VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Palestine - Gaza - La diplomatie de l’énergie au cœur d’un génocide

Palestine - Gaza - La diplomatie de l’énergie au cœur d’un génocide

samedi 18 novembre 2023, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 18 novembre 2023).

La diplomatie de l’énergie au cœur d’un génocide

https://arretsurinfo.ch/la-diplomat…

Écrit par Alfons Pérez/Juan Bordera le 3 novembre 2023

Alfons Pérez (@Alfons_ODG) est chercheur à l’Observatorio de la Deuda en la Globalización et Juan Bordera (@JuanBordera).

Article original en espagnol publié le 3/11/2023 sur le site de CTXT / Traduction Chris & Dine

Publié le 08 novembre 2023 sur arretsurinfo.ch

APARTHEID ÉNERGÉTIQUE

Alors qu’Israël massacre la population palestinienne, l’Europe et les États-Unis négocient avec le gouvernement de Netanyahou pour s’assurer le contrôle du gaz de Gaza.

« Les entreprises sélectionnées se sont engagées à réaliser un investissement sans précédent dans l’exploitation du gaz naturel au cours des trois prochaines années, ce qui devrait aboutir à la découverte de nouveaux gisements de gaz naturel. » Le ministre israélien de l’énergie, Israel Kartz, a clôturé dimanche 29 octobre l’octroi de 12 licences d’exploitation de gaz fossile au large de la côte méditerranéenne du pays. En pleine offensive militaire contre la bande de Gaza, des sociétés comme l’italien Eni, le britannique BP ou l’azéri Socar développent leur activité gazière. Quelques mois plus tôt, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait assuré qu’il fallait « accélérer les exportations vers l’Europe » pour mettre fin à la dépendance énergétique à la Russie. Cette photographie montre que les projets expansionnistes d’Israël à Gaza concernent également les réserves énergétiques de la mer palestinienne.

« Aide humanitaire à Gaza ? Aucun interrupteur électrique ne sera allumé, aucun robinet d’eau ne sera ouvert et aucun camion de carburant n’entrera dans Gaza jusqu’au retour des israéliens enlevés ». Ces déclarations du ministre Kartz confirment la stratégie consistant à infliger des souffrances indiscriminées à la population de la bande de Gaza et illustrent le contrôle absolu qu’Israël exerce sur les approvisionnements de base en Palestine, un territoire qui possède deux gisements de gaz, Marine 1 et 2, à environ 35 kilomètres de la côte, découverts dans les années 90 mais jamais exploités.

En fait, Gaza comme la Cisjordanie importent de l’énergie (gaz, pétrole, électricité) par l’intermédiaire d’Israël. Avant la guerre, la bande de Gaza souffrait de coupures d’électricité constantes, compromettant le fonctionnement des services de base et obligeant le recours à des générateurs diesel, source de pollution et d’exclusion énergétique, le prix du carburant étant inabordable pour la population appauvrie. Aujourd’hui, avec l’application des mesures de Kartz, la situation est encore plus extrême.

Les champs de Marine 1 et 2 étaient déjà l’un des buts non atteints de l’Opération Plomb Durci lancée par les forces d’occupation israéliennes en 2008, une intervention qui a fait 14 victimes israéliennes et 1 400 Palestiniennes. Pour la Palestine, les réserves de gaz représentaient la possibilité de parvenir à une certaine indépendance énergétique vis-à-vis d’Israël. C’est pourquoi en 2015, l’Autorité palestinienne a acheté les droits d’exploitation de Marinepropriété de Royal Dutch Shell, par l’intermédiaire du fonds souverain Palestine Investment Fund, mais Israël n’a jamais autorisé son exploitation.

L’opportunité suite à la guerre en Ukraine

Bien que le blocus de l’exploitation ait duré près d’une décennie, le conflit armé en Ukraine a complètement changé la situation : la sécurité énergétique de l’Union européenne est menacée et la diplomatie énergétique a dû trouver des partenaires stratégiques en dehors de l’orbite russe. Cet impératif a motivé l’organisation de trois événements par l’EastMed Gas Forum, forum pour le développement régional du gaz en Méditerranée orientale. Celui comprend huit membres qui incarnent l’intersection des intérêts entre la région et l’Europe : Chypre, Égypte, France, Grèce, Israël, Italie, Jordanie et Palestine ; ainsi que trois observateurs intéressés par la région, les Etats-Unis, l’Union européenne et la Banque mondiale.

Le premier événement, en octobre 2022, est l’accord entre le Liban et Israël sur la frontière maritime. Le compromis adopté a largement profité à Israël, lui donnant le contrôle du champ gazier frontalier de Karish et 17 % des bénéfices de l’exploitation des réserves de Cana, mais le Liban y a trouvé son compte étant donnée sa situation économique fragile. Quelques semaines plus tard, Israël concluait un deuxième accord avec l’Égypte et l’Autorité palestinienne pour l’exploitation de Marine qui a suscité surprise et critiques internes, notamment de la part du Hamas. Enfin, le 15 juin 2023, le ministre Kartz, la commissaire européenne à l’énergie Kadri Simson et le ministre du pétrole et des ressources naturelles de la République arabe d’Égypte, Tarek El Molla, ont signé un protocole d’accord impliquant essentiellement que les exportations de gaz d’Israël et d’Égypte vers l’Europe se feront à travers l’Égypte, conformément au plan européen visant à mettre fin à la dépendance à la Russie.

Accords maritimes pour l’offensive terrestre

L’action du gouvernement israélien a été décrite par différents analystes comme une recherche de stabilité régionale par le biais de la diplomatie énergétique. Cette action apparemment modérée est une stratégie dont le pivot principal est l’Occident. La prise de contrôle géostratégique d’une partie des réserves de gaz du bassin Levantin et de leurs voies d’exportation répond aux besoins d’une Union européenne avide de partenaires gaziers stables.

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0