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1994-2017 Collaboration « droite-gauche », un héritage sanglant et mortifère

mercredi 24 mai 2017, par Luniterre

Le Mai des assassins :

Une lettre de Sindikubwabo à Mitterrand

"Le Peuple rwandais vous exprime ses sentiments de gratitude pour le soutien moral, diplomatique et matériel que Vous lui avez assuré depuis 1990 jusqu’à ce jour. En son nom, je fais appel à Votre généreuse compréhension et celle du Peuple français en Vous priant de nous fournir encore une fois Votre appui tant matériel que diplomatique."

Lettre_22_mai 1994_ Sindikubwabo a Mitterrand __RWANDA

https://tribunemlreypa.files.wordpress.com/2017/05/lettre_22_mai-1994_-sindikubwabo-a-mitterrand-__rwanda.pdf

22 mai 1994 : dis tonton, tu vas pas nous lâcher en plein génocide ?!

Publié le 22 mai 2017

Il y a 22 ans, l’État français supervisait et participait au génocide d’un million de Tutsis. En une centaine de jours, l’État français et les autorités extrémistes rwandaises de l’époque accomplirent l’extermination d’une partie de la population rwandaise désignée comme ennemi intérieur.

Le 22 mai 1994, le président du gouvernement intérimaire qui assure l’exécution du génocide, Sindikubwabo, adresse à François Mitterrand une lettre.

Alors que les cadavres de plusieurs centaines de milliers de Tutsi et opposants politiques jonchent le sol rwandais, cette lettre, lue et commentée à l’Élysée, montre à quel point les deux instances sont soudées autour du projet d’extermination : « Le Peuple rwandais vous exprime ses sentiments de gratitude pour le soutien moral, diplomatique et matériel que Vous lui avez assuré depuis 1990 jusqu’à ce jour. En son nom, je fais appel à Votre généreuse compréhension et celle du Peuple français en Vous priant de nous fournir encore une fois Votre appui tant matériel que diplomatique. Sans Votre aide urgente, nos agresseurs risquent de réaliser leurs plans et qui Vous sont connus. »

Dès 1990, les militaires français ont formé les futurs « cadres » du génocide. Entre 1990 et 1994, l’armée rwandaise passe ainsi de 5000 à 50000 hommes. Des rescapés et des bourreaux témoignent de l’implication directe de l’armée française dans l’extermination de Tutsis [1]. Des « conseillers » militaires français, comme ceux qui officient encore aujourd’hui dans les dictatures françafricaines, sont restés au Rwanda pendant le génocide. Avant le déclenchement des massacres, lorsque la majeure partie des effectifs a déjà plié bagage, certains d’entre eux se font surprendre à Kigali et déclarent alors y être revenus pour passer des « vacances ». L’appel au front racial, qui a permis de cimenter les forces du génocide, ainsi que la formation du gouvernement intérimaire, ont été réalisés sous la houlette de la diplomatie française. Les livraisons d’armes par la France se sont poursuivies tout au long du génocide, en dépit de l’embargo de l’ONU.

Ce que nos médias et représentants politiques ont qualifié de « massacres interethniques », de « double génocide », de « guerre tribale », ou encore de colère spontanée suite à un attentat, c’était un génocide, une destruction planifiée perpétrée sur un groupe désigné comme « ennemi intérieur » par ses bourreaux. Ce fut l’aboutissement de l’idéologie coloniale et raciale, telle qu’elle a été élaborée au XIXè siècle. Ce crime des crimes n’a été que l’application de la guerre dite révolutionnaire, une technique militaire théorisée dans les années 50 par les colonels Trinquier et Lacheroy.

Monsieur Kouchner et Monsieur Quilès, malgré tous vos efforts pour masquer la réalité, nous savons désormais qu’il ne s’agit en aucun cas d’ « erreurs d’appréciation » ou d’ « aveuglement ». Il ne s’agit pas non plus d’une simple complicité, au sens de celui qui participe au crime commis par un autre. Dans une Ve république qui n’a que des intérêts, les dictateurs africains du pré-carré français ne sont pas les « amis » de la France, mais bien ses vassaux.

La Françafrique, terme aujourd’hui galvaudé dans la presse, n’est ni un club de papys ringards voué à une fin certaine, ni une somme de petites combines permettant d’acheter des hôtels particuliers dans Paris. La Françafrique est un système néocolonial, responsable des crimes d’État les plus abjects et macabres. Le néocolonialisme français a exercé sa mainmise sur le Rwanda, petit pays dont le PIB était équivalent à la ville de Quimper. Derrière le masque des indépendances, la République française a su, à coups d’actions psychologiques, fanatiser jusqu’au dernier degré ses tirailleurs néocoloniaux du Hutu Power, et endormir une opinion publique, de droite comme de gauche, déjà passablement soumise et partisane des clichés les plus vendeurs et éculés de la négrophobie.

Aucune idéologie, aucune géopolitique, ni même la lutte contre l’impérialisme anglo-saxon, chinois ou autre ne justifieront les crimes de l’État français au Rwanda comme ailleurs.

Il est nécessaire :

  • que des réparations conséquentes soient versées aux rescapés de ce génocide par la République française et les génocidaires français ainsi que par la BNP, le Crédit Lyonnais, comme tout autre instance impliquée.
  • qu’un organisme judiciaire indépendant soit créé et saisi pour instruire le procès des représentants de l’État français qui se sont rendus coupables de génocide.
  • que es instances de notre pays ayant permis la perpétuation de ce génocide soient mises immédiatement hors d’état de nuire. En bref, une remise en cause radicale du fonctionnement de nos institutions, à l’image de ce qui s’est passé en Allemagne au sortir de la seconde guerre mondiale.

https://rebellyon.info/Dis-tonton-tu-vas-pas-nous-lacher

https://rebellyon.info/Dis-tonton-tu-vas-pas-nous-lacherhttps://rebellyon.info/home/chroot_ml/ml-lyon/ml-lyon/public_html/IMG/pdf/Lettre_22_mai_Sindikubwabo.pdf

(lettre de Sindikubwabo à François Mitterand le 22 mai 1994

demande de soutien supplémentaire en plein génocide)

Note

[1] Cécile Grenier, Carnets, six mois d’enquête au coeur du génocide français, in La Nuit rwandaise numéro 3, Avril 2009, Izuba éditions, L’Esprit Frappeur

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Révélation d’un ancien militaire français :

la France est bien complice du génocide au Rwanda en soutenant, protégeant et armant les génocidaires

Guillaume Ancel, chevalier de la Légion d’honneur décoré à titre militaire en opérations.

Pour la première fois depuis 1994, l’opération Turquoise au Rwanda s’éclaire d’un jour nouveau grâce au témoignage d’un officier français de l’armée de terre. Selon lui, l’objectif « humanitaire » officiellement affiché par Paris se confond avec un autre, beaucoup moins avouable : celui de freiner ou de stopper l’avancée militaire du Front patriotique rwandais (FPR), tout en ménageant les forces gouvernementales génocidaires.

Lancée le 22 juin 1994, l’opération française Turquoise aurait eu pour objectif initial de faire le coup de feu contre le Front patriotique rwandais (FPR), la rébellion – essentiellement tutsie – qui se battait contre les forces gouvernementales hutues à l’origine du génocide. Ce n’est pas le président Paul Kagamé qui le dit, mais un ancien officier français, chevalier de la Légion d’honneur et décoré à titre militaire en opérations. Dans un long entretien accordé à “Jeune Afrique”, Guillaume Ancel, 48 ans, à l’époque capitaine au 68e régiment de l’artillerie d’Afrique, évoque sans détour le décalage entre la version officielle française et ce qu’il a vécu il y a vingt ans sur les collines du Rwanda. Si lui et ses compagnons d’arme ont effectivement mené, à partir du début juillet 1994, des missions de protection et d’extraction au bénéfice de rescapés tutsis, ils avaient auparavant, selon lui, reçu l’ordre de stopper l’avancée du FPR au moment où la victoire militaire de celui-ci devenait inexorable. Interview.

"Nous avons reçu l’ordre de préparer un raid sur la capitale rwandaise, Kigali.

JEUNE AFRIQUE : Quelle était votre mission au moment de rejoindre l’opération Turquoise ?

Guillaume Ancel : L’ordre initial, que j’ai reçu autour du 24 juin, était très clair : préparer un raid sur la capitale rwandaise, Kigali, alors passée en quasi-totalité sous le contrôle du FPR. La spécialité de mon unité était le guidage des frappes aériennes [Tactical Air Control Party – TACP, NDLR]. Infiltrés à proximité de la cible pour guider les avions de chasse, notre rôle était de dégager un couloir pour permettre aux troupes de s’emparer de leur objectif avant que quiconque ait eu le temps de réagir. Pas besoin d’avoir fait Saint-Cyr pour comprendre que lorsqu’on cherche à reprendre la capitale d’un pays en guerre passée aux mains d’une rébellion, c’est pour remettre en place les autorités officielles.

Aucun raid de l’armée française sur Kigali n’a pourtant eu lieu à l’époque…

La confirmation de l’ordre de mission n’est jamais arrivé. Peut-être était-ce lié aux problèmes logistiques que nous rencontrions, nos équipements ayant été acheminés avec retard jusqu’à Goma [en RDC, NDLR]. D’autre part je sentais un certain flottement au niveau de la hiérarchie. Puis, entre le 29 juin et le 1er juillet, nous avons reçu un ordre qui s’est substitué au premier. Nous devions stopper par la force l’avancée du FPR à l’est de la forêt de Nyungwe, dans le sud-ouest du Rwanda. Le lendemain matin à l’aube, nous avons décollé dans des hélicoptères Super-Puma afin d’aller déclencher les frappes aériennes sur les colonnes du FPR. L’essentiel de l’unité était déjà partie la veille par la route. Mais au moment où les hélicoptères décollaient de l’aéroport Bukavu, nous avons reçu un contre-ordre. L’officier en charge des opérations nous a expliqué qu’un accord avait été passé avec le FPR. Désormais nous devions protéger une « zone humanitaire sûre » (ZHS) dont la rébellion de Paul Kagamé avait accepté qu’elle échappe provisoirement à son contrôle. C’est à ce moment-là que la nature de notre mission a changé pour devenir humanitaire. Jusque-là, il était clair qu’il s’agissait de combattre le FPR.

En quoi a consisté cette mission humanitaire ?

Nous nous sommes déployés autour de Cyangugu, au sud du lac Kivu. Le commandant de compagnie a décidé d’installer notre camp au-dessus du camp de Nyarushishi, où s’étaient réfugiés des milliers de Tutsis et de Hutus modérés. Il avait été alerté par le médecin-chef du camp, un Suisse travaillant pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), sur le risque d’une attaque massive des miliciens Interahamwe. Cette dimension de Turquoise ne doit pas être oubliée : même si les ordres que nous recevions étaient ambigus, les soldats français ont sauvé plusieurs milliers de vie. Pour moi, chacune d’entre elle était une victoire.

Quels étaient vos relations avec les forces armées gouvernementales qui avaient orchestré le génocide ?

Dès que nous avons traversé la frontière entre l’ex-Zaïre [actuelle RDC] et le Rwanda, nous avons constaté que les militaires rwandais étaient consternés en réalisant que les soldats français n’allaient pas remettre en selle le gouvernement intérimaire à l’origine du génocide. Ils nous regardaient avec une réticence et une inquiétude évidentes. À l’inverse, quand les réfugiés de Nyarushishi ont réalisé que nous venions réellement pour les protéger, ils nous ont accueilli avec des cris et des chants de joie.

Étant un spécialiste des frappes aériennes et des missions spéciales, quand la compagnie s’est installée pour protéger le camp de Nyarushishi, on m’a détaché auprès du colonel Hoggard, de la Légion étrangère, et je suis devenu responsable des extractions. Pendant un mois, avec des légionnaires, à chaque fois que nous recevions une information sur des personnes menacées dans la zone humanitaire sûre, j’étais chargé de conduire les opérations se sauvetage. J’ai reçu l’instruction de charger les conteneurs d’armes sur ces camions, qui les ont emmenées ensuite au Zaïre pour les remettre aux forces gouvernementales rwandaises, ce qui accentué le génocide.

On sait que l’armée française a, par ailleurs, montré une certaine complaisance face aux forces génocidaires fuyant vers l’ex-Zaïre…

Pendant cette période, nous avons confisqué des dizaines de milliers d’armes légères aux Hutus qui traversaient la frontières, essentiellement des pistolets, des fusils d’assaut et des grenades. Toutes ces armes étaient stockées dans des conteneurs maritimes sur la base de la Légion étrangère à l’aéroport de Cyangugu. Vers la mi-juillet, nous avons vu arriver une colonne de camions civils et j’ai reçu l’instruction de charger les conteneurs d’armes sur ces camions, qui les ont emmenées ensuite au Zaïre pour les remettre aux forces gouvernementales rwandaises. On m’a même suggéré d’occuper les journalistes pendant ce temps pour éviter qu’ils s’en rendent compte. Quand je lui ai fait part de ma désapprobation, le commandant de la Légion m’a répondu que l’état-major avait estimé qu’il fallait montrer à l’armée rwandaise que nous n’étions pas devenus ses ennemis, afin qu’elle ne se retourne pas contre nous. La France a même payé leur solde aux soldats rwandais.

Vous confirmez donc que la France a réarmé les ex-Forces armée rwandaises en exil alors que celles-ci venaient d’encadrer le génocide des Tutsis ?

En leur livrant des dizaines de milliers d’armes, nous avons transformé les camps de réfugiés du Zaïre en base militaire. Il était évident que Paul Kagamé n’allait pas tolérer, après avoir pris le pouvoir, qu’une position armée du régime génocidaire s’installe de l’autre côté du lac Kivu. Cette décision a joué un rôle important dans ce qui allait se passer deux ans plus tard dans l’est du Congo.

Que vous inspire la version officielle française sur l’opération Turquoise ?

Personnellement, je ne fais que relater ce que j’ai vécu à l’époque. Si cela ne colle pas avec leur version, cela pose un problème. Ils ont construit une histoire mythique de l’opération Turquoise qui ne correspond pas à la réalité. Or si l’on veut éviter qu’une telle chose se reproduise, il faut mettre les cartes sur la table, pas les dissimuler sous le tapis.


JEUNE AFRIQUE

Propos recueillis par Mehdi Ba

http://www.diawara.org/2014/04/09/revelation-dun-ancien-militaire-francais-la-france-est-bien-complice-du-genocide-au-rwanda-en-soutenant-protegeant-et-armant-les-genocidaires/

************** Guillaume ANCEL :

Pour qu’il n’y ait aucun doute sur mon rôle pendant l’opération Turquoise, et aider les personnes qui présentent des symptômes d’Alzheimer, je mets en ligne quelques documents

http://nepassubir.blog.lemonde.fr/2014/04/12/contrepoint/

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Source de l’article :

TRIBUNE MARXISTE-LÉNINISTE :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/05/24/1994-2017-collaboration-droite-gauche-un-heritage-sanglant-et-mortifere/

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