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Coronavirus - Français contaminés bien avant le patient zéro

vendredi 26 mars 2021, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 26 mars 2021).

Exclusif – Covid-19 : les premiers témoignages des Français contaminés bien avant le patient zéro

https://www.franceinter.fr/exclusif…

26 mars 2021 à 6h17

Laetitia Cherel

En analysant d’anciens échantillons de sang, des chercheurs de l’Inserm ont identifié 13 Français présentant des anticorps du virus de la Covid-19 dès novembre 2019, soit bien avant le déclenchement de l’épidémie. La cellule investigation de Radio France a rencontré plusieurs d’entre eux.

Des patients contaminés dès novembre 2019 par le SARS-COV-2 s’expriment pour la première fois. Radio France / Laetitia Cherel / Nicolas Dewit

Ils n’en reviennent toujours pas. Quand on leur a fait un prélèvement de sang en novembre et décembre 2019, ils étaient loin de se douter qu’ils étaient porteurs du SARS-CoV-2, et qu’ils deviendraient les premiers Français contaminés bien avant le déclenchement de l’épidémie. C’est en effet près d’un an plus tard, en septembre 2020, qu’ils ont appris qu’ils avaient été infectés. Le professeur Fabrice Carrat, directeur de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm, Sorbonne Université), a eu l’idée d’analyser 9 000 échantillons de sang prélevés sur des participants de la cohorte Constances*.

"Depuis 2018, on propose à des volontaires de participer à la mise en place d’une biobanque, explique Marie Zins, la directrice scientifique de ce projet. Ils acceptent que des échantillons de leur sang et de leurs urines soient congelés dans des grandes cuves d’azote pour des recherches ultérieures. Avec le professeur Carrat, nous nous sommes dit que ce serait intéressant de retrouver des traces du virus, c’est-à-dire, la présence d’anticorps entre le mois de novembre 2019 et le mois de mars 2020."

Une forte toux après un voyage au Canada

Les 9 000 échantillons de sang des participants ont donc été testés, ce qui a permis d’identifier 176 cas positifs. Un second test, réputé fiable et plus spécifique, a ensuite permis d’éliminer les faux positifs pour n’en retenir plus que treize, dont une dizaine qui avaient été prélevés en novembre et décembre 2019 (voir ici le rapport de l’étude publiée le 6 février 2021). Puis, les personnes ont répondu à des questionnaires, qui ont permis d’en savoir plus sur les circonstances de leur infection.

Parmi ces "vrais" positifs, se trouve un trentenaire qui vit à Paris, dont la prise de sang analysée remonte au 29 novembre 2019. Lorsqu’il apprend a posteriori sa positivité par un courrier de l’Inserm en septembre 2020, il n’en croit pas ses yeux, comme il le raconte à la cellule investigation de Radio France : "Je savais que mon colocataire avait séjourné quatre jours à Montréal au Canada début novembre. Une semaine après, il a commencé à avoir de très fortes quintes de toux. Ce qui était très frappant c’est que j’ai eu la même chose que lui, vers le 8 ou le 10 novembre, une semaine avant le prélèvement de sang que j’ai fait pour la cohorte Constances."

Le jeune homme a des quintes de toux très fortes : "C’était une toux très sèche et très longue, qui durait vingt à trente secondes. J‘avais l’impression de cracher mes poumons, à tel point que je me suis dit que j’irai voir un médecin." Mais au bout de quelques jours, les symptômes sont passés. Il ne s’est pas posé plus de questions.

Extrait de la lettre envoyée par Constances à un patient dont le prélèvement sanguin effectué en décembre 2019 s’est avéré positif au SARS-CoV-2 après des analyses de septembre 2020. Radio France / Document cellule investigation

Un voyage en Chine, mais pas à Wuhan

Un autre homme, âgé de 40 ans, que nous avons rencontré chez lui dans le sud-ouest de la France a, lui, passé près de deux mois en Chine avec son épouse. Lorsqu’il a appris qu’il avait été porteur du virus de la Covid-19 début décembre 2019, il a fait le lien avec le périple qu’il avait effectué du 17 octobre au 9 décembre. "On est arrivés à Pékin, explique-t-il. Puis on est descendus dans le Sud, plutôt côté ouest, côté Tibet. On est remontés dans le centre de la Chine, puis on est redescendus du côté de Canton, Macao et puis Hong Kong. Et ensuite, nous sommes entrés en France." Mais le couple n’a pas fait d’escale dans la capitale du Hubei : "À aucun moment, nous ne nous sommes allés à Wuhan. Au plus près, nous étions à environ à 400 km [voir leur parcours ci-dessous]."

Huit jours après avoir atterri sur le sol français, le voyageur fait un prélèvement de sang – celui qui sera analysé et testé positif neuf mois plus tard. Impossible de savoir précisément où il a été contaminé. Mais pour le professeur Carrat, il ne fait guère de doute que c’est en Chine qu’il a contracté le virus, et donc ailleurs qu’à Wuhan où il n’est pas allé, à une période où l’épidémie n’avait pas démarré : On ne peut pas garantir qu’il ne se soit pas infecté après son arrivée sur le territoire français le 9 décembre. Mais il faut environ douze à quinze jours pour qu’un individu développe une réponse d’anticorps détectable avec nos méthodes. Cela voudrait dire que sa montée d’anticorps aurait été beaucoup plus rapide que celle des autres personnes qui s’infectent. C’est peu probable."

"Il est donc beaucoup plus probable qu’il ait été infecté en Asie en novembre, et même au mois d’octobre." Professeur Fabrice Carrat (Inserm)

Le voyageur n’a pas le souvenir qu’ils aient eu, lui et son épouse des signes de maladie durant le voyage ni après : "On n’a pas eu de fièvre ni de toux, et on n’a jamais eu besoin de modifier notre planning pour des questions de santé."

Des symptômes typiques de la Covid-19 bien avant l’épidémie

Plusieurs personnes, en revanche, ont présenté des symptômes caractéristiques de la Covid-19. Une jeune femme de 32 ans qui vit en Bretagne se souvient de plusieurs signes troublants qu’elle avait ressentis à l’époque, et qu’elle n’avait pas su expliquer. "J’avais comme des symptômes de sinusite mais avec une fatigue exceptionnelle au moindre effort, en montant les escaliers par exemple. Ça a duré plusieurs jours." Son mari, lui, toussait beaucoup, "de manière tellement intense que ça l’empêchait de dormir", poursuit-elle. Elle a aussi eu des difficultés à effectuer un test de mesure de son souffle, lors du bilan qu’elle passe alors pour la cohorte Constances le 18 novembre 2019 :

"J’étais vraiment essoufflée et je n’arrivais pas à réussir ce test. L’infirmière m’a dit : ’Vous êtes jeune, c’est bizarre !’" Une patiente, en novembre 2019

Aujourd’hui, la jeune femme pense qu’elle a été contaminée à l’hôpital où elle s’est rendue plusieurs fois par semaine au cours du mois d’octobre pour soigner une fracture de l’avant-bras qui s’était aggravée. Une autre jeune femme a présenté un symptôme caractéristique du SARS-CoV-2. "Elle a perdu le goût et l’odorat, explique le professeur Carrat de l’Inserm. Elle avait été en contact avec un membre de sa famille qui avait souffert d’une pneumonie d’origine inconnue entre octobre et décembre, et elle s’était rendue en Espagne en novembre."

Positifs mais asymptomatiques

D’autres personnes n’ont présenté, en revanche, aucun symptôme. Pascale, la quarantaine, que nous avons interviewée chez elle à Villeurbanne (Rhône), a été testée positive sur des prélèvements de sang qui datent de novembre 2019. D’où sa surprise lorsqu’elle a reçu les résultats par un courrier de la cohorte Constances en septembre 2020. "J’ai essayé de me souvenir si je n’avais pas eu le nez qui avait coulé à l’époque, de la toux ou des maux de tête. Mais non, vraiment, je n’ai eu aucun symptôme." Elle n’avait pas voyagé à l’étranger, et elle a donc cherché à savoir si elle avait été en contact avec des personnes ayant présenté des symptômes inexpliqués :

"J’ai interrogé mon entourage, les gens avec qui j’avais passé une soirée d’anniversaire. Je leur ai demandé si elles avaient été positives. Absolument pas."

Une femme médecin basée à Lyon et testée positive mi-janvier 2020, nous dit ne pas se souvenir non plus avoir été malade. Elle pense avoir été contaminée par plusieurs patients souffrant de sinusites et de bronchites qui s’étaient prolongées anormalement.

À Angoulême, un homme testé positif mi-novembre 2019 et également asymptomatique, évoque des emballages de produits venant de Chine qu’il a manipulés à l’époque à son travail, sans que l’on puisse établir un lien avéré avec sa contamination.

Les 9 000 échantillons de sang des participants de la cohorte Constances ont été testés, ce qui a permis d’identifier 176 cas positifs, dont une dizaine qui avaient été prélevés en novembre et décembre 2019. Radio France / Nicolas Dewit

Des témoignages qui rebattent les cartes

Ces témoignages appellent plusieurs questions :

Le virus circulait-il en Chine ailleurs qu’à Wuhan avant le début de l’épidémie ?

C’est possible, puisque le voyageur français qui a été contaminé dans ce pays ne s’est pas rendu à Wuhan. Il peut cependant avoir été contaminé, par exemple, par une personne qui, elle, venait bien de Wuhan. Néanmoins, le professeur Carrat de l’Inserm "ne pense pas que tout soit né à Wuhan. Ce qui est né à Wuhan, c’est le virus qu’on connaît en France et qui a donné cette pandémie. Ça ne veut pas dire que le virus n’était pas là avant. Il circulait."

Si le virus était présent dans d’autres régions en octobre ou novembre 2019, comment expliquer que l’épidémie ait démarré à Wuhan ?

Fabrice Carrat émet l’hypothèse que si le virus circulait dans d’autres endroits en Chine, c’est bien à Wuhan qu’il aurait muté pour devenir plus contagieux : "Le virus qui a infecté le couple de voyageurs français en Chine était peut-être un variant qui se transmettait moins bien que celui qui est arrivé le 8 décembre à Wuhan. Et surtout, c’est sans doute un variant qui donnait un peu moins de formes graves", explique-t-il. Mais pour le professeur, il s’agissait bien du même virus : "Ce n’était pas un coronavirus saisonnier comme ceux qu’on a l’habitude de détecter dans les épidémies hivernales. C’était vraiment le SARS-CoV-2, mais c’était peut-être un variant précurseur à celui qui a donné l’épidémie mondiale."

Si le virus est arrivé dès le mois de novembre ou d’octobre, pourquoi l’épidémie n’a-t-elle pas démarré plus tôt ?

Pour Florence Débarre, qui fait de la modélisation en biologie évolutive au CNRS, les cas n’étaient peut-être pas suffisamment nombreux pour faire démarrer une épidémie. "Si les cas révélés par les travaux du professeur Carrat sont de vrais positifs, il est possible qu’il y ait eu quelques cas, mais que cela se soit arrêté par l’effet du hasard. On a dit qu’une personne en affecte trois en moyenne. Mais c’est une moyenne. Certaines n’infectent personne, alors que d’autres en infectent beaucoup. Donc la probabilité qu’un premier cas donne naissance à une épidémie est relativement faible."

Enfin, si le virus circulait en France plusieurs mois avant le début de la pandémie, est-il possible que ce virus ne soit pas venu de Chine ?

"L’hypothèse la plus probable est que le berceau de la naissance du SARS-CoV-2 soit bien la Chine, explique le professeur Jean-Claude Desenclos, épidémiologiste et ancien directeur scientifique à Santé publique France. L’ancêtre du SARS-CoV-2 le plus proche a déjà été identifié en 2013 en Chine. Donc, tout cela fait un faisceau d’arguments qui rend cette hypothèse la plus vraisemblable."

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*La cohorte Constances est la plus grande cohorte épidémiologique suivie actuellement en France avec 220 000 individus suivis sur le long terme. Elle a été lancée en 2012 et financée par le programme d’investissements d’avenir de l’État. L’objectif est de comprendre quels sont les facteurs qui augmentent les risques de maladie des participants – tous volontaires – comme l’environnement ou le travail.

Le Sars-cov2 circulait probablement en France dès novembre 2019

https://presse.inserm.fr/le-sars-co…

10 févr. 2021 - 13h45

Par INSERM (Salle de presse)

Cellules infectées par le SARS-CoV-2. Sébastien Eymieux et Philippe Roingeard, Inserm – Université de Tours

A partir de l’analyse rétrospective d’échantillons de sérum de plus de 9000 adultes collectés dans le cadre de la cohorte Constances[1], une étude menée par des chercheurs de l’Inserm en lien avec l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Sorbonne Université et l’IRD, a identifié un test positif aux anticorps anti-SARS-CoV-2 chez 353 participants parmi lesquels 13 ont été prélevés entre novembre 2019 et janvier 2020 et ont été confirmés par des tests d’anticorps neutralisants. Les enquêtes menées auprès de 11 de ces participants ont révélé l’existence de symptômes pouvant être liés à une infection par le virus responsable de la Covid-19 ou à des situations à risque d’exposition potentielle au SARS- CoV-2 dès novembre 2019. Ces données publiées dans European Journal of Epidemiology suggèrent une circulation précoce du virus en Europe.

Dès le début de la pandémie, tous les chercheurs se sont mobilisés pour bien comprendre ce nouveau virus à l’origine de la Covid-19. Parmi les outils à leur disposition figurait la possibilité d’exploiter les données issues de grandes cohortes de santé. C’est ainsi que, grâce au recueil régulier d’échantillons chez les volontaires de la cohorte Constances depuis 2012, les chercheurs ont pu étudier, rétrospectivement, le statut sérologique des anticorps anti-SARS-CoV-2 chez les participants de la cohorte.

Pour cela, ils ont sélectionné l’ensemble des 9144 échantillons de sérum collectés entre le 4 novembre 2019 et le 16 mars 2020 chez les participants vivant dans les 12 régions de France métropolitaine. Une analyse sérologique a été effectuée à l’aide d’un test Elisa pour détecter les anticorps anti-SARS-CoV-2 (IgG). Ces échantillons ont ensuite fait l’objet d’un test de micro-neutralisation interne pour détecter les anticorps dits neutralisants. Enfin, les participants dont les deux tests étaient positifs avant le 1er février 2020 ont été interrogés afin d’identifier une exposition potentielle à l’infection par SARS-CoV2. Un enquêteur formé a recueilli des informations standardisées sur les détails cliniques (chez le participant et ses proches), les antécédents d’exposition possible (notamment les antécédents de voyage en Asie), et tout événement remarquable chez les contacts étroits (par exemple, une pneumonie inexpliquée).

Résultats : des anticorps anti SARS-CoV2 ont été détectés chez 353 participants (3,9%). La proportion de participants positifs étant passée de 1,9% en novembre et 1,3% en décembre à 5,0% en janvier, 5,2% en février et 6,7% dans la première moitié de mars. Des anticorps neutralisants ont été détectés chez 44 participants dont 13 participants avaient été échantillonnés entre le 5 novembre 2019 et le 30 janvier 2020. 11 ont fait l’objet d’une enquête plus poussée dont six n’ont signalé aucun symptôme au cours des semaines précédant le prélèvement de l’échantillon. Cinq participants ont en revanche présenté des signes de maladies respiratoires virales, et huit ont été en contact étroit avec des personnes qui présentaient de tels signes ou ont signalé des situations à risque d’exposition potentielle au SARS-CoV-2.

Ce rapport suggère que la circulation du virus et l’infection par le SARS-CoV-2 pourraient avoir eu lieu dès novembre 2019 en France. Il confirme également l’intérêt du suivi de grandes cohortes en population générale pour répondre à des questions de recherche telles que celles survenant lors d’une crise sanitaire d’une telle ampleur.

[1] CONSTANCES est la plus large cohorte française en population générale existante à ce jour. Elle est composée d’un échantillon national représentatif de 215 000 adultes âgés de 18 à 69 ans au moment de l’inclusion. L’inclusion a débuté en 2012, et des échantillons de sérum sont régulièrement collectés lors du suivi des participants pour de futures analyses et stockés dans une biobanque centralisée.

La cohorte CONSTANCES a été financée dans le cadre des programmes d’investissement d’avenir.

Note de do : c’est vraiment pas une nouvelle

Le coronavirus est apparu en France beaucoup plus tôt qu’on nous a dit - Vidéo 2’21

http://mai68.org/spip2/spip.php?article6056

Une athlète de la Loire contaminée lors des
Jeux olympiques militaires de Wuhan en octobre 2019

Extrait du France 3 Auvergne du 6 mai 2020 vers 19 heures

Cliquer ici pour télécharger la vidéo

Le coronavirus a donc circulé librement en France pendant les mois de novembre, décembre, janvier, février, et la première moitié du mois de mars. Conclusion : le confinement est arrivé bien trop tard en France pour avoir un quelconque effet positif !

Cliquer ici pour l’article, la vidéo et les commentaires

1 Message

  • Effectivement, ce n’est pas une nouvelle en soi, mais ce qui est nouveau, c’est que cela paraisse maintenant sur un média que l’on peut qualifier de "mainstream"… Et c’est donc une arme de communication utile, et bien faite, de plus, pour ceux qui veulent continuer à réinformer sur les réseaux et sur leurs blogs et/ou par mailing.

    Merci, en tout cas, pour cette republication utile !

    Luniterre

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