Note de do : Cet article est clairement complotiste. Il suggère en effet que les émeutes de fin juin-début juillet 2023 ont été commanditées par les Américains. Ce n’est pas son seul défaut, puisqu’il présente aussi Macron comme un héros résistant à l’impérialisme américain. Mais, cet article présente aussi des faits aussi intéressants que méconnus (qu’il faudrait tout de même vérifier).
La France sous attaque
Écrit par Alex Krainer. Publié à l’origine sur Trend Compass puis par Southfront
Alex Krainer - @NakedHedgie est le créateur de I-System Trend Following et l’éditeur des rapports quotidiens TrendCompass destinés aux investisseurs, qui couvrent plus de 200 marchés financiers et de matières premières. L’essai d’un mois est toujours gratuit, il n’y a pas à sauter à travers les cerceaux pour annuler. Pour commencer ton abonnement d’essai, envoie-nous un courriel à TrendCompass@ISystem-TF.com.
Les pions se battent dans les rues de France, mais la guerre est entre la France et l’empire anglo-étasunien.
Le gouvernement du
président français Emmanuel Macron est attaqué par l'establishment impérial
anglo-étasunien. Les troubles civils qui ont éclaté dans toute la nation ont été
déclenchés par le meurtre perpétré par la police, le 27 juin 2023, du
jeune Nahel Merzouk (NM), âgé de 17 ans, dans la banlieue parisienne de
Nanterre. NM conduisait une voiture sans en avoir le permis, n'a pas respecté
les ordres de la police et pour cela a été
abattu à bout portant par deux officiers en tenue anti-émeute. NM était
d'origine algérienne. Le lendemain, des émeutes ont éclaté dans de nombreuses
villes de France : Paris, Marseille, Lille, Lyon, Bordeaux, Grenoble et aussi
Bruxelles en Belgique. Certains quartiers ressemblaient à des zones en
guerre.
En fait, certaines de
ces émeutes ressemblaient à une guerre de basse intensité. Selon certains
rapports, des armes étasuniennes données à l'Ukraine se sont retrouvées, par le
biais du marché noir, dans les rues des villes françaises et dans les mains des
manifestants qui les ont utilisées dans des attaques coordonnées contre la
police et les pompiers. Uniquement dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, 41
commissariats ont été attaqués, 79 policiers blessés, 2.560 feux ont été allumés
dans les rues, 1.360 voitures et 234 bâtiments ont été brûlés. Le gouvernement a
déployé 45.000 policiers et gendarmes pour maîtriser la situation, mais, les émeutes se sont poursuivies avec une grande
intensité pendant cinq jours consécutifs, menaçant de déstabiliser la
nation.
Le Président
Emmanuel Macron est soumis à une pression croissante, non seulement de la
part des émeutiers et de l'opposition, mais aussi, ce qui est plus inquiétant,
de la part de ses propres forces de police et de l'armée. Les syndicats de
police ont écrit à Macron en menaçant de se révolter : «Aujourd'hui, la
police est au combat comme nous sommes à la guerre. Demain, nous serons dans la
résistance et le gouvernement doit en être conscient.» Certains milieux
militaires semblent prêts à se retourner contre Macron. Le général Pierre
de
Villiers, qui est apparemment très respecté parmi les commandants
militaires français a déclaré que l'armée devrait être loyale envers le peuple,
et non envers Emmanuel Macron.
Rien n'est ce qu'il
semble être...
Jusqu'à présent, les
événements peuvent sembler simples à comprendre aux niveaux des pions opposés les uns aux autres dans les rues des
villes françaises : le gouvernement abusif du président Macron et son appareil
de sécurité sont attaqués par le peuple dont les griefs légitimes ont dépassé le
point d'ébullition. À partir de là, il est facile de supposer que le
gouvernement de Macron a même provoqué les émeutes délibérément, afin de
réprimer et de tyranniser le peuple selon leur
plan. Fichtre, Macron étant le garçon de course des Rothschild et un
jeune leader loyal du Forum économique mondial.
Sois tu es avec nous,
soit tu es contre nous.
Tout cela semble
plausible, mais cette histoire s'inscrit dans un contexte bien plus large. La
crise actuelle trouve son origine dans les relations très tendues entre les
élites dirigeantes françaises et l’ordre établi impérial anglo-étasunien; qui
s'étendent sur plusieurs siècles. Une analyse plus approfondie de cette relation
pourrait remplir de nombreux volumes, mais pour l'instant, nous nous
concentrerons sur les développements les plus récents.
Ceux qui suivent immédiatement les attentats terroristes du 11 septembre
2001 aux États-Unis, où le Président George W. Bush a annoncé au monde
que «vous êtes soit avec nous, soit contre nous». Il ne se contentait pas
de paroles: l'empire se préparait à consolider de façon unipolaire l'ordre
mondial, à éliminer ses rivaux, à établir une domination totale et à lancer son
Projet pour le nouveau siècle étasunien.
La France n'a jamais
accepté le rôle de partenaire mineur ou celui d'allié inconditionnel, et encore
moins celui, d'être le vassal de l'empire anglo-étasunien. Elle n'a jamais cessé
d'être un obstacle à l'Empire anglo-étasunien dans les moments critiques. Voici
quelques exemples des prises de bec des deux dernières décennies entre les deux
parties :
2003 : Opposition
française à l'invasion étasunienne de l'Irak
À la fin de l'année
2002 et au début de l'année 2003, l'administration de George W. Bush travaillait
fébrilement pour obtenir le soutien de ses alliés à l'invasion de l'Irak. En
février 2002, le secrétaire d'État américain Colin Powell a brandi une
fiole de poudre blanche devant le Conseil de sécurité de l'ONU, accusant le
Président irakien Saddam Hussein de posséder des armes biologiques de
destruction massive. Le ministre français des affaires étrangères, Dominique
de Villepin, n'a pas été impressionné. Dans un discours virulent, il a jeté
de l'eau froide sur les arguments étasuniens en faveur de la guerre et a
qualifié la prestation de Powell de douteuse et peu convaincante. Quelques
semaines plus tard, le 10 mars 2003, le président Jacques Chirac a clairement
indiqué que la France voterait contre toute résolution de l'ONU autorisant
une attaque étasunienne contre l'Irak. Concernant cette résolution, la France
voterait du côté de la Russie et de la Chine (C'était un signe
avant-coureur).
2008 : La France
s'oppose à l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à
l'OTAN
L'un des projets les
plus importants de l'empire anglo-étasunien au cours des trois dernières
décennies a été d'encercler la Russie en absorbant tous ses voisins à l'Ouest et
au Sud-Ouest dans l'alliance de l'OTAN. En plusieurs vagues d'extension vers
l'est, l'OTAN a ajouté 14 nouveaux États membres, se déplaçant ainsi de plus de
1.600 km vers la Russie. L'Ukraine et la Géorgie ont suivi lors du sommet de
l'OTAN d'avril 2008 à Bucarest, l'Alliance a proclamé le Mémorandum de Bucarest.
Faisant référence à l'Ukraine et à la Géorgie, elle a explicitement déclaré:
«Nous avons convenu aujourd'hui que ces pays deviendront membres de l'OTAN.
«Alors que la France, qui n’était pas encore membre à part entière du
commandement intégré de l'Alliance, s'est ouvertement opposée à la résolution,
au motif qu'elle exacerberait le risque de guerre avec la
Russie.
2019 : Emmanuel Macron
qualifie l'OTAN d'alliance «en état de mort cérébrale»
Dans une interview
accordée à The Economist en octobre 2019 et intitulée «Emmanuel Macron
met en garde les pays européens: NATO se meure cérébralement», le président
français a averti les pays européens qu'ils ne peuvent plus compter sur
l'alliance militaire dominée par les États-Unis (à noter qu'à ce moment-là, la
France était un membre à part entière de l'OTAN): «Ce que nous vivons
actuellement, est la mort cérébrale de l'OTAN», et il a déclaré en
outre que l'Europe devait «se réveiller», car elle se
trouvait «au bord d'un précipice» et devait commencer à se penser
stratégiquement comme une puissance géopolitique, sinon, en tant qu'Européens,
nous ne serons «plus maîtres de notre destin». Pire, lorsqu'on lui a
demandé s'il croyait en l'efficacité de l'Article 5 qui prévoit que si un membre
de l'OTAN est attaqué, tous se mobiliseraient pour le défendre, Macron a donné
une réponse alambiquée et sibylline: «Je ne sais pas, [...] que signifiera
l'Article 5 demain?.
Mais le Président
Macron et son gouvernement deviendraient encore plus problématiques pour la
cabale anglo-étasunienne avec l'escalade du conflit en Ukraine. De tous les
dirigeants européens, Macron est celui qui a passé le plus de temps à rendre
visite à son homologue russe ou à lui parler au téléphone ; il a cherché à
améliorer les relations entre la Russie et la France et il a tenté d'influencer
les autres nations européennes pour qu'elles tracent une politique plus
indépendante sur le continent.
2022: Macron déclare
que la Russie a des préoccupations légitimes en matière de
sécurité
Dans une interview
diffusée le samedi 3 décembre 2022, Macron a exhorté l'Occident à prendre au
sérieux les préoccupations sécuritaires de la Russie concernant l'expansion de
l'OTAN près de sa frontière. Il a appelé à une plus grande volonté de donner à
Moscou les «garanties» nécessaires à la réussite des négociations. Il les
a qualifiées d'"essentielles" si l'Occident voulait s'engager sérieusement dans
des pourparlers et un règlement pacifique. «Nous devons préparer ce que nous
sommes prêts à faire, comment nous protègerons nos alliés et nos États membres,
et comment donner des garanties à la Russie le jour où elle reviendra à la table
des négociations.» Macron a ajouté que «l'un des points essentiels que
nous devons aborder - comme l'a toujours dit le président Poutine - c'est
la crainte que l'OTAN ne vienne jusqu'à ses portes, avec un déploiement d'armes
qui pourraient menacer la Russie.» Ces propos ont suscité la rage et
l'incrédulité des alliés anglo-étasuniens et des médias occidentaux qui ont
accusé le Président français d'être un larbin pro-Kremlin.
Avril 2023 : Macron
visite la Chine, flirte avec les nations des BRICS.
Emmanuel Macron a
provoqué encore plus de rage et d'incrédulité après sa visite très médiatisée de
trois jours, du 6 au 8 avril 2023, sur tapis rouge en Chine. Les «experts en sécurité nationale» occidentaux ont
été tellement alarmés par cette visite qu'ils ont qualifié l'événement de
«l'une des plus grandes bévues commises par une grande puissance européenne
depuis la fin de la guerre froide...» En effet, il s'agissait d'une gifle
pour l'ordre établi anglo-étasunien.
Le 7 avril 2023, le
président Macron s'est rendu à l'université Sun Yat-Sen, dans la province du
Guangdong, en Chine du Sud, où il a reçu un accueil enthousiaste. Il a prononcé
un discours sur les liens entre la Chine et la France et a répondu aux questions
des étudiants. Il y avait peut-être un message subtil dans le lieu même, choisi
par ses hôtes. Sun Yat-Sen était un critique virulent du système impérial
britannique et de sa politique étrangère. Dans son livre «Le problème vital
de la Chine», Sun Yat-Sen a écrit ce qui suit:
«Lorsque l'Angleterre
se lie d'amitié avec un autre pays, le but n'est pas d'entretenir une amitié
cordiale pour le bien de l'amitié, mais d'utiliser ce pays comme un outil pour
combattre un troisième pays. Lorsqu'un ennemi a été privé de son pouvoir, il est
transformé en ami, et l'ami devenu fort, en ennemi. L'Angleterre reste toujours
en position de force ; elle fait faire ses guerres par d'autres pays et récolte
elle-même les fruits de la victoire. Elle agit ainsi depuis des centaines
d'années.»
Nous ne devons pas être
les vassaux des États-Unis
S'adressant aux
journalistes sur le vol de retour de Pékin, Macron a déclaré que «l'Europe
doit résister aux pressions exercées sur elle pour qu'elle devienne le suiveur
des États-Unis...» que le «grand risque» auquel l'Europe est confrontée est
d'être «prise dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui l'empêche de
construire sa propre autonomie» et que «l'Europe avait accru sa
dépendance à l'égard des États-Unis pour les armes et l'énergie et devait se
concentrer sur la relance de ses industries de défense». En évoquant
l'Ukraine, Macron a déclaré qu'il s'agissait «d'un pays lointain dont nous ne
savons rien...»
Mais même cela n'était
pas aussi impardonnable que son coup de gueule contre «l'extraterritorialité du
dollar étasunien.»
Pendant son séjour en
Chine, Macron a signé de nombreux accords élargissant le commerce bilatéral
entre la France et la Chine, dont beaucoup seront libellés en yuans chinois.
Déjà avant la visite de Macron, en mars 2023, des entreprises françaises ont
commencé à conclure de tels accords, le premier étant l'achat de 65.000 tonnes
métriques de gaz naturel liquide réglé en yuans. La volonté des dirigeants
français de façonner leurs propres relations bilatérales avec le principal rival
de l'Empire anglo-étasunien et de contourner le dollar étasunien est tout
simplement impardonnable. Mais E. Macron irait bientôt plus loin : selon le
journal L'Opinion, lors d'une conversation
téléphonique du mois dernier, le Président français a demandé à son homologue
sud-africain, Cyril Ramaphosa, de lui transmettre une invitation à
participer au 15e sommet des BRICS prévu en Afrique du Sud fin juillet/début
août.
Il s'agit là de deux
systèmes de gouvernance [...]
Il est important de
garder à l'esprit le contexte le plus large du conflit mondial actuel. Comme
George Soros l'a exposé dans son discours annuel au Forum économique mondial en
mai 2021, il s'agit du conflit entre les deux systèmes de gouvernance. Soros les
a qualifiés à tort de «sociétés ouvertes» et de «sociétés fermées». En réalité,
nous assistons au conflit entre le système colonial impérial occidental avec à
peu près tout le reste de l'humanité.
La gouvernance du
système impérial est contrôlée par l'oligarchie occulte occidentale qui, bien
qu'elle prône du bout des lèvres la primauté du droit, la liberté, la démocratie
et les droits de l'homme, sème en réalité constamment la pagaille à l'étranger
et la misère dans son propre pays. En vérité, les élites dirigeantes françaises
ont également bénéficié des privilèges massifs de ce système pendant des
siècles. Cependant, elles n'ont jamais accepté de se soumettre à l'establishment
anglo-étasunien et ont toujours cherché à piller et à exploiter ses colonies
selon leurs propres conditions.
Pour toi, l'Ukraine
est-elle un pays lointain?
Nous ne savons pas
encore si la France sera effectivement invitée au prochain sommet des BRICS,
mais dans le monde où ne pas être «avec nous» équivaut à être «contre
nous», l'Empire ne peut tout simplement pas tolérer l'indépendance insolente
de la France. Pensez-vous que notre alliance militaire est
cliniquement-morte? Ne voulez-vous pas être notre vassal? Vous oses
conclure des accords commerciaux avec la Chine et commercer en yuans? Vous
voulez rechercher la paix avec la Russie? Et l'Ukraine est-il un pays bien lointain pour vous? Il est clair que
c'est inacceptable et que l'establishment anglo-étasunien en a eu assez de
l'insubordination de la France. Il était temps de donner une leçon à la France
et de l'aligner sur l'agenda anglo-étasunien.
L'alliance AUKUS: un
coup de poignard dans le dos de la France
Le signe le plus récent
du mépris de la cabale anglo-étasunienne pour les Français a été l'annonce en
2021 de l'alliance AUKUS entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie. En
2016, la France a passé un accord avec l'Australie pour la fourniture fournir 12
sous-marins conventionnels à sa marine. L'accord s'élevait à 37 milliards de
dollars - une somme très importante à tous points de vue. La diplomatie
française l'a célébré comme le "contrat du siècle", important non seulement pour
sa taille et le renforcement de la relation de la France avec l'Australie, mais
aussi en termes de sécurisation de l'influence stratégique française dans la
région Indopacifique.
Mais voilà que le
mercredi 15 septembre 2021, le Président étasunien Joe Biden, le Premier
ministre britannique Boris Johnson et «ce gars d'en bas», comme
Biden s'est adressé au Premier ministre australien de l'époque Scott
Morrison, et ont annoncé une alliance de
sécurité «historique» entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et
l'Australie. L'accord prévoyait notamment que les États-Unis et le Royaume-Uni
fourniraient à l'Australie des sous-marins nucléaires et un transfert important
de technologie militaire étasunienne.
Sans consultation ni
avertissements préalables, la Grande-Bretagne, l'Australie et les États-Unis,
par ailleurs bien connus pour la grande valeur qu'ils accordent au caractère
sacré des contrats, ont tout simplement mis la France sur la touche, déchiré son
contrat avec l'Australie et jeté les intérêts français par-dessus bord,
provoquant l'indignation et la colère de la France. Le ministre français des
Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a qualifié l'annonce d'AUKUS de
preuve de duplicité, de trahison et de coup de poignard dans le dos de la
France, de la part de ses prétendus alliés et partenaires.
La France a rappelé ses
ambassadeurs aux États-Unis et en Australie et Le Drian a déclaré qu'il y avait
désormais une crise de confiance avec les États-Unis. Le Président du Conseil de
l'UE, Charles Michel, a également vivement critiqué l'annonce d'AUKUS,
accusant le club anglo-étasunien de laisser l'Europe «hors jeu dans la région
indopacifique.» Ce n'était pas la première humiliation massive infligée à la
France par les mêmes cercles anglo-étasuniens
«amis».
Les réparations
d'Haïti: comment les États-Unis ont puni l'opposition de la France à l'invasion
de l'Irak.
La diplomatie et les
services secrets étasuniens ont trouvé facile de punir l'opposition de la France
à l'invasion de l'Irak et l'embarras que le ministre français des Affaires
étrangères, Dominique De Villepin, a infligé à la délégation étasunienne au
Conseil de sécurité de l'ONU en février 2003.
Jean Bertrand
Aristide est devenu président
d'Haïti en 1991, mais il a été renversé par un coup d'État militaire après moins
de huit mois de mandat. Il a passé des années en exil aux États-Unis avant de
revenir au pouvoir lors des élections de 2000, avec l'aide des États-Unis. Son
agent de liaison étasunien était le diplomate et agent de la CIA Luis
Moreno. Le 7 avril 2003, Aristide a soudainement commencé à réclamer à la
France des réparations datant de l'époque coloniale (remarque: c'était 18 jours
après le début de l'invasion étasunienne de l'Irak). Le montant précis que
réclamait Aristide était de $21.685.135.571,48 - cette somme représentait le bas
de l'échelle des dommages estimés infligés à Haïti par la
France.
Anciennement connue
sous le nom de Saint Domingue, Haïti était une colonie française qui fournissait
du sucre, du café et du tabac à une grande partie de l'Europe. C'était une
aubaine pour les marchands, les propriétaires d'esclaves et les financiers
français. Mais en 1791, les esclaves d'Haïti ont organisé une rébellion réussie
et ont conquis leur liberté. En 1801, lorsque Napoléon a envoyé une grande
armada pour les soumettre à nouveau, ils ont vaincu ses troupes et en 1804, les
dirigeants d'Haïti ont déclaré leur indépendance.
Mais la France n'était
pas prête à abandonner Haïti. Le roi Charles X a envoyé une autre armada
en 1825, offrant de reconnaître l'indépendance d'Haïti, à condition que le
gouvernement d'Haïti accepte de payer un tribut extorqué d'un montant de 150
millions de francs-or. Combien d'argent cela représentait-il? En 1803, la France
a accepté de vendre le territoire de la Louisiane aux États-Unis pour 80
millions de francs - une superficie 77 fois supérieure à celle d'Haïti. Mais le
choix d'Haïti était simple : payer, ou ce serait la
guerre!
Les Français auraient
pu imposer un blocus naval à Haïti et le couper entièrement du commerce mondial
et des systèmes de paiement. Les Haïtiens n'avaient pas d'autre choix que de se
soumettre à l'ultimatum français. Pour payer la rançon, Haïti a été contraint
d'emprunter les sommes aux banquiers français et de rembourser les prêts plus
les intérêts à partir des recettes de leurs exportations de marchandises. C'est
d'ailleurs le début du nouveau modèle de colonialisme basé sur les dettes
financières plutôt que sur l'occupation militaire. C'est essentiellement le
modèle impérial de gouvernance, qui afflige l'humanité jusqu'à
aujourd'hui.
L'expérience tragique
d'Haïti est la seule fois dans l'histoire où les esclaves libérés ont dû payer
des dédommagements à leurs anciens maîtres et leur emprunter des fonds pour
payer la rançon. C'est pourquoi l'humiliation d'Haïti a été appelée la Double
Dette : les Haïtiens ont mis plus de 130 ans à la rembourser et ont condamné
leur nation à l'austérité chronique, au
sous-développement et à une pauvreté écrasante.
Cela a également rendu
la demande de restitution d'Aristide légitime et a fait l'effet d'une bombe pour
la France. Sa campagne s'est enhardie au fil du temps avec des banderoles, des
autocollants, des annonces gouvernementales et des graffitis dans tout le pays.
Non seulement Aristide exigeait de la France une somme d'argent très importante
en guise de réparations, mais il encourageait également d'autres anciennes
colonies à se joindre à son combat et à exiger leurs propres réparations de la
part de la France.
Le gouvernement
français a été surpris par ce développement que son ambassadeur en Haïti, M.
Yves Gaudeul, a qualifié d'explosif. Il a exhorté son gouvernement à ouvrir
des discussions avec Haïti pour désamorcer la situation, mais il a été fermement
rejeté. Au lieu de cela, la France a rappelé Gaudeul et a envoyé un ambassadeur
moins sympathique en Haïti, M. Thierry Burkard, qui a expliqué la
situation en termes crus: «L'Algérie peut parfaitement faire des
réclamations, ainsi que la plupart de nos colonies... C'est sans fin. Cela
aurait créé un précédent qui nous aurait été grandement
reproché.»
Heureusement pour la
France, le problème a disparu aussi soudainement qu'il était apparu. Avant
l'aube du 29 février 2004, Luis Moreno, ce même «diplomate» étasunien qui
a aidé à porter Aristide au pouvoir en 2000, est venu à sa résidence flanqué
d'agents de sécurité et a exigé la démission d'Aristide. M.et Mme Aristide ont
tout simplement été enlevés et ont quitté le pays à bord d'un avion affrété par
les États-Unis pour retourner en exil. Le nouveau dirigeant d'Haïti, soutenu par
l'Occident, Gérard Latortue, a abandonné les demandes de dédommagement et
l'affaire a été classée.
Bien que Jean Bertrand
Aristide soit au pouvoir depuis le début de l'année 2001, ses demandes de
réparations sont apparues plus de deux ans plus tard, comme venant apparemment de nulle part, mais peu de temps
après le camouflet infligé par la France aux États-Unis lors de l'invasion de
l'Irak. Aristide a demandé des réparations à la France, mais jamais aux
États-Unis qui avaient occupé le pays ou l'avaient tenu en esclavage pour dettes
depuis 1915, le soumettant à une exploitation tout aussi
rapace.
Avant même l'occupation
militaire, en décembre 1914, les marines étasuniens ont débarqué dans la
capitale d'Haïti, Port-Au-Prince, se sont introduits dans la Banque nationale
d'Haïti et ont tout simplement pris quelque 500.000 dollars d'or appartenant au
gouvernement haïtien. Quelques jours plus tard, l'or d'Haïti se trouvait dans
les coffres des banques new-yorkaises. Pourtant, Aristide n'a apparemment pas
fait de calcul précis des dommages infligés à Haïti par les
États-Unis.
De plus, dans un
échange de courriels entre le conseiller juridique du gouvernement d'Aristide,
Ira Kurzban, et son conseiller en droit international, Gunther
Handl, ce dernier a conseillé à Kurzban que «Haïti doit faire savoir à la
France» qu'il existe des occasions appropriées «pour laver le linge sale
de la France en public». C'est presque comme si l'affaire visait à faire
pression sur la France et à l'embarrasser plutôt qu'à obtenir justice pour
Haïti.
Cette idée est
confirmée par le simple fait que le problème de la France n'a disparu qu'après
que les agents étasuniens aient chassé Aristide du pouvoir, plutôt qu'après des
négociations sérieuses avec les représentants d'Haïti et l'acceptation par la
France d'une certaine obligation à l'égard d'Haïti. Ce seul fait suggère que la
France a cédé aux États-Unis dans le cadre d'un accord en coulisse, et non à
Haïti. Peut-être la France a-t-elle renoncé à contester le Nouveau Siècle
Américain et sa domination totale, et a-t-elle prêté allégeance à
l'hégémon.
En 1966, sous la
présidence de Charles de Gaulle, la France a retiré toutes ses troupes du
commandement militaire intégré de l'OTAN et a demandé à toutes les troupes de
l'OTAN non françaises de quitter la France. En 2009, quelques années seulement
après l'affaire d'Haïti (plus les émeutes déstabilisatrices de 2005 pour faire
bonne mesure), la France redevient un membre à part entière de l'Alliance de
l'Atlantique Nord. Mais tout le monde n'a pas vécu heureux et les relations avec
la France sont restées difficiles.
L'épée de Damoclès du
passé colonial de la France
L'épée de Damoclès du
passé colonial peu glorieux de la France (mais pas plus que celui de l'Espagne,
de la Belgique, du Portugal, de la Grande-Bretagne ou de l'Allemagne), a été
remise sur le tapis en novembre 2022 lorsque la Première ministre italienne
Giorgia Meloni est apparu sur la Chaîne italienne 7 en étalant une partie
du linge sale colonial de la France, d'aspect particulièrement peu glorieux.
Elle a montré au public italien deux pièces à conviction: un billet de franc CFA
et une photo d'un enfant travaillant dans une mine d'or au Burkina Faso:
«Ceci s'appelle le franc CFA. C'est la monnaie coloniale que la France
imprime pour 14 nations africaines, à laquelle elle applique le seigneuriage, et
en vertu de laquelle elle exploite les ressources de ces
nations...»
Meloni a affirmé que
grâce au franc CFA, 50% de tout ce que le Burkina Faso exporte finit dans le
trésor français. En plus d'être le Première ministre de l'Italie, Meloni est
également membre du puissant Aspen Institute.
Basé à Washington,
D.C., l'institut est financé par certains des plus puissants représentants du
pouvoir établi anglo-étasunien, notamment la Fondation Gates, la
Fondation Ford, le Rockefeller Brothers Fund, la Carnegie
Corporation et la Fondation Lumina, et dès lors Meloni pourrait bien
faire ce qu'il faut pour contrarier la France.
En mai 2022, le New
York Times a publié un rapport spécial de 19.000 mots sur les abus coloniaux
de la France à l'égard d'Haïti. Intitulé «The Ransom : How a French Bank
Captured Haiti» (La rançon: comment une banque française a capturé Haïti),
le rapport se lit presque comme si c'étaient les Français qui avaient inventé
l'esclavage et le colonialisme.
Préannoncer l'attaque
contre la France
L'élément le plus
étrange qui suggère que le soulèvement actuel en France est une attaque de
déstabilisation planifiée par la cabale impériale anglo-étasunienne est le fait
qu'il pourrait avoir été annoncé à l'avance dans ce qui semble être leur modus
operandi habituel. Le mois dernier, j'ai eu le privilège de participer à la
Conférence Better Way à Bath, organisée par le Conseil mondial de la
santé. L'un des intervenants de mon panel était M. Mark Devlin
(@DJMarkDevlin), un DJ qui s'est donné pour défi d'étudier la façon dont le
pouvoir utilise la culture populaire et le divertissement pour diffuser de la
propagande et manipuler les masses.
L'une des choses qu'il
a relevées, c'est qu'ils annoncent invariablement à l'avance leurs plans au
public par le biais de films et de séries télévisées populaires. M. Devlin a
affirmé qu'il existait des centaines d'exemples de ce type, et il en a partagé
un avec nous : un court extrait de la série télévisée étasunienne The Dead
Zone, diffusée en 2005. L'intrigue mettait en scène une contagion par un
coronavirus. Le virus provenait de Chine et provoquait de fortes fièvres et des
infections respiratoires, ce qui nécessitait des fermetures, des quarantaines,
le port de masques, le suivi et la traçabilité des contacts,
etc.
Le clip était
profondément troublant à voir, mais il suggérait que Devlin était sur quelque
chose d'important. Il se trouve que le cas des émeutes en France corrobore
également son hypothèse. À savoir, en 2022, Netflix a lancé un film
intitulé «Athena» sur une future guerre civile ethnique en France, qui
éclaterait après le meurtre par la police d'un jeune Algérien. Le 27 juin 2023,
la police française a tué un jeune
algérien.
Chercher à obtenir
justice pour Nahel en attaquant des touristes chinois?
Un autre détail des
émeutes pourrait avoir une importance symbolique : Reuters a rapporté que des
touristes chinois ont été blessés lorsque des émeutiers ont attaqué un bus
transportant un groupe de touristes chinois à Marseille. L'attaque, qui s'est
déroulée le jeudi 29 juin 2023 révèle à nouveau le mode opératoire de la cabale.
Rappelle-toi, lorsque les États-Unis et l'OTAN ont bombardé Belgrade en 1999,
cinq bombes guidées U.S. Joint Direct Attack Munition ont touché
l'ambassade de Chine, tuant trois journalistes des médias d'État chinois. Une
bombe aurait pu s'égarer et toucher l'ambassade par accident, mais cinq bombes
étaient un message, tout comme l'était (probablement) l'attaque de jeudi dernier
contre des touristes chinois. Il serait difficile d'expliquer pourquoi les
émeutiers qui avaient des griefs contre le gouvernement français et demandaient
Justice pour le jeune Nahel Merzouk, pensaient obtenir cette justice en
attaquant les Chinois.
Et
maintenant?
Devons-nous considérer
Emmanuel Macron et son gouvernement comme les gentils de cette saga?
Parviendront-ils à pacifier la situation, ou bien celle-ci va-t-elle s'envenimer
? Pour ma part, je n'ai jamais été un tant soit peu attaché à Emmanuel Macron,
mais je crois qu'aujourd'hui la souveraineté de la France est en jeu, et c'est
Macron qui a invité la colère de la cabale anglo-étasunienne. Si la France se
défend, les choses vont mal tourner. Oui, ils devront sévir et oui, les médias
occidentaux les accuseront de toutes les fautes habituelles de tyrannie, de
répression, d'intolérance et de censure.
Si la France capitule,
les choses deviendront encore plus laides et pour plus longtemps. Mais pour
défendre la France, le gouvernement d'Emmanuel Macron devra essayer de
rassembler toute la France et cela pourrait s'avérer son plus grand défi. Macron
représente les élites françaises qui ont beaucoup de comptes à rendre - non
seulement à leurs sujets coloniaux, mais aussi au peuple français dont le pays a
été volé sous leurs pieds (bien que Macron ne soit pas le seul à blâmer pour
cela).
En 1996, lorsque j'ai
déménagé à Monaco, je me souviens que pendant plusieurs années consécutives, la
France remportait la palme du pays où la qualité de vie était la plus élevée (je
crois que les enquêtes sur la qualité de vie étaient menées par Conde
Nast ou une autre publication de ce genre). Cependant, au cours des 25
dernières années, la qualité de vie en France s'est considérablement détériorée.
Si la France veut survivre et diriger à nouveau l'Europe, les élites qui
soutiennent Macron devront se réconcilier et faire bon ménage avec le
peuple.
En ce qui concerne son
passé colonial, la France devra au moins mettre en place une commission vérité
et réconciliation et offrir des excuses sincères et une main tendue à ses
anciennes colonies pour qu'elles s'élèvent et se développent en tant que
partenaires commerciaux égaux plutôt que de simples territoires à dépouiller de
leurs ressources minières et à soumettre de manière froide et
inhumaine.
Le monde devrait
envisager de tendre une main secourable à la France, car avec la lutte actuelle,
une très grande opportunité s'est présentée à l'humanité : vaincre le système
impérialiste de gouvernance qui a causé les tragédies indicibles de notre passé
colonial et ses bénéficiaires les plus puissants, l'establishment impérial
anglo-étasunien. S'ils parviennent à domestiquer la France et à en faire leur
vassal, ils deviendront plus forts.
Si la France l'emporte
et rejoint l'humanité, les intégrations multipolaires et l'autre modèle de
gouvernance, la cabale impériale subira un coup écrasant. Je sais à quoi m'en
tenir pour 99,9 % d'entre nous et pour ma part, j'aimerais bien voir Emmanuel
Macron en Afrique du Sud à la fin de ce mois, pour une fois à l'écoute et
cherchant sérieusement le partenariat et la réconciliation avec le monde et
assurant à la France une place d'égal à égal dans une nouvelle communauté de
nations.