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Israël : qui sont ses principaux fournisseurs d’armes ?

dimanche 24 mars 2024, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 24 mars 2024).

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24 mars 2024

Assawra

Les Etats-Unis sont, de très loin, le premier fournisseur d’armement d’Israël, suivis de l’Allemagne. D’autres pays, comme l’Italie et l’Espagne, ont cessé d’en livrer. Quant à la France, elle assure ne fournir à l’État hébreu que de quoi « assurer sa défense ».

Qui fournit quoi et en quelle quantité ? La question des exportations d’armes en Israël n’a jamais été aussi sensible, y compris aux Etats-Unis, de très loin leur premier fournisseur, qui ont fait de la sécurité de l’Etat hébreu une raison d’Etat, tout comme l’Allemagne, qui se classe au deuxième rang. D’abord quasi-inconditionnel, le soutien apporté à l’Etat hébreu après l’incursion meurtrière du 7 octobre 2023 menée par les commandos du mouvement islamiste palestinien, le Hamas, s’est peu à peu étiolé à mesure que les pertes civiles s’accumulaient dans la bande de Gaza. L’ordonnance rendue le 26 janvier par la Cour internationale de justice (CIJ), enjoignant à titre conservatoire à Israël « de s’abstenir de commettre des actes entrant dans le champ d’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », a encore exacerbé les tensions entre ses fournisseurs et une partie de leur opinion publique. Plusieurs, comme l’Espagne et l’Italie, avaient déjà suspendu leur aide militaire.

En Europe, Zain Hussain, chercheur à l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), constate « une pression de la part de différents acteurs ou Etats pour limiter la fourniture d’armes à Israël en raison de violations potentielles du droit humanitaire international ».

Tous les fournisseurs d’Israël ne détaillent pas leurs exportations de matériel militaire. Il est donc difficile d’en connaître la nature et le volume, mais quelques données permettent d’en faire un bref état des lieux.

Etats-Unis

Les Etats-Unis sont, de très loin, le premier partenaire d’Israël en matière de défense. L’Etat hébreu est le premier bénéficiaire de l’aide étrangère américaine depuis la seconde guerre mondiale. A ce jour, Washington lui a fourni 158 milliards de dollars (en dollars courants non corrigés en fonction de l’inflation) sous forme d’aide bilatérale et de financement du dispositif antiaérien Dôme de fer.

Entre 2013 et 2022, 69 % des armes importées en Israël provenaient des Etats-Unis, selon le Sipri, qui fait autorité en la matière. Ces importations sont en partie financées par les 3,3 milliards de dollars d’aide militaire que Washington alloue annuellement à l’Etat hébreu, en plus du demi-milliard accordé au titre de la coopération à sa défense aérienne, mais rien ne l’empêche d’en acquérir hors de ce cadre.

Après le coup de force du Hamas, Washington a fourni plusieurs milliers de bombes et de missiles guidés à Israël, mais le volume total des importations d’armes en provenance des Etats-Unis est resté stable en 2023, selon le Sipri. Fin octobre, Joe Biden a demandé au Congrès d’approuver des ventes d’armes supplémentaires d’un montant de 14,3 milliards de dollars dans le cadre d’un « paquet » qui comprend également une assistance en faveur de l’Ukraine et de Taïwan, mais les élus républicains de la Chambre de représentants font obstacle à l’examen du projet, adopté en février au Sénat.

Aucun inventaire des armes fournies à Israël depuis le 7 octobre n’a été communiqué. Selon le Times of Israël, 250 avions-cargos et une vingtaine de navires avaient livré, fin janvier, une dizaine de milliers de tonnes d’armement et d’équipements militaires, dont on ignore la nature. Le New York Times, qui a enquêté spécifiquement sur les bombes MK-84, modèle non guidé de près d’une tonne, dont l’emploi dans la bande de Gaza suscite de vives critiques, avançait fin décembre le chiffre de 5 000 exemplaires fournis.

Les Etats-Unis autorisent par ailleurs l’armée israélienne à puiser dans l’arsenal qu’ils stockent sur place pour éviter d’avoir à l’acheminer en cas de conflit armé dans la région. Ces cessions permettent à Washington de se passer de l’aval du Congrès. L’« urgence nationale » décrétée par Joe Biden après le 7 octobre a également permis à la Maison Blanche de s’affranchir de l’étape parlementaire pour fournir des munitions à l’armée israélienne. Depuis les années 1960, l’administration américaine fait en sorte que l’Etat hébreu dispose d’un « avantage militaire qualitatif » (Qualitative Military Edge) sur ses voisins et les acteurs non étatiques de cette zone, ce qui lui a permis d’être le premier pays de la région à acquérir l’avion de combat furtif F-35, dont Israël possède une cinquantaine d’exemplaires.

Allemagne

La République fédérale, deuxième fournisseur d’Israël, représentait 30 % de ses importations d’armes entre 2013 et 2022, selon le Sipri, mais les autorisations de livraison ont été multipliées par dix entre 2022 et 2023, et la majeure partie de cette hausse spectaculaire a eu lieu après le 7 octobre. Selon le ministère de l’économie et de la protection du climat allemand, elles ont atteint l’an dernier 326 millions d’euros. Les armes offensives ne représentent toutefois que 6 % de ce montant (contre un peu plus de 2 % en 2022), d’après l’agence Deutsche Presse-Agentur. Le reste est constitué de « biens militaires » tels que des véhicules blindés ou de transport de troupes et de matériel de protection. Le gouvernement ne communique pas le détail des livraisons, notamment pour que les entreprises allemandes impliquées ne soient pas identifiables.

Italie

L’Italie a cessé de livrer des armes à Israël après le 7 octobre, a annoncé le 21 janvier le ministre des affaires étrangères, Antonio Tajani. Le pays représentait 5,9 % des importations d’armes conventionnelles entre 2011 et 2020, ce qui en faisait le troisième fournisseur de l’Etat hébreu, selon une analyse des données du Sipri réalisée par l’organisation non gouvernementale (ONG) britannique Campaign Against Arms Trade (CAAT), qui milite pour l’arrêt du commerce mondial des armes.

Royaume-Uni

En 2023, le gouvernement britannique a donné son aval à l’exportation en Israël de biens militaires d’une valeur de 42 millions de livres sterling, soit le même montant que l’année précédente. Le secrétaire à la défense, Grant Shapps, le jugeait alors « relativement modeste ».

Les informations sur les autorisations accordées depuis le 7 octobre 2023 n’ont pas été communiquées. Le 18 décembre, la secrétaire d’État aux affaires et au commerce, Kemi Badenoch, a annoncé que leur attribution ne serait pas suspendue, mais a ajouté que le gouvernement se réservait le droit de rejeter les demandes ou de révoquer celles qui ont été approuvées « compte tenu des hostilités » dans la bande de Gaza.

Entre 2018 et 2022, le gouvernement britannique a approuvé 146 millions de livres sterling d’exportations en Israël, mais ce montant ne tient pas compte du matériel fourni dans le cadre des licences « ouvertes », qui ne fixent aucune limite à la quantité ou à la valeur des livraisons, souligne l’ONG CAAT. Le Royaume-Uni produit environ 15 % de la valeur des F-35.

France

La France, qui a ravi en 2023 le deuxième rang mondial des exportateurs d’armement à la Russie, assure ne pas fournir d’armes « létales » à Israël, mais dit lui livrer seulement de quoi « assurer sa défense », selon le rapport annuel sur les exportations d’armes du ministère des armées publié en juillet 2023.

Toujours d’après ce rapport, l’Hexagone a vendu pour 208 millions d’euros de matériel militaire à l’Etat hébreu depuis 2013, dont 25,6 millions en 2022, ce qui représente 0,2 % du total des exportations de la France cette année-là. A cela s’ajoutent près de 9 millions d’euros d’autorisations d’exportation d’armes de catégorie militaire ML4 (bombes, torpilles, roquettes, missiles, autres dispositifs et charges explosifs, et matériel et accessoires connexes). Comme 113 autres pays, dont tous ceux de l’Union européenne, la France a ratifié le traité sur le commerce des armes, qui interdit à un Etat de vendre des armes s’il a « connaissance (…) que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, des violations graves des conventions de Genève de 1949, des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil et protégés comme tels, ou d’autres crimes de guerre », disposition qui prend une résonance particulière depuis l’ordonnance de la CIJ.

Il faudra attendre la publication, à l’été 2024, du prochain rapport annuel sur les exportations d’armes pour avoir une idée plus précise de la nature et du volume des armes fournies en 2023 à Israël. En l’absence de chiffres officiels, le ministère des armées a assuré fin janvier que « la France respect[ait] strictement ses engagements internationaux dans ses exportations d’armes vers Israël (…). A ce titre, elle n’exporte pas et n’exportait pas avant les événements dramatiques du 7 octobre de matériels létaux susceptibles d’être employés contre des populations civiles dans la bande de Gaza ».

Canada

Le Canada va cesser de fournir des armes à Israël, a annoncé le 19 mars la ministre des affaires étrangères, Mélanie Joly. Le Parlement avait adopté la veille une motion non contraignante en faveur d’un « cessez-le-feu immédiat » demandant au gouvernement de « cesser l’approbation et le transfert [d’armes à] destination d’Israël ».

Depuis le 7 octobre, Ottawa dit n’avoir autorisé que l’exportation de matériel non létal. « Compte tenu de l’évolution rapide de la situation sur le terrain, nous n’avons approuvé aucun permis depuis le 8 janvier », a en outre assuré la cheffe de la diplomatie.

Le Canada a exporté plus de 21 millions de dollars canadiens (14,5 millions d’euros) de matériel militaire en Israël en 2022, selon les chiffres officiels.

Espagne

« Depuis le 7 octobre 2023, il n’y a eu aucune opération de vente d’armes à Israël », a assuré le 5 décembre le ministre des affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares.

Selon le quotidien espagnol El Diario, dont l’enquête s’appuie sur les données publiées sur le portail officiel du commerce extérieur, l’Espagne a toutefois exporté pour près d’un million d’euros de munitions en Israël. Ces livraisons « correspondent à des autorisations accordées avant le 7 octobre » et ne concernent que « du matériel d’essais ou de démonstrations, en aucun cas destiné à un usage final ou susceptible d’être utilisé dans le conflit », a par la suite assuré le secrétariat d’Etat au commerce.

Madrid a autorisé l’exportation de 44 millions d’euros de matériel de défense en Israël au cours du premier semestre 2023, selon le ministère de l’économie.

Pays-Bas

La Cour d’appel de La Haye a ordonné le 12 février au gouvernement néerlandais de cesser d’exporter des composants du F-35 stockés au centre régional de distribution du constructeur américain Lockheed Martin de Woensdrecht, dans l’ouest des Pays-Bas. La cour, qui se prononçait dans le cadre d’une action intentée par trois organisations non gouvernementales, a estimé qu’il existe « un risque clair » que les F-35 utilisés par l’Etat hébreu permettent des « violations graves du droit humanitaire » dans la bande de Gaza. L’exécutif s’est pourvu en cassation.

En 2022, l’Etat d’Israël a importé pour 2,3 millions d’euros de pièces de F-35 provenant de Woensdrecht, rapporte De Standaard. Selon l’analyse des données officielles réalisée par l’ONG Stop Wapenhandel (« arrêtez le commerce des armes »), les Pays-Bas ont autorisé au printemps 2022 l’exportation de « pièces de projectiles guidés et des moteurs de fusée ». Il s’agit de la seule exportation de matériel militaire supérieure à 10 millions d’euros, précise-t-elle.

Par Jean-Philippe Lefief
Le Monde du 22 mars 2024

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