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Israël : Naftali Bennett devient premier ministre, Netanyahou écarté du pouvoir

lundi 14 juin 2021, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 14 juin 2021).

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14 juin 2021

Assawra

Naftali Bennett (D) et Benyamin Netanhayou (G). RONEN ZVULUN / REUTERS

C’est la fin d’une époque. Après quelque 4350 jours de gouvernance – soit un règne bien plus long que celui de David Ben Gourion, l’un des pères fondateurs de l’État hébreu -, Benyamin Netanyahou cède son poste de premier ministre.

Le nouveau gouvernement a pour chef Naftali Bennett, le leader de Yamina, un petit parti de la droite ­ultra-nationaliste et religieuse. La ­Knesset a donné son approbation ce dimanche par un vote à 60 voix contre 59, soit une majorité qui jusqu’au bout n’a tenu et ne tient qu’à un fil. Il résulte de l’alliance improbable de huit partis de gauche, du centre, de droite et de droite radicale avec en cerise sur le gâteau la participation du Raam, un mouvement islamiste représentant la sensibilité conservatrice de la population arabe israélienne. Un système de rotation prévoit de confier au bout de deux ans les rênes du pouvoir au centriste Yair Lapid, le concepteur de la coalition d’alternance. Si l’accord tient jusque-là, ce dont doutent les Israéliens selon les sondages.

Le baptême du feu a été tumultueux pour Naftali Bennett. Son discours d’intronisation devant la Knesset a été couvert par les cris et les vociférations. «  Menteur  », «  escroc  » : les députés d’extrême droite messianique se sont déchaînés. Ils ont été expulsés de la salle puis ce fut le tour de parlementaires du Likoud et d’élus ultraorthodoxes. Kippa vissée sur l’arrière du crâne, Naftali Bennett a dénoncé un climat de «  haine  » et de «  décomposition  » du pays. «  Il faut mettre fin à cette folie » a-t-il lancé.

Le nouveau gouvernement à des allures d’auberge espagnole. Il comprend vingt-huit ministres dont six vice-ministres et constitue l’un des plus larges cabinets de toute l’histoire d’Israël même s’il est de taille plus modeste que le précédent. Pour la première fois, il comptera dans ses soutiens un parti arabe, sans qui il n’aurait pas obtenu la majorité au Parlement.

Le partage des ministères est un savant millefeuille. Yair Lapid est aux Affaires étrangères. L’ex-chef d’état-major de l’armée, Benny Gantz, conserve la Défense. Les Finances sont confiées au chef de file du parti russophone Israel Beitenou, Avigdor Lieberman. Gideon Saar, un dissident du Likoud de Benyamin Netanyahou, est à la Justice et Ayelet Shaked, de Yamina, à l’Intérieur. La travailliste Merav Michaeli prend les Transports et Omer Barley, lui aussi issu des rangs travaillistes, détient le portefeuille sensible de la Sécurité intérieure.

Leur unité est cimentée par la volonté de se débarrasser de ­Benyamin Netanyahou qui devient le chef de l’opposition. Leur programme commun envisage une loi pour l’exclure du jeu. Le projet vise à limiter à huit ans, soit deux mandats, la longévité d’un premier ministre. L’accord met de côté les sujets sensibles comme la colonisation de la Cisjordanie ou la création d’un État palestinien mais ils pourraient resurgir en cas de tensions à Jérusalem-Est, de violences en Cisjordanie ou de guerre avec le Hamas. Naftali Bennett et Yair Lapid auront un droit de veto sur les décisions importantes. Les sujets de frictions ne devraient pas manquer tant l’attelage est hétéroclite.

Les questions sociétales comme la place de la religion ou celle des LGBTQ, les rapports entre la politique et la justice, entre juifs conservateurs et réformés, obligent à des grands écarts. Pour sa part, Mansour Abbas, le leader du Raam, veut un gel des colonies sauvages, les «  outpost ». C’est plutôt mal engagé : vendredi, des militaires ont aidé des colons à construire l’une de ces installations illégales en contrevenant aux ordres du ministre de la Défense en exercice, Benny Gantz. Mansour Abbas réclame également un triplement des programmes d’investissement dans la communauté arabe israélienne.

Ex-ministre de l’Éducation de «  Bibi », le surnom du premier ministre déchu, Naftali Bennett est considéré comme un religieux moderniste. Son parti avait jusqu’à présent la sympathie de nombreux colons radicaux. Ancien homme d’affaires dans le high-tech, il est premier ministre alors que Yamina ne compte, à la suite d’une défection, que six députés au Parlement mais que la droite et les religieux dont il est l’un des porte-drapeaux occupent plus de la moitié des travées. Il incarne après quatre élections législatives en deux ans, sans véritables vainqueurs ni vaincus, le «  Tout Sauf Bibi ».

Une personnalité clivante

Benyamin Netanyahou a polarisé les passions entre deux camps d’inconditionnels, celui de ses partisans et celui de ses détracteurs. «  Netanyahou ne quitte pas le poste de premier ministre à cause de ses échecs, mais à cause de sa personnalité. Au cours des dernières années, il est devenu son propre plus grand ennemi : son égocentrisme, sa paranoïa personnelle et publique, son avarice, son incitation permanente et son orgueil démesuré ont unifié l’opposition à son égard de tout le spectre politique au point qu’ils ont uni leurs forces pour réussir à le faire tomber », mitraille Sever Plocker dans les colonnes du Yedioth Ahronoth, le quotidien israélien le plus vendu.

Dans son allocution prononcée après l’intervention de Naftali Bennett, Benyamin Netanyahou a prévenu : «  Nous reviendrons bientôt. »

Par Thierry Oberlé
Le Figaro du 13 juin 2021


À Tel-Aviv, des milliers de personnes fêtent le départ du pouvoir de Netanyahou

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14 juin 2021

Assawra

Les yeux fixé sur un écran de télévision dans une rue de Tel-Aviv, Ossie peine à parler. « C’est un rêve qui se réalise », souffle du bout des lèvres la sexagénaire qui voit partir dimanche le Premier ministre de droite Benyamin Netanyahou, après 12 ans au pouvoir.

En train de promener son chien, elle s’est arrêtée sur la terrasse d’un bar pour regarder en direct à la télévision la secrétaire du Parlement égrainer les noms des députés ayant voté pour ou contre le « gouvernement du changement ». Les dizaines de clients du bar où flottent des drapeaux multicolores LGBT ont retenu leur souffle, jusqu’à ce que le résultat soit annoncé : 60 pour, 59 contre. Ossie elle s’est assise. « J’ai la chair de poule, je ne peux pas parler. J’espère juste que ça va durer, au moins un an », glisse-t-elle. En remportant le vote de la Knesset, le gouvernement hétéroclite mené par l’ultra-droitier Naftali Bennett met fin à 15 ans de pouvoir de Benyamin Netanyahou ainsi qu’à une crise politique de plus de deux ans, qui a amené quatre fois les Israéliens aux urnes.

Sur l’emblématique place Rabin, où les adversaires de M. Netanyahou ont inlassablement appelé à sa démission tous les samedis depuis plus d’un an, la musique est à plein volume.

Sur cette même place, où l’ancien Premier ministre travailliste a été assassiné en 1995 par un extrémiste juif, un canon envoie de la mousse sur une foule noyée sous une nuée de drapeaux israéliens.

« Bibi à la maison », harangue un homme depuis le podium. À Tel-Aviv la libérale, le départ de Benyamin Netanyahou est vécu comme un moment « historique », dit Chen Nevo, qui travaille dans le marketing. « Je suis un peu sous le choc », confesse celle qui est venue sur la place avec ses enfants en bas âge, malgré l’heure tardive. « Ils sont supposés dormir, mais nous avons attendu ce moment si longtemps ! ».

Mais dans les célébrations des habitants de Tel-Aviv, ville où est concentrée la jeunesse libérale et de gauche du pays, pointe déjà aussi la crainte d’un lendemain qui déchante.

Le nouveau Premier ministre Naftali Bennett est le héraut de la droite radicale, proche des religieux, des colons et le nouveau gouvernement, qui inclue deux partis de gauche, met en bonne place des partis de droite.

« C’est un gouvernement étrange mais je crois en ces gens, ils veulent rassembler Israël », estime Mme Nevo. « Je ne sais pas si ça durera, mais c’est un changement et nous en avions besoin », dit-elle alors que résonne la chanson « Imagine » de John Lennon en hébreu et en anglais.

Rubi Sofer, 48 ans, est également venu en famille depuis Rishon Letzion, en banlieue de Tel-Aviv. Lui, son épouse et ses deux filles : tous arborent un tee-shirt noir sur lequel est inscrit les deux lettres blanches du mouvement de contestation anti-Netanyahou qui a rythmé la vie israélienne chaque samedi pendant plus d’un an, « Lekh », ou « Dégage ».

« Ce soir est un soir incroyable pour nous. Ces dix derniers mois, nous avons été à Balfour [la résidence du Premier ministre à Jérusalem] tous les samedis, même pendant la pandémie », raconte cet employé du secteur BTP.

« Nous n’aimons pas Bibi du tout, il a détruit la société israélienne », dit l’homme au piercing dans le nez, qui lui reconnaît des bienfaits sur le plan sécuritaire mais lui reproche d’avoir négligé les problèmes sociaux. « La société israélienne a besoin de guérir ». « Bennett n’est pas mon rêve le plus doux mais pour gagner la guerre parfois il faut savoir perdre de petites batailles, et pour remplacer Bibi, nous avions besoin de ça ».

Avec l’Afp du 13 juin 2021


Israël : "L’avenir de Netanyahou, c’est la prison", prédit Frédéric Encel

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14 juin 2021

Assawra

Selon le docteur en géopolitique et maître de conférences à Sciences Po Paris, Netanyahou "laisse un bilan extrêmement négatif" du point de vue social comme de celui du conflit israélo-palestinien.

"Netanyahou est mis en examen pour trois affaires criminelles", son avenir c’est "la prison", prédit ce dimanche 13 juin sur franceinfo Frédéric Encel, docteur en géopolitique et maître de conférences à Sciences Po Paris, auteur d’un Atlas géopolitique d’Israël. Après quinze ans cumulés au pouvoir, Benjamin Netanyahou perd son poste de Premier ministre. Il laisse un "bilan très positif sur le plan diplomatique, si on se place de son point de vue" et sur le plan économique, mais "un bilan extrêmement négatif sur le plan social et sur l’immobilisme total concernant le conflit israélo-palestinien", estime Frédéric Encel.

Quel bilan tirer du règne de Netanyahou ?

Un bilan très positif sur le plan diplomatique, si l’on se place de son point de vue, car il a réussi à contourner les pressions de Barack Obama pendant huit ans. Par ailleurs, Israël a réussi à ouvrir un nombre très important d’ambassades en Afrique subsaharienne, en Asie centrale, à obtenir des contrats d’armement très importants avec des pays montants comme l’Inde. Sur le plan économique, Israël aujourd’hui est un Etat objectivement puissant, beaucoup plus qu’avant Netanyahou. Mais sur le plan social et sur l’immobilisme total concernant le conflit israélo-palestinien, pour le coup, Netanyahou laisse un bilan extrêmement négatif.

Quel avenir pour Netanyahou ?

La prison. Son prédécesseur Ehud Olmert avait tâté de la geôle, ainsi d’ailleurs que l’ancien président de l’État d’Israël, et pour moins que ça. En l’occurrence, Netanyahou est mis en examen pour trois affaires qui ne sont pas considérées comme délictueuses mais comme criminelles. Peut-être qu’il y échappera, mais je pense que les risques sont très importants qu’il soit contraint de subir une condamnation et donc une incarcération.

Une coalition entre des partis religieux très à droite et le centre gauche va donc prendre le pouvoir en Israël, peuvent-ils fonctionner ensemble ?

Ça peut fonctionner, à condition de laisser de côté les questions les plus brûlantes. En Israël, la question la plus brûlante n’est pas le conflit israélo-palestinien, en réalité ce sont les questions sociales. Netanyahou était un thatchérien convaincu qui a permis une impulsion économique en faveur d’Israël comme Etat, mais en laissant un peu plus d’un tiers de la population sous le seuil de pauvreté. C’est quelque chose qui va manifestement permettre à cette coalition d’être à peu près cohérente.

Est-ce que cette coalition peut avoir aussi un effet sur les relations extérieures d’Israël et la question de la paix au Proche Orient ?

Non je ne le crois pas. D’ailleurs, dans l’accord de coalition, il y a les mots "statu quo" qui sont très explicitement écrits, ça concerne le conflit israélo-palestinien. On ne peut pas espérer quoi que ce soit sur les questions liées à la grande stratégie. Par exemple sur le nucléaire iranien, entre Netanyahou et Lapid ou Bennett il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. Fondamentalement, ils sont à peu près d’accord pour considérer que la bombe iranienne, c’est strictement impossible. Et au cas où vraiment il y aurait danger, on n’irait pas demander aux petits partis de la coalition de savoir ce qu’ils en pensent, les planificateurs politiques et militaires agiraient.

FranceInfo du 13 juin 2021

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