle faisait découvrir un sniper en position de tir et visant vers l’Arc de triomphe ; le sniper tournait la tête à gauche et ses lèvres bougeaient comme s’il échangeait avec quelqu’un à sa gauche, hors du champ de la caméra ; enfin le sniper se relevait, pliait son arme et amorçait son départ par la gauche. La vidéo s’arrêtait là, elle avait duré moins de temps qu’il m’en faudrait pour dactylographier son synopsis si j’avais encore l’usage de mes 2 mains.

Que cette vidéo ait disparu (je ne peux pas être seul à l’avoir vue) est indicatif du bras de fer qui se joue sans que le peuple français en ait conscience. Quels groupes sont en présence dont nous ne percevons que l’écume de certains remous (liquidation de Fillon, par exemple) ? L’état profond, celui qui tire les ficelles et ramasse la monnaie, nous endort avec ses médias.

N’est il pas remarquable qu’un demi-siècle après 68, 30 ans après 81, alors que personne ne peut ignorer qu’aucun changement profond ne pourra se faire sans au minimum le laisser-faire de l’Armée, peu nombreux sont ceux qui sont attentifs à ce qui se passe dans l’Armée ? Que faut-il penser de ceux qui prêchent la révolution, mais ne s’intéressent pas à l’Armée ? Pourquoi cet ostracisme vis-à-vis du service public de défense nationale ? Leurs dirigeants, choisis par les gouvernements, ne sont pas pires que les autres ; au contraire : ils s’opposent à la liquidation de l’outil de travail, c’est-à-dire, après la disparition de l’armée de conscription, la liquidation de l’armée de métier, pour faire place à l’armée privée ! Faut-il être devin pour y voir le nez du capital financier ?

La différence avec les autres services publics, c’est qu’il n’y a pas de syndiqués dans la troupe ! C’est que l’Armée fonctionne (fonctionnait ?) avec un sens profond de la hiérarchie, mais qu’aujourd’hui, nul n’est sûr que certains subordonnés ne retourneront pas leurs armes contre la Nation. Et quand les militaires (la haute hiérarchie) alertent sur le danger de délitement national, voire de guerre civile, ils sont menacés de sanction, et il s’en trouve même, de tous bords, qui pour les remercier crient : au fascisme !

En refusant de cautionner la farce électorale, le peuple souverain vient de remettre les pendules à l’heure (ne pas omettre d’ajouter aux abstentionnistes, les blancs et nuls, certes, mais surtout ceux qui ne se font plus inscrire sur les listes électorales : non, ce ne sont pas que des pêcheurs à la ligne !). Mettant en œuvre, sans doute sans le savoir, la lettre d’Élisée Reclus à Jean Grave (1885), il vient de montrer qu’il n’avait pas besoin de mentors pour le cornaquer. Peut-être acceptera-t-il ceux qui, humblement, viendront se mettre à son service ? C’est ça la révolution : la souveraineté du peuple !

Jean-François Autier


Bonsoir,

Deux réactions à mon interpellation "Et la révolution ?", dont je remercie les auteurs, en souhaitant que ceux que je laisse en souffrance veuillent bien m’excuser.

1. "… j’aimerais au moins savoir l’histoire des 3 tours de Manathan ; on ne m’en a raconté que deux."

En demandant à son moteur de recherche "Combien d’immeubles se sont effondrés à Manhattan le 11 septembre 2001 ?" on trouve en cherchant un peu (on se demande bien pourquoi il faut chercher) : "Le complexe du World Trade Center était composé de sept immeubles, dont trois se sont complètement effondrés le jour des attentats. Le 11 septembre 2001 à 17 h 20, le bâtiment 7 du World Trade Center, un gratte-ciel à charpente métallique de 47 étages et de 186 m de hauteur, séparé du reste du complexe par la Vesey Street, fut la troisième tour à s’effondrer." https://fr.wikipedia.org/wiki/Effon…

2. "… Depuis la Corée et l’Indochine rien a changé fondamentalement à l’intérieur de la grande muette ; du moins c’est ce que je pense…."

Je n’ai pas l’intention de faire baisser la garde à quiconque, par contre, je souhaite que l’on examine à grands traits ce qui a changé depuis la guerre d’Indochine (où étaient engagés des volontaires, mais pas le contingent, et des officiers issus de la Résistance), celle d’Algérie (où étaient engagés le contingent, mais pratiquement plus d’officiers issus de la Résistance : ils étaient "parqués" dans diverses casernes, notamment de la région parisienne, sans pratiquement de contact avec la troupe), et notre époque.

Les militaires qui s’expriment (des retraités, mais dont les liens avec les actifs ne sont pas discutables) sont, pour l’essentiel, nés de la dernière guerre et du baby-boom. L’origine sociale de leur recrutement est différente de ce qu’il était avant-guerre. Adolescents, ils ont vécu la décolonisation, et non la colonisation. Enfin, officiers supérieurs, ils ont vécu d’abord la fin de la conscription (le passage de troufions conscrits qui aimaient la France, à des engagés pour le casse-croûte, puis à un recrutement dans lequel certains rejettent la France et apprennent le métier des armes pour les utiliser… contre nous ?). Ensuite, ils ont vécu la soumission du budget des Armées au capital financier, au point que des locaux (la plupart, sinon tous) n’appartiennent plus à l’Armée (en location), comme de plus en plus de matériels de combat (véhicules, blindés, hélicoptères, avions, etc.), certains matériels étant inutilisables parce qu’en panne, et sans budget pour les réparer.

La plupart des idées naissant dans la base matérielle, voilà, à peu près, quelle est l’évolution de la base matérielle de la réflexion de nos militaires.

Au niveau de la bataille idéologique, ce n’est pas eux qui ont décidé de vendre l’école de formation des cadres du PCF, mais comme tous, ils en subissent les conséquences. Ils baignent dans le même jus que tout le monde, un jus dont les idées de lutte de classes sont pratiquement absentes. Mais c’est ce jus qui a permis —ou n’a pas pu empêcher— l’éclosion des Gilets jaunes. Est-ce pour cela que l’état-major (des militaires d’active, ceux-là) a refusé au gouvernement Macron l’engagement de l’Armée contre les Gilets jaunes le 16 novembre 2018 ?

C’est sur ce fond qu’intervient la tribune des militaires. Leur problème —mais n’est-ce pas aussi notre problème ?— c’est que, service public de défense nationale, ils voient la Nation de déliter. L’existence de zones où s’appliquent d’autres lois que celles de la Nation est une réalité incontestable. Ils redoutent —et le font savoir— qu’on leur demande de rétablir la continuité de la Nation avec des hommes de troupe dont il n’est pas sûr que certains n’utiliseront pas leurs armes contre la Nation, pour la faire disparaître.

Quand des militaires précisent le danger et nomment l’islam, ici et là s’élèvent des protestations, notamment au nom des libertés religieuses, et pas seulement que de ceux qui confondent islam et religion musulmane, mais aussi de ceux qui veulent qu’en France s’applique la charia.

Il me semble que nous sommes à ce moment privilégié où les aspirations des personnels du service public de défense nationale rencontrent ceux du peuple, donc de la Nation : la communauté d’un peuple sur un territoire, ayant en commun ses us et coutumes, faisant sienne l’Histoire de ce pays, et désirant vivre ensemble. Quelles que soient les préventions contre telle ou telle composante de cette Nation, allons-nous nous en saisir comme un certain nombre d’entre nous savent (ou ont su) le faire dans leurs entreprises, pour mener l’action commune qui a permis les avancées sociétales d’hier ? Ou continuer les reculs d’aujourd’hui, et l’enfoncement dans le fascisme ?

"Quand les blés sont sous la grêle Fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au cœur du commun combat" (Aragon, 1943, La rose et le réséda)

Jean-François Autier, ajusteur mécanicien retraité.

1 Message

  • Et la révolution ? 3 janvier 21:38, par Luniterre

    A lire les traces anciennes et plus récentes qu’il a laissé sur le net, j’ai nettement l’impression que le camarade ajusteur-mécanicien, éventuellement cheminot, selon certains liens, a passé beaucoup de temps à ajuster ses illusions à la réalité, qui évolue plus vite qu’il ne peut la saisir et dans le « mauvais » sens par rapport au sens de l’histoire qu’il a longtemps cru discerner, comme pas mal d’entre-nous, d’une génération bientôt passée…

    Mais l’aiguillage de la Révolution prolétarienne est resté coincé quelque part dans les friches de la désindustrialisation et les déserts de la robotisation et il tente de descendre en marche pour prendre le petit train du nationalisme militariste « populaire », sinon « populiste », et pourquoi pas, ce serait encore un pis-aller par rapport à la macronie, mais ce train là n’est-il pas tout simplement déjà coincé en gare de triage ?

    Sur les quais, il croit encore discerner au passage les ombres du « capital financier », mais là aussi ce ne sont plus que les décors d’une scène de casino derrière lesquels s’activent les ordinateurs des Banques Centrales qui règlent constamment et littéralement le spectacle au « quart de poil », par « ajustements des taux » de « 25 points de base » (0,25%) en plus ou moins, pour que tout continue sans autres « heurts » que ceux qui tuent les victimes des conflits « habituels », en Palestine, en Ukraine, etc…

    Autrefois, il ne fallait pas « désespérer Billancourt », mais il s’est avéré plus simple de le supprimer.

    Aujourd’hui il n’y a plus grand monde à « désespérer », le fatalisme ayant finalement supplanté l’espoir.

    Le camarade ajusteur-cheminot-retraité semble nettement en être encore à ajuster ses dernières illusions à l’échec des Gilets Jaunes de 2018 : il a donc encore au moins un train de retard !

    Pas de « fin de l’histoire » pour autant…

    Plutôt un « train d’enfer » au contraire…

    En tout cas du côté de Gaza…

    Et même plus de gare, plus d’arrêt, plus de sortie…

    Et sur les quais de l’Occident, on regarde passer ce train de l’histoire, au loin, en agitant, à l’occasion, quelques drapeaux…

    Luniterre

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