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Comaguer 547 - 30 janvier 2024 - Nier l’évidence ? PDF, DOCX

mercredi 31 janvier 2024, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 31 janvier 2024).

Version PDF : http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/Coma…

Version DOCS : http://mai68.org/spip2/IMG/docx/Com…

Bulletin Comaguer 547

30 janvier  2024

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NIER L’EVIDENCE ?

Les 15 magistrats qui siègent à la Cour Internationale de Justice (CIJ) auxquels s’étaient ajoutés 2 magistrats un sud-africain et un israélien représentant les 2 Etats parties à l’instance viennent de se livrer à un exercice délicat.

Ils savaient que leur avis était attendu au premier chef par le peuple palestinien mais aussi par des millions d’autres sur tous les continents qui plaçaient leurs espoirs dans un appel officiel à suspendre le génocide en cours à Gaza .

Ils savaient donc que cet avis engageait la crédibilité et la respectabilité du système onusien dans lequel ils occupent la place de celui qui dit le droit dans les affaires internationales.

Ils savaient qu’ils devaient prendre position sur les actes d’un état membre de l’ONU et signataire, dès sa proclamation unilatérale, de la convention internationale contre le crime de génocide à la requête d’un autre membre dont la population a conduit une lutte exemplaire pour renverser un pouvoir raciste colonisateur menant une politique d’apartheid, de discrimination ethnique et dont les intentions génocidaires n’avaient pu aboutir qu’en raison de l’énorme disproportion entre la population victime et celle des colonisateurs.

Ils savaient que le dossier de 83 pages déposé par l’Afrique du Sud à l’appui de sa plainte était accablant pour Israël.

Ils ne pouvaient donc pas nier l’évidence d’autant plus que d’autres institutions de l’ONU : l’OMS, l’UNWRA la confirmaient et que le secrétaire général de l’ONU en personne avait souligné dans la langue enrobée de la diplomatie que la « question palestinienne » était un vieux problème international attendant toujours une solution.

Une habile navigation entre tous ses écueils a permis à la cour de livrer un travail d’orfèvre qui ne sauve aucune vie à Gaza ni en Cisjordanie mais qui sauve la face, sa face.

Oui la CIJ ne nie pas l’évidence , ne rejette pas la plainte déposée par l’Afrique du Sud et va donc se mettre au travail pour produire un jugement au fond. Mais elle n’a pas accepté de prendre la mesure conservatoire demandée :celle d’un cesser le feu c’est-à-dire la suspension de l’activité militaire meurtrière ininterrompue menée systématiquement par un état membre de l’ONU contre un peuple occupé.

En sauvant la face la CIJ a une nouvelle fois administré la preuve de son impuissance statutaire qui est parfaitement symbolisée par son logo. Classiquement la justice est représentée par la déesse grecque Thémis portant d’une main une balance avec ses deux plateaux dont le jugement final rompra l’équilibre initial , la balance penchant dans le sens de celui des justiciables auquel elle donnera raison . De l’autre main Thémis tient un glaive et peut donc utiliser la force pour que son jugement soit appliqué.

Pour la CIJ Le logo est différent et parfaitement explicite : la justice est assise, tient la même balance de la main gauche mais n’a à la main droite qu’un rameau d’olivier.

Il y a beau temps que Blaise Pascal a tiré les leçons de ces représentations La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique. (Pensées)

Les magistrats de la CIJ étaient tous tellement conscients de l’impossibilité de nier l’évidence qu’ils ont conclu quasiment à l’unanimité à la culpabilité d’Israël dans tous les actes qui qualifient un génocide en cours. Seuls deux d’entre eux ont refusé de reconnaitre cette culpabilité : le magistrat israélien évidemment et la magistrate ougandaise qui l’a même outrepasséen votant contre toutes les demandes votées par ses collègues.

La CIJ a ainsi mangé son pain blanc. Car dans exactement 30 jourselle devra vérifier si l’Etat d’Israël a cessé de se livrer aux activités à caractère génocidaire recensées dans le dossier de l’Afrique du sud dont elle a reconnu la validité.

Si tel n’est pas le cas et rien n’indique dans les réactions israéliennes qu’il puisse en aller autrement, la CIJ devra soit admettre urbi et orbi son impuissance et poursuivre à son rythme l’instruction au fond de la plainte sud-africainece qui aura pour conséquence la mort non plus de dizaines de milliers de palestiniens mais de centaines de milliers.Le jugement précédent qu’elle a rendu pour la Palestine a conclu à l’illégalité de la construction des murs dans lesterritoires occupés . La construction a continué.

L’autre issue est d’en référer au Conseil de Sécurité de l’ONU seul en capacité de saisir le glaive de Thémis.

Dans cette seconde hypothèse la situation géopolitique apparaitra dans toute sa nudité glaçante : soit les Etats-Unis une nouvelle fois utilisent leur droit de veto et protègent l’Etat israélien criminel mais ils le feront cette fois face à une opinion publique internationale en alerte qui ne pourra que conclure non pas à leur complicité mais à leur culpabilité totale et directe sur tous les plans : politique, militaire et financier dans le génocide en cours. De quoi bouleverser la campagne électorale et ouvrir une crise politique majeure aux Etats-Unis qui se répercutera chez leurs alliés et deviendra une crise de l’hégémonie étasunienne dont les prémices sont visibles.*

Soitils désavouent Israël mais ce désaveu pour être crédible ne pourra se limiter à des acrobaties langagières qui le plus souvent consistent à détourner le regard sur un tiers, « un pelé, un galeux, d’où viendrait tout le mal » . Désavouer l’état sioniste c’est arrêter immédiatement tout financement, tout envoi d’armes, toute provocation militaire directe, tout attentat sous faux drapeau, tout déplacement du front dans un autre pays. C’est jeter la déclaration Balfour dans la poubelle de l’histoire , 107 ans après, c’est déchirer la société israélienne.

Les juges de la CIJ n’ont pas pu nier l’évidence. L’Empire ne pourra plus la nier bien longtemps .

* CHARTE ONU - Article 94.2

1-Chaque Membre de l’Organisation des Nations Unies s’engage à se conformer à la décision de la Cour internationale de Justice dans toute affaire à laquelle il est partie.

2. Si l’une des parties à une affaire ne s’acquitte pas des obligations qui lui incombent en vertu d’un arrêt rendu par la Cour, l’autre partie peut recourir au Conseil de sécurité, qui peut, s’il le juge nécessaire, faire des recommandations ou décider des mesures à prendre pour donner effet à l’arrêt.

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