Guy Debord : « L’espoir est la laisse de la soumission. »
Mitterrand : « Il n’y a eu qu’un seul vainqueur, c’est l’espoir ! »
— Jacques Attali - Verbatim I - 1981-1986 p.16
Le téléphone sonne enfin. Lionel Jospin, le plus rapide, décroche. On entend un voix - celle de Jérôme Jaffré, de la SOFRES, je crois : "François Mitterrand est élu : 52%. Aucune erreur possible." Le silence se prolonge, puis c’est l’explosion , on s’embrasse… Ai-je vraiment vu Mauroy pleurer ? Lionel Jospin appelle le candidat à Château-Chinon. Longue attente avant de l’obtenir au téléphone.
Voilà, c’est sûr, vous êtes élu.
Long silence : il est sans doute déjà au courant, mais feint l’ignorance. Quelle histoire, hein !… Quelle histoire !
Eclats de rire. Quelques mots simples pour nous donner rendez-vous rue de Solférino, vers minuit. Il doit s’interrompre, dit-il, pour "finir son pensum" : rédiger sa première déclaration télévisée ("Au-delà des luttes politiques et des contradictions, c’est à l’Histoire qu’il appartient maintenant de juger chacun de nos actes…")
Quilès, Jospin, Joxe déclenchent avec calme et professionnalisme l’opération prévue depuis trois semaines à la Bastille. Déja la préfecture de police vient aux ordes. Paris bascule et le pouvoir aussi.
Dalida téléphone du Koweït. Elle vient aux nouvelles. On les lui donne. Elle appellera tout Paris : quelques privilégiés apprendront ainsi l’élection de François Mitterrand, avant 20 heures, par un coup de téléphone en provenance du Golfe Persique !