A PROPOS DE …
Travailler avec les robots, une évidence
ET DE …
Robots : le mirage du grand remplacement
Très bon sujet de discussion, effectivement !
En espérant que le débat sur ce sujet de fond s’anime un peu, et surtout, positivement en termes d’auto-formation des participants, s’il en est… !
Déjà, il y a un décalage entre le bref article et l’étude de fond qu’il est censé présenter. En fait il se présente comme une sorte de synthèse conclusive de l’étude, ce qui induit au départ un biais de lecture pour aborder la dite étude.
Ce procédé induit donc aussitôt le préjugé que cette « synthèse-conclusion » découlerait comme une évidence des faits présentés dans l’étude, et dans l’étude l’objectif de justifier ce titre revient comme un leitmotiv, une sorte d’injonction subliminale, mais pourtant sans un lien logique rigoureux avec les fait présentés, si on les analyses dans leurs conséquences et leurs interactions.
En somme une très habile opération d’enfumage et d’agit-prop en vue non seulement d’endormir l’esprit critique du lecteur, mais, tant qu’à faire, également d’obtenir son « adhésion » à la robotisation… !
Avec en prime quelques affirmations qui relèvent, peu ou prou, du simple mensonge, mais toujours placées dans la bouche des supposés « témoins » interviewés, pour leur fournir une relative crédibilité…
A commencer par le syndicaliste :
« Il y a eu des rationalisations, de l’automatisation, comme cela avait d’ailleurs déjà été le cas les décennies précédentes. Mais il y a toujours d’autres professions qui se créent », approuve Daniel Lampart, chef économiste de l’Union syndicale suisse (USS). Qui cite la logistique ou la santé. Puis, « c’est remarquable le nombre de professeurs de yoga qui ont émergé », pointe-t-il, plaisantant à peine.
De nouveau sérieux, il poursuit : « au niveau de l’entreprise individuelle, des postes sont malheureusement supprimés. Les employeurs doivent trouver aux personnes concernées une autre activité. » Loin de souhaiter freiner le progrès, il rappelle néanmoins que les avancées technologiques sont aussi celles qui permettent l’augmentation du pouvoir d’achat et des niveaux de vie.
La Suisse est donc peut-être située sur une autre planète, à moins que ce ne soit ce syndicaliste…
Mais, bon, un autre « expert » admet qu’il y a quelques « exceptions »… :
« …ce qui apparaît partout, c’est que l’automatisation a tendance à accroître les inégalités, ajoute ce spécialiste de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Pour faire simple, ce sont les travailleurs les moins qualifiés, donc les moins rémunérés, qui ont tendance à être confrontés à la concurrence des robots. Leur salaire a donc peu de chance de progresser. C’est même plutôt l’inverse. Mais l’expert en est certain : « Le travail va rester la partie la plus importante de l’économie. » Robot ou non, « ce n’est pas près de changer ».
…Et dans la foulée, un petit mensonge peut donc en cacher un gros…
Car « ce qui n’est pas prêt de changer », manifestement, c’est bien au contraire la réduction de la part du travail dans l’économie, et singulièrement, la part du travail productif, comme on vient de le voir récemment :
Banco-centralisme : Le sens retrouvé du combat social en France
https://mai68.org/spip2/spip.php?article13007
Mais que l’on se comprenne bien : il ne s’agit pas ici de combattre par principe toute forme de modernisation des forces productives, bien au contraire, et ce qui serait d’ailleurs tout à fait vain, au regard de l’histoire du développement humain, mais de comprendre précisément comment le progrès technique pourrait être remis au service du progrès social, et non au service de la seule « élite » qui monopolise les moyens de production à son profit, sous une forme ou sous une autre.
Le besoin qu’éprouve l’« élite » à nous faire accepter la robotisation repose précisément sur cette duperie fondamentale que l’automatisation de la production ne sera jamais totale et qu’il y aura toujours des emplois « autour », et y compris et surtout pour des services « techniques » autour des machines robotisées…
Car à l’évidence, pour qui veut bien ouvrir les yeux et raisonner logiquement, si la production robotisée peut se passer de main-d’œuvre « annexe », il est clair que l’« élite » n’a plus besoin d’une population de travailleurs « improductifs », même et surtout assurant les services, sociaux et autres, dont ces travailleurs « improductifs » ont évidemment besoin pour continuer à survivre, en dehors des secteurs d’activité réellement productifs !
Il est donc fondamental, psychologiquement, pour la bourgeoisie, de maintenir le mythe que la robotisation totale de la production est impossible, alors que c’est l’évidence du contraire qui est vraie.
Il était utopique de penser que les robots allaient nous remplacer. Il y a encore beaucoup de choses que l’humain ne sait pas faire faire à la machine. » Le phénomène était bien visible pendant la pandémie : « Nous avons d’ailleurs bien vu pendant la crise du covid que ni les machines ni les entreprises ne fonctionnaient sans les êtres humains. »
…Et dans la conclusion :
« Cette peur, aussi ancienne que les robots eux-mêmes, n’est pas près de disparaître. Elle rejaillit même à chaque vague d’innovation technologique. Elle se nourrit aussi des crises comme celle du covid, où l’on a vite estimé – à tort – que les robots profiteraient des impératifs de santé pour s’engouffrer dans de nouveaux secteurs.
Ils auraient pu : l’hôtellerie, le tourisme ou la restauration sont autant de secteurs où, post-covid, les humains manquent largement à l’appel. Le développement de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage par les machines sera probablement l’occasion de ranimer cette peur. »
…Pourtant, le lecteur attentif, s’il en est, aura gardé ceci en mémoire, quelques pages plus haut :
« Avec le covid, beaucoup d’entreprises chargées de produire des éléments indispensables se sont rendu compte qu’elles étaient très dépendantes du personnel. Depuis deux ans, on sent une accélération des investissements dans les chaînes de production élémentaires, pour réduire cette dépendance. »
De fait, ces oracles avaient raison sur un point : l’utilisation de robots et de machines augmente. Après une pause en 2020, l’installation de tels outils a littéralement bondi en 2021. Plus d’un demi-million de robots industriels ont été installés autour du monde, un record, selon de nouvelles statistiques de la Fédération internationale de la robotique (IFR). Il y a désormais 3,5 millions d’« unités » de robots installées dans le monde.
Le fait est donc que comme tout processus évolutif la robotisation n’est pas un phénomène linéaire et sans à-coups, ni même sans reculs provisoires, y compris dus aux imperfections provisoires du développement technologique.
Il s’agit donc bien là d’une manipulation du lecteur, en ce qu’il a généralement plutôt besoin d’être « rassuré » par rapport à ses perspectives d’avenir social !
Le plus simple, à cet effet, étant donc d’affirmer que le problème est déjà réglé :
« La révolution numérique a pourtant bien lieu, souligne Anne Donou, directrice pour la Suisse romande de Von Rundstedt, un cabinet qui aide notamment des employés licenciés à retrouver du travail. Et elle est bien plus importante et profonde que la révolution industrielle. »
Circulez, braves gens, il n’y a rien à voir…
« C’est donc un modèle hybride qui s’impose et qui s’imposera encore : des usines où se côtoient humains et robots. Ces derniers remplaceront de plus en plus les premiers. Mais des employés resteront là pour les programmer et les surveiller. »
Il n’est effectivement pas illogique de penser que dans la période de « transition » une sorte de synergie « humain-robot » puisse maintenir un niveau d’emploi relativement élevé, y compris en fonction de l’évolution démographique, notamment avec le vieillissement de la population, mais le bon sens nous dit qu’il ne suffit pas de regarder le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, mais bien de savoir s’il est plutôt en train de se remplir ou de se vider…
On a vu qu’en ce qui concerne le travail productif proprement dit la pente est déjà carrément radicale, mais même en ce qui concerne globalement la situation de la part du travail dans l’économie, l’évolution principale est déjà depuis longtemps à la réduction.
Cette question essentielle fait évidemment débat parmi les économistes, et on comprend bien pourquoi. Et là aussi on a affaire à un phénomène évolutif qui peut varier largement en fonction, notamment, des conditions économiques locales de chaque pays, mais l’essentiel reste toujours de comprendre la tendance de fond sur le temps long.
Quelques liens et graphiques sur le sujet :
(https://img.over-blog-kiwi.com/1/45…)
(https://blogs.alternatives-economiq…)
( Cet article montre que le processus est également en cours en Chine, et qu’il y est même ancien, ce que l’on a pu vérifier, par chance, sur d’autres traces retrouvées sur le net, y compris officielles chinoises *)
(https://tra.img.pmdstatic.net/fit/h…)
Il est donc bien évident qu’il s’agit d’une évolution sur le temps long, mais qui peut connaître aussi bien de brusques coups d’accélérateur, comme avec le covid, que des coups de frein « techniques » dans certains domaines, ou tout simplement « tactiques » de la part du système, qui ne veut pas dévoiler son jeu sur le long terme, pour mieux endormir les travailleurs et « noyer le poisson », mais ne voir que le verre à moitié plein sans voir qu’il se vide, lentement mais surement, cela procède donc bien du déni de réalité, et c’est bien ce genre de déni que cette « étude » introduit :
Le fantasme d’une arrivée soudaine et massive des robots dans les usines, voire dans les magasins, ne se réalise pas. Car tout cela prend du temps. « Il faut en moyenne dix à vingt ans pour qu’une innovation soit développée en laboratoire, testée puis adoptée par des industries, affirme Aude Billard, professeure à l’EPFL et directrice du Laboratoire d’algorithmes et systèmes d’apprentissage, le LASA, où œuvrent 25 chercheurs. Auparavant, un robot pouvait effectuer une tâche précise dans un contexte bien défini et le moindre changement dans son environnement le paralysait. Maintenant, les machines sont plus souples, elles sont par exemple capables, sur des chaînes de montage, d’aller chercher des pièces à des endroits imprévus. »
Aude Billard donne un exemple bien précis. « Depuis peu, les machines sont capables de trier des objets très différents : vous pouvez déverser des champignons devant un robot, il sera capable visuellement de les reconnaître par variété, de les prendre délicatement et de les classer selon leur qualité et leur forme, et de jeter les moins bons. » Avec comme objectif que des robots manipulent de plus en plus des fruits et légumes, par exemple.
L’exemple cité nous montre bien, à moins d’être stupides au point de ne pas le comprendre, qu’il n’y a aucune limite réelle à la robotisation de la production et que le processus complet d’exclusion du travail humain productif est déjà, pour ce qui le concerne, réellement « en marche » !
Pour l’« élite » qui contrôle les moyens de production il est clair que la satisfaction de ses besoins personnels, même les plus luxueux, se passera, à terme, de la main-d’œuvre productive et de toute la société et la vie sociale qui va avec.
Entretenir et « gérer » cette société dont elle n’a plus besoin, c’est clairement, pour elle, un « gaspi écologique » qui empiète sur la part des ressources naturelles nécessaire à la satisfaction de ses fantasmes et de ses goûts de luxe sans limite.
Réduire cette population à une dépendance totale à l’égard du système de domination de classe banco-centralisé, c’est, en un sens, encore une étape de « transition » vers son « exclusion »-élimination, sauf quelques larbins de prestige éventuels.
Savoir ce que nous voulons, ce n’est pas seulement savoir ce que nous voulons pour les générations futures, c’est déjà, simplement, savoir si nous voulons que la vie humaine sur terre ait le sens que cette « élite » est en train de lui donner, ou un autre, qu’il nous reste à déterminer, pourvu que nous y soyons, nous-mêmes, dès maintenant, déterminés !
Luniterre
( * https://cn.ambafrance.org/IMG/pdf/bulletin_economique_chine_no25_mai_2010_-2.pdf
http://french.peopledaily.com.cn/Economie/6983091.html
>>> récupéré en cache >>>
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POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE BANCO-CENTRALISME >>>
Banco-centralisme : Le sens retrouvé du combat social en France
https://mai68.org/spip2/spip.php?article13007
Dette banco-centralisée : quand c’est fini, ça recommence…!
https://mai68.org/spip2/spip.php?article12347
http://cieldefrance.eklablog.com/dette-banco-centralisee-quand-c-est-fini-ca-recommence-a212959483
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Face au banco-centralisme : pleurnicher, rêver, ou agir ? Que faire ???
https://mai68.org/spip2/spip.php?article12242
Pour info : un courtier US en métaux précieux nous explique de l’intérieur même du système le principe banco-centraliste du nouvel ordre mondial, depuis 2008 déjà !
Charles Gave Vs Banques Centrales : un match au cœur du système de domination de classe ! Quelles conséquences pour les luttes sociales ?
https://mai68.org/spip2/spip.php?article12016
Du village primitif au monopole banco-centraliste, cinq formes du capital et trois stades du capitalisme
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/du-village-primitif-au-monopole-241522
La fin du capitalisme signifie-t-elle nécessairement la fin du système de domination de classe ?
http://mai68.org/spip2/spip.php?article11679
“Le Crime du Garagiste” – Le Casse Banco-centraliste !
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-crime-du-garagiste-le-casse-231389
« Great Reset » : le banco-centralisme est-il un « complot pervers » ou simplement la conséquence incontournable d’une évolution systémique ?
« Aux âmes damnées (…du banco-centralisme), la valeur n’attend point le nombre des années (…pour disparaître !)…
« Merveilleux » Monde d’Après : face à l’émergence du banco-centralisme, quelle forme de Résistance ?
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/merveilleux-monde-d-apres-un-225066
Paradoxe et suspense économique en 2021 : le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale ?