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Comaguer 546 - 26 janvier 2024 - L’ Empire devra rendre des comptes (PDF, DOCX)

vendredi 26 janvier 2024, par SUN TZU (Date de rédaction antérieure : 26 janvier 2024).

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Bulletin Comaguer 546

26 janvier 2024

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L’Empire devra rendre des comptes

Sitôt les castristes arrivés au pouvoir le 01 Janvier 1959 les Etats-Unis se déchainent contre la révolution cubaine.

Très vite Fidel et ses camarades décident de riposter aux mensonges et aux calomnies de l’Empire. Ce sera l’opération VERDAD (Vérité) lancée le 19 Janvier 1959. Elle commence le 21 par un discours de Fidel devant le peuple assemblé à La Havane. Elle est suivie le 22 par une intervention devant 300 correspondants de la presse et des radios internationales.

Le premier thème abordé par Castro est de réfuter les accusations de règlements de comptes et d’assassinats des responsables de la dictature capturés par les castristes . Il affirme que les révolutionnaires ne se vengeront pas ne feront pas couler le sang sans raison. Les prisonniers seront jugés équitablement . Il précise : « Notre révolution est morale. »

Le second thème est une réponse à la mise en accusation de la révolution par ses adversaires et en premier lieu par les Etats-Unis

Cette mise en accusation ne prend pas la forme qui sera utilisée depuis très régulièrement par les Etats-Unis contre tous les régimes politiques qui déplaisent au maitre : celle d’une loi (un ACT) sous l’intitulé d’ACCOUNTABILITY ACT  qui est une mise en demeure sous peine des pires sanctions – pouvant aller jusqu’à la guerre – qui exige que l’Etat visé rende des comptes * au maitre comme s’il était un employé, un serviteur , un inférieur . Bref les Etats-Unis exercent ainsi au nom d’un magistère qui n’est reconnu par personne leur tutelle sur le monde entier, le monde conçu comme une colonie. Il est révélateur qu’il n’existe pas dans le gouvernement des Etats-Unis un « Ministère des Affaires étrangères » puisqu’il vu de la Maison Blanche, vu du Pentagone, vu du département d’Erat, vu de la Cia, vu de la Dia , vu du FMI, vu de la Banque mondiale, il n’y a pas « d’étranger »

Aussi dès le premier janvier 1959 tant au Sénat que dans l’entourage de Eisenhower encore au pouvoir que dans la presse des voix haineuses s’élèvent : il faut que Castro nous rende des comptes et il va le faire magistralement .Dans la précipitation le pouvoir impérial va improviser et mettra plus tard en œuvre des techniques pus élaborées de contre-révolution.

Le congrès des Etats -Unis fait ,à cette fin, un usage fréquent des « Accountabiity Act » . En politique intérieure il s’agit classiquement du simple contrôle de l’utilisation de fonds publics par ceux qui les ont reçus mais quand on en arrive en politique étrangère à un « Syria Accountability and Lebanese restoration Act 2003 », à un « Hezbollah accountability act » ou au contraire dans le cas de la Libye quand le Conseil de sécurité et des nombreux observateurs internationaux se demandent benoitement et après la bataille pourquoi ce pays , après un décennie de chaos, n’a pas fait l’objet d’une recherche de responsables donc d’un « accountability act ». La réponse est lumineuse : le criminel ne lance pas des poursuites contre lui-même .

Quelques exemples :

L’Iran a « bénéficié » en 2010 d’un « Comprehensive Iran Sanctions, Accountability, and Divestment Act » (loi globale sur les sanctions la responsabilité et le désinvestissement) toujours en vigueur.

La Corée du Nord « bénéficie » elle d’un « North Korea Accountability Act » voté par le congrès en 2021 qui se préoccupe de deux questions les droits de l’homme et les armes nucléaires la première n’étant qu’un colifichet médiatique de la seconde .

Le Hezbollah a été visé par le HATA (Hezbollah Accountability Act) par le congrès américain, en 2011 dans la foulée du déclenchement de la guerre de destruction de la Syrie.  

Cuba n’a pas eu droit à un « Cuba Accountability act ». En fait le choix initial après les imprécations initiales et devant le succès de l’opération Verdad était celui d’une attaque militaire qui ,on le sait, échoua. Mais cet échec conduisit Kennedy à lancer en 1962 un embargo-blocus qui approfondi, aggravé, dure encore.

Par contre le nouveau pouvoir cubain comprend dès les premiers jours de Janvier 1959 que les Etats-Unis vont lui demander des comptes bien avant que programme révolutionnaire ne soit mis en application avant que la réforme agraire soit lancée (1960) avant que les nationalisations d’entreprises soient lancées la même année ( rappel :avant la révolution 59% des terres cultivables, 90% des mines, 100% des raffineries de pétrole appartenaient à des capitalistes étasuniens et Washington est le siège d’une véritable hystérie anti cubaine).

Des vidéos de l’opération Verdad sont encore disponibles sur internet et on entend sous une forme ramassée les phrases vigoureuses et d’une immense portée politique que prononce Fidel le 21 Janvier 1959 devant la foule rassemblée dans la Havane et qu’il reprend le lendemain devant prés de 400 journalistes du monde entier venus l’écouter.

Retenons ( traduction française Comaguer à partir de la bande son))

   « Ce n’est pas une victoire par les armes, il n’a pas été tire un seul coup de feu (sous-entendu pour l’entrée à La   Havane 3 semaines plus tôt) c’est une victoire plus belle, c’est une victoire de la raison, c’est une victoire de la justice, c’est une victoire de la morale.

   Ceux qui ont cru qu’à travers le monopole des câbles internationaux ceux qui ont cru qu’en propageant des mensonges et des calomnies visant à affaiblir notre révolution à discréditer noter peuple qui après ont lancé contre lui des contrevérités débiles se sont trompés parce que la révolution est aujourd’hui plus affirmée et aujourd’hui plus forte . Au lieu de l’affaiblir ils l’ont renforcée. La révolution ne prend pas peur devant l’attaque, ne s’affaiblit pas. La révolution ne s’affaiblit pas face à l’attaque au contraire elle progresse elle se renforce et elle se renforce parce qu’elle est celle d’un peuple courageux et combatif . »

Et il ajoute : 

   « Je n’ai aucun compte à rendre à n’importe quel élu du Congrès Etasunien je n’ai aucun compte à rendre à aucun pays étranger. Je n’ai des comptes à rendre qu’aux peuples, je n’ai des comptes à rendre qu’à mon peuple, le peuple cubain »

L’opération Verdad va se poursuivre plusieurs jours mettant en présence face à ce public de journalistes venus du monde entier des victimes survivantes ou des témoins des atrocités de la dictature cubaine et les prisonniers auteurs et organisateurs de toutes ces tueries qui seront jugés et condamnés.

Ces vérités méritent d’être rappelées et elles l’ont été magnifiquement ces derniers jours, 65 ans après la révolution, à Cuba, où a été organisé par PRENSA LATINA média cubain indépendant lancé dès 1959 un congrès international intitulé « Nouvelle opération Vérité - Tribune des peuples qui résistent »

Car le moment n’est plus très éloigné où l’empire qui se croyait exceptionnel et seul habilité à demander des comptes aux autres pays devra lui-même en rendre.

***

*Le mot compte d’où est dérivé l’anglais « accountability » a de de nombreux usages : depuis la comptabilité jusqu’à la responsabilité sociale ou politique et dans cette acception particulière on passe du « compte-rendu » document banal établi par une personne qui informe d’autres membres du groupe sur l’état d’avancement d’une question à l’expression « rendre compte de » … un évènement , une investigation. Ainsi le journaliste rend compte à ses lecteurs d’un évènement auquel il a participé, un ambassadeurs rend compte à son ministre d’une entrevue qu’il a eue avec un officiel du pays où il est en poste, pour arriver à la formulation la plus contraignante : «rendre compte à quelqu’un » c’est à dire répondre de l’exécution d’une mission qui vous a été confiée par quelqu’un qui a autorité sur vous ce qui sous-entend soumission et devoir d’obéissance ou assumer une relation de soumission à une autorité extérieure, le langage de celle-ci pouvant couvrir un large spectre de tonalités de la suggestion à la coercition en passant par l’injonction. Le Littré (édition Encyclopédia Britannica – 1987) lui -même illustre bien la diversité de ces rapports et l’art du comédien et du metteur en scène va influer sur le ton de la réplique. Quelques exemples : Ainsi Corneille dans Cinna : « J’en dois compte au sénat et n’y puis consentir » Corneille encore dans Le Cid : « Jamais un souverain ne doit compte à personne . Des dignités qu’il fait et des grandeurs qu’il donne ». Pascal dans les Provinciales : « Je demanderai compte aux hommes de la vie des hommes » .

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