Aux origines des variants
IHU-MI - Jeudi 8 avril 2021
Pr Didier Raoult, Directeur de l’IHU Méditerranée Infection :
Ce que nous avons, nous, défini comme étant des variants, c’est quand ils ont plus de 5 mutations qui apparaissent d’un coup et qu’il y a plus de 10 virus que l’on a pu séquencer. C’est-à-dire que ce n’est pas juste un phénomène unique, c’est un groupe de virus qui apparaît et qui a donc une certain pouvoir épidémique.
Le variant Marseille 4 a tué beaucoup plus en Europe que ce qu’a tué le variant anglais. C’est lui le grand tueur des quatre derniers mois.
Raoult a fini par avoir la séquence du vison de l’élevage d’Eure-et-Loire. C’est exactement la même que la séquence du Marseille 4. Donc, c’est bien ces visons-là qui ont, pour nous, été à l’origine de cette épidémie effroyable.
Mais, il est probable que les visons sauvages ou redevenus sauvages soient eux aussi une source de variants du coronavirus
Les chats peuvent être infectés par leur maître. Mais, comme il n’y a jamais beaucoup de chats ensemble, cela a très peu de chance de faire d’eux des réservoirs d’émergence de variants du coronavirus.
0,6% des gens infectés peuvent faire une deuxième infection dans les 3 mois qui suivent. Donc, l’immunité n’est pas totale, y compris après une infection naturelle ; contrairement à ce qu’on voit dans la rougeole, la varicelle, les grandes maladies infectieuses en général. Donc, la couverture n’est pas totale et on verra si elle couvre l’ensemble des variants. Pour l’instant, on ne le sait pas. Il faut le mesurer.
On voit bien qu’il y a des gens qui font des infections après vaccination. Mais, on comprendrait mal qu’ils ne fassent pas d’infections après vaccination, alors qu’ils font des infections après une infection naturelle qui est censée être plus immunisante.
On peut espérer que : entre la proportion de la population infectée naturellement (qui à Marseille est de l’ordre de 40 à 50 %), plus l’immunité naturelle qu’ont un certain nombre de gens, plus la vaccination, l’ensemble de la population sensible devrait diminuer. Et donc le nombre de cas devrait diminuer, et la circulation du coronavirus devrait diminuer.
Globalement, dans l’état actuel de nos connaissances, on peut penser que l’addition d’une partie d’immunité naturelle, d’une partie d’immunité acquise par l’infection naturelle et d’une partie d’immunité acquise par le vaccin devrait amener à diminuer l’ensemble de la population sensible, et donc à diminuer grandement l’épidémie. En tout cas, c’est ce qu’on peut espérer dans les semaines qui viennent.