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L’Europe se crispe contre les opérations militaires d’Israël dans la bande de Gaza

vendredi 22 décembre 2023, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 22 décembre 2023).

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22 décembre 2023

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Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, à Bruxelles, le 11 décembre 2023. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Face aux pertes humaines civiles qui ne cessent d’augmenter dans l’enclave palestinienne, Allemands, Britanniques et Français critiquent de plus en plus ouvertement l’Etat hébreu.

Jusqu’ici dispersées, les critiques montent en Europe à l’encontre de la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza. Les chancelleries européennes font évoluer leur analyse de la situation à mesure que le nombre de morts palestiniens augmente. « Beaucoup trop de civils ont été tués à Gaza, comme l’ont souligné, entre autres, les ministres français, allemand et britannique des affaires étrangères », a lancé sur le réseau social X, lundi 18 décembre, Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.

Pour lui, « il est certain que nous assistons à un manque affligeant de discernement dans l’opération militaire israélienne à Gaza ». Il a ensuite énuméré les lieux et les personnes touchés par les attaques israéliennes : « L’église de la Sainte-Famille et le couvent de la Charité, qui abritent des personnes déplacées, ont été attaqués. Des fidèles, trois otages israéliens et des centaines d’autres civils ont trouvé la mort au cours des dernières opérations militaires. Cela doit cesser – une pause humanitaire est nécessaire de toute urgence. »

Mais l’Union européenne n’est pas encore prête à demander un cessez-le-feu. « Soyons francs, confiait M. Borrell vendredi au Monde, le mardi 12 décembre, nous étions encore clairement divisés à l’ONU lors du vote sur une résolution demandant un cessez-le-feu. Deux pays européens étaient encore contre… » Alors que l’Allemagne fait évoluer sa position, l’Autriche et la République tchèque restent très attachées à ne pas froisser Israël.

Lundi soir, M. Borrell s’inquiétait une nouvelle fois de « l’aggravation de la situation humanitaire à Gaza, de la violence croissante des colons en Cisjordanie et de la perturbation des voies de navigation dans la mer Rouge [qui] font peser des risques croissants sur la région et peuvent encore s’aggraver ».

De la part de l’Allemagne, qui affiche depuis le 7 octobre un soutien sans faille à Israël, appeler à un cessez-le-feu constitue une inflexion. « Je ne pense pas que les appels à un cessez-le-feu immédiat ou à une longue pause – ce qui reviendrait quasiment au même – soient justes, car cela signifierait au bout du compte qu’Israël laisse au Hamas la possibilité de récupérer [ses forces] et de procurer de nouveaux missiles », avait ainsi déclaré le chancelier Olaf Scholz, le 12 novembre.

« Nourrir le conflit pour encore cinquante ans »

En accentuant aujourd’hui la pression sur Israël, le gouvernement allemand se rapproche d’une opinion publique très divisée. Le 5 décembre, un sondage de l’Institut Allensbach montrait ainsi que seul un tiers des personnes interrogées partagent l’idée, formulée par Angela Merkel en 2008 et réaffirmée par Olaf Scholz après le 7 octobre, selon laquelle la sécurité d’Israël serait pour l’Allemagne une « raison d’Etat ». Selon cette enquête, 57 % des Allemands souhaitent que leur pays joue un rôle de médiateur dans le conflit au Proche-Orient, 35 % seulement approuvant l’idée qu’Israël envahisse la bande de Gaza pour assurer sa propre sécurité.

Le gouvernement britannique a également haussé le ton depuis ce week-end. David Cameron, ministre des affaires étrangères, a appelé pour la première fois, dans une tribune commune avec son homologue allemande Annalena Baerbock, publiée dans Die Welt et le Sunday Times, à un « cessez-le-feu durable », regrettant que « trop de civils palestiniens ont été tués ». Lundi, le premier ministre Rishi Sunak a également estimé que, si Israël a le droit de se défendre, « cela doit être dans le respect des lois humanitaires. Il est clair que trop de vies civiles ont été perdues. C’est la raison pour laquelle nous avons plaidé avec cohérence pour un cessez-le-feu durable, avec la libération des otages, la fin des tirs de roquettes par le Hamas et davantage d’aide humanitaire ».

Encore plus incisif, l’ex-ministre de la défense de Boris Johnson, Ben Wallace, respecté pour son soutien à l’Ukraine, a affirmé dans une tribune au Daily Telegraph, lundi, que « la rage meurtrière » du gouvernement Nétanyahou risquait de « nourrir le conflit pour encore cinquante ans », et de « radicaliser des jeunes musulmans partout dans le monde ». Le 14 décembre, le Foreign Office a annoncé prendre des sanctions contre les Israéliens auteurs de violences en Cisjordanie, leur interdisant l’entrée sur le territoire britannique.

Témoignages désespérés

La mort de trois otages à Gaza, tués par leur propre armée alors qu’ils agitaient un drapeau blanc, a été largement couverte par les médias, tout comme l’attaque contre l’église de la Sainte-Famille, où deux femmes ont été abattues samedi et dans laquelle se sont réfugiées des centaines de personnes âgées appartenant à la minorité chrétienne. Leurs témoignages, que relaie la députée libérale démocrate d’Oxford Layla Moran, sont désespérés. « J’ai peur que les membres de ma famille qui subissent ce siège de l’église par l’armée israélienne ne survivent pas jusqu’à Noël, entre les snipers et le manque d’eau », explique l’élue, qui y compte plusieurs proches et est très présente sur les réseaux sociaux et sur les plateaux de télévision.

Les déclarations de l’ambassadrice d’Israël au Royaume-Uni, Tzipi Hotovely, qui, le 14 décembre, a repoussé la solution à deux Etats défendue par tous les gouvernements occidentaux, ont aussi choqué. A Gaza, le bilan continue de s’alourdir. Le ministère de la santé local a annoncé, lundi, que plus de 150 personnes avaient été tuées depuis la veille. L’hôpital Al-Ahli, également connu sous le nom d’hôpital baptiste, a dû interrompre ses opérations, selon Richard Sewell, le doyen du collège Saint George anglican de Jérusalem, qui gère l’établissement. « La plupart des membres du personnel avaient été arrêtés. Il ne reste qu’un personnel réduit et une centaine de patients gravement blessés. Il n’y a plus d’eau courante ni d’électricité », écrit-il.

Par Cécile Ducourtieux, Philippe Jacqué, Thomas Wieder et Madjid Zerrouky

Le Monde du 19 décembre 2023

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