"D’Andropov à Poutine" ? Quel saut ou quel " trou d’air " dans l’histoire de la Russie et dans l’histoire du monde ? (*)
"D’Andropov à Poutine", et si, précisément, on en revenait au 21e siècle ? Quand la "gauche", elle, radote ses poncifs déjà éculés au 20e siècle pour justifier sa complaisance et sa pseudo "compatibilité antifasciste" avec le macronisme…
Parler d’antifascisme ou d’anticapitalisme à la manière du 20e siècle fait-il encore sens aujourd’hui ?
Ce qui fait la force et la singularité de Poutine, c’est précisément qu’il a assimilé à la fois les leçons historiques du 20e siècle et les caractéristiques économiques et géoéconomiques du 21e siècle.
Il les a assimilées du point de vue de la bourgeoisie nationale russe, mais il les a assimilées, dans cette limite, avec un maximum de lucidité et d’efficacité.
Ce que sont encore complètement incapables de faire les "théoriciens" pseudo-"marxistes" de l’"extrême-gauche" actuelle.
Faire une sorte de "saut historique" d’Andropov à Poutine est donc particulièrement caractéristique de cette incapacité, me semble-t-il.
La bourgeoisie bureaucratique nationale khrouchtchevienne représentait un recul contre-révolutionnaire déjà considérable par rapport au socialisme stalinien, aussi imparfait fut-il.
La bourgeoisie bureaucratique nationale maoïste représentait, à la même époque, l’espoir d’une libération des nations opprimées du tiers monde.
Pourtant, les USA ont su attirer la Chine dans leur camp en la "compradorisant" dès 1972.
La bourgeoisie maoïste "compradorisée" s’est parfaitement intégrée aux flux de la nouvelle mondialisation capitaliste-impérialiste du dernier quart du 20e siècle, au point d’y fourbir son propre "bas de laine" capitaliste-impérialiste et effectivement de chercher à mordre la main qui l’avait nourrie jusque-là.
De son côté, la bourgeoisie nationale bureaucratique russe, désormais incapable d’assumer un costume historique devenu trop grand pour elle, s’en est débarrassée au profit d’une fraction compradore-mafieuse elle-même incapable d’assumer son minable rôle. La période Gorbatchev-Eltsine n’est pas seulement la fin formelle de l’URSS, elle est un énorme trou d’air dans l’existence de la Russie en tant que nation.
Mais l’histoire du capital n’est pas seulement l’histoire des diverses factions de bourgeois en lice pour des luttes de pouvoir, elle est d’abord et avant tout l’histoire d’un mode de production.
Comme tout mode de production il est d’abord et avant tout lié à la technologie des forces productives qui en sont la base.
C’est le rapport particulier du capital variable par rapport au capital fixe, et les rapports particuliers entre eux entre valeurs d’échange et valeurs d’usage qui ont permis l’essor de la société industrielle du 19e au 20e siècle.
Mais à mesure que les technologies évoluent, ces rapports eux-mêmes évoluent. Parler d’"anticapitalisme" et d’"antifascisme" à la façon du 20e siècle ne fait évidemment plus sens aujourd’hui, sauf à la rigueur par analogie "symbolique" de tel ou tel aspect, mais risque surtout d’entraîner vers de multiples formes de confusionnisme.
À l’échelle actuelle des forces productives mondialisées, pour ce qui concerne les plus avancées, il n’existe plus de capital fixe capable de se renouveler en dehors du cycle de création monétaire banco-centralisée et d’accroissement de la dette mondiale.
La plus-value encore extraite du capital variable n’est plus la base essentielle, et encore moins, exclusive, d’élargissement du "grand capital". Il ne survit plus que par l’interaction des marchés financiers et des Banques Centrales, mais où les Banques Centrales ont le dernier mot, avec leurs outils de politique monétaire.
L’évolution totalitaire du Nouvel Ordre Mondial vient de ce que les Banques Centrales ont besoin de contrôler complètement l’économie et la vie sociale pour sauvegarder le système de domination de classe, y compris et surtout contre l’incapacité des monopoles eux-mêmes à assurer leur propre survie économique sans béquilles monétaires. C’est la grande leçon de la crise de productivité de 2007-2008, et renouvelée en 2020-2021, pour ceux, hélas nombreux, même et surtout "à gauche", qui n’avaient pas encore compris !
Ce nouveau pouvoir banco-centraliste surclasse donc encore de beaucoup celui des monopoles et celui des États-nations, réduits au rôle de simples services d’ordres locaux du N.O.M., et donc totalitaires par nature, quelques soient leurs apparences et oripeaux de "démocratie".
Mais ce n’est pas le cas des quelques nations du tiers monde qui tentent encore de résister à une intégration complète à ce système de domination mondiale.
À l’arrivée au pouvoir de Poutine, la Russie eltsinienne "compradorisée" par les mafias rescapées des goulags en était réduite à l’état de pays du tiers monde, et ce n’est précisément qu’avec Poutine que la bourgeoisie nationale russe à pu commencer à relever la tête et à rêver d’indépendance.
C’est en ce sens qu’elle a progressivement été contrainte de réenfiler le costume historique de chef de file des nations rebelles, et donc aujourd’hui, rebelles au Nouvel Ordre Mondial banco-centraliste.
On a bien vu, au moment de la réélection de Loukachenko, en 2020, la valse-hésitation de Poutine, tiraillé entre la fraction oligarchique prête à sacrifier le Bélarus sur l’autel du commerce international et les rappels de Loukachenko signalant fort justement la place géostratégique de son pays comme porte d’accès au cœur de la Russie.
En soutenant finalement Loukachenko contre les oligarques, Poutine avait déjà objectivement choisi la voie de l’affrontement avec l’Occident.
Dès lors, l’Occident a cru pouvoir parler d’un "changement" dans l’attitude de Poutine, alors que même si toujours à la recherche de compromis "diplomatiques" pour la survie indépendante de son pays, il n’en a jamais voulu brader les fondamentaux.
Le Nouvel Ordre Mondial banco-centraliste est par nature un système qui exige, pour sa simple survie, la maîtrise de l’ensemble des ressources naturelles planétaires. Il n’existe que par et pour la maîtrise du cycle du capital fixe, c’est à dire, d’abord et avant tout, de son renouvellement, exigeant en matières premières et en sources d’énergie.
La survie de poches locales nationales de développement capitaliste endogène est donc une remise en cause potentielle de sa pseudo-legitimité "historique" à se substituer complètement aux États-nations.
Non seulement la Russie est une de ces "poches", mais quelle poche ! Le plus grand pays du monde, et quasiment, au centre des terres émergées, un continent à lui tout seul. Et une des principales réserves de ressources naturelles de la planète !
On comprend donc l’acharnement des uns et des autres à vouloir se l’accaparer d’une manière ou d’une autre.
Alors que de par sa place géopolitique et géostratégique, de par son histoire même, la Russie se trouve être quasiment le leader naturel des nations en quête de libération et d’indépendance.
A condition, évidemment, qu’elle assume pleinement ce rôle, mais c’est précisément ce qu’elle fait, et de plus en plus, ces dernières années. Un choix de plus en plus assumé et incarné par Poutine lui-même, ce que l’Occident ne lui pardonne pas.
Poutine n’est donc pas un clone ou un substitut pour les grands leaders nationaux et/ou révolutionnaires du siècle passé, mais bien le premier grand chef d’Etat d’envergure historique du 21e siècle.
Le fascisme du 21e siècle, c’est le Nouvel Ordre Mondial banco-centraliste et non pas les velléités souverainistes de quelques fractions de la petite bourgeoisie relayées par quelques financiers déçus de se voir dépossédés par les Banques Centrales.
Pour l’instant ce qui reste du mouvement ouvrier organisé est asservi à la gauche mondialiste bourgeoise, objectivement banco-centraliste, ou même pleinement assumée comme telle, dans le cas de Jean-Luc Mélenchon.
"Lutter contre le fascisme", aujourd’hui, cela ne peut valablement signifier que lutter contre le Nouvel Ordre Mondial banco-centraliste.
Le mouvement ouvrier, même s’il parvient à se reconstruire de manière indépendante, n’aura pas la force, à lui tout seul, de construire une alternative crédible au nouveau système de domination de classe banco-centraliste.
Cela ne tient pas seulement à la longue histoire des "trahisons" de la gauche bourgeoise, mais aussi et surtout à l’évolution du système productif lui-même, qui pousse inexorablement à la domination de la part du capital fixe sur le variable, sur le prolétariat industriel.
Il s’agit donc bien de constituer un front uni de toutes les forces qui s’opposent au Nouvel Ordre Mondial banco-centraliste. L’orientation sociale de ce front ne se dessinera qu’en fonction de la place que le prolétariat y prendra en tant que classe organisée, et cela n’est possible qu’en fonction de la conscience, même rudimentaire, au départ, qu’il peut acquérir de l’évolution actuelle du mode de production mondialiste banco-centraliste.
Luniterre
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(* Ce fil de réflexions m’a évidemment été suggéré par le commentaire de J-P Cruse :
« Sous la direction éclairée d’Andropov, et du KGB, l’URSS peut enfin amorcer une stratégie de sortie de crise, sous la forme d’une retraite/restructuration organisée dans la longue durée, plus ou moins maîtrisée, jusqu’à ce que Poutine stabilise. »
http://mai68.org/spip2/spip.php?article11449#forum9775
…Et la réponse du camarade Do :
« Tu passes un peu vite d’Andropov à Poutine, entre temps, quand même, le traitre Gorbatchev a détruit l’URSS et a signé sa disparition. Poutine ne se dit pas communiste ! Quant à la diplomatie du ping-pong de la Chine, je considère que c’est une trahison de Mao qui s’allie avec Nixon contre l’URSS. »
http://mai68.org/spip2/spip.php?article11449#forum9776 )
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MELENCHON, LE CHANTRE DE LA DETTE PERPETUELLE !!!
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EN REPONSE AU POST DE J-P CRUSE >>>
http://mai68.org/spip2/spip.php?article11482#forum9785
Histoire de la NEP, récapitulatif :
Le vocable/acronyme NEP n’apparait vraiment qu’en Mars 1921, au moment où la Russie, pas encore URSS, émerge à peine de la guerre civile.
Il s’agit précisément de sortir du « communisme de guerre », une politique économique basée essentiellement sur les réquisitions, et on comprend facilement pourquoi, dans une Russie déjà pas super-développée, à l’époque, et donc ravagée, en plus, par sept années de guerre, depuis 1914.
Le concept économique, lui, date de Mai 1918, à une période où Lénine pensait que la guerre civile allait trouver rapidement une issue favorable.
« Sur l’infantilisme "de gauche" et les idées petites-bourgeoises - Lénine - 5 mai 1918 »
http://ekladata.com/TxLr74LKsxRMiMPcllQXqi_hKFU/05_MAI_1918_Lenine_sur-linfantilisme-de-gauche.pdf
Projet que Lénine ressort donc quasiment à l’identique en Mars 1921, et qu’il défend dans les mêmes termes, les mois suivants.
Il s’agit donc de réutiliser provisoirement la dynamique spontanée du marché pour relancer essentiellement la production agricole.
Concernant l’industrie, cette dynamique « libérale », capitaliste, ne peut donc concerner que les secteurs non essentiels, alors que les essentiels, eux, sont, pour leur part, déjà socialisés.
Pour quelques secteurs essentiels encore déficients, néanmoins, un partenariat type « joint-venture » est proposé, avec participation possible de capitaux étrangers, donc, mais cela ne concernera jamais, en pratique, qu’une part infinitésimale de l’économie soviétique.
Il y a toujours débat historique sur le fait de savoir si Lénine voulait faire de la NEP un système pérenne ou non. Certains de ses derniers articles paraissent aller dans ce sens, mais sans amputer, pour autant, le secteur économique socialiste, déjà dominant en URSS, depuis 1918.
Mais Lénine est déjà gravement affaibli par sa maladie et meurt en 1924, alors que la première crise de ce « renouveau » du capitalisme, dite « crise des ciseaux », commence à peine à se résorber. Et une autre crise du même type, dite « crise des grains », démarre peu après, en1926, et qui sera donc fatale à la NEP.
Le « débat historique » a donc été tranché par la pratique…
Avec la fin de la NEP commence réellement l’essor de l’économie socialiste en URSS, qui permettra, quasiment en une seule décennie, de par le fait, 1930-1940, de hisser l’URSS à un niveau de développement et d’industrialisation qui lui permettra de vaincre le nazisme, reposant, lui, sur l’une des industries les plus anciennes et les plus avancées, technologiquement, de son temps !
Une période qui fait encore la fierté de la Russie, aujourd’hui, et notamment de Poutine, ce qui a le don d’ « énerver » le bobo occidental, sans même parler du banco-centraliste, qui en fait encore carrément des cauchemars…
Accessoirement, Wikipédia nous dit :
« Léon Trotski avait proposé la NEP dès 1920, mais l’idée n’avait alors pas été retenue. Lénine la proposa de nouveau en 1921. »
Comme on vient de le voir, c’est encore un mensonge « historique » de plus au sujet de l’histoire de l’URSS… !
Un mensonge ad hoc pour servir la soupe à la « gauche » actuelle éprise d’ « économie de marché » qu’il soit chinois ou autre…
Mais un demi-mensonge, seulement, en un sens, vu que Trotsky était lui-même réellement épris de l’économie de marché, comme on l’a vu lors du débat avec le « camarade Viriato », sur TML, en son temps !
Une évidence que les Trotskystes dissimulent plus ou moins, au gré des circonstances, comme dans la période post-soixante huitarde, où il était plutôt de bon ton de rappeler l’ « alliance » de Trotsky avec l’ « opposition de gauche » : c’était la grande époque du « Tout sauf Staline ! ».
C’est aussi l’époque où Michel Raptis, dit « Pablo », un des derniers réels compagnons de route de Trotsky, se fait vouer aux gémonies pour avoir simplement rappelé cette évidence du « socialisme de marché », façon Trotsky.
« Sur les conceptions économiques de Léon Trotsky - Michel Raptis »
Trotsky était donc tout à fait le précurseur du « socialisme à la chinoise », quant au fond, ou « économie de marché socialiste », façon J-C Delaunay/Hervé Fuyet.
C’est-à-dire du capitalisme le plus « libéral » qui soit, en fait, fondé précisément sur la « main du marché », même si désormais gantée, en Chine comme ailleurs, par le pouvoir de la Banque Centrale PBoC, dont le PCC n’est plus que la façade « politique ».
« En acceptant ou en rejetant les marchandises, le marché, arène de l’échange, décide si elles contiennent ou ne contiennent pas de travail socialement nécessaire, détermine ainsi les quantités des différentes espèces de marchandises nécessaires à la société, et, par conséquent, aussi la distribution de la force de travail entre les différentes branches de la production. » L. Trotsky – Le marxisme et notre époque - 1939
https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1939/04/lt19390418b.htm
Pour Trotsky, ce qui constituait encore l’industrie socialiste, sous la NEP, et qui dominait encore plus, en 1936, aurait selon lui du se plier à la loi du marché… :
« L’assainissement des relations économiques avec les campagnes constituait sans nul doute la tâche la plus urgente et la plus épineuse de la Nep. L’expérience montra vite que l’industrie elle-même, bien que socialisée, avait besoin des méthodes de calcul monétaire élaborées par le capitalisme. Le plan ne saurait reposer sur les seules données de l’intelligence. Le jeu de l’offre et de la demande reste pour lui, et pour longtemps encore, la base matérielle indispensable et le correctif sauveur. »
https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/revtrahie/frodcp2.htm
Mais, heureusement, Trotsky et ses adeptes ayant perdu le pouvoir, l’industrialisation rapide de l’URSS a donc permis la défaite du nazisme.
Aujourd’hui la situation est bien différente et la problématique actuelle est de faire échec au banco-centralisme, ce qui implique, pour l’ensemble des classes sociales concernées par cette lutte, de prendre le contrôle de la création monétaire (le crédit) et de la rediriger, de façon démocratique, vers les forces productives répondant à la satisfaction des besoins sociaux réels et urgents.
Cela équivaut donc à une planification démocratique de tous les secteurs essentiels, et non à leur « libéralisation ». Dans ce processus il y a encore une place importante pour la survie des TPE-PME actuellement broyées par le banco-centralisme, dans la mesure, évidemment, où ces TPE-PME joueront le jeu démocratique de contribuer à répondre aux besoins sociaux.
Par la suite, la possibilité d’accéder à un véritable socialisme du 21e siècle ne dépend plus que du niveau de conscience et du degré de mobilisation des forces populaires et prolétariennes.
Contrôler démocratiquement la création monétaire et le crédit, cela n’est possible qu’en reprenant, nationalement, le contrôle de la Banque de France, actuellement statutairement sous la coupe réglée de la BCE. Ce n’est pas le concept de « frexit » qui est déterminant, en soi, mais bien la pratique directe du « BCExit », comme résultat d’une mobilisation de masse de toutes les compétences qui seront acquises au cours de la lutte sociale.
Luniterre
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PS >>> Encore une précision historique nécessaire, sur la NEP, à propos du post de M. J-P Cruse. En effet il nous dit :
« Il[Lénine] conçoit donc la N.E.P., "Nouvelle Politique Économique", dans le cadre, écrit-il, d’un " capitalisme d’Ètat sous dictature du prolétariat". »
Ce qui sous-entend que la politique économique léniniste se résumerait au « capitalisme d’Etat » !
Or ce n’est pas du tout ce que Lénine a dit ou écrit. Pour Lénine le « capitalisme d’Etat » n’était qu’un de cinq éléments constitutifs de l’économie de transition :
« Mais que veut dire le mot transition ? Ne signifie-t-il pas, appliqué à l’économie, qu’il y a dans le régime en question des éléments, des fragments, des parcelles, à la fois de capitalisme et de socialisme ? Tout le monde en conviendra. Mais ceux qui en conviennent ne se demandent pas toujours quels sont précisément les éléments qui relèvent, de différents types économiques et sociaux qui coexistent en Russie. Or, là est toute la question. Enumérons ces éléments :
1. l’économie patriarcale, c’est-à-dire, en grande mesure, l’économie naturelle, paysanne ;
2. la petite production marchande (cette rubrique comprend la plupart des paysans qui vendent du blé) ;
3. le capitalisme privé ;
4. le capitalisme d’Etat ;
5. le socialisme.
La Russie est si grande et d’une telle diversité que toutes ces formes économiques et sociales s’y enchevêtrent étroitement. Et c’est ce qu’il y a de particulier dans notre situation. »
« Sur l’infantilisme "de gauche" et les idées petites-bourgeoises - Lénine - 5 mai 1918 »
http://ekladata.com/TxLr74LKsxRMiMPcllQXqi_hKFU/05_MAI_1918_Lenine_sur-linfantilisme-de-gauche.pdf
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